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Les rituels funéraires chez les Dadjo vivant au Gabon

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par Abakar Ramadane
Université Omar Bongo - Master 1 2004
  

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II- Problématique et Hypothèses

a°) Problématique

Lorsque nous observons les rituels funéraires Dadjo, nous avons l'impression que ce sont des rituels homogènes, endogènes propres à la culture de cette communauté Dadjo.

Or, si nous nous approchons de plus près des déroulements des phases rituelles, on observe deux faits rituels: l'un endogène (des Dadjo) et l'autre islamique.

Ces rituels sont apparemment de nature différente ou opposable les uns des autres, mais tous les deux, relevant du même univers: celui de la croyance et de la religion. La référence à un dieu « local ou national », « Kalge,  », qui signifie « celui qui vient en aide », témoigne littéralement de la profonde spiritualité déjà présente et ancrée dans les moeurs de ces peuples Dadjo.

Les activités funéraires telles (louanges, l'enterrement et les célébrations) ne sauraient se figer à un immobilisme absolu en raison de la confrontation religieuse. Ils sont enclin à des phénomènes de mutation rendant complexe leur nature d'origine.

Plusieurs interrogations hantent notre esprit, notamment celles relatives à la mise en exercice ou la mise pratique du fait rituel: quelles sont les différentes phases de déroulements de ces rituels funéraires? Existe-t-il des frontières précises entre ces deux rituels ? Quel sens cachent véritablement les rituels ainsi conservés et pratiqués face à l'invasion des rites islamiques? Que deviennent-ils dans leur aspect pratique? Lors des funérailles, dès l'annonce du deuil jusqu'à son retrait, la cérémonie mortuaire se déroule-t-elle telle qu'elle a été transmise par le passé?

Quels sont les éléments rituels qui ont survécu au choc de civilisation? S'ils n'ont pas disparu, cohabitent-ils avec les rituels islamiques?

Enfin, les rites comme tout autre pratique traditionnelle s'identifie à un récit fondateur, son mythe d'origine. De ce point de vue, quelle est la dimension symbolique des rituels.

La naissance des nouvelles formes d'attitudes et d'agissements (entendus au sens des gestes et actes) adressées à l'égard des disparus et des espaces funèbres d'une part, l'appropriation de ces nouvelles moeurs funéraires d'autre part, ont-elles configuré ou sinon « façonné » les Dadjo dans leur manière d'être et d'agir?

En effet, le risque éventuel d'extinction des rituels funéraires Dadjo et la volonté de rapprocher leurs morts, ont-ils conduit ces convertis (les Dadjo), à activer des mécanismes de sélection des phénomènes rituels qu'ils jugent « conservables », « compatibles » ou alors tout simplement « éliminables » au regard de ces moeurs émergentes? Sont-ils (ces mécanismes) à la fois régulateurs de la croyance « nouvelle » et des comportements des individus? Les phénomènes funéraires ne prennent-ils désormais de sens qu'en termes d'identités culturelles exprimées par les moyens de cohabitation et coexistence avec d'autres rituels exogènes ou étrangers ? La naissance des religions prophétiques et les changements intervenus dans les milieux de vie religieuse ont-ils modelé ou perverti les perceptions et les savoirs empiriques sur la mort et conduit la société à solutionner par le « diagnostic » de la sélectivité des pratiques?

Il nous apparaît opportun d'identifier et d'examiner la juxtaposition ou la superposition de ces deux formes des rituels dans leur interaction afin d'éclairer sur l'ensemble des phénomènes qui ont rendu inextinguibles certains rituels au détriment d'autres.

Les pratiques religieuses des sociétés endogènes adressées aux morts lors de l'enterrement, de la manifestation du deuil et de lever de deuil, existaient-elle dans leur configuration propre avant l'avènement de l'islam?

b°) Les hypothèses

Après avoir assisté et observé quelques rituels funéraires chez les Dadjo (Annonce du deuil, enterrement, déroulement du deuil et retrait de deuil), nous sommes inscrits pour une seule hypothèse.

En effet, la pratique funéraire Dadjo, dans leur confrontation aux nouvelles religions prophétiques et notamment islamiques, conservent leur part d'originalité ancestrale qui se traduit par le repli identitaire à la culture d'origine.

En effet, les Dadjo ont un rapport à leurs rites funéraires qui repose sur une aspiration ou un besoin de s'accrocher à ce qui leur parait plus authentique d'une part, et à conserver des pratiques rituelles venant de l'Islam d'autre part.

En d'autres termes, l'expression ou l'angoisse de la mort et des funérailles qu'elle suscite serait tellement forte que ni les rituels islamiques, ni les rituels dadjo ne pourraient rendre effectif, de manière singulière, l'immortalité de l'âme et/ou la pérennité du disparu.

C'est donc un facteur explicatif qui restitue le fait que la conversion des Dadjo aux rituels islamiques n'exclut pas les pratiques funéraires endogènes. Car, «le va et vient entre tradition et nouveauté s'explique par le fait que la référence au passé est déjà une règle fondamentale. »1(*)2

Aussi, la croyance Dadjo dans leur mise en contact avec les modèles rituels islamiques opère-t-elle une sélectivité des pratiques funéraires qu'elle «juge», et conservables, praticables et compatibles, par leur rapprochement aux morts.

Cette étude aurait le mérite de rompre avec l'idée selon laquelle les croyances prophétiques venues d'ailleurs notamment du Moyen Orient élimineraient systématiquement celles dites endogènes ou existantes.

La mise en exercice de ces pratiques est repérée dans l'accomplissement les prières, les chants, les louanges « symboliquement » adressées aux morts et qui témoignent à la fois de l'existence et de la prédominance des rituels indigènes malgré la conversion des Dadjo aux modèles de rites de types islamiques.

* 1 2 I, Vangu Ngimbi, jeunesse, funérailles et contestation sociopolitique en Afrique, Paris, L'harmattan, 1999, p. 92

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