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La RDC et le processus d'intégration des pays des Grands Lacs comme voie de sortie de la crise sécuritaire régionale

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par Eric Ntumba Bukasa
ENA (France) - Mastère en Administration Publique 2008
  

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Chapitre II : Les Grands Lacs et l'instabilité cyclique: où rechercher les causes?

II.1 Le phénomène migratoire et la colonisation comme causes lointaines du conflit

Les causes de l'instabilité et de la récurrence des conflits transfrontaliers dans la région des Grands Lacs sont à rechercher dans l'histoire immédiate et lointaine des peuples et des Etats qui la composent.

Le phénomène migratoire, volontaire ou forcé, est vraisemblablement au coeur des conflits qui sévissent dans la région. Tous les conflits de la région ont en commun la présence d'un peuple, largement considéré comme autochtone et majoritaire, ayant en face de lui une minorité installée, parfois de manière séculaire, sur un territoire commun partagé.

La responsabilité coloniale

Le rôle de la colonisation, donc sa responsabilité, s'arrête souvent au fait d'avoir érigé des communautés les unes contre les autres dans une optique visant à diviser et différencier les colonisés pour mieux gouverner14(*). Pour Pierre-François Gonidec15(*) il est clair que le pouvoir colonial a joué des rivalités interethniques pour mieux asseoir sa domination (divide an rule).

Sur la question de cette responsabilité, Scholastique Mukasonga16(*), va jusqu'à affirmer la tentative de reproduction, peut être inconsciente, du binôme wallons/flamands par le colonisateur belge dans la région des Grands Lacs en le transposant sur la division sociale qui existait alors entre le Hutu (agriculteur) et le Tutsi (éleveur). Elle soutient donc la thèse de la nature purement socio-économique de la classification Hutu/Tutsi ne comportant pas de caractère sectaire, ni un caractère figé avant l'arrivée des colons. Selon elle était tutsi qui possédait du bétail, devenait Hutu qui le perdait et vice versa. Le fait que les deux groupes parlent encore aujourd'hui la même langue semble corroborer ses propos qui vont contre les définitions de l'ethnie qui prévalent encore aujourd'hui. Pierre François Gonidec a raison de se demander dans quelle mesure le pouvoir colonial n'a pas été pour inventer parfois des ethnies.

En RDC, les politiques coloniales ont, notamment pour des besoins de main d'oeuvre, contribué à installer de manière plus ou moins durable des populations rwandophones dans le Nord et le Sud Kivu.

Les mouvements de population

D'autres raisons ont contribué à constituer le brasier régional qui se rallume souvent au moindre attisement. Henry C. Hoeben17(*) relève trois raisons principales qui ont encouragé très tôt les mouvements des populations rwandophones vers les régions orientales du Congo :

· Les périodes de famine qui ravagèrent le Rwanda en 1905, 1928 et 1929, 1940 à 1943 et celle de 1950 à 1952

· La surpopulation du Rwanda

· Le besoin de main d'oeuvre dans les plantations, les mines, l'industrie et les routes au Congo.

Ces vagues d'immigration massives, surtout celle des années 50, vont contribuer à créer ou à renforcer sur des localités congolaises, des regroupements assez hétérogènes, auparavant inexistants, dit des `Banyarwanda', en référence aux racines culturelles et géographiques rwandaises de ses populations ainsi que leur langue le Kinyarwanda.

Les premières tensions entre les banyarwanda et les populations locales se manifestent assez vite après l'indépendance, contribuant à une reprise politique par certains partis de l'époque des conséquences d'une telle immigration. Ces tensions se caractérisent alors par des épisodes de révolte des populations rwandophones contre les autorités locales. En 1963 et 1964, une frange de la population rwandophone en faveur d'un séparatisme régional tentera en vain d'obtenir les territoires de Rutshuru, Masisi et de Goma par une révolte qui sera jugulée par l'ANC (l'Armée Nationale Congolaise). Cette révolte marque l'entrée dans l'imaginaire collectif congolais de la menace d'un empire Hima-Tutsi18(*) qui amputerait le Congo d'une partie de ses terres orientales. Cet empire fictif, comme l'idée de la création d'un tutsiland dans la région pour résoudre la crise, va servir pendant longtemps de fonds de commerce aux partisans d'une `balkanisation' du Congo.

Au même moment, le nouveau pouvoir Hutu du Rwanda conduit une politique qui pousse des centaines de milliers de tutsis vers l'exil principalement en RDC, en Ouganda et en Tanzanie.

* 14 Colette Braeckman, « l'enjeu congolais, l'Afrique centrale après Mobutu », Fayard

* 15 Pierre François Gonidec, « Relations internationales africaines », bibliothèque africaine et malgache tome 53, LGDJ 1996

* 16 Rencontre avec Scholastique Mukasonga, regard sur le Rwanda à partir de l'exposition « les panneaux Imingongo » et de son livre « Inyenzi ou les cafards ». Afrikales, Fleury sur Orne, novembre 2007

* 17 Henry C. Hoeben, Droit de l'Homme en République Démocratique du Congo : de 1997 à nos jours, un défi pour les Eglises

* 18 Les Bahima sont considérés comme la classe supérieure des Banyankore, l'équivalent ougandais du tutsi rwandais. L'autre classe des Bairu se compare à celle des hutus.

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