WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Mariage interethnique et production de l'ethnicité

( Télécharger le fichier original )
par Bogui Fernand Landry Niava
Université de cocody Abidjan - maitrise 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I-3- OBJECTIF DE L'ETUDE

I-3-1- Objectif général

Notre objectif vise à analyser les mécanismes sociaux de différenciation et d'intégration des acteurs sociaux issus de mariages interethniques.

I-3-2- Objectifs spécifiques

Cette activité de recherche vise également les objectifs suivants :

- Identifier les mécanismes idéologiques et institutionnels d'appartenance au groupe ethnique Abouré de Yaou.

- Identifier et analyser les rapports entre acteurs issus de mariages entre un Abouré et les autres groupes ethniques à Yaou.

- Déterminer les enjeux d'appartenance au groupe ethnique Abouré de Yaou.

I-4- MODELE D'ANALYSE

Par définition le model d'analyse est le lieu d'opérationnalisation des concepts clés de la recherche. Cette logique de recherche permet de faire la jonction entre la théorie et la pratique. Il s'agira dans cette rubrique de présenter notre hypothèse de recherche et de définir le concept clé de notre etude

I-4-1- Hypothèse de recherche

L'hypothèse est une présomption non gratuite portant sur le comportement des objets réels étudiés. Elle procure à la recherche un fil conducteur particulièrement efficace qui, à partir du moment ou elle est formulée remplace la question de recherche dans cette fonction, même si celle-ci doit rester présente à l'esprit. Il s'agit dans cette logique de la recherche de donner à titre provisoire la réponse à notre question de recherche. Dans un souci d'une structuration cohérente rappelons la question centrale que soulève notre étude avant de dévoiler l'hypothèse de recherche. Celle-ci se présente sous cette forme :

Comment les mécanismes idéologiques et institutionnels de différenciation entre les descendants de mariage interethnique fabriquent l'appartenance ethnique au groupe Abouré de Yaou. Notre réponse provisoire à cette question est la suivante : l'intégration et la différenciation des acteurs issus de mariage interethnique dont l'un des conjoints est Abouré de Yaou est lié à la représentation sociale de l'autochtonie.

I-4-2 Plan de vérification de l'hypothèse

Dans cette partie, il s'agira de définir le concept de représentation sociale. Mais avant compte tenu de la complexité du concept, il sera question d'élucider les concepts de représentations et d'autochtonie.

I-4-3 Représentation sociale

Représenter vient du latin repraesentare, rendre présent. Le dictionnaire Larousse précise qu'en philosophie, " la représentation est ce par quoi un objet est présent à l'esprit " et qu'en psychologie, " c'est une perception, une image mentale dont le contenu se rapporte à un objet, à une situation, à une scène (etc.) du monde dans lequel vit le sujet.

La représentation est " l'action de rendre sensible quelque chose au moyen d'une figure, d'un symbole, d'un signe.

Ces différentes définitions contiennent des mots clés qui permettent d'approcher la notion de représentation : sujet et objet, image, figure, symbole, signe, perception et action.

- Le sujet peut être un individu ou un groupe social.

- L'objet peut être aussi bien une personne, une chose, un événement matériel, psychique ou social, un phénomène naturel, une idée, une théorie, etc. ; il peut être aussi bien réel qu'imaginaire ou mythique, mais il est toujours requis.

- Le mot perception suggère le fait de se saisir d'un objet par les sens (visuel, auditif, tactile ...) ou par l'esprit (opération mentale).

- Le terme action renvoie à l'appropriation de l'objet perçu par le sujet.

- Image, figure, symbole, signe : ce sont des représentations de l'objet perçu et interprété.

D'après Jodelet, la représentation " est une forme de connaissance socialement élaborée et partagée ayant une visée pratique et concourant à la construction d'une réalité commune à un ensemble social.

Placées à la frontière du psychologique et du social, les représentations sociales permettent aux personnes et aux groupes de maîtriser leur environnement et d'agir sur celui-ci. Jean-Claude Abric définit la représentation " comme une vision fonctionnelle du monde, qui permet à l'individu ou au groupe de donner un sens à ses conduites, et de comprendre la réalité, à travers son propre système de références, donc de s'y adapter, de s'y définir une place.

Afin de mieux saisir ce concept des représentations sociales, nous allons préciser leurs caractéristiques et leurs fonctions.

Le concept de représentation sociale est si riche et si complexe qu'il n'est pas toujours évident de le définir. Pour arriver à cerner cette notion, il est nécessaire d'ordonner et de schématiser son contenu. Nous discernerons d'une part les caractères fondamentaux d'une représentation sociale et d'autre part ses fonctions principales.

Les cinq caractères fondamentaux d'une représentation sociale (d'après Jodelet)


· Elle est toujours représentation d'un objet :

Il n'existe pas de représentation sans objet. Sa nature peut être très variée mais il est toujours essentiel. Sans objet, il n'existe pas de représentation sociale. L'objet peut être de nature abstraite, comme la folie ou les médias, ou se référer à une catégorie de personnes (les enseignants ou les journalistes par exemple).

L'objet est en rapport avec le sujet : la représentation " est le processus par lequel s'établit leur relation. Le sujet et l'objet sont en en interaction et s'influencent l'un l'autre. Dans la préface du livre de Claudine Herzlich, Santé et maladie, Moscovici écrit : " il n'y a pas de coupure entre l'univers extérieur et l'univers intérieur de l'individu (ou du groupe). Le sujet et l'objet ne sont pas foncièrement distincts ... se représenter quelque chose, c'est se donner ensemble, indifférenciés le stimulus et la réponse. Celle-ci n'est pas une réaction à celui-là, mais, jusqu'à un certain point, son origine.

Dans l'étude des représentations, on s'intéressera donc au phénomène d'interaction entre un sujet et un objet. Herzlich définit son étude par le fait de tenter " de comprendre les attitudes et le comportement qu'elles (les représentations sociales) engendrent, le savoir qui circule à leur propos, dans la relation même qui se crée entre l'individu, la santé et la maladie.


· Elle a un caractère imageant et la propriété de rendre interchangeable le sensible et l'idée, le percept et le concept :

Le terme image ne signifie pas la simple reproduction de la réalité mais renvoie à l'imaginaire social et individuel. C'est la face figurative de la représentation : les scientifiques, par exemple, évoquent une ''soupe primitive'', composée de molécules diverses qui sont à l'origine de la vie sur la terre. De par son caractère imageant, la représentation sociale aide à la compréhension de notions abstraites. Elle relie les choses aux mots, elle matérialise les concepts. Jodelet cite l'exemple de la notion de poids, décrite par R. Roqueplo (1974) : " le sens commun utilise la notion de poids dont il y a une évidence sensible pour interpréter la notion de masse, concept abstrait défini scientifiquement depuis trois siècles et qui fait partie de notre bagage scolaire et de notre culture.


· Elle a un caractère symbolique et signifiant :

La représentation sociale a deux faces, l'une figurative, l'autre symbolique. Dans la figure, le sujet symbolise l'objet qu'il interprète en lui donnant un sens. Pour Rouquette28(*) et Rateau, c'est le sens qui est la qualité la plus évidente des représentations sociales.


· Elle a un caractère constructif :

La représentation construit la réalité sociale. Pour Abric, " toute réalité est représentée, c'est-à-dire appropriée par l'individu ou le groupe, reconstruite dans son système cognitif, intégrée dans son système de valeurs dépendant de son histoire et du contexte social et idéologique qui l'environne.

L'étude des représentations permet de mettre en évidence que la pensée sociale élabore la réalité selon différents modèles. Pour reprendre le domaine de la maladie, François Laplantine estime qu'elle peut être considérée d'après plusieurs modèles : maladie exogène / maladie endogène ; modèle épistémologique (biomédical, psychologique ou relationnel) ; modèle des systèmes thérapeutiques.


· Elle a un caractère autonome et créatif : Elle a une influence sur les attitudes et les comportements. C. Herzlich.. a bien montré comment les représentations de la maladie - destructrice ou libératrice - induisent des comportements : refus des soins et de recours au médecin dans le cas de la maladie destructrice ; rupture avec les contraintes sociales, enrichissement sur le plan personnel, lorsque la maladie est vécue sur le mode d'une libération.

- Les fonctions des représentations sociales


· Des fonctions cognitives :

Les représentations sociales permettent aux individus d'intégrer des données nouvelles à leurs cadres de pensée, c'est ce que Moscovici a mis en évidence à propos de la psychanalyse. Ces connaissances ou ces idées neuves sont diffusées plus particulièrement par certaines catégories sociales : les journalistes, les politiques, les médecins, les formateurs...


· Des fonctions d'interprétation et de construction de la réalité :

Elles sont une manière de penser et d'interpréter le monde et la vie quotidienne. Les valeurs et le contexte dans lequel elles s'élaborent ont une incidence sur la construction de la réalité. Il existe toujours une part de création individuelle ou collective dans les représentations. C'est pourquoi elles ne sont pas figées à jamais, même si elles évoluent lentement


· Des fonctions d'orientation des conduites et des comportements :

Les représentations sociales sont porteuses de sens, elles créent du lien ; en cela elles ont une fonction sociale. Elles aident les gens à communiquer, à se diriger dans leur environnement et à agir. Elles engendrent donc des attitudes, des opinions et des comportements.

La représentation sociale a aussi un aspect prescriptif : " Elle définit ce qui est licite, tolérable ou inacceptable dans un contexte social donné.


· Des fonctions identitaires :

" Les représentations ont aussi pour fonction de situer les individus et les groupes dans le champ social... (elles permettent) l'élaboration d'une identité sociale et personnelle gratifiante, c'est-à-dire compatible avec des systèmes de normes et de valeurs socialement et historiquement déterminés.

Jodelet parle d'affiliation sociale : " Partager une idée, un langage, c'est aussi affirmer un lien social et une identité.


· Des fonctions de justification des pratiques :

Elles nous semblent très liées aux fonctions précédentes. Elles concernent particulièrement les relations entre groupes et les représentations que chaque groupe va se faire de l'autre groupe, justifiant a posteriori des prises de position et des comportements.

Selon Abric, il s'agit d'un " nouveau rôle des représentations : celui du maintien ou du renforcement de la position sociale du groupe concerné.

Dans le contexte de notre étude, l'objet de la représentation s'identifie à une catégorie de personne, les descendants de mariage interethnique dont la mère n'est pas Abouré de Yaou .Quant au sujet, il renvoie à deux entités sociales sur notre champ d'étude : les institutions et les acteurs véhiculant les normes et les codes et valeurs qu'incarnent les institutions. Dans le cadre de notre étude, par représentation nous entendons l'ensemble des clichés qui renvoie et justifie soit l'intégration des acteurs issus de mariage interethnique, soit l'exclusion des acteurs issus de mariage interethnique. Ces clichés sont motivés par l'ensemble des normes que véhicule la filiation matrilinéaire et aussi par l'enjeu en jeu sur les différents champs. Les représentations se matérialisent au travers des discours sociaux suivant : « Abouré pur », « tu es mélangé », « tu n'es pas d'ici », « ta famille n'est pas d'ici ». Ce sont ces différentes représentations qui structurent les rapports entre les acteurs. Ce sont elles qui occasionnent les catégorisations entre les acteurs. Tel que « Abouré pur » et « Abouré non pur ».

I-4-4 Autochtonie

La notion d'autochtonie est une dialectique complexe et problématique qui est évoquée par plusieurs ouvrages et articles Avant d'aller plus loin dans la définition il semble judicieux de définir ce qui est entendu par autochtonie.

D'après le Petit Robert, un autochtone est originaire par voie ancestrale du pays qu'il habite. Cette définition ne met cependant pas en évidence les enjeux importants que la logique de l'autochtonie révèle dans l'interaction entre une unité géographique (ou territoire) et des groupes ethniques (ou peuples). Prenons les origines mythologiques de ce concept: chez les Grecs, un autochtone désigne un enfant né spontanément de la terre. A ce moment-là le principe a un poids incontournable: « les Athéniens n'habitent pas Athènes, ils sont Athènes ». Les mythes fondateurs leur enseignent qu'ils sont fils de la terre d'Attique et que c'est leur groupe humain, issu d'ancêtres communs qui constitue la cité.
Il est difficile de relier le principe de l'autochtonie avec des concepts politiques modernes si on prend en compte la notion originale: l'attachement à sa terre de naissance est un lien vital pour un Grec, aussi fort que celui qui le lie à sa famille. Cette acception pose les Grecs comme assimilables à une plante en tant que produit de sa terre. De cette conception découle à Athènes une conséquence politique : le pouvoir appartient à l'ensemble des citoyens et ne peuvent diriger le destin de la cité que ceux qui en sont issus, c'est-à-dire, les autochtones au sens accepté du terme, ceux qui sont nés tout à la fois de la terre même et de la même terre. Cette définition peut paraître plus pertinente pour analyser ce que l'autochtonie signifie dans la vie de certaines communautés d'aujourd'hui bien qu'il faille toutefois, souligner les déviances. En effet, l'autochtonie est utilisée dorénavant par certains comme une stratégie dont le but avouer est d'obtenir le pouvoir. Ce qui n'est pas sans poser problème. En effet, revendiquer une autochtonie c'est redéfinir une identité qui va dans le sens inverse du mouvement de mondialisation enclenché ces dernières années.

Le mouvement de globalisation auquel nous assistons tend à faire du monde un village où les flux, en particulier d'idées, permettent de rapprocher les hommes. De plus, la mondialisation accélère, même si c'est un mouvement qui lui est antérieur, le flux des migrants apportant, ainsi une dimension multiculturelle à un bon nombre d'Etats. Nonobstant, force est de constater la montée en puissance des extrêmes, notamment en Europe (Autriche succès de Heider, France Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle...). L'actualité mondiale offre des exemples quasi quotidiens du développement de la xénophobie à travers le monde. Cette méfiance vis-à-vis de l'altérité puise sa force dans une dialectique complexe qui est celle de l'autochtonie. L'objectif premier des articles est justement de démystifier le concept et de donner des éléments clefs pour l'appréhender.
A la lecture des textes, constat est fait d'une dichotomie dans les définitions due aux passés des nations qui permet d'établir deux axes majeurs: d'une part le cas européen, avec une histoire particulière qui l'empêche d'utiliser la définition traditionnelle de l'autochtonie. D'autre part, celui de l'Afrique où la problématique de l'autochtonie sert de terreau à la violence. Nous en volons pour preuve les conflits fonciers entre les peuples autochtones en Côte d'Ivoire et aux Cameroun.

L'invocation du clivage entre «autochtones» et «allogènes» est devenue récurrente dans la vie sociale camerounaise. La petite ville de Makénéné, sur la route Yaoundé-Bafoussam, a par exemple connu de graves affrontements entre « autochtones » Nyokon et« allogènes » bamiléké, en novembre 1998. En juillet 1999, des fidèles catholiques ont contesté en ces termes la nomination de Mgr André Wouking, Bamiléké, comme archevêque de la capitale, faisant écho à une bataille ecclésiale similaire à Douala, en 1987 : 51 prêtres « autochtones » de l'archidiocèse (sur 80) avaient alors adressé au Vatican un mémorandum dénonçant la « bamilékisation de la hiérarchie de l'Église » à la suite de la nomination de Mgr Gabriel Simo comme évêque auxiliaire - raisonnement contesté par l'Assemblée du clergé indigène du diocèse de Bafoussam1. Mais la problématique de l'autochtonie au Cameroun ne se limite pas à la stigmatisation de l'«ethnofascisme» bamiléké, à laquelle s'était livré un intellectuel organique du régime Biya en cette même année 1987 et dont le spectre hante en fait le système politique camerounais depuis les années cinquante. Elle se retrouve aussi bien dans le Nord : l'irruption des «broussards», «venants» et autres «populations flottantes» dans l'activité commerciale a remis en cause la « confiance » qui était à la base de la négociation des prix et de la fiabilité du crédit entre «originaires»2 ; et les combats entre Choa et Kotoko, or le Cameroun est loin de constituer un cas isolé au sud du Sahara. L'une des évolutions politiques les plus inquiétantes sur le continent tient précisément à la généralisation de l'opposition entre « autochtones » et «allogènes » et à la véhémence nouvelle qu'elle y revêt. Une telle dichotomie est de plus en plus souvent évoquée pour justifier des formes d'exclusion d'une brutalité croissante, voire des opérations de nettoyage ethnique qui peuvent prendre une dimension génocidaire comme au Rwanda en 1994. L'extermination des Tutsi par le Hutu Power, leur diabolisation par l'ethnonationalisme messianique qui s'est développé dans les camps de réfugiés hutu burundais en Tanzanie, la contestation de la nationalité et des droits économiques dans les provinces zaïroises/congolaises du Kivu depuis les années quatre-vingt croient trouver leur légitimation dans les origines prétendument «éthiopiennes» 1 J.-F. Bayart, A. Mbembe, «La bataille de l'archidiocèse de Douala», Politique africaine, 35, octobre 1989, pp. 77-104.

2 J. Roitman, «The Garrison-Entrepôt», Cahiers d'études africaines, 150-152, XXXVIII-2-4, 1998, pp. 297-329. des peuples hamitiques3. Au Kenya, les «autochtones» kalenjin de la Rift Valley s'en sont violemment pris aux «squatters» kikuyu en 1992, et des tensions comparables ont été enregistrées sur la côte en 19974. De même, au Shaba/Katanga, en 1993, des pogroms ont contraint à l'exode de nombreux Baluba d'origine kasaïenne. Dans des contextes très différents, la militarisation des conflits politiques ou sociaux dans la province du Natal, ou autour des hostels dans les townships, en République sud-africaine, à la fin des années quatre vingt et dans la première moitié des années quatre-vingt-dix, ou la guerre civile somalienne n'ont pas été étrangères à la problématique de l'autochtonie5. Enfin cette dernière n'épargne pas l'Afrique de l'Ouest. Au Nigeria, elle est au coeur de la mobilisation des peuples du Delta contre les compagnies pétrolières et, dans le Sud-Ouest, l'Ooduo Peoples Congress prétend défendre manu militari les droits des Yoruba contre les «allogènes» hausa ou ijaw.

I45 Représentation sociale de l'autochtonie

Ce concept désigne l'ensemble des règles et connaissances qui déterminent l'appartenance ethnique des acteurs. En effet, à Yaou, le concept d'autochtonie ne renvoie pas à la primauté du droit au sol se résumant dans les cas les plus rencontrés : «nous sommes arrivés ici les premiers ». A Yaou c'est une autre réalité, le concept d'autochtone à une double signification en fonction des acteurs en interaction. Quand on a en interaction un Abouré et un autre groupe ethnique, l'autochtonie se détermine en fonction du droit au sol. Tandis que, quand les descendants de mariage interethnique sont en interaction avec ces mêmes acteurs, ce n'est plus le droit au sol qui est mis en avant, c'est plutôt la règle de recrutement des membres de la famille qui est convoquée. Dans le cas d'espèce, c'est le système matrilinéaire qui est en vigueur, la conséquence donc est la suivante : les descendants de mariage interethnique dont la mère est Abouré de Yaou sont considérés comme autochtones et les descendants de mariage interethnique dont le père est autochtone sont considérés comme allochtone. Cette situation démontre que le concept d'autochtonie n'est pas une réalité immuable. La définition ou la détermination du statut d'autochtone est malléable. En un mot les questions d'identités sont malléables en fonction des acteurs en interaction et aussi en fonction des ressources misent en jeu.    

CONCEPTS

DIMENSIONS

COMPOSANTE

INDICATEURS

Représentation sociale de l'autochtonie

- Cognitive

- Normative

Opinion

Le système matrilinéaire

les vrais Abouré sont les descendants dont la mère est Abouré.

Abouré pur

Recrutement des membres de la famille du coté de la mère

* 28 Rouquette (M.L). 1996 « Représentation et idéologie » in Deschamps J.C, 

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus