WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse comparée des stratégies de désendettement public pour la Zone UEMOA

( Télécharger le fichier original )
par Drissa SANGARE
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 2 Recherche Finances Publiques et Fiscalité 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II- Remboursement par anticipation des créances multilatérales

Le remboursement par anticipation qui constitue une rupture de contrat, est régie par des règles et procédures. Ces règles sont différentes lorsque l'éventualité est prévue dans les clauses du contrat et de ce dont le contrat n'y prévoit pas, ce qui nécessite le recourt au droit commun. Dans ce qui suit, nous nous intéresserons aux cas plus précis de la Banque mondiale, principal bailleur de fonds des pays pauvres. Dans les accords de prêt de la Banque mondiale, les emprunteurs ont le droit de payer, par anticipation, avant l'échéance et à une date acceptable pour la Banque : a) l'encours du principal du prêt ; ou b) le montant en principal dû à une ou plusieurs dates d'exigibilité du prêt.

La prime de remboursement devant être acquittée à ce titre est fonction du type de prêt considéré. Les emprunteurs doivent informer la Banque par voie de notification de leur intention de rembourser tout montant avant l'échéance au moins 45 jours à l'avance.

Cette notification préalable est nécessaire car, elle permet semble-t-il à la Banque de fournir à l'emprunteur une estimation détaillée du montant du remboursement anticipé.

La Banque Mondiale a élaboré des règles qui régissent les remboursements anticipés mais qui diffèrent selon les types de prêts.

Pour les prêts à échéance fixe, les montants remboursés de manière anticipée sont imputés selon les modalités définies par l'emprunteur ou, en l'absence de toute spécification de la part de l'emprunteur, de la manière suivante : a) si l'Accord de prêt dispose que des décaissements spécifiques doivent être remboursés de manière distincte, comme dans le cas des prêts à échéance fixe liés aux décaissements, les montants remboursés de manière anticipée sont imputés dans l'ordre inverse des dates desdits décaissements, en fonction de la date de décaissement (le montant décaissé en dernier est remboursé en premier) puis en fonction de la date d'exigibilité (dans chaque tranche, c'est le montant qui est exigible à la date la plus éloignée qui est remboursé en premier) ; et b) dans tous les autres cas (c'est-à-dire pour les prêts dont le calendrier de remboursement est défini lors de l'engagement), le montant remboursé de manière anticipée est imputé dans l'ordre inverse des échéances du prêt, en commençant par les montants dus à la dernière échéance.

La valeur nominale d'une créance est le montant emprunté minoré des remboursements en principal déjà effectués. En d'autres termes, c'est le capital restant dû. Ce montant dépend de l'échéancier de remboursement en principal, mais ne dépend ni du taux d'intérêt du contrat ni du taux d'intérêt actuel.

La prime prélevée en cas de remboursement anticipé d'un montant quelconque d'un prêt est déterminée par la Banque en fonction du coût du redéploiement des fonds remboursés d'avance entre la date du remboursement anticipé et la date d'exigibilité de ce montant.

Pour les prêts à échéance variable, la Banque prélève une prime de remboursement anticipé qui est en fonction du coût du redéploiement des fonds remboursés d'avance entre la date du remboursement anticipé et la date d'exigibilité de ce montant. Le calcul de la prime prend en compte la différence entre le l'échéance payable pour le prêt remboursé de manière anticipé et l'échéance applicable à tout le prêt en la devise du prêt à la date du remboursement anticipé. Les montants versés de manière anticipée sont imputés aux paiements dus au titre de l'amortissement du prêt aux dates les plus tardives.

Dans les conditions générales applicables aux crédits de développement de l'IDA (guichet concessionnel de la Banque mondiale), l'emprunteur a le droit de rembourser par anticipation tout ou partie de l'encours du principal d'une ou de plusieurs échéances de remboursement du crédit désignées par lui. Actuellement, aucune prime de remboursement anticipé n'est prélevée en cas de remboursement anticipé des crédits de développement de l'IDA.

A quelques exceptions près lié à la nature même des crédits, les règles et procédures du remboursement anticipé des institutions financières multilatérales, sont identiques : notification de l'intention du paiement anticipé, indemnité tenant compte du coût du redéploiement des fonds remboursés en anticipation payée par le pays débiteur.

III. Les enseignements de la stratégie du remboursement par anticipation.

Les économies réalisées sur les services futurs de la dette ne justifient pas en elles seules le rachat. En fait, le gain doit être évalué par rapport au coût du capital, c'est-à-dire au coût de refinancement ou au coût d'opportunité. Ainsi, un refinancement de durée identique n'est intéressant pour le débiteur que lorsque le nouveau taux d'intérêt est inférieur à l'ancien. Dans le cas contraire, la charge d'intérêt du débiteur sera alourdie. De façon plus générale, le remboursement par anticipation de dette n'est intéressant pour le débiteur que lorsque la valeur actualisée de la même créance est supérieure à son prix de rachat.

Le remboursement anticipé par un pays endetté peut améliorer son rating (notation), lui permettant d'accéder aux prêts à taux bas et permettre des économies sur le service futur de sa dette. De ce point vu, il peut constituer une politique de désendettement favorable au développement des pays de l'UEMOA, dans le sens où les économies réalisées sur le service futur de la dette ou les nouveaux prêts éventuels à faible taux, serviront à des investissements dont les pays ont besoin pour promouvoir une croissance économique durable.

Malgré les avantages qu'elle présente, cette stratégie demeure inaccessible aux pays de la zone UEMOA, car elle suppose la possession d'une réserve de change relativement importante. Sauf à emprunter à taux bas pour rembourser les emprunts dont les coûts sont élevés, or, les taux bas sont généralement proposés par les marchés aux pays présentant moins de risque.

Le remboursement de la dette par anticipation reste par conséquent l'apanage des pays disposant de réserves de change importantes grâce à leurs exportations de matière première.

Les précédents du remboursement anticipé :

La hausse des cours du baril du pétrole a accéléré le mouvement récent de remboursement par anticipation. L'Argentine avec une dette publique s'élevant à 141,252 Mds de dollar US soit 53,7 % de son PIB, décide sous la présidence de Nestor Kirchner de rembourser la totalité de la dette du FMI (9,81 Mds USD) par anticipation. Cette décision interprétée comme une décision politique plus qu'économique avait pour objectif d'assurer une certaine indépendance du pays vis-à-vis du Fonds, lui laissant des marges de manoeuvre en matière de politique économique.

Au point de vu strictement économique, ce remboursement par anticipation n'a que peu d'effet puisqu'il a simplement consisté à s'endetter pour honorer le FMI, l'encours de la dette demeurant inchangé en conséquence. Seul changement, la créance passe du portefeuille du FMI à celui de la Banque centrale (BCRA) dont les réserves ont été sollicitées à la hauteur de 40 %.

Tout comme le Brésil, l'Argentine, l'Indonésie ou encore la Russie, l'Algérie a aussi utilisé ses réserves de change pour procéder à des remboursements anticipés de sa dette extérieure.

En 2004, elle décide de se lancer dans le remboursement anticipé de ses dettes et paie 1,6 Md USD à ses créanciers bilatéraux et multilatéraux. Le processus s'accélère quand le 11 Mars 2006, le gouvernement algérien signe un accord multilatéral avec le club de Paris, portant remboursement de la dette rééchelonnée entre 1994 et 1995. Cet accord multilatéral qui ouvre la voie à des accords bilatéraux, lui permet de rembourser de manière anticipée ses dettes bilatérales estimées à 7,9 Mds USD. En quelque mois, le pays signe douze accords avec ses créanciers. Fin juin 2006, l'Algérie avait déjà remboursé par anticipation 4,3 Mds USD à ses créanciers du club de Paris. La partie privée de sa dette environ 1 Md USD, devrait également être remboursé avant terme.

Ainsi, la dette extérieure algérienne passe de 21,4 Mds en fin 2004 à 15,5 Mds USD en fin 2005 et devrait tomber aux alentours de 5 Mds à la fin 2006, soit moins de 5 % du PIB et un peu plus de 10 % des recettes d'exportation. Au niveau de sa dette publique totale (intérieure et extérieure), elle passe de 99 % du PIB en 2005, à 57 % en 2001, 40 % en 2003 et ne représente plus que 15 %.

Le coût d'opportunité de la stratégie du remboursement anticipé fait l'objet de nombreuses controverses. Ainsi, il paraît nécessaire que le choix du remboursement de la dette par anticipation obéisse au calcul du coût-bénéfice. Les sommes mobilisées par anticipation pourraient servir, selon certains économistes, à investir pour promouvoir la croissance économique et rembourser la dette grâce au surplus des recettes fiscales générées. Pour d'autres, le paiement anticipé permet non seulement de réaliser des économies sur les intérêts futurs, mais permet, en outre, d'assurer une indépendance du pays par rapport aux institutions financières internationales (FMI, Banque Mondiale essentiellement) qui exercent une supervision de la politique économique des pays dont elles sont créancières et édictent dans la plupart du temps, les programmes d'austérité budgétaire.

Le désendettement par le remboursement anticipé, n'exige pas de reforme structurelle de nature à dégager de recettes supplémentaires, mais dépend plutôt, de manière générale, d'une aisance financière conséquence, le plus généralement, d'une augmentation plus que prévu des cours des matières premières dont le pays débiteur est exportateur. Il obéit comme toute stratégie de désendettement, à un choix délibéré soit de s'affranchir de la surveillance des créanciers comme ce fût le cas de l'Argentine de Nestor Kirchner, soit d'assurer une certaine sécurité financière (le service de la dette étant lié à la variation des taux d'intérêt).

Une telle stratégie devrait faire l'objet néanmoins d'une analyse économique plus précise, afin de déterminer les incitations et les éventuelles externalités qu'elle pourrait susciter.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille