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La RDC et le processus d'intégration des pays des Grands Lacs comme voie de sortie de la crise sécuritaire régionale

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par Eric Ntumba Bukasa
ENA (France) - Mastère en Administration Publique 2008
  

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Malgré les pistes de solutions qu'il semble dégager, l'accord de Lusaka va longtemps rester lettre morte. Laurent Désiré Kabila refuse de l'appliquer. Le gouvernement de Kinshasa considère que l'accord confère une sorte de légitimité à des rebelles manipulés et directement contrôlés par l'Ouganda et le Rwanda. Laurent Kabila refuse de négocier à égalité avec les groupes rebelles comme le préconise l'accord. Il n'acceptera jamais le principe de son application, préférant l'enlisement dans une guerre que lui-même avait prévue « longue et populaire ». Colette Braeckman70(*) estime que « Laurent Désiré Kabila fut pratiquement contraint de signer cet arrangement, l'armée rwandaise menaçant de s'emparer de la ville de Mbuji Mayi, capitale de la province du Kasaï, riche en diamants, principale ressource économique du pays. Depuis il avait tenté de contourner les dispositions qui lui étaient défavorables, récusant le négociateur Ketumile Masire,...mettant des obstacles au déploiement de la mission Onusienne... ».

La guerre se fige et semble profiter à une élite régionale véreuse et avide tant du coté des rebelles que du coté du gouvernement. Le rapport des Nations Unies sur le pillage des ressources naturelles de la RDC expose bien la situation à ce sujet.

L'administration Clinton considère l'attitude de Laurent Désiré Kabila et de son régime comme le principal obstacle à la paix dans les Grands Lacs et empêche le Conseil de Sécurité de l'ONU de formellement reconnaître la présence des armées Rwandaises et Ougandaises sur le territoire congolais71(*). Laurent Désiré Kabila résiste jusqu'à son assassinat janvier 2001.

L'année 2001 est celle de tous les changements, Joseph Kabila succède à son père assassiné et le républicain George W Bush fait son entrée à la maison blanche, avec sans doute une vision plus nuancée quant à l'attitude a adopté face à la crise des Grands Lacs.

L'arrivée de Joseph Kabila va ressusciter un accord en qui plus personne ne croyait. Dès son entrée en fonction Joseph Kabila s'engage fermement à faire appliquer l'accord de Lusaka dans son intégralité et à organiser le dialogue politique qu'il préconise. Ce revirement va désamorcer le blocus dans lequel le processus de paix s'était enfoncé et fournir « aux belligérants et à la communauté internationale l'occasion tant attendue de sortir du bourbier sans perdre la face ».72(*)

La réaction de la communauté internationale ne se fait pas attendre. Elle qui, par le biais de la résolution 1304 du Conseil de sécurité des Nations unies, n'a nommément fait allusion à la présence des troupes Rwandaises et Ougandaises73(*) en RDC qu'en Juin 2000, à la suite des affrontements de Kisangani, exige par la résolution 1341 du 22 février 2001 (soit juste un mois après l'entrée en fonction de Joseph Kabila) le retrait des forces Ougandaises et Rwandaises et l'application de l'accord de Lusaka.

Le processus de paix entre alors dans une nouvelle phase marquée par l'engagement de la communauté internationale et des acteurs congolais dans la résolution pacifique de la crise.

La Mission de Nations Unies au Congo (MONUC) peut enfin sortir de son rôle d'observateur et entrer dans sa phase de déploiement, le 29 mars 2001 les premiers casques bleus se déploient sur des anciennes lignes de front74(*). En juin 2001, « l'effectif de la force est de 2366 soldats dont 363 observateurs répartis dans 22 villes et 28 équipes surveillant le désengagement des forces ».

Dès la fin 2001 on assiste au retrait d'une bonne partie des troupes ougandaises et namibienne du territoire congolais permettant le début du déploiement des casques bleus dans l'Est de la RDC en 2002.  En juin 2002 on compte 3804 casques bleus.

Les négociations politiques évoluent en parallèle, le 30 juillet 2002, grâce à un effort remarquable de la médiation Sud Africaine de Thabo Mbeki, le Rwanda et la RDC signent l'accord de Pretoria qui permet le départ de plus de 20 000 soldats rwandais. Au même moment, on constate une augmentation de la violence ethnique en Ituri.

La diplomatie Sud Africaine s'impose comme incontournable pour le processus de paix interne à la RDC (surtout son volet politique), même si elle doit faire face à la diplomatie plus discrète de l'Angola, bien décidée à jouer jusqu'au bout son rôle de puissance militaire régionale. Les efforts diplomatiques de l'Angola permettent la signature le 6 septembre 2002 d'un accord entre l'Ouganda et la RDC75(*).

En octobre 2002, les troupes alliées du régime de Kinshasa (Angola, Namibie, Zimbabwe) se retirent à leur tour. Le 17 décembre, un accord dit « Global et inclusif » est signé à Pretoria en Afrique du Sud (puis adopté le 1er avril 2003 par toutes les parties à Sun City). Cet accord va permettre la mise en place du gouvernement de transition le 30 juin de l'année suivante et la fin officielle de la guerre au Congo. La communauté internationale est chargée de superviser le processus politique en cours. La transition politique est parrainée par un Comité International d'Accompagnement de la Transition (CIAT), composé par des représentants des 5 membres permanents du Conseil de sécurité, de l'Angola, de la Belgique, du Gabon, du Canada, de la Zambie, de l'Union Européenne, de l'Union Africaine et de la MONUC.

A la fin 2002, l'effectif de la MONUC s'élève à 4200 casques bleus, le Conseil de sécurité autorise par sa résolution 1445 l'augmentation de cet effectif à 8500, précise le mandat de celle-ci comme un mandat d'appui au processus de paix et lui refuse toute participation à des opérations usant de la force. Ce mandat changera par la suite pour faire face à l'escalade de la violence en Ituri puis dans le Kivu.

De juin à Septembre 2003, l'Union Européenne, sous l'impulsion de la France, va conduire l'opération Artémis pour stopper les violences en Ituri. Cette opération marque le grand retour de la France sur la scène des Grands Lacs et la première manifestation d'une Europe de la défense en dehors de son voisinage immédiat76(*). Elle constitue aussi la première expérience opérationnelle de coopération UE-ONU dans le domaine militaire.77(*) Artémis sera remplacée en Ituri par 4000 casques bleus de la Task force II de la MONUC, munie d'un mandat plus adapté permettant notamment le recours à la force.

Ce changement dans le mandat de la force Onusienne marque un autre tournant, la MONUC cesse d'être un gendarme impuissant pour devenir un acteur clé de la sécurisation de l'Ituri et de la pacification du Congo.

En 2005 on compte plus de 16 000 casques bleus en République Démocratique du Congo, un nombre qui dénote bien de l'engagement de la communauté internationale à sortir la région des Grands Lacs de la crise sécuritaire qui la mine.

L'Union Européenne interviendra encore militairement en 2006 par l'entremise d'une mission de sécurisation du processus électoral (EUFOR) engagé en RDC la même année.

A la fin 2006, le processus de paix interne à la RDC est sanctionné par l'élection de Joseph Kabila et l'installation d'institutions légitimes et reconnues de tous. L'accord de Lusaka arrive au terme de sa validité, son application aura abouti à la pacification de la majeure partie du territoire congolais et à l'avènement d'un nouvel ordre politique interne.

La contribution de la communauté internationale et son engagement à faire aboutir le processus politique interne en RDC ont contribué favorablement à la stabilisation politique de ce pays.

Les efforts de la communauté internationale pour sortir la région de la crise vont ensuite s'inscrire dans une démarche multilatérale, notamment par la création d'un Groupe d'ami de la région des Grands Lacs (GOF) et par un soutien financier et logistique à la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) qui produira successivement la Déclaration de Dar Es Salam et le Pacte de Nairobi (Piliers du PGL).

* 70 Colette Braeckman, « Guerre sans vainqueurs en République Démocratique du Congo », le monde diplomatique avril 2001 pages 16 et 17.

* 71 Le Conseil de Sécurité ne mentionnera pour la première fois la présence des troupes Ougandaises et Rwandaises qu'en Juin 2000 dans sa résolution 1304, pour condamner les affrontements de Kisangani, soit plus de 2 ans après le début de la deuxième guerre du Congo.

* 72 Colette Braeckman, « Guerre sans vainqueurs en République Démocratique du Congo » op. cit.

* 73 Le Conseil de sécurité ne parlait jusqu'à lors que du retrait des troupes étrangères sans distinction aucune

* 74 Arrivée de la première unité de garde uruguayenne à Kalémie

* 75 Anne Dissez et Fouad Srouji, « les hésitations de la politique étrangère de Pretoria, Le Monde diplomatique, Octobre 2002 page 12

* 76 http://www.rfi.fr/fichiers/MFI/PolitiqueDiplomatie/1729.asp consulté le 5 mai 2008

* 77Niagalé BAGAYOKO   «  L'OPÉRATION ARTÉMIS, UN TOURNANT POUR LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE SÉCURITÉ ET DE DÉFENSE ? », WWW.CAIRN.INFO

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