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Politique d'octroi de crédit des institutions de microfinance au Cameroun

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par Cyrille ONOMO
ESSEC de l'Université de Douala - DEA en Sciences de Gestion 2004
  

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II.2 -Les facteurs contraignants

Contrairement aux informations qui portent sur les caractéristiques observables de la firme, les facteurs contraignants sont introduits dans la relation de crédit pour garantir son remboursement de ce dernier. On retient généralement comme facteurs contraignants les garanties, la relation de clientèle et le groupe solidaire.

· Les garanties.

Pour minimiser le risque d'insolvabilité de certains emprunteurs, le prêteur peut exiger au préalable lors de la mise en place d'un crédit la constitution des garanties. Nombreux sont les auteurs qui se sont intéressés à l'introduction de la garantie dans la relation de crédit. Pour Stiglitz et Weiss (1981), la garantie peut être considérée comme un élément permettant au prêteur de faire face à un excès de demande de crédit. Pour ces auteurs, un accroissement de la valeur de la garantie exigée entraîne dans une opération de crédit un accroissement du coût supporté par l'emprunteur ainsi qu'une baisse de son profit. Néanmoins, si l'accroissement du montant exigé de la garantie permet de sécuriser le crédit, il est important de noter qu'il est la cause des anti-sélections. Ainsi seuls les emprunteurs ayant des projets dont le risque est élevé sollicitent des prêts. Ces résultats peuvent être nuancés. Pour Bester (1985,1987), les emprunteurs avec une faible probabilité de faillite peuvent accepter un accroissement de la garantie. La qualité de l'emprunteur est à cet effet positivement reliée à l'acceptation du montant de la garantie (Chan, 1985, 1987).

La garantie améliore l'estimation que le prêteur se fait des revenus escomptés de l'opération de crédit lorsqu'il y a une asymétrie d'information. La garantie a un effet dissuasif qui limite l'aléa moral. Pour être efficace, la garantie doit nécessairement avoir un montant supérieur à celui du crédit demandé.

· La relation de clientèle

Il s'agit d'une relation de long terme qui peut s'établir dans le temps entre deux partenaires à l'échange. Cette relation procède de l'observation du comportement de l'autre au cours des périodes et se fonde sur son respect des engagements antérieurs et sur la confiance existant entre les parties contractantes. Cette relation peut s'établir à partir de deux types de contrat : les contrats implicites et les contrats explicites.

Les contrats implicites sont des contrats dont les termes ne sont pas clairement définis. Ils ont été étudiés premièrement dans la relation de travail. Dans son aticle de 1981, Holmstron montre que dans un contrat de travail où le salaire de l'employé diffère de sa production marginale, il peut apparaître un déséquilibre à court terme. L'équilibre n'est obtenu que dans le long terme suite à la mise en oeuvre d'un contrat implicite. Dans leurs travaux de 1983, Stiglitz et Weiss s'intéressant au marché du crédit arrivent à la conclusion que les emprunteurs qui remboursent leurs dettes sont généralement assurés de crédits additionnels dans leurs contrats avec les prêteurs. De même, la longévité de la relation de clientèle est positivement reliée à la décision d'offre de crédit.5(*) L'emprunteur ayant établi une telle relation bénéficie de trois principaux avantages : un coût de crédit faible, des garanties personnelles qui sont des alternatives au garanties matérielles, des prêts dont les termes sont révisés au cours de la durée du crédit (Bodenhorn, 2003). Cependant le non respect des termes d'un tel contrat peut entraîner la perte de réputation de la partie coupable. La réputation constitue ainsi un moyen obligeant les partenaires à l'échange à honorer à leurs engagements.

Contrairement aux contrats implicites, les contrats explicites sont des contrats dont les termes sont clairement définis et spécifiés. Ils prennent en compte des dispositions relatives aux sanctions auxquelles s'exposent les emprunteurs en cas de non respect des termes du contrat. Si le prêteur ne peut observer le projet choisi par l'emprunteur, il connaît par contre comment les termes du contrat peuvent affecter son comportement. Ainsi une augmentation du taux d'intérêt lors des crédits futurs suite au non respect des clauses présentes est une mesure intéressante (Stiglitz, op cit). L'application des sanctions constitue donc une mesure incitative pour l'emprunteur. Dans le cas du petit entreprenariat africain où la disponibilité du crédit est un facteur important de survie et de croissance, cette menace pourrait avoir un effet significatif sur le comportement des entrepreneurs.

II.2.3 - Le groupe solidaire

Le rôle essentiel de tout intermédiaire financier est de produire de l'information. Cependant la production des informations sur des agents relativement pauvres et évoluant pour l'essentiel en communauté est une tâche périlleuse et très coûteuse. Dans une telle situation, le prêteur peut recourir à l'intermédiation médiatisée par le groupe6(*). Il s'agit d'un système à la frontière des techniques de financement formelles et informelles (Mayoukou, 2002). Les différents modèles développés sur les techniques de financement de groupe s'intéressent au rôle du groupe dans la mise en place des actions coordonnées en réponse au contrat établi avec le prêteur, à la sélection que réalise le groupe en mobilisant des connaissances antérieures que les membres ont vis-à-vis des autres avant la constitution des groupes, et aux incitations que susciter la responsabilité conjointe des membres du groupe afin d'influencer la volonté de chacun à rembourser le prêt obtenu. Contrairement au prêt individuel, le prêt de groupe se caractérise par le fait que le groupe entier est défaillant lorsqu'un seul de ses membres est défaillant. Le profit qu'un membre tire du prêt affecte celui du groupe. C'est pourquoi les autres membres vont prendre des dispositions pour sanctionner leurs partenaires qui leur imposent de supporter des pertes. Ces sanctions se présentent généralement sous forme de pénalités sociales. Ces pénalités résultent du fait que les individus qui ont contribué au remboursement du prêt perdent la face lorsque leur partenaire choisit de ne pas rembourser alors qu'il est capable de le faire et qu'en fin de compte, le groupe est déclaré défaillant. Ces pénalités prennent des formes différentes. Les membres du groupe peuvent réprimander celui qui leur aurait causé un désagrément. Le groupe peut réduire sa coopération dans le futur avec le membre défaillant. Ils peuvent aussi rapporter son comportement à l'ensemble de la communauté ce qui augment davantage la répression. Cette répression peut consister à la perte de la réputation et aller jusqu'à l'exclusion de la vie communautaire (Besley, 1995). Ces sanctions s'opèrent avec un coût relativement faible lorsque les membres du groupe se connaissent tous. Lorsque le transfert, le partage complet des informations n'est pas réalisé, le groupe peut faire l'objet de sélection adverse (Laffont, 2000). Dans les pays en voie de développement, cette technique comparativement au prêt individuel réalise des taux élevés de remboursement dans le milieu des petits entrepreneurs.

A coté des différents mécanismes d'informations et ou contraignants visant à réduire les principaux risques que présentent les emprunteurs et auxquels sont exposés les prêteurs, on évoque aussi le capital-risque comme une importante alternative. En micro finance, le capital risque est présenté comme un mécanisme qui rapproche davantage le prêteur de l'activité des petits entrepreneurs. En effet, le risque de l'investissement est très élevé pour cette catégorie d'agents économiques et la participation au risque est partagée entre l'institution de micro finance et ces derniers. Zoom micro finance dans son numéro de décembre 2004 se proposait d'analyser ce nouvel instrument en présentant l'expérience de deux fonds de capital-risque en Bolivie : le Programme de Développement Rural (PDR) et le Programme d'Investissements dans les Entreprises (PIE). Il en ressort de cette analyse que cet instrument réalise des résultats bien positifs en matière de financement des petites unités de production.

* 5 Ces écrits sont de Cole mais repris par Bodenhorn dans son article de 2003

* 6Il s'agit des écrits de Diamond, repris par Mayoukou 2002

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe