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Les rituels funéraires chez les Dadjo vivant au Gabon

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par Abakar Ramadane
Université Omar Bongo - Master 1 2004
  

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Première partie

I- APPROCHE THEORIQUE

I- Objet d'étude, cadre théorique et Champ d'étude

a°) Objet d'étude

Notre étude porte sur « les rituels funéraires des Dadjo du Tchad vivant au Gabon ».

Cette recherche vise à identifier et à comprendre les rituels funéraires actuellement pratiqués par les Dadjo convertis à l'Islam. Il s'agit d'une étude qui porte sur les faits et gestes religieux adressés par les vivants à leurs morts. Ces faits et gestes, résultant d'un ensemble des savoirs et des savoir-faire funéraires transmis par la mémoire collective au fil des ans, seraient aujourd'hui enclins à de nouvelles mutations.

En effet, l'identification est ici entendue et étudiée sous deux formes de pratiques rituels funéraires actuellement en cours dans les pratiques chez les Dadjo: l'une dite «endogène», c'est-à-dire non prophétique et propre aux Dadjo endogènes, et l'autre dite «nouvelle», parce qu'elle serait issue des moeurs religieuses d'origine prophétique, notamment islamiques. Dans la croyance de ce peuple d'aujourd'hui, ces deux rituels ne font désormais qu'un; car ils sont respectivement pratiqués lors des funérailles ou à chaque cérémoniel. C'est donc un nouveau programme religieux de vivification, de vénération et d'honneur adressé aux morts.

Ces rituels donnent également à voir avec les symboliques mises en oeuvre et leurs transformations. Lorsqu'ils soulignent les rôles spécifiquement attribués aux multiples parents du défunt (frères, soeurs, enfants...); ils rendent possible d'envisager la spécificité de statut social des acteurs.

Pour mener à bien notre étude, nous remontons dans un premier temps, les contextes de production: contexte d'avant l'introduction de l'islam puis, juste après la conversion de ce peuple à cette communauté religieuse. Ensuite, nous procéderons au moyen de la confrontation à l'examen des éléments existant dans la croyance, que sont les attitudes ou les comportements vis à vis des morts, afin d'esquisser une analyse qui rende compte des spécificités et de leurs charges symboliques des rituels actuels.

Pour des raisons d'ordre ethnographique, notre recherche ne s'arrête pas au niveau de la simple identification, mais elle s'oriente vers la compréhension de la forme actuelle de ces rituels par une approche descriptive et analytique.

C'est pourquoi, au niveau descriptif, nous proposons de scinder les rituels funéraires en trois grandes parties :

1°) Les rituels funéraires endogènes;

2°) les rituels funéraires islamiques ;

3°) les « nouveaux » rituels funéraires.

Certes, la frontière entre ces trois notions est difficilement délimitable; mais il convient de les considérer en les replaçant dans leur contexte historique et de les comprendre dans leur sens premier pour éviter toute confusion d'ordre sémantique.

Du point de niveau analytique, seuls les « nouveaux  rituels funéraires » semblent préoccuper notre attention en ce sens qu'ils sont la résultante des deux premiers sus mentionnés. Car, il apparaît que c'est la reproduction de deux premières formes de rituels confrontées et jumelées, qui désormais, constitue cette unité.

Le but recherché est d'éclairer et de restituer la nature des faits rituels funéraires actuels, c'est-à-dire de rechercher l'ensemble des phénomènes qui ont permis et qui permettent encore cette coexistence. Aussi, nous cherchons à relever leur spécificité, leur nature, leur forme afin de dégager les logiques culturelles qui fondent aujourd'hui une telle unité.

Vue la diversité culturelle et les phénomènes de mutations, Il n'est point exclu que les pratiques funéraires qui ont cours dans une culture d'origine donnée, soient susceptibles de se modifier ou d'être transposées à l'identique du fait de nombreuses contraintes liées au nouveau contexte de vie. Cette situation, certes bouleverse les normes habituelles et entraîne une déstructuration et une discontinuité dans le déroulement séquentiel des funérailles et oblige à des négociations et à des remaniements profonds.

Enfin, ces pratiques confrontent ou font coexister deux systèmes de références culturelles différentes par leur origine, et antagonistes par leur pratique mais singulier par leur identité.

b°) Cadre théorique

Les principes théoriques choisis pour l'élaboration de cette étude sont le culturalisme et le dynamisme social.

En effet, le culturalisme met en évidence l'influence prépondérante de la culture sur les individus exprimée sous le sceau de la «personnalité modale». Cette notion est une «configuration psychologique particulière propre aux membres d'une société donnée et qui se manifeste par un style de vie sur lequel les individus brodent les variantes singulières» de leur culture (Abraham Kardiner en collaboration avec Ralph Linton, dans l'ouvrage intitulé l'individu dans la société, 1939).

En tant que les rituels funéraires sont un phénomène religieux, ils entrent de ce fait, dans un univers catégoriel de savoir et de savoir-faire transmis de manière générationnelle. Ce savoir modèle ou « moule » ainsi l'individu, le catégorise et le soumet aux contraintes du sacré. Cette reproduction de l'individu est la marque d'une emprunte culturelle, véhicule essentiel des traits distinctifs.

En effet, les rituels funéraires, entendus en tant qu'un ensemble de gestes et de pratiques annonçant l'agonie, la mort et l'après-mort d'un individu, ne sauraient se soustraire des pratiques culturelles. Ils entrent dans un univers de totalité culturelle, car ils moulent l'individu conformément aux pratiques qui lui sont siennes. Leur nature et leur forme dépendent du contexte de production, du statut social du défunt et des us et des coutumes de chaque société. Car, la culture justifie l'existence des rituels par le fait que de la pratique qui met exige de l'individu à franchir « plusieurs statuts au cours de sa vie et les transitions sont fréquemment marquées par des rites diversement élaborées selon les sociétés»8(*).

Quant au dynamisme social, c'est un principe théorique qui considère que les changements sociaux sont la résultante des facteurs explicatifs de la «déstructurations et de la restructuration » de la société. En effet, le courant dynamiste trouve son fondement dans les facteurs sociaux dits internes et externes, facteurs qui bouleversent l'ordre et la cohésion préalablement établis. C'est dans cette même logique que « Les religions et les innovations religieuses sont susceptibles de révéler les transformations de l'univers social et culturel africain, et surtout de révéler les nouvelles configurations... »9(*).(*)

Tout comme le culturalisme, le dynamisme se propose de considérer les phénomènes sociaux en situation de bouleversement, de mutation ou de transformation. Cette approche a le mérite de considérer les rituels funéraires d'origine islamique comme étant des facteurs externes aux pratiques religieuses en cours chez les Dadjo, et de ce fait, basculant en partie, l'organisation des funérailles.

Enfin, ces deux notions cernent au mieux notre approche de la question au sens où, d'une part, le dynamisme apporte une édification sur les changements socioculturels intervenus dans la croyance, et le culturalisme éclaircit sur les savoirs funéraires transmis dans les rituels d'autre part.

C°) Champ d'étude

Les rituels funéraires que nous proposons d'étudier entrent dans le cadre de la représentation symbolique et des pratiques adressées aux morts. Ils sont des faits sociaux au sens durkheimien du terme. Leur champ d'étude est à considérer dans le contenu de l'anthropologie religieuse et la sociologie des religions.

En effet, la transmission au moyen de la parole des actes sacrés contenu dans les rituels est un phénomène social qui dépasse le caractère purement individuel. En tant qu'objet de croyance et des pratiques, les rituels représentent «toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d'exercer sur l'individu une contrainte extérieure ; ou bien encore, qui est générale dans l'étendue d'une société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses manifestations individuelles»1(*)0. Dans cette perspective, la sociologie des religions apparaît le champ le plus approprié au sens les rituels dans un univers de croyance, de mode de vie religieuse.

Cette considération fait intervenir les notions telles que la représentation, la société et la symbolique qui sont éminemment collectives et transcendent le seuil l'individuel.

Aussi, les rituels funéraires entrent dans la préoccupation de l'Anthropologie religieuse par le fait que les actes et les gestes adressés aux morts sont des symboliques émanant de la représentation culturelle. « Parmi les cérémonies religieuses de l'Afrique noire traditionnelle, les rites funéraires sont les techniques d'initiation, à la fois les plus spectaculaire et certainement les plus importants par leur fonction et leur signification culturelle ou philosophique.»1(*)1

* 8 A. Van Gennep, Dictionnaire de l'anthropologie, Paris: P.U.F, 1991, p.633

* 9 G. Balandier, Sens et Puissances, Paris, Puf, 1971, p. 14

* .

* 1 0 E. Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF, p.16.

* 1 1 L. V. Thomas, Cinq essais sur la mort africaine, Faculté des lettres, Dakar, 1968, p. 97.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe