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Travail des enfants de 5-14 ans et rendement scolaire au Cameroun

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par Francky FOUEDJIO
Institut Sous-Régional de Statistique et d'Economie Appliquée - Ingénieur Statisticien 2008
  

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CHAPITRE 2 : APERU DE LA LITTÉRATURE ÉCONOMIQUE SUR LE TRAVAIL DES ENFANTS

Dans le chapitre précédent, il était question de préciser les concepts inhérents au travail infantile à la lumière des objectifs de l'étude. Le présent chapitre a pour ambition de poser des bases solides pour l'analyse économique du travail des enfants. Aussi passerons-nous en revue les différentes théories économiques traitant du sujet.

Selon Basu et Van (1998), la littérature sur le travail des enfants est une illustration d'anarchie et d'abondance. Les modèles théoriques sur le sujet sont peu nombreux. La littérature empirique est abondante mais ne repose jamais sur des modèles théoriques. Le véritable enjeu d'une contribution sur le travail des enfants serait de réaliser une étude empirique basée sur la théorie économique. Notre travail empirique, par exemple, devrait se baser sur la théorie économique liant le travail des enfants et l'éducation.

Bien que le phénomène de travail des enfants ne soit pas récent, les approches analytiques n'ont été développées que tardivement (à partir des années quatre vingt dix). La littérature économique sur le travail infantile fait ressortir deux grandes problématiques associées à deux analyses différentes. La première qui se réfère à la pauvreté, étudie les impacts sur le bien-être du ménage d'une décision parentale de mettre les enfants au travail. De ce fait, la pauvreté est l'unique facteur explicatif de l'offre du travail infantile. Dans cette approche, le ménage arbitre entre offrir du loisir aux enfants ou les mettre au travail, en fonction du revenu parental. La seconde approche, quant à elle étudie l'arbitrage entre travail et éducation des enfants, ainsi que l'impact du travail des enfants sur leur futur bien-être. Selon cette approche, le travail des enfants est un facteur, non seulement de la pauvreté mais aussi de l'imperfection du marché des capitaux. Bien que différentes, ces deux grandes approches débouchent sur une même et seule conclusion à savoir : le travail des enfants engendre une situation inextricable de trappe à pauvreté.

Ainsi, notre revue de la littérature économique s'appesantit en premier lieu sur l'approche en termes de bien-être des ménages puis sur l'approche en termes de bien-être des enfants.

2.1. Approche en termes de bien - être des ménages

L'approche en termes de bien-être des ménages se réfère à la notion de coût de consommation, en considérant uniquement le bien-être immédiat du ménage. Elle étudie le travail infantile du point de vue du revenu parental et à travers l'état de pauvreté des ménages. Cette section est consacrée à la présentation des différents modèles théoriques relatifs à cette approche.

2.1.1. Arbitrage travail - loisir : le modèle de Basu et Van

L'approche de la pauvreté des ménages, en tant que principal déterminant du travail des enfants, a été l'objet de plusieurs études analytiques qui soutiennent un lien de causalité entre pauvreté et travail infantile. Parmi ces études, les travaux de Basu et Van (1998) ont constitué des contributions importantes ; l'article de Basu et Van (1998) a été un article pionnier. Il constitue clairement la référence dans la littérature du travail des enfants. Leur modèle statique repose sur deux hypothèses très fortes : l'« axiome luxueux de pauvreté » et l'« axiome de substitution ».

2.1.1.1. Hypothèses du modèle

Dans ce modèle, le travail infantile est considéré comme un bien de consommation utilisé par le ménage pour accroître son revenu lorsque celui-ci tend à diminuer d'un certain seuil. Le travail des enfants apparaît ici comme un moyen de financer le bien-être du ménage. En effet, l'insuffisance du revenu du ménage conduit les enfants sur le marché du travail. La pauvreté est perçue ici comme un phénomène de court terme et le travail des enfants comme un mal nécessaire. Comme tout modèle, celui de Basu et Van (1998) repose sur un certain nombre d'hypothèses :

(i) le modèle de décision unitaire : seul le chef de famille décide de l'allocation de temps de l'enfant ;

(ii) l'altruisme : les parents ont un comportement altruiste envers leurs enfants. La décision de mettre leurs enfants au travail est contrainte par la pauvreté. Ainsi, le chef d'un ménage riche est autant altruiste envers ses enfants que le chef d'un ménage pauvre envers les siens ;

(iii) axiome luxueux de pauvreté : «  une famille enverra ses enfants sur le marché du travail seulement si le revenu familial hors revenu des enfants est très faible » (Basu et Van, 1998, p. 416). Ainsi, les parents ne prennent la décision de mettre leurs enfants au travail que si le revenu familial hors contribution des enfants descend en dessous d'un seuil critique qui peut être défini comme le seuil de subsistance pour la famille. Basu et Van (1998) supposent que le loisir est un bien de luxe, d'où l'hypothèse d'axiome « luxueux de pauvreté ». Plusieurs études empiriques ont pu vérifier cette hypothèse de pauvreté. Blunch et Verner (2000)23(*) ont trouvé une relation positive et largement significative entre le fait d'être pauvre et le travail des enfants au Ghana ; il en est de même de l'étude menée par Diallo (2001) sur les déterminants du travail infantile en Côte d'Ivoire. Sous un autre angle, Lachaud (2005) a caractérisé la pauvreté par rapport au concept de vulnérabilité, c'est-à-dire la capacité pour les individus, les ménages ou les communautés de réaliser des ajustements nécessaires pour protéger leur bien-être lorsqu'ils sont exposés à des évènements externes défavorables. Les résultats qu'il obtient vont dans le sens de l'axiome luxueux de pauvreté de Basu et Van (1998). Néanmoins, dans certaines études, la corrélation entre le travail des enfants et la pauvreté reste faible ou absente. Par exemple, Rajan (2000) montre dans une étude comparative entre le Pérou et le Pakistan que cette hypothèse n'est pas vérifiée pour le Pérou alors qu'elle l'est pour le Pakistan. Les études de Canagarajah et Coulombe (1997)24(*) n'ont pas trouvé une relation forte entre le travail des enfants et la pauvreté des ménages ;

(iv) axiome de substitution : il suppose que «  du point de vue d'une entreprise, le travail des adultes et le travail des enfants sont substituts. Plus précisément, le travail des adultes peut être remplacé par le travail des enfants » (Basu et Van, 1998, p. 416). Il convient cependant de ne pas confondre cette hypothèse de substitution entre le travail des adultes et celui des enfants sur le marché du travail avec une hypothèse de substitution au sein du ménage. Cette hypothèse stipule que lorsqu'un adulte ne peut travailler (chômage, maladie, etc.), un enfant prend sa place ;

(v) hypothèse de loisir : le chef de ménage étant le seul à décider de l'allocation du temps de l'enfant, arbitre entre mettre l'enfant sur le marché du travail et lui offrir du loisir ;

(vi) homogénéité du travail des enfants : le modèle ne fait aucune distinction de genre entre les enfants qui sont traités de façon homogène par les parents. Plusieurs études empiriques à ce sujet montrent que le travail des enfants diffère selon le sexe, l'âge de l'enfant et la nature de celui qui prend la décision. Dans une étude sur le Maroc, Bennani et Bhukuth (2006) montrent que les filles ont une faible intégration sur le marché du travail. La distinction de genre est très prononcée, les filles occupent des emplois d'aides familiaux. Bhalotra (2000)25(*) montre qu'au Pakistan, la proportion des filles ayant un travail rémunéré est plus élevée que celle des garçons.

2.1.1.2. Cadre d'analyse du modèle

Sous les hypothèses énoncées au paragraphe précédent, Basu et Van (1998) admettent l'existence de deux équilibres possibles sur le marché du travail. Primo, une économie dans laquelle les enfants ne travaillent pas, qualifié de « bon équilibre». Ici, le revenu parental est suffisamment élevé pour éviter l'entrée des enfants sur le marché du travail et l'industrie est suffisamment développée (intensive en capital) pour ne pas recourir au travail des enfants. La main d'oeuvre des adultes est plus qualifiée que celle des enfants. Ces derniers n'entrent en concurrence avec les adultes sur le marché du travail que dans des industries à faible intensité capitalistique, ne demandant pas un haut niveau de qualification de la main d'oeuvre. Cette situation s'apparente à celle des pays développés. Secundo, une situation de l'économie où le travail infantile est prépondérant, qualifiée de « mauvais équilibre ». Ici, le salaire parental est très faible pour acheter du loisir aux enfants et l'économie est à forte intensité travaillistique. Il s'en suit que les enfants seront conduits sur le marché du travail ; d'où une concurrence entre enfants et adultes qui a pour effet la détérioration de la situation salariale des adultes. Cette situation correspond à celle des pays en développement. En outre, lorsque le « mauvais équilibre » prévaut, l'interdiction du travail des enfants peut conduire, ceteris paribus, à la restauration du « bon équilibre ».

* 23 Bhukuth (2004).

* 24 Bhukuth (2004).

* 25 Ballet et al (2006).

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo