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Facteurs de stimulation de la créativité et efficacité d'un processus de créativité croisée entre deux entreprises

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par Louis-Alexandre Grangé
CNAM - Master Economie et Gestion de l'Innovation 2008
  

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II Les modèles de la créativité organisationnelle

La créativité est définie par Amabile (1988) comme la production d'idées nouvelles et utiles par un individu ou un groupe d'individus travaillant ensemble. Elle diffère de l'innovation qui se définit comme la mise en place avec succès de ces idées. A l'origine de l'innovation, il y a des idées et à l'origine des idées, il y a la créativité. La créativité est donc la première étape du processus d'innovation. C'est un phénomène complexe qui concerne de nombreux champs de recherche: art, philosophie, psychologie, management...

Au milieu des années 1980, des travaux traitant de la créativité au sein de l'organisation sont apparus (Amabile, 1988 ; Woodman et Schoenfeldt, 1989). Par la suite, l'intérêt croissant des chercheurs de cette discipline pour la créativité a fait émerger le concept de créativité organisationnelle (Woodman, Sawyer et Griffin, 1993). L'objectif de la créativité organisationnelle est de modéliser la créativité dans l'entreprise pour mettre en place des systèmes qui la favorisent. Les recherches se sont initialement appuyées sur des modèles issus de la psychologie et centrés sur les individus avant de s'orienter vers des modèles mobilisant plusieurs niveaux (individus, groupes, organisation).

1. Modèle componentiel d'Amabile

Dans son article de 1988 « A Model of Creativity and Innovation in Organizations », Amabile analyse les composantes de la créativité individuelle et identifie les conditions favorables à cette dernière. Ce modèle constitue encore aujourd'hui le principal cadre conceptuel de la recherche sur la créativité. Dans ce mémoire, il nous servira de grille d'analyse pour présenter les facteurs influençant la créativité des brainstormings. C'est pourquoi nous l'exposerons de manière détaillée.

Amabile part d'une étude sur 120 chercheurs et techniciens R&D, dans 20 secteurs différents, à qui il a été demandé de décrire un évènement créatif et un évènement non créatif. Des personnes indépendantes ont codé les transcriptions de ces interviews. L'analyses de ces interviews a permis de mettre en lumière trois composantes nécessaires à la créativité individuelle (quel que soit le secteur) :

1) les compétences liées au domaine concerné

2) les compétences liées à la créativité

3) la motivation intrinsèque.

- Les compétences liées au domaine incluent les connaissances factuelles, les savoir-faire techniques et les talents spécifiques liés au domaine en question. Cet ensemble correspond aux « schémas de pensée existants » pour résoudre un problème donné ou une tâche donnée. Il s'agit de la « base », de la « matière première » de la créativité. « Il est impossible d'être créatif en stratégie de planification financière si on ne connaît pas quelque chose (et probablement beaucoup) à propos du marché des actions, des monnaies, et des tendances économiques » (Amabile, 1988).

- Les compétences liées à la créativité incluent un style de pensée favorable à l'adoption de nouveaux points de vue, à l'exploration de nouveaux schémas de pensée, et un style de travail persévérant conduisant à la poursuite énergique des objectifs fixés. Les qualités personnelles qui correspondent aux compétences liées à la créativité (Amabile et Gryskiewicz, 1987) sont l'orientation au risque, la diversité des expériences, un certain degré de naïveté (oeil neuf sur le sujet) et l'aisance sociale. Amabile insiste sur l'idée que les compétences liées à la créativité peuvent être développées par des méthodes heuristiques telles que « quand rien ne marche, essayez quelque chose de contre intuitif » ou « rendez le familier étrange, et l'étrange familier ». Selon Amabile, les compétences liées à la créativité peuvent donc être développées par des méthodes et par de l'entraînement. Enfin, comme pour les autres facteurs, Amabile précise que les compétences liées à la créativité sont indispensables à la créativité : « Même avec des compétence liées au domaine à un niveau extraordinaire, une personne ne sera pas en mesure de produire un travail créatif si les compétences liées à la créativité manquent. »

- La motivation intrinsèque dépend de la manière dont une personne perçoit les raisons de réaliser la tâche. Les facteurs de motivation intrinsèque sont l'intérêt pour le travail en lui-même, l'attraction pour le challenge, l'impression de travailler sur un sujet important, le fait de partager une conviction liée au projet. Pour illustrer cet argument, Amabile utilise l'image d'une souris recherchant du fromage dans un labyrinthe : « Si vous avez une motivation extrinsèque, votre motif fondamental est de réaliser le but extrinsèque. Vous travaillez pour quelque chose d'extérieur au labyrinthe, vous devez remporter la récompense, gagner la compétition, obtenir la promotion ou plaire à ceux qui vous observent. Vous êtes à ce point absorbé par la poursuite de ce but que vous ne prenez pas le temps de penser au labyrinthe lui-même. Souhaitant en sortir le plus rapidement possible, il est probable que vous n'emprunterez que l'itinéraire le plus évident, le plus fréquenté. En revanche, si vous avez une motivation intrinsèque, vous vous plaisez dans le labyrinthe. Vous prenez plaisir à y jouer, fureter dans tous les coins, essayer des chemins différents, explorer, y réfléchir avant de vous lancer bille en tête. Vous ne vous concentrez vraiment sur rien d'autre que sur l'intensité du plaisir que le problème vous procure, de votre attirance pour le défi et l'énigme. »

Teresa Amabile estime que ce dernier facteur de la motivation intrinsèque a été le plus négligé par les chercheurs et les praticiens alors qu'elle le considère comme le plus important. « Aucune expertise du domaine, ni aucun degré de compétences créatives ne pourront compenser un manque de motivation à réaliser avec succès une activité. A l'inverse, dans une certaine mesure, un degré de motivation intrinsèque peut compenser un déficit de compétence dans le domaine et de compétence liée à la créativité ». Il s'agit également du facteur qui est le plus dépendant de l'organisation. Teresa Amabile suggère ainsi que la motivation intrinsèque est souvent le levier le plus efficace pour stimuler la créativité dans une organisation.

Le schéma ci-dessous représente l'impact des trois composantes de la créativité dans un processus de génération et de sélection d'idées. Il met en avant que leur influence varie en fonction des étapes du processus créatif. La motivation intrinsèque est indispensable pour démarrer l'effort créatif et pour produire les idées. Les compétences et l'expertise du domaine sont nécessaires pour rassembler les informations et les ressources pertinentes ainsi que pour sélectionner les idées. Enfin, les compétences pour la créativité ont un rôle essentiel dans la phase de production des idées.

Schéma 3 : Modèle componentiel d'Amabile au niveau individuel. 

Sur la base de la même étude qualitative, Amabile étudie les qualités de l'environnement que les interviews ont révélé comme étant favorables ou défavorables à la créativité. Elle en fait un regroupement correspondant aux trois facteurs de la créativité individuelle :

- La composante organisationnelle de la motivation à innover. Elle est constituée par l'orientation générale de l'organisation en faveur de l'innovation. Cette orientation doit venir essentiellement de la direction générale, même si les cadres intermédiaires ont aussi une influence. Les éléments les plus importants de cette orientation vers l'innovation sont : la valeur donnée à l'innovation, l'orientation positive vis-à-vis du risque (versus une orientation vers le maintien du statu quo), une confiance dans les membres de l'organisation et dans ce qu'ils sont capables de faire et une stratégie audacieuse de prise de leadership (versus une stratégie défensive de protection des positions passées).

- Les ressources du domaine. Elles incluent un ensemble large : des personnes expertes de la faisabilité des innovations, des personnes connaissant les marchés appropriés, des financements, des ressources matérielles (comme des moyens de production), des études de marché, la possibilité de formation du personnel dans ces différents domaines etc.

- La composante organisationnelle du savoir faire dans le management de l'innovation. Elle est constituée par la fixation d'objectifs précis au niveau des résultats mais peu contraignants au niveau des processus, un management participatif et collaboratif et des systèmes de communication ouverts.

Ces trois composantes organisationnelles ont elles-mêmes un rôle sur des étapes différentes du processus d'innovation au niveau de l'organisation. La composante organisationnelle de la motivation à innover influe sur la phase de cadrage de la mission pour l'entreprise ou le service. La composante organisationnelle des ressources du domaine et la compétence pour le management de l'innovation ont impact sur la phase de fixation des objectifs et de rassemblement des ressources liés au projet d'innovation ainsi que sur la phase de développement, de tests et de sélection des projets.

Schéma 4 : Modèle componentiel d'Amabile au niveau organisationnel.

Avec son modèle, Amabile fournit les principales bases de la compréhension actuelle de la créativité au sein des organisations. Des chercheurs ont par la suite complété son approche dans plusieurs directions. Nous présenterons ici deux modèles qui approfondissent les facteurs liés au groupe (le modèle de Woodman) et les facteurs liés à l'individu (le modèle de Taggar).

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