WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La frontière terrestre entre le cameroun et le nigeria d'après la cour internationale de justice, (CIJ, arrêt du 10 octobre 2002)

( Télécharger le fichier original )
par Pierre Esaie MBPILLE
Université de Douala - Cameroun - DEA en Droit public, option Droit international 2003
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B- CONTENU DU RAISONNEMENT DE LA COUR

Il convient, pour le cerner, d'explorer les développements effectués par la Cour sur chacun de ces points respectivement.

1- A la rivière Kohom

a) En effet, la Cour a eu d'énormes difficultés pour identifier le cours de la rivière Kohom par lequel doit passer la frontière comme le prévoit le paragraphe 19 de la déclaration Thomson-Marchand. Ayant admis avec le Nigeria que c'est bien la rivière Bogaza qui prend sa source dans le mont Ngosi, et non la rivière Kohom, la Cour essayera de déterminer le tracé que les rédacteurs de la déclaration Thomson-Marchand ont entendu donner à la frontière dans cette région en la faisant passer par la rivière dénommée « Kohom »204.

Constatant l'insuffisance de cet instrument «pertinent» de délimitation, la Cour fera recours à un croquis établi en mars 1926 par des fonctionnaires français et britannique. Cette comparaison faite, elle estime alors que le cours du Kohom par lequel la déclaration Thomson-Marchand fait passer la frontière est celui indiqué par le Cameroun.

b) Ainsi, toujours en s'appuyant sur ce croquis de 1926, elle constate que la frontière

passe au nord des monts Matakam comme le fait la ligne réclamée par le Cameroun, et

201 Arrêt, p. 87, par. 156.

202 Arrêt, p. 88, par. 157.

203 Arrêt, p. 88, par. 158.

204 Arrêt, p. 73, par. 100.

contrairement à celle prônée par le Nigeria qui passe nettement au sud de ces monts. Après un argumentaire rejoignant largement les arguments du Cameroun, la Cour va tenter de se rattraper à respecter la déclaration Thomson-Marchand en cherchant à assurer la jonction entre la source de la rivière Kohom telle qu'identifiée par elle même et la rivière Bogaza qui prend sa source dans le mont Ngosi205.

A la fin, c'est par des données astronomiques que la C.I.J détermine la source de la rivière Kohom qu'elle décrit comme située par 130 44' 24» de longitude est et 100 59' 09» de latitude nord. De ce point, la frontière passe par une ligne droite orientée vers le sud et rejoignant le mont marqué à une altitude de 861 mètres, mont situé par 130 45' 45» de longitude est et 100 59' 45» de latitude nord, avant de suivre le cours de la rivière Bogaza dans la direction sud-ouest jusqu'au sommet du mont Ngosi206

Ainsi, la délimitation opérée par la cour dans cette zone de la frontière terrestre semble très ambiguë. Néanmoins malgré la coloration d'équité qu'elle présente, cette délimitation est «plus proche des thèses Camerounaises »207. On peut dès lors affirmer que c'est de façon indirecte que cette partie est reconnue au Cameroun. Comment cela s'est-il alors passé à Kotcha ?

2- A Kotcha (Koja)

a) Contrairement aux développements qu'elle a opérés dans la zone de Kohom, la position de la Cour à Kotcha brille par une clarté et un synthétisme hors du commun. Tout d'abord, elle a tenu à préciser, en défaveur du Nigeria, qu' « elle n'a pas compétence pour modifier une ligne frontière délimitée, même dans l'hypothèse où un village auparavant situé d'un côté de la frontière se serait étendu au delà de celle-ci »208. C'était là une façon brave et nette pour la cour, de mettre fin aux velléités expansionnistes du « géant »209 Nigeria.

b) Dans sa conclusion, la Cour donne ostensiblement raison au Cameroun lorsqu'elle décide que « dans la région de Kotcha visée aux paragraphes 26 et 27 de la déclaration Thomson-Marchand, la frontière passe par la ligne de partage des eaux, et cela y compris à proximité directe du village de Kotcha, où les terres cultivées se trouvant du côté

205 Arrêt, pp. 73-74, par. 101.

206 Arrêt, p. 74, par. 102. Voir aussi le croquis n°5 de l'arrêt en annexe.

207 L'expression est du président de la cour, M. GUILLAUME lui même. Propos recueilli in Mutations, N° 762 du vendredi 11 octobre 2002, p.2

208 Arrêt, p. 79, par. 123.

209 Le Nigeria est un géant d'Afrique. Voir supra.

Camerounais de la ligne de partage des eaux demeurent en territoire camerounais »210. C'est toujours de cette façon qu'elle a donné raison au Cameroun dans la zone du franchissement du Mayo Yim.

3 - Au franchissement du Mayo Yim

a) La décision de la Cour est caractérisée ici par un laconisme très poussé. Elle souligne tout d'abord que si le Nigeria a contesté dans son contre mémoire le tracé de la frontière au niveau du franchissement du Mayo Yim visé au paragraphe 49 de la déclaration Thomson-Marchand, il n'est plus revenu sur cet argument sur le reste de la procédure. Encore qu'il n'a pas rejeté l'argument du Cameroun selon lequel le problème dans cette région était un problème de démarcation211.

b) Qu'à cet effet, ne jugeant plus nécessaire de préciser les coordonnées de la frontière dans ce secteur, la Cour conclut tout simplement que « dans la région du franchissement du Mayo Yim, la frontière suit le tracé visé aux paragraphes 48 et 49 de la déclaration Thomson-Marchand »212 ; ce qui n'est que la confirmation de l'argumentation camerounaise.

Ainsi, la Cour donne raison directement aux thèses camerounaises sur trois points litigieux. Néanmoins comme nous l'avons vu plus haut, les arguments du Nigeria ont le plus été pris en compte sur certains points. Toutefois, à côté de cette reconnaissance alternative des thèses des parties, la Cour, dans un effort de neutralité, a dégagé des solutions issues de son inspiration propre sur d'autres points litigieux de la frontière terrestre.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand