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Identification des éléments nutritifs majeurs limitants et des stratégies appropriées de fertilisation sous culture de maïs dans l'Ogou-Est de la région de Plateaux

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par Badjissaga MABA
Université de Lomé - TOGO - Ingénieur Agronome 2007
  

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1.2.2.2. Phosphore (P) et effets du phosphate naturel sur les cultures

Des recherches ont été menées pendant plusieurs années pour étudier l'importance de la déficience en phosphore des sols, estimer le besoin en phosphore des principales cultures et évaluer le potentiel agronomique des différents engrais phosphatés ainsi que les phosphates naturels locaux (Bationo et al, 1987 ; Pichot et Roche, 1972 ; Jones, 1973 ; Mokwunye, 1979 ; Bationo et al ,1990).

Près de 80% des sols de l'Afrique sub- saharienne sont carencés en cet élément (Bationo et al, 1998).La réponse à l'azote devient substantielle lorsque l'eau et le phosphore sont non limitant. L'application de phosphore est donc nécessaire pour la conservation des ressources en sols.

a. Importance du phosphore dans la nutrition des plantes

Le phosphore (P) est un élément qui est largement distribué dans la nature (FAO, 2004). Il est considéré, avec l'azote (N) et le potassium (K), comme un constituant fondamental de la vie des plantes et des animaux. Le phosphore a un rôle dans une série de fonctions du métabolisme de la plante et il est l'un des éléments nutritifs essentiels nécessaires pour la croissance et le développement des végétaux. Il a des fonctions à caractère structural dans des macromolécules telles que les acides nucléiques et des fonctions de transfert d'énergie dans des voies métaboliques de biosynthèse et de dégradation, A la différence du nitrate et du sulfate, le phosphore n'est pas réduit dans les plantes mais reste sous sa forme oxydée la plus élevée (Marschner, 1993).

Dans les terres agricoles, il est essentiellement présent sous forme d'anions orthophosphates (Bertrand et Gigou, 2000). Comme pour l'azote et pour les mêmes raisons, les symptômes de carences apparaissent d'abord sur les feuilles âgées. Les rendements décroissent par réduction soit par croissance foliaire bien avant d'affecter le coefficient de conversion du rayonnement photosynthétique chez le maïs (Etchebest, 2000 ; Colomb et al, 2000 ; Plenet et al, 2000 a, b), soit du nombre de ramification chez les plantes comme les graminées (Rodriguez et al, 1998).

b. Effets des différentes sources de phosphore sur le rendement des cultures

L'importance de la déficience en phosphore, l'estimation des besoins en P des principales cultures et l'évaluation de l'efficience des différents types d'engrais ont fait l'objet de nombreuses recherches (Pichot et Roche, 1972).

Ø Le sol

Tout comme l'azote, le sol seul ne peut plus à lui seul fournir le phosphore à la plante pour atteindre les rendements optimums. Ceci est essentiellement dû à la dégradation des sols. A cela s'ajoute la faible fertilité naturelle en phosphore des sols tropicaux et subtropicaux (Lal, 1990 ; Formoso, 1999).

Dans le sol, il est sous trois formes (Lamijardin, 2005) : la forme accessible (liée au complexe argilo-humique par le calcium et le magnésium), la forme combinée (immobilisée en partie par les hydroxyles d'aluminium et de fer), et la forme insoluble.

Ø Les engrais solubles

Les engrais phosphatés solubles manufacturés tels que les superphosphates sont généralement recommandés pour corriger des insuffisances en phosphore.

En effet quand un engrais phosphaté hydrosoluble est appliqué au sol, il réagit rapidement avec les composantes du sol (FAO, 2004). Les produits résultants sont des composés phosphatés modérément solubles et du phosphore adsorbé sur les particules du sol (FAO, 1984). Une faible concentration en phosphore dans la solution du sol est habituellement adéquate pour la croissance normale des plantes. Par exemple, Fox et Kamprat (1970) et Barber (1995) ont suggéré qu'une concentration de 0,2 ppm de phosphore soit adéquate pour une croissance optimale. Cependant, pour que les plantes absorbent les quantités totales de P nécessaires afin de donner de bons rendements, la concentration en P de la solution du sol en contact avec les racines doit être maintenue pendant tout le cycle de croissance.

L'utilisation des engrais phosphatés solubles est très limitée dans la région à cause du coût élevé des engrais chimiques mais il existe des dépôts importants de phosphates naturels (McClellan et Notholt, 1986) dans plusieurs pays d'Afrique. L'application directe de PN local peut être une alternative économique à l'utilisation des engrais importés et peut permettre une économie de devises.

En outre l'intensification de la production agricole dans ces régions rend nécessaire l'apport de phosphore non seulement pour augmenter la production agricole, mais également pour améliorer le statut phosphaté du sol afin d'éviter une dégradation supplémentaire. Par conséquent, il est souhaitable d'explorer le domaine des intrants phosphatés alternatifs. Dans ce contexte, dans certaines conditions du sol et du climat, l'application directe de PN est alternative agronomique et sensé du point de vue économique, aux superphosphates plus onéreux sous les tropiques (Chien et Hammond, 1978 ; Zapata et al, 1986 ; Hammond et al, 1986b ; Chien et al, 1990b ; Sale et Mokwunye, 1993).

Ø Le phosphate naturel (PN), sources importantes de phosphore pour les plantes

L'importance des phosphates naturels (PN) vient du fait qu'ils contiennent des minéraux phosphatés nécessaires pour la croissance des plantes.

Tous les PN de l'Afrique de l'Ouest et donc celui du Togo appartiennent au groupe des sédimentaires (Gerner et Mokwunye 1995). Le PN sédimentaire est également la source la plus importante de phosphore pour l'application directe (Howeler et Woodruff, 1968).

L'utilisation des engrais phosphatés solubles est très limitée dans la région à cause du coût élevé des engrais chimiques mais il existe des dépôts importants de phosphates naturels (McClellan et Notholt, 1986) dans plusieurs pays d'Afrique. L'application directe des PN peut donc être une solution pour remplacer les engrais phosphatés importés (Jones, 1973 ; Mokwunye, 1979) et peut permettre une économie de devise. Mais l'efficacité agronomique de ces phosphates dépens de leur composition minéralogique qui peut être variable ainsi que des paramètres pédoclimatiques, des systèmes de cultures et du type de cultures (Khasawneh et Doll, 1978 ; Lehr et McClellan, 1972 ; Chien et Hammond, 1978).

v Facteurs liés à la dissolution des phosphates naturels

La libération du P des PN en dissolution est liée aux caractéristiques des PN, aux propriétés du sol, aux effets des plantes et aux systèmes de gestion.

· Caractéristiques des phosphates naturels

La composition minéralogique ainsi que la granulométrie du PN influence le taux de dissolution du PN (Gerner et Mokwunye, 1995). Ainsi tous les PN de L'Afrique de l'Ouest n'ont pas la même composition minéralogique (Bationo et al, 1986) et cette composition reflète l'efficacité des différents PN à fournir de Phosphore à la plante.

En plus des propriétés minéralogiques, les propriétés physiques du PN affectent aussi son efficacité agronomique. D'après Barrow (1990), le processus de dissolution du PN est une réaction qui intervient à la surface de la particule.

· Propriétés du sol

L'acidification partielle des PN permet l'amélioration de leur solubilité et leur efficacité agronomique. En effet la présence des ions H+ dans le sol entraîne la conversion rapide des ions PO43- en ions H2PO4-et HPO42- (Khasawneh et Doll, 1978).

Dans les terres agricoles, la dissolution des PN est étroitement liée à l'activité des micro- organismes du sol (Tardieux-Roche, 1966a et 1966b ; Richardson, 2001). En effet on trouve dans les sols un nombre important de microorganismes du sol incluant des bactéries, des champignons et des algues (Berthelin et al, 1991; Oehl et al, 2001; Sundara et al, 2002).

Bien que ces micro organismes soient généralement liés à la surface des particules du sol, c'est au niveau da rhizosphère que leur activité est la plus élevée (Andrade et al, 1998 ; Kluepfel, 1993 ; Marschner et al, 1997). Cependant il faut noter que la population et la distribution des microorganismes solubilisant le phosphate au sein de la microflore totale, varient d'un à l'autre (Chabot et al, 1993 ; Zoysa et al, 1998).

Plusieurs chercheurs ont associé la solubilisation des phosphates à une baisse de pH du milieu (Hedley et al, 1990 ; Hinsinger, 2001). Mais les travaux de Illmer et Schinner (1992) ont montré que la dissolution des PN n'est pas liée à une baisse de pH. En effet ces microorganismes libèrent dans leurs milieux, des acides organiques capables d'extraire le phosphore dit "assimilable" en séquestrant les cations métalliques intervenant dans l'adsorption du phosphore (Milagres et al, 1999 ; Sayer et al, 1995 ; Vasquez et al, 2000) et en libérant le phosphore lié aux argiles et aux oxydes de fer et d'aluminium (Violate et al, 1999).

· Impact du climat

Comme tous les engrais phosphatés, le PN ne peut se dissoudre dans un sol sec. Les données recueillies sur le terrain au Sénégal (Hammond et al, 1986) indiquent que la réponse des cultures, en terme de rendement, à l'application de PN est linéairement liée à la pluviométrie moyenne annuelle comprise entre 500 mm et 1300 mm.

Les taux élevés de lessivage dans les terrains sableux de l'Afrique de l'Ouest pourraient favoriser l'exportation rapide des produits de la dissolution du PN créant ainsi des environnements favorables à la dissolution du PN.

Quant à la température, Chien et al, (1980) ont montré qu'elle ne semble avoir aucun effet significatif sur la dissolution du PN dans le sol.

· Effets de la plante

Lorsqu'il y a acidification de la rhizosphère, les racines des plantes en plaine croissance peuvent stimuler la dissolution du PN en augmentant le taux de dissolution de PN (Kirk et Nye, 1986). Cependant il a été avancé par Sale et Mokwunye (1993) que le mécanisme par lequel la densité racinaire stimule la dissolution de PN est probablement lié à la diminution des concentrations en ions Ca2+ et H2PO4- dans la solution qui entoure les surfaces des particules du PN.

D'autres chercheurs (Deist et al, 1971 ; Fash et al, 1987) ont suggéré qu'un taux élevé d'exportation de Ca contribuerait à l'amélioration des réponses de certaines cultures à l'application du PN.

Par ailleurs, Flash et al, (1987), ont montré que les plantes de sorgho mobilisent plus efficacement les PN que les plantes de maïs. Chien et al, (1990), par leurs études ont prouvé que l'efficacité agronomique des PN est plus élevée chez les plantes pérennes que chez les plantes à cycle végétatif court comparativement au Triple Super Phosphate (TSP).

· Système de gestion

Les systèmes de gestion des sols et des cultures peuvent influencer l'efficacité du PN. En effet Hammond et al, (1986) par leurs travaux, ont permis d'observer une amélioration de la performance du PN dans les systèmes inondés.

L'épandage à la volée et l'incorporation du PN dans le sol ont toujours été les modes d'application recommandés. L'application à la ligne quant à elle réduit le taux de dissolution du PN. Barrow (1990) explique cette réduction de la dissolution du PN par le chevauchement des zones de diffusion autour des particules de PN très serrés.

En effet selon Bationo (1998) (données non publiées), l'efficacité du P est meilleure dans les systèmes de rotations céréales/légumineuses que dans la monoculture de céréales.

Ces systèmes de gestion permettent une augmentation de prélèvement du P au cours des campagnes suivantes dus au fait des effets des substances organiques telles que les auxines et les gibbérellines qui augmentent la densité racinaire permettant ainsi l'exploitation d'un plus grand volume de sol (Hafner et al, 1993). A cela s'ajoute aussi des méthodes d'application du P. En effet il a été démontré sur les sols sableux au Niger, pauvre en matière organique (0 - 4%) et en P assimilable mais à faible pouvoir fixateur vis-à-vis de P que l'application de P en poquet a donné le plus bas taux de recouvrement tandis que l'application à la volée sans incorporation de P, l'application à la volée avec incorporation de P et enfin l'application avec billonnage ont donné les meilleurs résultats. D'autres travaux conduits par Bationo et al (1995) ont montré que l'application des résidus de récolte, en favorisant la complexion du fer et de l'aluminium, augmentent de façon efficace la disponibilité du P pour les plantes dans les sols.

Pour une bonne croissance végétative des plantes dans les sols acides, un chaulage s'avère nécessaire mais ce procédé réduit la présence des ions H+ et accroît la concentration des ions Ca2+ (Gerner et Mokwunye,1995), et par conséquent une diminution du taux de dissolution de PN.

v Facteurs influençant l'exportation de phosphore des phosphates naturels

L'assimilation du P dissous par les racines des plantes demande que certaines conditions soient remplies :

· Propriétés du sol

Des études ont montré que l'efficacité du PN est plus limitée dans les sols ayant une grande capacité de sorption de P (Mokwunye et Hammond, 1992). Ce phénomène est lié selon Hammond et al, (1986) à un faible développement des racines au cours des premières étapes de la croissance de la végétation à une carence en P. Cette perte occasionnée par la sorption montre que le PN n'est la meilleure source d'engrais phosphaté pour les sols ayant une grande capacité de sorption de P (Mokwunye et Hammond, 1992). Néanmoins, une partie du P du PN ainsi libéré (Gerner et Mokwunye, 1995), à part les pertes occasionnées par la sorption, reste disponible pour les plantes.

· Effets de la plante

L'utilisation du PN est beaucoup plus efficace sur les cultures pérennes que les cultures annuelles telles que le maïs (Gerner et Mokwnuye, 1995) ; ceci s'explique par la forte densité racinaire que développent les cultures pérennes au niveau des couches superficielles du sol. Ainsi, les besoins annuels en P de telles cultures sont satisfaits pour une longue période. Les plantes ayant une forte densité racinaire dans les couches superficielles du sol ainsi que celles qui sont sérieusement infectées par la mycorhize, sont plus aptes à acquérir le P dissous du PN du fait de leur capacité à explorer un volume de sol plus important (Chien et al, 1990). Par conséquent, il a été constaté que les légumineuses (l'arachide par exemple) sont plus aptes à assimiler le P du PN que les graminées (Bationo et al, 1986). Le PN se dissout également plus vite dans les sols humides que dans les sols secs (IFDC, 1994).

v Effet résiduel des engrais phosphatés et du phosphate naturel

L'une des caractéristiques des engrais phosphatés est que seule une petite fraction de l'engrais épandu est généralement assimilé par la culture durant l'année d'épandage. Les formes de P lentement solubles continuent à fournir du P aux cultures pendant plusieurs années. Quant aux PN, leur efficacité agronomique par rapport à celle des engrais solubles dans l'eau s'améliore de façon appréciable avec le temps (Gerner et Mokwnuye, 1995). En effet les travaux de recherches rapportés par Awokou (2005), montrent que le PN de Minjingu du Tanzanie a une efficacité agronomique relative (E.A.R) de 36,76% à la première année et de 69,12% à la deuxième année ; alors que le PN du Togo a une efficacité agronomique relative de 14,90% à la première année et 29,85% à la deuxième année.

L'excellente efficacité résiduelle du PN peut être due au fait qu'avec le temps, la concentration du P soluble augmente à mesure que le PN continue à se dissoudre dans le sol.

· Quelques travaux sur les engrais chimiques et les phosphates naturels

La formule de fumure vulgarisée au Togo pour les vivriers est de 150 à 200 kg/ha d'engrais complexes 15 -15 -15 et 50 à 100 kg/ha d'urée (Tamelokpo et Tossah, 1994). Mais cette formule ne tient ni compte des caractéristiques des sols ni des besoins des cultures en tel ou tel élément nutritif. En effet, plusieurs types, formes et doses d'engrais minéraux dont le chlorure de potassium, le sulfate d'ammonium, l'urée, les superphosphates (triple et simple), les phosphates naturels partiellement acidulés (TIMAC no6, SIVENG, PAPR50) ont été testés sur le maïs.

C'est ainsi que sur les stations de Glidji et de Davié, d'Amoutchou et de Sarakawa, de 1986 à 1988, des essais ont été conduits sur le maïs avec cinq sources de phosphore à savoir le phosphate naturel brut de Hahotoe, le phosphate naturel de Hahotoe acidifié à 25%, le phosphate naturel de Hahotoe acidifié à 50%, le superphosphate simple et le superphosphate triple (Tamelokpo et al, 1996). Il résulte de ces travaux que, appliqués dans la formule N90 P60 K60 sur les sols dégradés (Tamelokpo et al, 1996), le phosphate naturel acidifié à 50% a des effets équivalents à ceux des superphosphates simple et triple.

Par ailleurs un essai diagnostic de la fertilité sur les sols ferrallitiques dégradés de la savane côtière togolaise a montré que parmi les éléments nutritifs majeurs (Tamelokpo et Ankou, 2003), le potassium (K) est l'élément nutritif qui limite le rendement des cultures sur la terre de barre, puis suivis de l'azote (N) sous le système maïs-manioc avec N200 P20 et K150.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery