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Mariage interethnique et production de l'ethnicité

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par Bogui Fernand Landry Niava
Université de cocody Abidjan - maitrise 2006
  

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I-2- REVUE DE LA LITTERATURE

La littérature sur le mariage interethnique et la production de l'ethnicité n'est pas assez fournie en ce qui concerne les ouvrages édités. Toutefois, nous avons pu consulter différents documents se rapportant à notre thème de recherche et eu recours à des sites Internet pour la documentation en ligne. Au terme de nos lectures, nous avons répartis les documents consultés de façon suivante. La première partie traite de la question de l'ethnie, la seconde partie s'attarde sur la question de l'ethnicité et la troisième partie est structurée par les travaux abordant la question des frontières ethniques. Enfin la dernière partie renferme les écrits sur le mariage en général et en particulier sur le mariage interethnique.

- La question de l'ethnie

La consultation des écrits relatifs au concept d'ethnie, permet de constater deux tendances au niveau théorique dans la définition et dans l'appréhension du phénomène ethnique. L'une, saisissant l'ethnie d'un point de vue primordialiste et essentialiste. Comme tête liste de cette tendance, nous avons (Shils, 1957)7(*), (Kallen, pluralisme culturel, 1915)8(*), (Geertz, 1963)9(*). Tous ces auteurs ont en un commun d'appréhender le phénomène ethnie suivant deux qualités, dont la qualité primaire et la qualité fondamentale.

Le discours sur la qualité primaire s'illustre aisément dans l'ouvrage, (Philippe Poutignat, Jocelyne Streiff-Fenat, 1995 : 98)10(*) « puisque l'individu naît (ou acquiert dès la naissance) les éléments constitutifs de son identité ethnique : les caractéristiques physiques, le nom, l'affiliation tribale ou religieuse, tous ses éléments qui le relient à des ancêtres putatifs dont l'héritage se transmet de génération en génération ».

Quant au discours sur la qualité fondamentale, il se perçoit dans cet extrait « pour les primordialistes, l'appartenance au groupe ethnique ne représente pas en foyer possible parmi d'autres formes d'identification, mais l'identité de groupe, « base » pour tous les individus, celle à travers laquelle se transmettent les émotions les instincts, les souvenirs d'une façon que l'individu ne peut choisir et qui au-delà de la conscience » (Nourak, 1972)11(*) ; (Nicolas, 1973 : 96)12(*).

En somme l'ethnie sert donc à distinguer les groupes humains les uns des autres, comme s'ils avaient une différence essentielle et irréfutable de par leur naissance.

L'autre tendance, cerne le concept d'ethnie d'un point de vue historique et symbolique donc sous un angle dynamique. Comme précurseur de ce pôle de réflexion, nous avons Vacher De La Pouche13(*), qui présente l'ethnie en ces termes :

«Ce sont des groupes sociaux qu'il définit comme à la fois `'naturels et factices'' », (Philippes Poutignat, Jocelyne Streiff-Fenart, 1995 : 35) procède à une réfutation minutieuse des critères objectifs de l'appartenance nationale, au profit des critères subjectifs (le désir, la volonté, le consentement). En somme pour Renau14(*), l'ethnie est une forme d'appartenance symbolique. Hechter (1976)15(*) renchérit « le groupe ethnique est clairement pour Weber, une construction sociale, dont l'existence est toujours problématique », (Philippe Poutignat, Jocelyne Streiff-Fenart, 1995 : 41).

Une deuxième tendance est construite sur les limites de la première.

Aujourd'hui, d'un point de vue épistémologique, et pragmatique, le concept d'ethnie doit être débarrassé de son contenu naturel, pour se référer qu'aux relations et à la dimension symbolique. La plupart des ouvrages disponibles sur la question, mettent plus en exergue le caractère ou le trait naturel du concept d'ethnie. Alors que l'analyse de la réalité sociale montre que l'ethnie ou les ethnies ne sont pas des réalités statiques. Cette même analyse de la réalité ethnique atteste de l'apparition de nouvelles ethnies et de la disparition de celles existantes.

De nos différentes lectures, nous pouvons retenir que les définitions, qui excluent les variables historiques et symboliques ne sont pas à même d'expliquer la réalité ethnique à présent.

En somme nous pouvons affirmer que l'ethnie se définit comme un ensemble d'individu ou un groupe qui appartient historiquement et symboliquement à la même culture.

La question de l'ethnicité

La littérature sur l'ethnicité ne doit pas faire illusion, dans la majorité des cas, le terme d'ethnicité est davantage utilisé comme une catégorie descriptive permettant de traiter un problème d'une autre nature (l'intégration, l'immigration, les rapports interethniques) que comme un concept sociologiques. Les catégories de l'altérité qui nous occupe plus particulièrement ici sont celles qui visent à distinguer l'autre sur les critères qui se basent sur une « origine supposée commune ».

A l'instar de Philippe Poutignat, nous pensons réintroduire la question de l'ethnicité, non pas sous sa forme stéréotypée, mais relativement aux interrogations et aux débats d'un point de vue purement relationnel qui lui sont liés. Et ce afin de donner un élan nouveau à la sociologie des relations interethnique dans les pays africains.

Ceci dit Poutignat définit l'ethnicité comme « une forme d'organisation sociale basée sur une attribution catégorielle qui classe les personnes en fonction de leur origine supposée et qui se trouve validée dans l'interaction sociale par la mise en oeuvre de signes culturels socialement différenciateur » (Poutignat et Al, 1995 : 155). Le passage en revue des oeuvres sur la question, nous a permis d'identifier de multiples approches théoriques de l'ethnicité. Nous avons la conception qui considère l'ethnicité comme primordiale, qui est considérée comme dépassé par la plupart des acteurs (Poutignat et Al, 1995) mais elle reste le point de départ de toute réélaboration théorique de la notion. Cette approche, en particulier celle qui a été développée par Shils et Kallen dans leur essai sur le pluralisme culturel, postule « une spécificité des attachements ethniques basée sur le caractère ineffable, irrationnelle et profondément ressenti des sentiments qu'ils inspirent » (Poutignat et Al ; 1995 : 96).

Dans cette perspective, l'homme est guidé par « son implication dans des liens personnels dotés de qualités primordiales ».

Ces attachements primordiaux sont ceux qui lient par une relation à laquelle il accorde une qualité spéciale qui tient à la nature du lien indépendamment « de relations effectives », (1995 : 96). Ces liens sont dotés d'une signification égale à celle attribuée aux liens de parenté et se caractérisent par la solidarité qu'ils suscitent, par leur force coercitives et par les émotions et le sentiment du sacré qui leurs sont associés. Ici l'identité est une qualité essentielle qui est transmise dans et par le groupe, indépendamment des relations avec l'out-group.

- Après cette approche, nous avons celle dite sociobiologique. Elle peut être considérée comme une nouvelle variante des théories primordialistes classiques. Pierre Van Den Berghe16(*), son principal représentant a, avec la publication de The ethnic phenomenon (1981), suscité dans le milieu académique un embarras certain. (Poutignat et Al, 1995). Sa thèse principale postule que les humains sont programmés comme les autres animaux pour maximiser leur chance de succès dans la reproduction. Dans cette méthode l'ethnicité apparaît comme une méthode de sélection des « apparentés » par laquelle les individus maximisent leur propre aptitude à se reproduire. Dans le prolongement, de l'énumération des théories de l'ethnicité, nous avons mentionné les théories mobilisationistes et instrumentalistes; au sein de cette approche, on trouve la théorie du groupe d'intérêt, les théories du choix rationnels et la théorie du colonialisme interne. Toutes considèrent l'ethnicité comme ressource mobilisable dans la conquête du pouvoir politique et des biens économiques.

Glazer et Mognihan17(*) « la contribution de l'ethnicité à cette mobilisation de groupe est de fournir un idiome qui favorise la solidarité de groupe et qui, d'une certaine manière dissimule les intérêts spécifiques communs pour lesquels la bataille est menée ». (Poutignat, 1995 : 105).

Nous avons également, les théories néo-marxistes. Le centre d'intérêt de ces rapports est le rapport entre l'ethnicité et la classe au sein d'une théorie d'exploitation capitaliste du travail. Les divisions ethniques et raciales sont appréhendées à partir des fonctions qu'elles remplissent dans le système capitaliste. L'ethnicité constitue une forme d'application sociale en compétition avec la classe « dont la fonction idéologique est de masquer les intérêts de classes convergentes entre les groupes ethniquement dominés et la fraction exploitée du groupe ethniquement dominant » (Poutignat 1995 : 119).  

De plus nous avons, les approches néo-culturalistes, ces approches saisissent l'ethnicité comme un système culturel permettant aux individus de situer leur place dans un ordre social plus large. La dimension culturelle est vue comme le processus par lequel les gens, à travers les différences culturelles se communiquent des idées sur ce qui distingue les hommes et tentent de résoudre les problèmes de signification. (Poutignat et Al 1995 : 121).

Et enfin, l'ethnicité comme forme d'interaction sociale, cette approche met l'accent sur le fait que l'ethnicité est « un processus continu de dichotomisation entre membres et outsiders, demandant à être exprimé et validée dans l'interaction sociale » (Poutignat et Al 1995 : 123).

Cette approche englobe trois sous approches :

v Celle développée par Fredérik Barth18(*) met l'accent sur les aspects génératifs et processuels des groupes ethniques. Ces derniers ne sont pas considérés comme des groupes concrets mais comme des « types d'organisations basés sur l'assignation et l'auto attribution des individus à des catégories ethniques » (Poutignat 1995 : 123)19(*). Ici l'accent est mis sur l'analyse des processus d'attribution catégorielle et d'interaction.

v Quant à l'approche interactionnelle, elle comprend l'approche cognitiviste pour cette tendance, « l'ethnicité, les symboles et les labels ethniques sont des référents cognitifs manipulés dans des buts pragmatiques de compréhension de sens commun et mobilisés par les acteurs pour leurs comportements » (Poutignat et Al 1995 : 187).

v Et enfin la sous approche situationnelle, développée par Lyman et Douglas (1972), l'ethnicité comprise comme élément de définition de situation manipulée par les acteurs. Elle se présente comme un moyen de construction, de manipulation et de modification de la réalité et est un élément des négociations explicites ou implicites de l'ethnicité. (Poutignat et Al 1995 : 129).

Dans la littérature disponible sur l'ethnicité, ce phénomène est mis en rapport avec plusieurs aspects de la réalité sociale.

- L'ethnicité traitée en rapport avec l'identité sociale.

- L'ethnicité analysée en rapport avec la féminité (recherche féministe Vol 5 N°1 1992).

- L'ethnicité traité en rapport avec la religion et l'intégration (rapport religion /ethnicité et intégration d'une église africaine indépendante en France)

- L'ethnicité analysée sous l'angle de l'intégration des minorités (mémoire de maîtrise Université de Genève, Vincent Bracke sous la direction de Claudio Bobzman)

- L'ethnicité traitée sous l'angle des identités collectives.

Au terme de cette exploration, sur la littérature ayant trait à la question de l'ethnicité, il nous parait important de préciser quels éléments permettent d'apporter un éclairage pertinent pour notre étude. On peut considérer le caractère relationnel plutôt que essentiel de l'ethnicité. Cela signifie que le `'nous'' se construit en fonction et souvent en opposition d'un autre. C'est un aspect fondamental pour les théories interactionnistes mais aussi dans les approches mobilisationnistes qui étudient la compétition. On peut en conclure que les différences culturelles ne sont pas à l'origine de la formation des groupes ethniques mais que c'est la communication culturelle qui permet de tracer les frontières entre les groupes compréhensibles pour les insiders et les outsiders.

Une deuxième caractéristique tient au caractère dynamique plutôt que statique de l'ethnicité, qui ne se définit pas comme une propriété inhérente à un individu ou à un groupe. C'est plutôt une forme d'organisation, un principe de division du monde qui peut changer selon les lieux et les temps.

Le troisième élément qu'il faut retenir est que l'identité ethnique ne peut se définir par elle-même, elle est toujours un produit des actes d'autres groupes. « Elle se construit dans la relation entre catégorisation par les non membres et l'identification à un groupe ethnique » (Poutignat et Al 1995 : 155). Elle est donc liée à une définition sociale, à une interaction. Il faut donc être attentif aux deux processus à l'oeuvre, c'est-à-dire l'attribution et l'identification, même si les deux sont difficilement séparables dans une perspective analytique parce qu'ils sont dans une relation d'opposition dialectique.

Enfin la dernière caractéristique est la marge de liberté des groupes ou individus dans l'établissement des critères de définition d'eux même et des autres. La marge de liberté dépend des situations et des rapports entre groupes. Dans des situations de domination l'imposition d'une catégorie par le groupe dominant a comme nous l'avons déjà souligné, un pouvoir performatif.

La question des frontières ethniques

Dans le territoire du politique20(*), «la représentation de l'espace est celle d'un plan continu, d'un support, divisé par les frontières du maillage politico-administratif. Tout individu est très précisément situé dans l'espace. Il appartient à une entité et pas à une autre, repéré dans un espace clos, un polygone fermé par des frontières. Il est dedans ou dehors et presque malgré lui, inscrit dans une clarification binaire du monde. L'appartenance au territoire relève de la représentation, de l'identité culturelle et non plus de la position dans un polygone. Elle suppose des réseaux multiples, elle se réfère à des géosymboles plus qu'à des frontières, elle s'inscrit dans des lieux et des cheminements qui débordent les blocs d'espace homogène et continu de "l'idéologie géographique" (Sauter, 1985). Ces formes réticulées de l'espace seront peut-être la structuration dominante de l'espace de demain.» [...]

«Il s'ensuit que l'affrontement entre la logique de l'Etat-nation et celle de l'identité culturelle ne se réduit pas à un problème d'échelle différente ou de domination entre des parties de force inégale [...]. Plus profondément, il s'agit d'une contradiction entre des systèmes de valeur reflétant chacun des éthiques différentes du territoire.»

Dans la perspective culturelle, «le territoire est perçu comme un "espace culturel", un géosymbole garant de la vitalité des différences légitimes et par là, porteur de l'harmonie pluriculturelle de l'univers. [...] Le territoire est considéré comme le lieu-fondateur des identités locales et le ressort secret de leur survie.» (p. 9)

«Au-delà de la fonction qu'il assume, le territoire est d'abord une valeur. [...] La puissance du lien territorial révèle que l'espace est investi de valeurs non seulement matérielles mais aussi éthiques, spirituelles, symboliques et affectives. C'est ainsi que le territoire culturel précède le territoire politique et à plus forte raison qu'il précède le l'espace économique.» (p. 10)

«La territorialité humaine se définit beaucoup plus par la relation culturelle qu'un groupe ou une ethnie entretient avec [...] le maillage des lieux et le système d'itinéraires qui quadrillent son espace, que par la référence aux concepts biologiques fermés d'appropriation et de frontières. Le territoire dans cette perspective est véritablement un espace symbolique ou, si l'on préfère, un géosymbole, c'est-à-dire le support d'une écriture chargée de sens.»

La question du mariage interethnique

La question du mariage en général et en particulier celui du mariage interethnique, intéresse à plusieurs titres les différentes disciplines des sciences sociales. Dans le cadre de cette réflexion sociologique que nous menons et au vue de la littérature sur la question du mariage, il nous parait judicieux de présenter les différentes idées des auteurs selon la configuration suivante : nous présenterons l'historique du phénomène mariage et ses différentes formes, les objectifs ou ceux à quoi sert le mariage selon les sociétés qu'elles soient occidentales et non occidentales.

Claude Lewis Strauss, dans les structures élémentaires de la parenté met en exergue la théorie de l'alliance élaborée à partir de l'étude ethnographique des sociétés extra-européennes où se manifestaient des relations étroites entre consanguinité et affinité : cette théorie a comme fondement la prohibition de l'inceste : principe selon lequel, au sein d'une société donnée un parent ou une catégorie de parent est pour un individu interdit au mariage. « La prohibition de l'usage sexuel de la fille ou de la soeur contraint à la donner en mariage à un autre homme, et en même temps, elle crée un droit sur la fille ou sur la soeur de cet autre homme. Ainsi, toutes les stipulations négatives de la prohibition ont-elles une contrepartie positive. La défense équivaut à une obligation : et la renonciation ouvre la voie à une revendication.» (Claude Lewis Strauss, 1967 : 60)21(*). Selon la théorie, de l'alliance il existe deux formes différentes de structures d'échange de femmes :

· Soit les femmes de mon groupe sont données à un groupe explicitement défini par les institutions. On parle ici de structures élémentaires

· Soit la collectivité des conjoints possibles pour les femmes de mon groupe est indéterminée et toujours ouverte, à l'exclusion cependant de certains proches, comme c'est le cas dans la société occidentale. On parle ainsi de structures complexes.

A l'analyse du livre (d'Alfred Schwartz, 1971)22(*), les formes de mariage décrites par Claude Lewis Strauss cohabitent souvent dans les pays occidentaux et non occidentaux. Il n'existe donc pas une forme particulière de mariage pour une société donnée (d'Alfred Schwartz, 1971, p223). Dans cette partie il distingue les différentes formes de mariage en pays Guéré : « l'organisation matrimoniale Guéré distinguent cinq formes de mariage : le mariage ba-tê-ino ou `'achat par le père'' ; le mariage ple-ino ou `'rapt similé'' ; le mariage dju-we-siga ou `'échange directe'' ; le mariage o-dja-ino-io-tê, littéralement `'il (ou elle) m'apporte la femme pour que je l'achète'' et enfin le mariage tewa-ino ou `'l'héritage de la veuve'' ; mariage djugà-niino, littéralement `'femme du neveu utérin'' et enfin le mariage no-we-na-no `'homme qui suit un autre homme ».

Les cinq premières formes de mariages sont qualifiés par l'auteur `'de mariages classiques'' et les deux derniers de mariages d'exception''. Quant à (Maryse Duponchel, 1971)23(*), elle décèle dans son ouvrage deux types de mariages interethniques : les mariages entre deux ethnies d'aire culturel différent ; et les mariages entre ethnie d'un même aire culturel.

Concernant (Snjezana Mrdjen)24(*), il décrit le mariage inter-ethnique sous une autre forme. Il la présente comme une union entre deux personnes (homme et femme) de différentes nationalités. « Les mariages interethniques sont un excellent révélateur du niveau d'intégration et d'homogénéisation socio-culturelle des populations qui cohabitent depuis plusieurs siècles ou entre autochtones et immigrés ». (Snjezana Mrdjen, 2000, Vol I).

A ce stade de nos propos, force est de constater le caractère dynamique du phénomène mariage. Car après les travaux remarquables de Claude Lewis Strauss qui liait les différentes formes de mariages selon les sociétés, c'est-à-dire société extra-européenne et société Européenne. Car d'une société à une autre on retrouve souvent les mêmes formes de mariage, mais avec une légère différence locale. Maryse Duponchel révèle que le brassage culturel en milieu urbain est l'une des raisons du dynamisme du mariage.

(Maryse Duponchel, 1971) « Dans une ville d'Afrique la grande diversité ethnique entraîne un brassage culturel intense qui réduit les différences et les oppositions traditionnelles. Une appréciation de ce brassage, propre aux centres urbains, peut se faire à partir de la fréquence des mariages inter-ethniques qui sont une manifestation de cette intégration ».

Au niveau du but ou des objectifs du mariage Binet Jacques, (1961)25(*) résume son ouvrage intitulé Mariage en Afrique noire en ces termes « il semble se dégager deux caractères communs aux mariages africain : son but essentielle est la procréation des enfants, et il diffère donc du mariage européen où la vie du couple joue un rôle primordiale ; et la fréquence de l'union libre en découle directement. Les deux morales et les deux civilisations qui se heurtent en Afrique ont leur part dans cette désagrégation ».

A ce titre les travaux de (Norbert Robitaille et Erick Guimond, 2003, Vol.32, p295-314)26(*) attestent que la procréation comme but du mariage n'est pas particulière à l'Afrique. Car pour faire face au renouvellement des autochtones du Canada, le mariage sous sa forme exogamique a pour objectif la procréation afin d'accroître et de renouveler les autochtones du Canada.

« L'exogamie profite de plus en plus à la fécondité de tous groupes d'identités autochtone étant donné la diminution de la sur-fécondité des couples endogames ». (Norbert Robitaille et Erick Guimond, 2003, p304).

Si les sociologues et anthropologues expliquent le mariage sous sa forme interethnique par le brassage culturel, par l'immigration et l'émigration, il est important de modifier comme le dit (Binet Jaquet, 1961) dans le résumé de son ouvrage. La cohabitation des valeurs européennes et non-européennes a une part déterminante dans la désagrégation du mariage en Afrique noire. Cette désagrégation atteste de l'actualité de la réflexion que nous menons sur la place et le niveau d'intégration ou d'exclusion des acteurs issus des mariages interethniques dans nos sociétés. En effet, de nombreux écrits ont certes analysés le phénomène de l'ethnicité ou de l'ethnicisation27(*) en rapport avec certaines réalités sociales tel que la citoyenneté, l'identité sociale, l'intégration sociale. Mais le mariage interethnique n'a pas été analysé comme un élément social et idéologique permettant la catégorisation, l'intégration ou l'exclusion des acteurs issus de ce type de mariage. Au regard de cette analyse critique de la littérature, le mariage interethnique apparaît comme une contradiction dans le mode de désignation des acteurs sociaux. C'est à cette contradiction que notre étude veut apporter un démenti, en analysant le mariage interethnique comme un mode de désignation de l'altérité.

* 7 Shils E ., Primordial , personal,sacred and civil ties , british journal of sociology, 1957p190_ 147

* 8 Kallen H.M., Democratty versus the melting -pot , The Nation , february18, 1915,reproduit in H. M Kallen (ed) culture and Democraty in the United States , new York boni et liveright , 1924. Cultural pluralism and integration

* 9 Geertz C ., The Integrated Revolution .Primordial Sentiments andCivil politc in the new States , in C. geertz (ed) ,old societies new states ,new York the free, 1963

* 10 Philippe poutignat , jocelyne steiff fennart théoris de l'ethnicité ,presse universitaire de France 1995

* 11

* 12 Nicolas G., fait « ethnique » et usage du concept d'  ethnie cahiers internationnaux de sociologie, vol 19, 1973, p.95- 126

* 13 Vacher De La Pouche G . , les sélections sociales, paris Thorin et fils , 1896.

* 14 Hecter M., The Political economy of ethnic change , Americain journal of Sociology, 1974, p115-178

* 15 Renau E ., qu'est qu'une nation ? in E Renau , discours et conférences, Paris , Calmann levy , 1887 p 278-310V

* 16 Van Den Berghe P The ethnic phenomenon

* 17 Glazer N et Moynihan D P (eds) Ethnicity, Theory and Experience, Cambridge, Mass, Harvard University press, 1975

* 18 Fréderick Barth les groupes ethniques et leurs frontières,

* 19 Philippe Poutignat et AL Theorie de l'ethnicité puf 1995

* 20 Bonnemaison et Cambrésy, 1996, le territoire du politique, 20 : 8

* 21 Claude Lewis Strauss , Les structures élémentaires de la parenté, Paris, mouton ,196 2ème édition.

* 22 Alfred Scwartz Le chercheur et le quotidien, Paris, Méridiens klincksieck,1987.

* 23 Duponchel(M) , Etat matrimonial en milieu urbain : polygamie et mariage interethnique à Adjamè Etranger, 1971.

* 24 Snjezana Mrdjen Les mariages interethniques en ex yougoslavie, departement d'aménagement et de dévéloppement régional, Université de Thessalie, 2001 VOL 1

* 25 Binet Jacques, Mariage en Afrique noire paris, les Editions du cerf 1959, coll. Foi vivante vie des missions

* 26 Norbert Robitaille et Erick Guimond, La reproduction des populations autochtones du Canada : exogamique, fécondité et mobilité ethnique, Cahiers Quebecois de démographie vol. 32no automne 2003

* 27L'ethnicisation : c'est l'ensemble des processus par lesquels les acteurs produisent leur différence

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo