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Analyse comparée des stratégies de désendettement public pour la Zone UEMOA

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par Drissa SANGARE
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 2 Recherche Finances Publiques et Fiscalité 2007
  

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Chapitre VIII : Le désendettement dans le cadre de l'initiative PPTE et le

recours à une législation

Jusqu'à présent, nous avons évoqué dans les précédents chapitres les grandes stratégies, à notre vue, pouvant être utilisées par les pays endettés pour sortir de la crise de l'endettement. Dans ce chapitre, nous nous pencherons sur une démarche qui n'est pas initiée par les pays endettés, mais d'initiative des créanciers, qui vise à alléger le poids de la dette de la frange très pauvres des pays en développement. Cette initiative qui permettra à terme de réduire de manière significative le poids de la dette extérieure, doit être accompagné par des mesures visant à prévenir contre un nouveau surendettement.

I- Initiative en faveur des pays pauvres très endettés

L'initiative en faveur des pays pauvres très endettés dénommée Initiative PPTE, est une mesure des créanciers visant à réduire l'encours de la dette des pays pauvres et à le rendre soutenable. Conditionnée par l'application d'un certain nombre de mesures d'ajustement, l'initiative PPTE n'en demeure pas moins une mesure dont les pays pauvres et notamment ceux de l'Union économique et monétaire ouest africaine, peuvent profiter pour redresser leurs finances publiques et sortir de la spirale de la dette.

Dans ce qui suit, après avoir rappelé le contexte historique, le contenu et les modalités d'application de cette initiative des créanciers de réduire l'encours de la dette des pays pauvres très endettés, nous nous appliquerons de proposer des mesures qui peuvent permettre d'instaurer un garde-fou contre la répétition des erreurs du passé.

1- Contexte historique

Initiée en 1996 à l'occasion du sommet du G7 de Lyon, l'initiative PPTE est née de l'échec des différentes stratégies autrefois utilisées pour rendre soutenable l'endettement des pays pauvres.

Pour atteindre un niveau de dette soutenable, l'Initiative PPTE envisage une réduction de la dette envers les créanciers multilatéraux, ce qui rompt avec les mécanismes dits traditionnels, où les annulations ne concernaient que les créances bilatérales. Devant la situation de crise, les organisations de Breton Woods ont finis par réagir, après avoir longtemps fait accepter l'idée que leurs créances devaient rester indiscutables. Fin 1996, une initiative ouvrant la voie à la réduction de la dette multilatérale a été mis en oeuvre (Initiative de réduction de la dette des pays pauvres très endettés, PPTE). La procédure, fort complexe, repose sur l'idée suivante : les pays qui présentent les caractéristiques d'un endettement excessif par rapport à leurs ressources se verront octroyer de la part du FMI et de la Banque mondiale une réduction de dette telle qu'elle ramène leur endettement au niveau jugé « soutenable ». Cette réduction n'entre définitivement en jeu qu'après une période probatoire d'une durée initialement fixée à six ans, pendant laquelle les bénéficiaires potentiels devront mettre en oeuvre des « efforts d'ajustement redoublés ».

Fin 1998, l'initiative PPTE avait démontré sa lenteur et ses limitations : sept pays seulement avaient été sélectionnés et les réductions de dette prévues restaient souvent symboliques. Ceci a conduit le G7 à adopter, en juin 1999, sous la pression des organisations humanitaires et religieuses regroupées dans la coalition Jubilé 2000, une résolution qui ouvre la voie à un traitement rapide et plus généreux de la dette des PPTE. Les seuils à partir desquels la dette est jugée insoutenable ont été réduits (150% au lieu de 200 à 250% par exemple pour le ratio valeur actuelle de la dette extérieure/exportations des biens et services).

Désormais, il ne s'agit plus de proposer uniquement des rééchelonnements, mais de réduire la dette afin qu'elle atteigne des niveaux soutenables (mesurés par le ratio « valeur actuelle nette de la dette/exportations »).

Ainsi, au coeur de l'initiative PPTE se trouve donc la notion de soutenabilité de la dette : il s'agit de démontrer sous quelles conditions les pays concernés peuvent être mis en condition de rembourser leurs dettes.

De plus, alors que les réductions précédemment appliquées ne concernaient que la dette officielle bilatérale ou la dette privée, désormais, afin que les pays concernés par l'Initiative PPTE aient une dette soutenable, il est envisagé de réduire la dette envers les institutions multilatérales. La dette extérieure totale des quarante et un PPTE représentait 201 milliards de dollars (en nominal) en 1997, c'est-à-dire en moyenne 125 pour cent du PNB, soit 157 milliards de dollars en VAN.

2- Critères d'éligibilité arrêts par des créanciers

Pour être éligibles à l'Initiative PPTE, les pays doivent remplir différents critères :

- être éligible pour recevoir une assistance à titre concessionnel du FMI (FASR) ou de la Banque mondiale (AID) ;

- avoir entrepris des programmes de réformes avec l'appui du FMI et de la Banque mondiale avant septembre 1998 (clause d'extinction). Afin de prendre en compte les pays africains qui sortent de conflits, le délai initial pour entreprendre des réformes avec les bailleurs de fonds a été étendu jusqu'à la fin de l'année 2000 ;

- avoir une dette insoutenable après l'application des mécanismes traditionnels d'allégement (c'est-à-dire, après l'application des termes de Naples²).

La valeur actuelle (ou actualisée) nette (VAN) de la dette est la somme des futures obligations au titre du service de la dette (intérêt et principal) sur le stock de dette existant, actualisées au taux du marché.

Cette mesure prend en compte le degré de concessionnalité de la dette ; par exemple, si le taux d'intérêt appliqué est plus faible que le taux du marché, la VAN de la dette est inférieure à sa valeur faciale.

² La réduction du service de la dette est plafonnée à 67%. Les périodes de remboursement sont étalées jusqu'à 23 ans. Ne sont éligibles à ce traitement que les pays les plus pauvres, c'est-à-dire ceux qui ont un PNB par tête inférieur à 500 dollars ou dont le ratio dette / exportation dépasse 350%.

La soutenabilité de la dette est définie comme la capacité d'un pays à faire face à ses obligations sans rééchelonnement ni accumulation d'arriérés dans le futur. Concrètement, pour les PPTE, la soutenabilité de la dette est définie au cas par cas. La dette d'un pays est considérée comme soutenable si :


· le ratio « valeur actuelle nette de la dette/exportations de biens et de services » se situait entre 200 et 250 pour cent avant d'être réduit à 150% ;


· le ratio « service de la dette/exportations de biens et de services » se situe entre 20 et 25 pour cent ;


· pour les pays très ouverts aux échanges, un ratio « valeur actuelle nette de la dette/exportations de biens et de services » inférieur à 200 pour cent pourra être recommandé au point d'achèvement. Pour cela, le pays doit satisfaire deux critères au point de décision : avoir un ratio « exportations de biens et de services/PIB » d'au moins 40 pour cent, et faire des efforts fiscaux, c'est-à-dire avoir un ratio « recettes fiscales/PIB » d'au moins 20 pour cent.

3- Les conditionnalités

Pour bénéficier de l'initiative PPTE, l'application des Programmes d'ajustement structurel (PAS) reste de rigueur pendant au moins 3 ans. Une nouvelle conditionnalité sur l'utilisation des fonds viennent s'ajouter aux PAS. On évalue le délai supplémentaire à 1 an.

Les annulations de dette envisagée dans le cadre de l'initiative PPTE sont conditionnées à l'application de Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) pendant plusieurs années.

3.1- Les délais de mise en oeuvre des annulations

Point de décision, point d'achèvement :

Le point de décision intervient après une période d'environ 3 ans (le délai est devenu « flottant ») d'ajustement structurel. A cette date, le FMI et la Banque mondiale se prononcent sur l'éligibilité ou non du pays.

Le point d'achèvement est la date à laquelle le pays reçoit les allégements de dette. La période entre le point de décision et le point d'achèvement, "période transitoire", initialement fixée à 3 ans est devenue flottante : le point d'achèvement intervient lorsque le pays a satisfait les conditions d'ajustement demandées.

Le risque existe que les conditions de plus en plus importantes exigées par les Institutions financières internationales (IFI), retardent le processus, la responsabilité de ce retard retombant sur le pays sous ajustement plutôt qu'aux institutions qui ont élaboré les demande.

3.2- Modification de la conditionnalité

Les critiques à l'égard des ajustements macro-économiques demandés et la pression des ONG en faveur de la lutte contre la pauvreté, ont poussé les IFI à envisager une modification des conditions demandées, intégrant notamment la notion de lutte contre la pauvreté et celle de bonne gouvernance. Ainsi, les Facilités d'ajustement structurel renforcé (FASR, ESAF en anglais) sont devenues des "Facilités pour la réduction de la pauvreté et la croissance" (FRPC, PRGF en anglais). Au centre de cette FRPC se trouve un nouveau document le CSLP, « cadre stratégique de lutte contre la pauvreté » (PRSP en anglais), qui sera élaboré par le pays débiteur comme cadre pour l'utilisation des fonds dégagés (et aussi de l'aide internationale à venir). Ce nouveau document s'insère dans une stratégie "d'appropriation" par le pays débiteur des réformes exigées. En dehors du changement de nom, ce nouveau programme d'ajustement implique une coopération plus étroite entre le FMI, la Banque mondiale et le pays débiteur. Cependant le principe de l'ajustement structurel n'est pas remis en cause et celui-ci reste à la base des conditions exigées, même si les IFI entendent les assortir de moyen accrus pour compenser leurs effets négatifs pour les plus pauvres.

4- Le déroulement de l'Initiative PPTE

L'application de l'Initiative PPTE se déroule en deux phases, chacune suivie par un point (décision et achèvement) au cours desquels une évaluation de la soutenabilité de la dette est effectuée ; des mesures de réduction sont alors appliquées si nécessaire. Chaque phase est censée durer trois ans, mais, au cas par cas, des aménagements peuvent être apportés.

Première phase

Le pays doit appliquer pendant trois ans des programmes d'ajustement structurel avec le soutien de la Banque mondiale et du FMI. Il reçoit une assistance à titre concessionnel des créanciers multilatéraux. Les créanciers bilatéraux du Club de Paris accordent une réduction du service de la dette basée sur les termes de Naples, et les créanciers bilatéraux non membres du Club de Paris doivent accorder des réductions équivalentes.

Point de décision

Il s'agit d'évaluer la soutenabilité de la dette et, en particulier, de déterminer si une nouvelle opération de réduction de dette suivant les termes de Naples portant sur l'encours de la part des créanciers du Club de Paris, complétée par une action au moins aussi favorable de la part des créanciers bilatéraux non membres du Club de Paris, est suffisante pour rendre la dette soutenable. Trois situations sont envisageables :

- si la dette est soutenable après les réductions de dette, le pays n'est pas éligible ;

- si la dette du pays reste insoutenable malgré l'application des termes de Naples, le pays entre dans la deuxième phase. Les objectifs à atteindre en termes de ratio de soutenabilité au point d'achèvement sont fixés à ce stade ;

- si un doute existe quant à la soutenabilité de la dette, des réductions supplémentaires sont appliquées.

Deuxième phase, ou période intermédiaire

Lorsqu'un pays est éligible, il doit mettre en place des programmes de réformes économiques pendant trois ans. Toutefois, cette période peut être plus courte si, grâce aux réformes, les performances économiques s'améliorent rapidement.

Au cours de cette deuxième phase, les créanciers fournissent des concours sous différentes formes. Par exemple, les créanciers bilatéraux ont apporté une réduction de 80 pour cent de la VAN des flux de la dette à la Côte d'Ivoire et au Mozambique car, contrairement aux autres pays éligibles à l'Initiative PPTE, ils n'avaient pas bénéficié de réductions importantes de la part du Club de Paris sur l'encours de leur dette. Cette mesure permet notamment de réduire le service de la dette et de remplir le plus rapidement l'objectif de ratio.

Point d'achèvement

Pour atteindre le ratio objectif « VAN de la dette/exportations » fixé lors du point de décision, les créanciers bilatéraux et multilatéraux réduisent la VAN de leur dette. Les créanciers membres du Club de Paris proposent une réduction de la VAN du stock de la dette de 80 pour cent. Les autres créanciers commerciaux et bilatéraux doivent entreprendre des actions au moins équivalentes. Le FMI (via les fonds de la FASR), la Banque mondiale (via le Fonds fiduciaire PPTE) et les autres institutions multilatérales procèdent également à des réductions de la VAN de leurs créances, de manière à assurer un traitement global et équitable pour tous les créanciers impliqués.

Facilité d'ajustement structure renforcé, ligne de crédit consacré à refinancer des Etats en grave difficulté économique.

Si un pays affiche des retards dans la satisfaction des critères de performance, son point d'achèvement est reporté. En revanche, si les performances concernant le ratio « VAN de la dette/exportations » sont différentes de celles prévues, mais se situent dans une fourchette de +/- 10 pour cent de l'objectif fixé, le volume de l'aide fixé au point de décision ne change pas.

Devant cette démarche plusieurs critiques ont été formulées :

La période durant laquelle le pays doit appliquer des mesures avant de pouvoir bénéficier d'une réduction de dette est souvent jugée trop longue.

Les institutions multilatérales notent qu'il est indispensable que le pays entreprenne des réformes pour que les réductions de dette soient efficaces.

Par ailleurs, l'ensemble des mesures que le pays doit appliquer est vaste et nécessite du temps. Enfin, la période de six ans peut être réduite en fonction des performances économiques des pays bénéficiaires de l'Initiative PPTE.

La définition de la soutenabilité de la dette serait trop restrictive. Le FMI souligne que si la soutenabilité de la dette est définie par rapport aux exportations, il a été introduit un autre critère en fonction des recettes budgétaires pour les pays très ouverts.

Le critère de 200-250 pour cent pour le ratio « VAN de la dette/exportations » et celui de 20-25 pour cent pour le ratio du service de la dette semblent trop élevés. Le FMI note que les objectifs fixés pour chaque pays sont situés dans le bas de la fourchette et que pour les pays très ouverts, le ratio objectif « VAN de la dette/exportations » est inférieur à 200 pour cent.

Enfin, les mesures durant la période intermédiaire semblent trop légères. Face à cette critique, les institutions multilatérales rappellent qu'au cours de la période de transition, des prêts FASR et des concours AID sont accordés aux pays bénéficiaires, ainsi que des réductions de dette bilatérale.

5- L'apport global de l'Initiative PPTE

L'Initiative PPTE permettra, selon les estimations du FMI, de réduire la dette des 26 pays éligibles de 12.5 milliards de dollars US en VAN de 1998 au point d'achèvement.

Après Toronto en 1988, Londres en 1991, Naples en 1994 et Lyon en 1996, c'est le sommet de Cologne en 1999 qui fera référence en matière d'annulation de dette.

Lors de ce sommet, les pays du G7 se sont mis d'accord pour accorder une réduction aux quarante et un PPTE de 70 milliards de dollars US en nominal (sur un endettement total de 180 milliards de dollars si l'on exclut le Liberia, la Somalie et le Soudan, comme c'est le cas dans la plupart des estimations).

Sur la réduction consentie, 50 milliards correspondent à la réduction de la dette des bilatéraux et des multilatéraux au sein de l'Initiative PPTE, et 20 milliards correspondent à l'annulation de la dette au titre de l'aide publique au développement des pays du G7 .

La première version de l'initiative PPTE s'est rapidement avérée très insuffisante puisque sur les quarante et un pays initialement sélectionnés par la Banque mondiale, seuls sept étaient finalement concernés, pour des montants très faibles et sous des conditions jugées par la suite inadaptées. Après avoir décrit en quoi consiste l'Initiative PPTE renforcée, nous chiffrerons l'ampleur des premières réductions consenties dans l'ensemble des pays de l'Union.

5.1- L'Initiative PPTE renforcée

Fin 1998, l'initiative PPTE avait démontré sa lenteur et ses limitations : sept pays seulement avaient été sélectionnés et les réductions de dette prévues restaient souvent symboliques. Ceci a conduit le G7 à adopter, en juin 1999- sous la pression des organisations humanitaires et religieuses regroupés dans la coalition Jubilé 2000-une résolution qui ouvre la voie à un traitement rapide et plus généreux de la dette des PPTE. Les seuils à partir desquels la dette est jugée insoutenable ont été réduits (150% au lieu de 200 à 250% par exemple pour le ratio valeur actuelle de la dette extérieure/exportations des biens et services.

L'Initiative PPTE a ainsi été modifiée, les ratios ont été assouplis, le pourcentage de réduction a été augmenté, et la période nécessaire pour pouvoir bénéficier d'une réduction de dette a été réduite.

Assouplissement des ratios pris en considération pour déterminer la soutenabilité de la dette d'un pays :

- le ratio cible « VAN/exportations », auparavant situé dans une fourchette de 200- 250 pour cent, a été abaissé à 150 pour cent. Cela permettra à la fois d'augmenter le volume de l'aide et le nombre de pays admis à bénéficier de l'initiative. Selon le FMI, cette mesure devrait coûter sept milliards de dollars de plus (au point de décision, en VAN de 1998) ;

Le Comité d'aide au développement de l'OCDE définit l'aide publique au développement comme « l'ensemble des apports de ressources fournis aux pays en développement et aux institutions multilatérales par des organismes officiels, y compris les collectivités locales, ou par leurs agents d'exécution et qui, considérés au niveau de chaque opération, répondent aux critères suivants :

- être dépensés dans le but essentiel de favoriser le développement économique et l'amélioration du niveau de vie dans les pays en développement ;

- revêtir un caractère de faveur et comporter un élément de libéralité d'au moins 25 pour cent ».

- pour les pays ouverts, le critère est désormais d'avoir un ratio « exportations de biens et de services/PIB » de 30 pour cent au lieu de 40 pour cent. Pour que les pays ouverts puissent bénéficier de l'initiative, le ratio « recettes fiscales/PIB » doit désormais être égal à 15 pour cent au lieu de 20 pour cent. Enfin, pour ces pays, le ratio cible « VAN de la dette/recettes budgétaires » a été abaissé de 280 pour cent à 250 pour cent. Selon le FMI, ces mesures devraient représenter un coût supplémentaire de trois milliards de dollars (en VAN de 1998).

Grâce à ces mesures, le nombre de pays remplissant la condition d'entrée devrait passer de 29 à 36. Les sept nouveaux pays éligibles sont le Bénin, le Ghana, le Honduras, le Laos, la République de Centrafrique, le Sénégal et le Togo.

Augmentation du taux d'annulation des dettes bilatérales :

- le taux d'annulation de la dette contractée auprès des créanciers bilatéraux du Club de Paris est passé de 80 pour cent à plus de 90 pour cent ;

- pour les PPTE non éligibles à l'Initiative, le taux de réduction désormais appliqué est de 67 pour cent. Auparavant, selon les termes de Naples, il se situait entre 50 pour cent et 67 pour cent selon les pays.

Mise en place de points d'achèvement flottants :

Désormais, les pays pourront bénéficier des réductions de dette dès qu'ils appliquent des politiques économiques appropriées et que leurs performances correspondent à la trajectoire prévue.

Apport d'une aide au cours de la période intermédiaire :

Alors qu'il est prévu que les réductions de dette aient lieu au point d'achèvement, les créanciers bilatéraux et multilatéraux pourront fournir une assistance au cours de la période intermédiaire23. Les pays débiteurs pourront ainsi bénéficier plus rapidement d'une réduction de dette.

5.2- La réduction de dette obtenue grâce à l'application de l'Initiative PPTE

et l'initiative PPTE renforcée

Alors que la réduction engendrée par l'Initiative PPTE avait été estimée à 12.5 milliards de dollars en VAN de 1998 (9.1 pour cent de la VAN de la dette des PPTE en 1997), elle a augmenté à la suite des modifications apportées à l'Initiative PPTE et représente, selon les estimations de la Banque mondiale et du FMI, 27.4 milliards de dollars en VAN de 1998 (19.9 pour cent de la VAN de la dette des PPTE en 1997).

L'estimation de la réduction engendrée par la première version de l'Initiative PPTE est réalisée en prenant en compte la dette et les exportations pour l'année précédent le point d'achèvement. En revanche, l'estimation de la réduction engendrée par l'Initiative PPTE renforcée est réalisée en prenant en compte la dette et les exportations pour l'année précédent le point de décision. Ainsi, lorsque l'on raisonne au point d'achèvement (comme pour la première version de l'initiative), la réduction estimée grâce à l'Initiative PPTE renforcée est de 22.3 milliards de dollars en VAN de 1998 (c'est-à-dire 16.2 pour cent de la VAN de la dette des PPTE en 1997).

L'Initiative PPTE, même si elle représente un progrès non négligeable, ne permettra pas de réduire de manière conséquente la dette des PPTE. De plus, en prenant en compte les réductions bilatérales de dette depuis 1995, la contribution des institutions multilatérales était moins importante que celle des bailleurs de fonds bilatéraux jusqu'au dernier sommet du G8 à Gleneagles en été 2005.

Dans les pays de l'UEMOA, au cours de l'année 2002, la première phase de l'exécution des décisions de mise en oeuvre de l'initiative en faveur des PPTE pour les pays ayant atteint le point de décision ou le point d'achèvement, ont bénéficié des allégements de dette. Ces allègements, principalement, de la part des créanciers membres du Club de Paris, ont été pour un montant global de 894,6 milliards de Franc CFA (1.266,2 millions de dollars) contre 314,0 milliards Franc CFA (421,9 millions de dollars) en 2001.

La question qui préoccupe les milieux économiques et les organisations de la campagne pour l'annulation est de savoir si les économies réalisées pourront être réellement utilisées pour le développement.

Il est en effet nécessaire de prendre en compte plusieurs éléments :

- Les annulations de dette se traduisent par une marge de manoeuvre supplémentaire dans les budgets des Etats. A ressources constantes, l'allégement de la dette signifie une réduction du service de la dette payé annuellement, donc une possibilité de ressources supplémentaires pouvant être utilisées.

- Le montant de cette marge de manoeuvre dépend du niveau de remboursement effectif du pays concerné. En effet si le pays ne remboursait rien, ce qui correspond en général au moratoire sur le service de la dette comme ce fût le cas à un moment donné dans certains pays d'Amérique latine, l'annulation de la dette n'aura que peu d'impact à court terme sur les finances de l'Etat débiteur.

Il est à noter que les différents types de créances, influent sur les marges de manoeuvre dégagées. En effet, l'endettement des pays pauvres très endettés comme nous l'avons souligné dans le chapitre 2, prend différentes formes :

- créances vis-à-vis des organisations multilatérales : FMI, Banque Mondiale, BAD, etc.

- créances d'Etat à Etat, dont créances d'origine « commerciale » et créances d'Aide

Publique au Développement.

- dettes vis-à-vis de créanciers privés.

Les mesures d'allégements aujourd'hui envisagés auront des conséquences variables en fonction des types de créances : annulation des créances APD, allégement des créances commerciales et multilatérales, etc.

Faute de données disponibles sur l'impact réel de cette initiative, sa relative mise en oeuvre récente, font que nous n'avons pu appuyer notre réflexion sur de cas concret de pays.

L'initiative en faveur des pays pauvres doit régler définitivement dans la conception de ses auteurs, le problème de l'endettement des pays pauvres. Cette initiative est par ailleurs appuyée vient d'être appuyé par une initiative de G-8 qui s'engage à accroitre l'aide au développement de 50 Mds de dollar US par an.

Cette augmentation annoncée de l'aide et l'initiative PPTE sont utiles, cependant, elles ne constituent pas une panacée aux problèmes économiques, source de dette, que rencontrent les pays de l'UEMOA. Ces allègements doivent être suivis par des réformes visant dans un premier temps à stabiliser l'endettement et à favoriser la croissance. Par « l'effet de dénominateur » l'encours de la dette en pourcentage du PIB baissera.

Aussi bien qu'elle permet à terme de diminuer l'encours de la dette des pays qui en bénéficient et notamment les pays de la zone UEMOA, l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés, peut si elle est accompagnée des mesures permettant d'éviter les erreurs du passé, ouvrir la voie à une véritable sortie du cercle vicieux de la dette auquel les pays de l'union se sont enfermés. Par conséquent, nous pensons il est judicieux pour limiter le risque de dérapage budgétaire, d'imposer une limite aux nouveaux emprunts par le biais de règle budgétaire.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera