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Sémiologie de la poésie orale bamiléké: le cas des louanges pour jumeaux chez Yèmba

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par Albert Etienne TEMKENG
Université de Dschang - DEA d'études africaines. Option Littérature orale 2003
  

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III . LES YEMBA ET LES LOUANGES POUR JUMEAUX

Venu du Haut-Mbam ou du pays Tickar, le peuple yémba fait partie des premières royautés bamiléké - ou « «  Mba lékéo », c'est - à - dire en Bali « les gens d'en bas » »30(*) - qui, pourchassées du Nord - Ouest par les Banso et les Bali, se sont installés sur les hautes terres de l'actuelle province de l'Ouest. A l'heure actuelle, les Bamiléké sont constitués des populations des sept des huit départements de la province de l'Ouest à savoir les Bamboutos, la Mifi, le Haut - Nkam, le Koung-khi, les Hauts plateaux, le Ndé et la Menoua auxquelles « certains voudraient inclure la région de Bamenda appelée « pays grassfield » par les anglophones, et d'autres seulement l'Arrondissement de Fontem ».31(*) Mais il faut noter qu'aujourd'hui, ce qui était alors l'arrondissement de Fontem est devenu à quelques nuances près le département du Lébialem.

Ainsi, les Yémba dont la langue maternelle porte le même nom qui signifie « écoute », « je dis que... », sont un sous-ensemble du peuple bamiléké. On les trouve dans le département de la Menoua, hormis les Bansoa et Balessing de Penka-Michel, et les Mboo de Santchou. Mais aussi, on rencontre les Yémba dans le département du Lebialem dans les groupements Leteh, Mmock-ngi, Mmock - Mbi?, ?wa - ?go? et fotoh.

Par ailleurs, le yémba qui est la langue maternelle du peuple qui porte le même nom est une langue bantu du groupe des langues bénoué -congo et du sous - groupe grassland bantu autrement appelé east - grassfield. Plus bas, le yémba appartient à la subdivision mbam-nkam où il fait partie des langues du bamiléké central.

En tant que moyen d'expression et code de communication, le yémba est l'un des éléments fondamentaux de la culture yémba, culture assez riche dont l'un des piliers est constitué de rites parmi lesquels celui des jumeaux. C'est ce dernier qui fonde ce travail par le fait qu'il est originellement, l'occasion idoine de création ou de production, de recréation ou d'interprétation des chansons ou poèmes en l'honneur des jumeaux.

En effet, depuis la nuit des temps, les Bamiléké en général et les Yémba en particulier vouent un culte spécial aux jumeaux qu'ils considère comme étant sacrés. Ainsi, la mentalité collective leur accorde un statut particulier qui fait d'eux des êtres exceptionnels tant par leur naissance que par leur vie. Aussi leur accorde - t - on tant de pouvoir qu'on les croit capables de communiquer avec les puissances surnaturelles. D'ailleurs, d'aucun pensent qu'ils possèdent eux - mêmes des pouvoirs extraordinaires. Il en découle que leurs parents communément appelés « Tégni » et « Mégni », ce qui signifie respectivement père et mère des jumeaux, ont aussi des statuts exceptionnels au sein de leur communauté.

Néanmoins, pour conforter et vivre pleinement les statuts exceptionnels des « Tégni » et « Mégni », pour calmer les « mefak » ou jumeaux quand ils sont récalcitrants ou quand ils subissent des échecs inhabituels, enfin pour tout simplement louer les jumeaux et leur faire jouir de leur statut, on leur fait subir à eux et à leurs parents un rite. Ce dernier a généralement pour but de libérer les potentialités des concernés pour appeler la prospérité. On parlera donc de la cérémonie de « sortie des jumeaux ». En effet, le verbe « sortir » se justifie par le fait que, avant que la communauté sociale ne reconnaisse officiellement les « Tégni », « Mégni » et les « Mefak » ou « epo mefak » comme tels au terme du rite, ces derniers passent par une retraite préalable d'environ une ou deux semaines pendant lesquelles toutes les phases d'initiation pour la confirmation et la confortation dans le plus ou moins nouveau statut sont franchies. En effet, jusqu'ici, les concernés portaient leurs titres par le fait de la simple procréation des jumeaux et ces derniers juste par leur naissance. Autrement dit, la « sortie des jumeaux » n'est que le couronnement du rite d'initiation dont les étapes sont ponctuées par des chansons cadencées et dansées au rythme d'instruments de musique spéciaux, chansons toutes aussi langoureuses les unes que les autres. Ce sont donc ces chansons qui, à cause du fait qu'elles sont produites en situations d'exaltation, de leur caractère laudatif et parfois épique à l'égard des jumeaux et de leurs parents, sont appelées « louanges pour jumeaux », entendues louanges chantées à l'endroit des jumeaux.

Les chansons produites et exécutées en l'honneur des jumeaux et de leurs parents sont une réalité vivante dans les villages bamiléké en général et yémba en particulier. On les rencontre par conséquent dans tous les villages de cinq zones qui schématisent la configuration géographique des cinq variantes dialectales du yémba. Ces variantes sont :

- le yémba central dont les villages constitutifs de son aire de couverture sont Bamendou, Foto, Fokoué, Foréké-Dschang, Fotomena, Fongo-Tongo, Fotsetsa, Fossong-Elélem ;

- le yémba - est qui couvre le groupement Bafou avec environ sept villages et le village Baleveng ;

- le yémba-ouest avec pour villages de couverture Fombap, Fondonéra, Fossong-Watcheng, Fontsa-Toula,

- le yémba-sud qui couvre le village Fomopéa et

- le yémba-sud-ouest pour le village Baloum.

Mais il faudrait noter que, en plus de ces zones, les villages leteh, Mmock - mbi,

Mmock - ngi, wa-go et Fotoh devraient être pris en compte sinon comme entité propre, du moins comme étant proche du yémba-ouest. Autant dire que les parlers ainsi que les chansons dans ces zones ont de fortes similitudes.

Ainsi, parfois les mêmes, parfois différentes, parfois des variantes des mêmes chansons, les louanges pour jumeaux sont nombreuses en zone yémba et dans tous ses dialectes. Leur caractère langoureux et fortement structuré, leur style à première vue très ampoulé et imagé, nous font croire qu'il s'agit de poèmes. D'où la formulation à ce sujet d'hypothèses de recherche qui permettent d'atténuer provisoirement nos inquiétudes et dont la vérification nous permettra d'être fixé sur nos supputations empiriques.

* 30 Jean Louis DONGMO (1981), Le dynamisme bamiléké (cameroun,vol 1 la maîtrise de l'espace agraire, Yaoundé,

CEPER, P.10

* 31 Ibid

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon