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Implication structurale des anomalies gravimétriques en bordure septentrionale du craton du Congo

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par Yves Shandini Njankouo
Université de Yaoundé I Cameroun - DEA 2007
  

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4. INTERPRETATION QUANTITATIVE DES DONNEES GRAVIMETRIQUES

Au terme de l'analyse qualitative de la carte des anomalies gravimétriques nous avons pu établir la corrélation entre les anomalies observées et les différentes entités géologiques. L'analyse a aussi permis de voir les signatures gravimétriques des directions tectoniques majeures de la zone d'étude. Nous allons à présent procéder à l'interprétation quantitative des données expérimentales. Elle consiste à obtenir un modèle de structure du sous-sol comportant différentes couches de terrain avec leurs épaisseurs et à déterminer la géométrie des surfaces de contact entre terrains différents ainsi que celle des accidents éventuels. Pour le faire, on procédera à une interprétation directe des anomalies par une modélisation 2D1/2 le long d'un profil ; la modélisation sera précédée par une analyse spectrale des données.

4.1. Choix des profils

L'interprétation est effectuée à partir des profils géométriques exécutés perpendiculairement à l'allongement principal de la structure à étudier. Les profils choisis doivent déborder largement la zone où la structure est suspectée pour tenir compte de l'influence des masses souterraines ou éloignées.

Une grande extension longitudinale des anomalies permet une interprétation en modèles bidimensionnels (2D). L'interprétation d'un profil ne conduit pas à une solution unique et l'interprétation 2D est rarement univoque ; la confrontation des modèles gravimétriques avec la géologie est donc indispensable pour déterminer un modèle réaliste.

4.2. Technique de modélisation

La modélisation du sous-sol profond est effectuée par le logiciel IGAO 2D1/2 mis au point par Chouteau et Bouchard (1993). C'est un logiciel permettant la comparaison entre la courbe expérimentale obtenue à partir des profils tracés sur la carte d'anomalies de Bouguer et la courbe calculée.

Dans la pratique, l'interprétation s'effectue en quatre étapes :

1- construction d'un modèle raisonnable,

2- tracé de la courbe des anomalies issue de ce modèle,

3- comparaison entre la courbe expérimentale et la courbe calculée,

4- modification du modèle pour améliorer la correspondance entre les anomalies observées et calculées et retour à l'étape 2.

Le processus est itératif et la bonne correspondance entre les anomalies observées et calculées est progressivement améliorée. La structure initiale pour amorcer le processus correspond à un modèle de départ dont les paramètres (profondeur, épaisseur, densité, géométrie etc.) sont suggérés par les résultats de l'interprétation géologique.

On doit donc fournir au programme de traitement :

- les contrastes de densité des différentes couches,

- la valeur maximale de l'anomalie régionale dans la zone d'étude,

- la profondeur d'investigation de la structure source de l'anomalie observée.

4.2.1. Choix du contraste de densité

Les anomalies gravimétriques résultent de la différence de densité ou du contraste de densité entre une roche et le milieu environnant (encaissant). Pour un corps de densité contenu dans un matériau de densité , le contraste de densité est donné par :

Le signe du contraste de densité est déterminé par le signe de l'anomalie gravimétrique.

Le signe du contraste de densité des roches est nécessaire à l'interprétation des données gravimétriques. En l'absence des données provenant d'une autre source telle que la sismique profonde, des valeurs moyennes de densité des roches fournies par les littératures spécialisées (Telford et al., 1976 ; Mbom Abane, 1997) seront adoptées pour la présente étude. Pour les différentes formations constituant le socle de la région, ces valeurs sont consignées dans le tableau suivant.

Tableau 2 : Valeurs de densités de quelques roches (Telford et al.1974 ;

Mbom Abane, 1997 ; Tadjou, 2004)

Types de roches

Valeurs limites de densité

Densité moyenne

Granites

2,5 -2,8

2,64

Gneiss

2,6 -3

2,80

Granulites

2,7 -2,9

2,80

Roches métamorphiques

2,4 -3,1

2,74

Quartzites

2,5 -2,7

2,6

Schistes

2,4 -2,9

2,6

Charnockites

2,9 -3,1

2,90

Basaltes

2,70 -3,30

2,99

Rhyolites

2,35 -2,70

2,52

Syénites

2,6 -2,95

2,77

N

Fig. 6a : Carte d'anomalies de Bouguer

: profil étudié

4.2.2. Analyse spectrale.

L'estimation des profondeurs d'investigation sera faite par l'analyse spectrale des données gravimétriques le long d'un profil (Fig.6b).

Technique d'analyse

Cette technique est basée sur les propriétés du spectre d'énergie des anomalies gravimétriques ou magnétiques et permet d'estimer les contrastes de densité majeurs et par conséquent les profondeurs moyennes des masses perturbatrices.

La profondeur moyenne d'une source d'anomalie gravimétrique ou magnétique peut être estimée à partir du spectre d'énergie du signal correspondant. Une anomalie peu étendue avec une amplitude qui décroît rapidement sera caractérisée par des grandes fréquences. Par contre, une large anomalie dont l'amplitude diminue faiblement sera caractérisée par des spectres concentrés vers les basses fréquences.

Lorsqu'on trace le logarithme de l'énergie gravimétrique en fonction du nombre d'onde, on choisit des segments de droite dont les pentes sont proportionnelles à la profondeur des masses perturbatrices selon la relation :

= (Gérard et Griveau, 1972)

est le spectre d'énergie et le nombre d'onde.

L'estimation des profondeurs de source est contrôlée par le choix des segments de droites définissant les pentes.

Résultats de l'analyse spectrale

Lorsqu'on trace le logarithme de l'énergie gravimétrique en fonction de la fréquence, la courbe spectrale exhibe trois pentes caractéristiques de la Bouguer (Fig.7).

La première pente située dans les basses fréquences correspond aux structures situées à de grandes profondeurs. La deuxième pente dans les fréquences moyennes correspond aux structures situées aux profondeurs moyennes. La troisième pente vers les hautes fréquences correspond aux structures superficielles. La figure 6 montre les spectres d'énergie en fonction des fréquences obtenus pour le profil et les pentes choisies pour déterminer les profondeurs. On obtient ainsi trois droites définissant trois pentes différentes.

Fréquence

Fig. 7 : Profil montrant l'évolution du spectre d'énergie gravimétrique en fonction du nombre d'onde (on distingue trois droites de pentes différentes).

A partir de la relation de Gérard et Griveau on définit trois profondeurs qui représentent les toits des structures anomaliques ou des discontinuités structurales majeures.

La relation entre le nombre d'onde et la fréquence étant donnée par , la profondeur des masses perturbatrices est donnée par :

avec la fréquence, le spectre d'énergie et qui représente la pente.

Le tableau 3 donne les valeurs des profondeurs moyennes obtenues et les fréquences correspondantes.

Tableau 3 : Valeurs des profondeurs moyennes des discontinuités et bande de fréquence correspondantes

Bande de fréquence (1/km)

Profondeur moyenne (km)

0,003 - 0,01

45,3

0,01-0,02

26,8

0,02-0,03

15,9

Trois discontinuités majeures de densité ont ainsi été mises en évidence.

La première à 45,3 km représente l'interface croûte-manteau ; cette valeur indique une grande épaisseur de la croûte dans le craton.

La deuxième discontinuité située à 26,8 km représente une discontinuité intracrustale et pourrait correspondre à un relèvement du manteau à certains endroits de la zone d'étude.

La troisième discontinuité à 15,9 km semble à une discontinuité intracrustale dans la région.

Les profondeurs déterminées seront utilisées lors de la modélisation.

4.3. Interprétation du profil d'anomalie de Bouguer

L'interprétation est faite le long d'un profil gravimétrique d'orientation SSW-NNE qui traverse la zone d'étude du Nord au Sud (Fig.6b). Ce profil est presque perpendiculaire au réseau de courbes iso anomales de Bouguer et a une longueur d'environ 310 km. La grande extension du profil permettra d'effectuer une interprétation bidimensionnelle (2D)

4.3.1. Analyse du profil

Le rapprochement du profil avec la carte géologique montre qu'il traverse du Sud au Nord : les gneiss, les charnockites, les granites de So'o et les granulites. Le profil comporte environ 28 points expérimentaux. Le profil (Fig. 8) a l'allure d'un polynôme de degré quatre. L'examen du profil conduit à distinguer quatre compartiments délimités par des ruptures de pente représentant des contacts tectoniques ou des failles.

Tableau 4: Caractéristiques du profil d'anomalies de Bouguer

Profondeur d'investigation

50 km

Base de l'anomalie

-100 mgals

Nombre de formations obtenues

8

Contrastes de densité retenus

(g/cm3)

1- Manteau

2- Craton du Congo

3- Unités profondes denses

4- Chaîne panafricaine

5- Gneiss

6- Charnockites

7- Granites

8- Granulites

0,53

0,00

0,09

0,03

0,13

0,25

-0,08

0,15

Au Sud, le profil a une allure en cloche caractérisée par des anomalies lourdes de

- 50 mgals d'amplitude s'étendant sur environ 100 km. Ce maximum est encadré par deux minima relatifs au Nord (- 80 mgals) et au Sud (- 95 mgals). La partie centrale du profil a l'allure d'une cuvette avec des maxima au Sud (- 60 mgals) et au Nord (- 25 mgals) et un minimum de -100 mgals.

Ces maxima et minima sont dûs au contraste de densité entre les différentes formations sous-jacentes.

Le profil présente un modèle de structure à huit formations :

· La première formation de contraste de densité élevé 0,53 g/cm3, d'épaisseur variable constitue le substratum de la région. Cette formation représente le socle mantellique.

· La seconde formation occupe un espace important sur le profil et présente un contraste de densité faible par rapport au manteau. Il s'agit des formations denses du craton ; nous l'avons associée à la croûte.

· Au nord du profil, la troisième formation située à la base de la croûte à une profondeur moyenne de 25 km et possède un contraste de densité de 0,25 g/cm3. Cette formation peut être assimilée à un corps lourd issu du manteau.

· La quatrième formation se situe au nord du profil à environ 12 km de profondeur. Son contraste de densité est de 0,03 g/cm3. Nous pouvons l'associer aux formations de la croûte panafricaine.

a

b

S

N

ooo : observée

___ : calculée

Fig. 8 : Interprétation du profil gravimétrique

a : Profil d'anomalies de Bouguer ; b : Modèle de structure interprétative

Manteau d1= 3,28 g/cm3 

Craton du Congo d2= 2,75 g/cm

Unités profondes denses d3 = 2,84 g/cm

Chaîne panafricaine d4 = 2,78 g/cm

Gneiss rubané d5 = 2,88 g/cm

Charnockites d6 = 3,0 g/cm

Granites d7 = 2,67 g/cm3

Granulites d8 =2,90 g/cm

Faille prproposée

· La cinquième formation affleure à l'extrême sud du profil. Elle a un contraste de densité de 0,13 g/cm3. Cette formation serait responsable de la diminution de la valeur de l'anomalie au sud du profil. Nous l'assimilons aux gneiss de la série rubanée.

· La sixième formation affleure au sud du profil au contact des gneiss et s'étend en profondeur vers le Nord. Elle possède un contraste de densité de 0,25 g/cm3. Son extension en surface est d'environ 70 km. C'est cette formation qui serait responsable de la zone de maximum observée au sud du profil. Cette formation de densité positive est imputable aux charnockites.

· La formation qui affleure dans la partie centrale du profil présente un contraste de densité négatif (- 0,08 g/cm3) par rapport à l'encaissant. Son extension en profondeur est d'environ 130 km et en surface 95 km. Sa profondeur maximale est de 15 km. Nous assimilons cette formation aux granites de So'o. Elle repose au Sud sur les charnockites et s'enfonce au Nord sous les granulites. Le contact des granites avec les formations de la chaîne panafricaine présente un pendage presque vertical que nous assimilons à une structure faillée.

· La dernière formation affleure au nord du profil et présente un contraste de densité de 0.15 g/cm3. Cette formation est responsable de l'anomalie positive observée au nord du profil. Nous l'associons aux granulites.

Le profil présente trois zones de discontinuités gravimétriques en forme de gradins. La première située au sud du profil est caractérisée par une diminution de la valeur de l'anomalie qui passe de - 50 mgals à - 80 mgals ; la deuxième zone est située au centre du profil et sépare la zone d'anomalie positive du Sud et celle négative du Nord. Cette zone est caractérisée par la diminution de l'anomalie qui passe de -50 mgals à - 95mgals. La troisième zone de discontinuité située au nord du profil se caractérise par un accroissement de l'anomalie.

4.3.2. Interprétation des résultats

Le profil gravimétrique étudié a été interprété par un modèle de structure à huit formations. L'analyse de la coupe structurale issue de la modélisation montre que le socle de la région présente plusieurs intrusions responsables des anomalies observées.

Les anomalies de grande longueur d'onde dans le nord de la région sont principalement dues à la présence des intrusions de granulites de contraste de densité 0,09 g/cm3 à la base de la croûte à une profondeur de 25 km. Ces roches se seraient mises en place à la suite de l'effondrement du socle dans la partie centrale de la région. L'emplacement de ces roches déversées vers le Sud et leur forme indiquent leur mise en place lors de la collision et la limite septentrionale du craton du Congo.

L'analyse du modèle de structure obtenu montre également que l'anomalie légère observée au centre du profil est liée à l'effet gravimétrique de l'intrusion de granites légers présentant un contraste de densité négatif (- 0,08 g/cm3 ) par rapport à la croûte. Cette intrusion granitique serait probablement responsable de la vaste anomalie observée au centre de la région. Cette intrusion granitique serait une conséquence de l'effondrement du socle de la région.

Le changement de l'anomalie de Bouguer au centre du profil correspond en surface à une intrusion de charnockites dans la région présentant un contraste de densité de 0,25 g/cm3. Ces roches seraient ainsi responsables de l'anomalie lourde observée en contact au Sud-Ouest avec l'anomalie négative centrale. Ces roches se seraient mises en place à la suite de la montée d'un diapir mantellique dans la région.

Au sud du profil la chute de l'anomalie est due au contact des gneiss avec les charnockites au sud de la région.

Le profil présente des discontinuités gravimétriques ou gradients, traduisant ainsi la transition entre une zone gravimétrique légère et une zone gravimétrique lourde. Nous avons observé trois zones de discontinuité :

- La première discontinuité se trouve au sud du profil. Elle marque le contact entre les gneiss du Sud et les charnockites au Nord.

- La deuxième discontinuité se trouve au centre du profil ; elle indique la transition entre la zone lourde du Sud et la zone légère de la partie centrale. Cette discontinuité dénote une structure faillée de pendage d'environ 90°. Cette faille qui s'étend en profondeur, semble être la conséquence de l'effondrement du socle dans la région qui aurait par la suite entraîné l'intrusion des granites de So'o.

- La troisième discontinuité se situe au nord du profil, elle marque la transition entre la zone légère de la partie centrale de la région et la zone lourde du Nord. Cette discontinuité indique une structure faillée de fort pendage qui s'étend en profondeur. Cette faille située au niveau du parallèle 4°N a été mise en évidence par d'autres études ; cette faille serait une conséquence de l'effondrement du socle au centre de la région. Cette faille aurait favorisé la mise en place des granulites.

En conclusion l'interprétation des anomalies gravimétriques permet de proposer un modèle crustal qui correspond au modèle classique de chaînes de collision péricratoniques caractérisés par la juxtaposition de deux compartiments de natures différentes et séparés par une suture matérialisée par des corps denses ; ce modèle implique donc pour la région une collision entre le craton et les formations de la chaîne panafricaine Nord-Equatoriale. Le modèle obtenu est également conforme aux conclusions de Collignon (1968) sur l'affaissement du socle situé au sud du parallèle 4°N et qui constituerait un vaste synforme précambrien.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore