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Libéralisation financière et intermédiation bancaire: le cas de la Côte d'Ivoire

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par Fidelia Beugre DAGO
Université de Cocody-Abidjan, UFR Sciences économiques et de Gestion, Programme PTCI - DEA-PTCI 2005
  

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II. INTRODUCTION

Au cours de ces trente dernières années, la littérature sur le financement du développement a beaucoup évolué. Suite à la baisse de l'aide au développement et à la crise de l'endettement extérieure, l'attention a été portée sur les conditions nécessaires pour que les systèmes financiers bancaires nationaux des PVD puissent mobiliser suffisamment des ressources et soutenir la croissance.

En effet dans les PVD, les gouvernements ont utilisés les systèmes financiers bancaires nationaux comme un instrument de politique de financement en intervenant dans les différentes phases de l'intermédiation financière. L'orientation de la politique financière interventionniste s'inscrit dans la conception selon laquelle dans les PVD, la croissance économique est contrainte par la rareté des ressources financières. L'Etat doit intervenir pour assurer le financement des secteurs porteurs de croissance. Cette conception a été abandonnée car il s'agirait moins de la rareté que d'une mobilisation insuffisante des ressources financières (Fry, 1995). C'est ainsi que les recherches se sont davantage intéressées aux conditions d'intermédiations bancaires dans les PVD.

C'est ainsi que l'on a assisté à la naissance de « l'école de la libéralisation financières », qui recouvre à l'origine les travaux de R.I Mc Kinnon (1973) et E. Shaw (1973). Dans cette analyse, la libéralisation financière doit se substituer à la répression financière mise en place par de trop nombreux pays en développement, notamment la Côte d'Ivoire. Les deux auteurs sont en effet persuadés que de nombreux Etats en voie de développement font peser des contraintes tellement fortes sur la sphère financière que celle-ci est incapable de se développer.

Ces politiques de contrôle monétaire sont contre productives puisqu'elles affaiblissent la croissance. Ceci justifie alors la levée de la répression financière (Mc Kinnon, 1973).

En effet, depuis la fin des années 70, la Côte d'Ivoire est confrontée à de graves difficultés économiques, celles-ci ont pour nom, chômage, inflation, déficit commercial, déficit budgétaire, crise financière, résultantes d'une contraction des activités bancaires et d'un manque de compétitivité des entreprises ivoiriennes. Il faut rappeler qu'à ces difficultés économiques, il s'est ajouté de façon plus intense des difficultés socio-politiques, entraînant une instabilité politique qui a fortement perturbé l'activité bancaire, et qui d'ailleurs s'est soldée par une partition du territoire national en Septembre 2002 (rapport annuel de la zone franc, 2003). Il  faut souligner que cette crise d'instabilité sociopolitique a entraîné la perte de nombreux emplois, a ralenti la croissance économique et affectée significativement le système bancaire ivoirien (rapport annuel de la zone franc, 2003). Les causes de la contre-performance de l'économie ivoirienne sont multiples. Nous retenons ici quelques unes. Elles sont d'origine macroéconomique, institutionnelle et principalement sectorielle.

Les causes macroéconomiques se résument essentiellement par le recours aux politiques keynésiennes expansionnistes pour maintenir la croissance à la fin des années 70 et au début des années 80, le recours à l'endettement extérieur pour financer des déficits provoqués par ces politiques expansionnistes. L'inflation qui en ait résultée, a surévalué la monnaie nationale et a rendu moins compétitive les entreprises ivoiriennes.

Au plan institutionnel, les causes se caractérisent par une détérioration de l'environnement gestionnel. Elles se résument par des erreurs techniques de gestion, une forte corruption et également la présence de fraude massive dans la gestion des fonds publics.

A ces deux causes, s'ajoutent des problèmes sectoriels qui se caractérisent principalement par la répression du système financier. Répression caractérisée par le maintien des taux d'intérêt et de change à un niveau inférieur au taux d'inflation. Cet état de fait a eu pour conséquence la baisse de la valeur réelle des actifs financiers, une désintermédiation financière, la faiblesse des marges bancaires ...etc.

Pour résoudre le problème de la crise financière, les autorités ivoiriennes ont mis en place, avec l'aide des institutions de Brettons Woods (BM, FMI) des programmes d'ajustement structurel (PAS) à partir des années 80. Ces programmes visent à assainir le secteur réel de l'économie et également le secteur financier (PASFIN). Sous la conduite de la Banque Mondiale, du Fond Monétaire et de L'UEMOA, les autorités ivoiriennes ont opté pour une politique de libéralisation financière (au sens de Mc Kinnon et Shaw) à la fin des années 80. En effet, cette théorie propose que la politique monétaire basée sur des instruments de contrôle indirect améliore les rémunérations sur les dépôts. Ce qui a pour effet d'accroître l'épargne, devenue plus attrayante pour les agents économiques dans la gestion de leur portefeuille. Cet accroissement de l'épargne augmente les ressources des banques, leur permettant ainsi de financer l'économie.

En Côte d'Ivoire, la libéralisation financière a été amorcée en 1989 avec la nouvelle politique de la monnaie et du crédit de la BCEAO, et affirmée avec les reformes de 1993.

La politique de libéralisation financière se justifie pour plusieurs raisons :

D'une part, les banques détiennent une part importante de la masse monétaire. Elles créent de la monnaie et constituent le principal instrument d'application de la politique monétaire ;

D'autre part, elles administrent le système de paiement et elles réalisent l'intermédiation entre épargne et investissement. Autrement dit, elles collectent l'épargne et assurent sa transformation en prêts, nécessaires au financement de l'activité économique.

Cette politique est de nature à permettre au système bancaire ivoirien d'évoluer dans un environnement concurrentiel et de tarifer librement ses services d'intermédiation dans la perspective de dégager des marges suffisantes pour remplir ses fonctions d'intermédiaire financier.

Par ailleurs, comme l'ont indiqué Stiglitz et Weiss (1981), la politique de libéralisation à la Mc Kinnon et Shaw (1973), augmentant les taux d'intérêt, provoquera un effet de sélection adverse, c'est-à-dire l'éviction du marché du crédit des emprunteurs les moins risqués (ou ce qui ont une forte probabilité de remboursement). La hausse du taux d'intérêt accroît le rendement espéré mais aussi le réduira à cause de l'accroissement de l'incertitude. En définitive, du fait de cette sélection adverse, seules les créances potentiellement douteuses sont retenues, les meilleurs clients préfèrent s'abstenir si le complément d'information qu'ils offrent ne fait pas baisser la surprime de risque (Nagel O, 1997).

En outre, Pindick et Rubinfeld (1994), Fry (1995), en plus du problème de la sélection adverse, mettent en évidence lorsque les crédits sont débloqués, celui de l'aléa moral. Le degré d'aléa moral, qui exprime d'une certaine manière le risque de non remboursement du fait du débiteur négligent ou malveillant, influence directement le niveau des créances non performantes des établissements bancaires. L'aléa moral justifierait donc l'importance des garanties exigées par les banques et incite l'emprunteur à participer aux outils de réduction du risque de non remboursement que la banque aurait dû assumer seule. Cependant, du fait des insuffisances des garanties constituées, le système bancaire ivoirien semble assez exposé aux conséquences de l'alea moral dont la résultante serait la dégradation du portefeuille des banques (NIS, BCEAO). Ainsi, dès lors que l'on tient compte des contraintes internes et externes susceptibles d'influencer la coordination des objectifs, quelques fois divergents, entre emprunteurs et prêteurs, le contrat de dette standard cesse de devenir optimal. L'appréciation de la fiabilité du système d'information à travers l'évolution des créances irrécouvrables est donc un élément important pour la réussite de la politique de libéralisation financière. En effet un système d'information inefficient est l'une des principales sources d'erreurs en matière d'appréciation du risque. La capacité des banques à générer à moindre coût, toutes informations utiles sur leurs clients, leur permet d'en assurer un suivi régulier. Un tel système pourrait permettre des simulations sur le sort probable d'un projet soumis au financement et réduire ainsi la probabilité du risque de défaut. En Côte d'Ivoire, la fiabilité du système d'information est assez douteuse. Il s'est distingué par une accumulation des créances irrécouvrables dans les années 1980- 1990 (Caprio et klingebiel ,1996) et une légère amélioration de ces créances dans les années 1996-2002 (NIS, BCEAO).

Mais au-delà de la controverse théorique (l'approche néostructuraliste), et compte tenu du caractère « opérationnel » de la libéralisation financière, il convient de déterminer si, oui ou non, cette politique financière a permis d'accélérer le développement et l'approfondissement du système bancaire de l'économie ivoirienne. Autrement dit la libéralisation financière a-t-elle un impact sur l'intermédiation bancaire en Côte d'Ivoire ? Quelle est l'ampleur de l'influence de la libéralisation des taux d'intérêt sur la mobilisation des dépôts bancaires ? Le processus de libéralisation financière a-t-il un impact sur le volume du financement bancaire à l'économie ivoirienne ? Le système d'information des intermédiaires bancaires ivoiriens contribue t'il à l'efficacité de la politique de libéralisation financière ?

Comme nous le signalions plus haut, les recommandations de Mc Kinnon et Shaw ont très rapidement reçu un écho favorable. Beaucoup y ont vu une manière simple et efficace de sortir un certain nombre d'économie, notamment celle de la Côte d'Ivoire, du sous développement. De nombreuses études économétriques ont essayé de vérifier empiriquement les impacts de la libéralisation financière sur l'intermédiation bancaire (Thornthon 1991 ; Fry, 1995 ; Demetriades et Luintel, 1997). Ces études, en général, ont mis l'accent sur le sens de la corrélation entre taux d'intérêt et le niveau de développement financier (Impact indirect). S'appuyant sur ces études, nous essayerons sur la base des travaux de Courakis (1984), Stiglitz (1994), Demertriades et luintel (1996), Bandiera et alii (2000), Ary tanimoune (2001) et de Mouldi et Mourad (2004), de mettre en évidence l'impact direct de la libéralisation financière sur l'intermédiation bancaire capturer à partir d'un indicateur d'orientation de la politique financière. L'intérêt de prendre en compte l'impact indirect et direct tient au fait que dans plusieurs évaluations empiriques les résultats demeurent assez ambigus. En outre, en établissant que les mesures de politiques financières et leurs conséquences, notamment la hausse des taux d'intérêt et la dégradation du porte feuille des banques, les développements de la théorie de l'intermédiation bancaire sont donc susceptibles d'affecter la nature et les formes des contrats financiers, offrant ainsi une voie de recherche sur l'efficacité de la politique de libéralisation financière en prenant en compte la fiabilité des systèmes d'information bancaire. Dès lors, l'analyse du cas ivoirien nous conduit à la poursuite d'un objectif principal et de trois objectifs spécifiques.

Objectifs de recherche

Objectif principal : le but de l'étude est de proposer ici une analyse empirique de l'impact de la libéralisation financière sur l'intermédiation bancaire en Côte d'Ivoire. Ceci fait appel à trois objectifs spécifiques.

Objectifs spécifiques :

- D'une part, montrer l'impact indirect (à travers les taux d'intérêt) de la libéralisation financière sur l'intermédiation bancaire ;

- D'autre part, montrer l'impact direct de la libéralisation financière (à travers un indicateur de politique financière) sur l'intermédiation bancaire ;

- Et enfin, montrer que le système d'information des intermédiaires bancaires (à travers un indicateur de la dégradation du portefeuille des banques) a contribué à l'inefficacité de la politique de libéralisation financière sur l'intermédiation bancaire.

Hypothèses de recherche

Les objectifs ci-dessus énumérés reposent sur les hypothèses de recherche suivantes :

- Les dépôts bancaires (épargne) augmentent au fur et à mesure que le taux d'intérêt créditeur s'élève ;

- Le financement bancaire augmente avec la diminution de l'indicateur de politique financière ;

- Le financement bancaire évolue positivement avec l'indicateur de dégradation du portefeuille des banques.

Méthodologie de l'étude

Pour tester nos différentes hypothèses, nous analysons d'abord nos variables en effectuant des tests de multicolinéarité, de stationnarité et de cointégration, puis nous estimons nos relations par la méthode appropriée, en fin, nous validons nos résultats économétriques par d'autres tests disponibles à cet effet.

Plan de l'étude

Le mémoire est organisé de la façon suivante :

- La première partie, composée du chapitre I et du chapitre II, sera consacrée aux aspects théoriques des relations qui existent entre la libéralisation financière et l'intermédiation bancaire d'une part et la présentation des caractéristiques propres au système bancaire de la Côte d'Ivoire d'autre part.

- La deuxième partie, composée du chapitre III et du chapitre IV, sera respectivement celui de la présentation du modèle et de l'interprétation des résultats.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault