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Facteurs de stimulation de la créativité et efficacité d'un processus de créativité croisée entre deux entreprises

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par Louis-Alexandre Grangé
CNAM - Master Economie et Gestion de l'Innovation 2008
  

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3. Facteurs favorisant l'expression et le développement des aptitudes créatives

Amabile définit les aptitudes créatives comme la capacité à changer de point de vue, la volonté d'explorer de nouveaux schémas de pensée et un style de travail persévérant conduisant à la poursuite énergique des objectifs fixés. Les qualités personnelles qui favorisent ces compétences sont la curiosité, un certain degré de naïveté, une acceptation du risque, l'aisance sociale (Amabile, 1988), l'ouverture aux expériences (Taggar, 2002). La littérature a mis en avant deux manières d'influer sur les aptitudes créatives.

La première approche est de former les personnes aux attitudes et aux techniques créatives. Rickards (1993) a montré des groupes composés de personnes ayant reçu une formation de plusieurs jours obtenaient de meilleures performances que des groupes composés de personnes non formées. Ce résultat pourra conforter les nombreux cabinets spécialisés dans la formation à la créativité... De fait, depuis les années 80, les offres de formation à la créativité se sont multipliées: formation aux exercices de stimulation, à l'animation des brainstormings, à la mise en place d'organisations plus créatives etc.

La deuxième approche est de ne pas entraver les aptitudes créatives dans le processus de recherche d'idées. C'est ce volet qui a été le plus étudié car il part d'une des observations les plus marquantes de la recherche sur le brainstorming : la supériorité du groupe nominal (participants séparés) sur le groupe interactif (en face à face) sur les critères du nombre et de la qualité des idées générées. Dans cette partie, nous allons exposer la manière dont les interférences limitent la créativité des groupes et présenter deux solutions proposées et étudiées par les chercheurs.

Supériorité du groupe nominal sur le groupe interactif en face à face

Osborn suggéra que l'application de ses règles (aucune critique n'est acceptée, les idées « farfelues » sont bienvenues, la quantité est encouragée, les idées sont en permanence combinées et améliorées) pouvait permettre d'être deux fois plus productifs que le même nombre de personnes travaillant seules. De nombreuses expériences ont été réalisées et ont dans l'ensemble validé l'inverse de la proposition d'Osborn. Bien qu'il ait été démontré que les règles proposées par Osborn améliorent le nombre d'idées qu'un groupe en face à face puisse générer (Parnes et Meadow, 1959), les personnes en groupes interactifs génèrent a peu près deux fois moins d'idées que le même nombre de personnes en groupes nominaux (Diehl et Stroebe, 1987; Paulus et Dzindolet, 1993). Afin de justifier la pratique du brainstorming en face à face par les entreprises, Sutton et Hargadon (1996) ont insisté sur le fait que la brainstorming en face en face présente l'avantage de pouvoir partager des informations et de fédérer une équipe sur les objectifs et les outputs du brainstorming. Cette argument en faveur du brainstorming ne vient cependant pas contredire les nombreuses démonstrations de la productivité inférieure (en nombre d'idées) des groupes en face à face par rapport aux groupes nominaux (toutes choses égales par ailleurs).

La principale hypothèse pour expliquer la supériorité du groupe nominal sur le groupe interactif est la présence d'interférences (Nijstad et Stroebe, 2006). Les interférences sont les effets négatifs que peuvent avoir les idées des autres sur le cours de la réflexion des participants.

Cette interruption de la réflexion individuelle peut s'observer dans de nombreux cas de figure. Cela peut être du à l'exposition à une idée qui a peu de lien avec les connaissances de la personnes. Dans un brainstorming sur l'amélioration d'une université, un étudiant en sciences humaines peut être gêné par les suggestions d'un étudiant en biologie sur les moyens d'améliorer les séances en laboratoire car il aura peu d'expérience et de connaissance sur ce sujet. Des interférences peuvent aussi être liées aux conventions sociales. Le travail en groupe peut occasionner des discussions qui ne sont pas liées au sujet (ex : Que faites vous ce soir ?), ce qui a un effet négatif sur la productivité du groupe (Dusgosh et al., 2000), non seulement en gaspillant du temps mais aussi peut être aussi en occupant la mémoire active qui pourrait être utilisée pour la génération d'idées (Nijstad et Stroebe, 2006 ; Paulus et Brown, 2003). D'une manière générale, l'écoute des idées des autres (liées ou non avec la réflexion en cours) implique de suspendre la réflexion, et parfois de perdre le fil de sa pensée. Face à ce constat, les chercheurs ont montré que des techniques pouvaient permettre de limiter les interférences tout en maintenant l'effet stimulant du groupe.

Effet positif de l'alternance de phases collectives et individuelles

Après un brainstorming, il a été démontré qu'une phase de travail individuel est bénéfique (Dugosh et al., 2000; Paulus et Yang, 2000). Cette période d'incubation permet d'associer les idées générées en groupe avec sa propre connaissance et de favoriser ainsi l'émergence de nouvelles combinaisons. Plusieurs études ont variées l'ordre des séquences de travail individuel et collectif. Une étude suggère que commencer par une session de groupe est plus favorable à la créativité (Dunnette, Campbell, et Jaastad, 1963), alors qu'une autre étude ne trouve pas d'effet d'ordre (Paulus, Larey et Ortega, 1995).

De même, une interruption brève dans le processus de génération d'idées a été démontrée comme étant bénéfique (Paulus, Nakui, Putman et Brown, 2006), les pauses laissant probablement aux personnes un temps individuel pour réfléchir aux premières idées générées.

Efficacité du brainstorming électronique

Afin de répondre au problème des interférences, des chercheurs ont fait l'hypothèse qu'il devrait y avoir un avantage à échanger les idées par le moyen d'un ordinateur, ce qui est appelé « brainstorming électronique » (EBS = Electronic Brainstorming).

Cette hypothèse a été vérifiée par plusieurs études pour un nombre de participants supérieur à deux (Galuppe et al, 1992 ; Derosa et al, 2005). Ces études ont aussi montré que plus la taille du groupe est importante, plus l'avantage de l'EBS est large. Ainsi, dans l'étude de Galuppe, un EBS de 6 personnes permet un gain de 47 % d'idées alors qu'un EBS de 12 personnes permet un gain de 206% vs le groupe en face à face. Leggett, Dugosh et al. ont montré que ces gains de productivité de l'EBS pouvaient être obtenus avec des groupes relativement réduits (n=4) quand il était demandé de retenir les idées des autres en les informant qu'ils seront contrôlés à la fin du brainstorming.

Par ailleurs, il a été montré plusieurs fois que des groupes d'EBS larges (plus de 9 participants) génèrent plus d'idées que le même nombre de brainstormers individuels (Dennis et Williams, 2003; Derosa, Smith et Hantula, 2007). Cela confirme l'existence d'un réel effet positif lié à l'échange des idées. La technique de l'EBS permet donc de stimuler les participants par les idées des autres sans devoir payer le « prix » des interférences. Dans un EBS sur ordinateurs, les idées sont visibles sur l'écran et peuvent être relues autant que l'on souhaite (ce qui favorise la stimulation). Les participants peuvent choisir de ne pas regarder les idées sur l'écran quand ils élaborent leurs propres idées (ce qui limite les interférences).

Effet positif de la structuration du brainstorming

Une autre stratégie pour stimuler les aptitudes créatives du groupe, est de demander de générer des idées sur un domaine à la fois (Coskun et al., 2000). Cela permet de réduire les interférences en garantissant que chacun est à la même « page ». Dennis, Valacich, Connolly, et Wynne (1996) ont mis en avant les mêmes conclusions sur les EBS. En comparant des EBS où il était demandé de générer des idées catégorie par catégorie avec des EBS dont le déroulement n'était pas structuré, ils ont trouvé que les processus structurés amenaient à plus d'idées. (Nijstad , 2002)

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein