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La RDC et le processus d'intégration des pays des Grands Lacs comme voie de sortie de la crise sécuritaire régionale

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par Eric Ntumba Bukasa
ENA (France) - Mastère en Administration Publique 2008
  

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Causes et conséquences de la deuxième guerre d'invasion du Congo

Une année seulement après leur « joint venture » politico-militaire, Laurent Désiré Kabila décide de rompre avec la tutelle politique, économique, diplomatique et militaire que lui imposent le Rwanda et l'Ouganda.

Pendant près d'une année, l'armée congolaise est dirigée par des officiers rwandais. Un certains James Kabarebe, proche de Kagame, occupe même la fonction de chef d'Etat major. La diplomatie congolaise est elle aussi dirigée par un congolais rwandophone à la solde de Kigali et de nombreux biens quittent la RDC pour le Rwanda et l'Ouganda qui consolident leur positionnement économique dans l'Est de la RDC. Cette situation réveille le vieux démon nationaliste congolais, L.D. Kabila en devient le nouveau porte étendard.

Hervé Cheuzeville35(*) exprime bien ce retournement de veste dans son livre Chroniques Africaines de Guerre et d'espérance : « Une fois au pouvoir, Kabila, l'ex-rebelle à la solde de ses voisins de l'Est, tenta de se transformer en authentique homme d'Etat congolais, faisant passer ce qu'il considérait comme étant l'intérêt national avant les intérêts du Rwanda et de l'Ouganda ».

La décision unilatérale de Kabila d'interrompre sa coopération militaire avec les rwandais et les ougandais qui met le feu aux poudres. Le 2 août 1998, soit seulement 15 mois après la chute de Mobutu, le Congo, et toute la région des Grands Lacs, sombre à nouveau dans une guerre qui durera 4 ans, fera environ de 4 millions de mort et coutera au Congo plus de 18 milliards de dollars.36(*)

C'est une guerre au développement multiforme: si dans ses débuts elle n'est rien d'autre qu'une agression à peine voilée d'une coalition d'Etats voisins (Rwanda, Ouganda et Burundi), elle prend lentement le visage d'un, puis de plusieurs mouvements rebelles soutenus par ces mêmes États.

Elle débute par une tentative de putsch militaire menée par le Rwanda (opération aéroportée sur la base militaire de Kitona située à une centaines de kilomètre de Kinshasa) qui est stoppée nette grâce à l'intervention de l'armée angolaise en soutien à L.D Kabila. L'Angola sera suivi plus tard dans son appui à la RDC par le Zimbabwe et la Namibie. Le Burundi, miné par des problèmes interne se désolidarise assez tôt de l'action du Rwanda et de l'Ouganda en RDC.

Naissance des mouvements rebelles en RDC

Après l'échec de cette tentative de putsch, l'Ouganda et le Rwanda s'emploient à mettre des visages congolais à la tête d'un mouvement dit de libération qui couvre leur agression. C'est ainsi que naît le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) couvé par deux parrains décidés à garder le contrôle des ressources naturelles dont regorgent les provinces Est de la RDC.

Face à une guerre s'installant durablement (et qu'ils avaient prévue de courte de durée), le couple ougando-rwandais finit par battre de l'aile. Les deux Etats iront jusqu'à s'affronter militairement en territoire congolais pour le contrôle de la province Orientale et de son chef-lieu de Kisangani. Cette « guerre dans la guerre », pour reprendre l'expression du Rapporteur Spécial sur la situation des droits de l'homme en RDC monsieur Roberto Garreton, a des visées purement économiques. Elle reflète « le mieux l'esprit de conquête qui anime le Rwanda et l'Ouganda ».37(*)

Les armées Rwandaises et Ougandaises dans une logique destructive, animée par des motifs de prédation économique prennent pour cibles la population locale et l'infrastructure de la ville comme le témoigne l'assemblée épiscopale de Kisangani : « La gravité et l'absurdité du mal commis montrent que la logique de la guerre, inspirée par l'idolâtrie de l'argent, finit par égarer ceux qui s'y engagent, au point de ne plus voir ni pourquoi, ni à qui ils font la guerre »38(*).

Le schisme du couple ougando-rwandais va se répercuter sur le mouvement rebelle du RCD qui va éclater en « une multitude de factions antagonistes, les unes à la solde du Rwanda, et les autres à la solde de l'Ouganda, mais toutes terrorisant et exploitant la population locale. L'Ouganda participa même à la création d'un nouveau mouvement rebelle entièrement à sa solde... c'est ainsi que le Mouvement pour la Libération du Congo de Jean -Pierre Bemba apparut sur la scène déjà bien remplie des rebellions congolaises »39(*) .

Le recrutement par l'Ouganda de Jean-Pierre Bemba, fils d'un richissime homme d'affaire congolais, étant lui-même bien pétri par le moule du profit, va consacrer le caractère lucratif de l'entreprise militaire de ce pays, qui du reste sera démontré par le rapport du panel de l'ONU sur le pillage des ressources naturelles du Congo40(*). C'est ce même MLC qui élargira le champ de la régionalisation du conflit des Grands Lacs et confirmera l'hypothèse cynique d'une armée sans frontière en allant par deux fois, de la manière la plus brutale, au secours du régime du président Patassé en République Centrafricaine pour contrecarrer l'avancée des troupes de l'ancien rebelle Bozizé, aujourd'hui président de la RCA.

Bien que dotés d'une pléthore de mouvements rebelles, le Rwanda et l'Ouganda vont conserver jusqu'en 2003 une présence militaire sur environ 2/3 du territoire de la RDC.

Ce n'est qu'après le départ des troupes d'invasions rwandaises et ougandaise en 2003 que la guerre va entrer dans sa 3ème phase, durant laquelle on assiste à une prolifération de petits seigneurs de guerre, principalement en Ituri, et l'instauration dans cette région d'une logique de tensions ethniques entre Hema et Lendu curieusement eux-aussi traditionnellement éleveurs ou cultivateurs. Ces tensions et les affrontements qu'elles occasionnent, ont vite fait de rappeler les événements qui contribuèrent à l'occurrence du génocide rwandais de 1994.

C'est une violence ethnique instrumentalisée par l'Ouganda qui forme dans ses camps militaires ces milices d'Ituri. Ce sera la violence de trop. Elle va conduire l'Union Européenne, grâce à l'insistance de la France, à monter l'opération Artémis afin de rétablir la paix et réaffirmé sa présence dans la région. Elle va aussi aboutir au changement du mandat de la MONUC41(*) qui passe du statut d'observateur passif et décrié au statut de protecteur rassurant.

Le retrait des troupes étrangères non invitées et les efforts de pacification de l'Ituri vont permettre au gouvernement congolais et aux groupes rebelles d'entamer des négociations qui aboutiront à une transition d'environ 4 ans et aux premières élections démocratiques.

C'est aussi face à cette pléiade d'acteurs régionaux, étatiques ou non étatiques, que la communauté internationale lancera l'idée d'une Conférence Internationale pour la paix et la stabilité dans la région des Grands Lacs.

Bien que la guerre soit officiellement terminée, certaines poches d'insécurités subsistes, notamment au Nord Kivu où la dernière des rebellions suspectées d'être soutenue par le Rwanda, celle du général Nkundabatware mine les bons rapports entre les deux voisins. Le 9 novembre 2007, le Rwanda et la RDC ont signé un nouvel accord à Nairobi en vue de mettre fin à ce climat. A travers cet accord, le Rwanda s'engage à ne plus soutenir de mouvement rebelle en RDC et la RDC promet de résoudre une fois pour toute la question des ex-FAR, Interhamwees, Rastas, FDLR et autres présumés auteurs du génocide rwandais qui se promènent encore dans les montagnes du Kivu.

* 35 Hervé Cheuzeville, «Chroniques Africaines de guerre et d'espérance R-D Congo, Ouganda, Rwanda, Burundi, Soudan », p.150, éditions percée, 2006.

* 36Africa's missing billions, Oxfam report. Tiré du journal Sud Africain `the mail and guardian'. www.mg.co.za

* 37 Rapport sur la situation des droits de l'homme en RDC, février 2001, p.14

* 38 Assemblée épiscopale de Kisangani du 16 septembre 2000

* 39 H. Chauzeville, op. cit.

* 40 Rapport du groupe d'experts de l'ONU sur le pillage des ressources naturelles en RDC, op. cit.

* 41La Monuc, mission des nations unies au Congo était pourtant présente dans cette région quand la plupart des atrocités ont eu lieu mais elle n'avait pas mission d'intervenir

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius