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Incidences des dépenses publiques dans la réduction de la pauvreté: cas du bénin

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par Aboua Gérald HOUNKYDET
Université d'Abomey-Calavi - Maîtrise es Sciences Economiques  2009
  

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Section 2 : Impact des dépenses sociales publiques sur la mesure de pauvreté

2.1: Effet des dépenses sociales sur les indices de pauvreté

Nous présentons l'estimation du modèle des indices de pauvreté et ensuite l'analyse des résultats après les différents tests économétriques.

2.1.1. Estimation du modèle des dépenses sociales

Nous adoptons ici les méthodes habituelles d'estimation des données de panel. Il s'agit pour nous de faire des hypothèses sur les coefficients et le terme d'erreur. Ceci nous permet de choisir le modèle adéquat. Ces hypothèses nous conduisent respectivement à procéder à une estimation par effets communs, effets fixes et effets aléatoires. Les hypothèses émises seront testées pour s'assurer de la validité du modèle retenu.

Ainsi, dans un premier temps nous faisons l'hypothèse d'uniformité des comportements des indices de pauvreté dans le temps et entre les différents départements. Ceci revient à supposer que les différents coefficients du modèle général sont indépendants du temps et identiques entre les départements. Ce genre de modèle est appelé modèle a effets communs.

La spécification du modèle à effets communs est la suivante :

Pit = b1éduit + b2santit + b3indic2000i + b4indic2002i +b5indic2006i +åit (E7)

Le terme d'erreur est supposé suivre une loi normale et le modèle est estimé par la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO) comme nous l'avons définit plus haut au seuil de 5%. Puis, pour des raisons de multicollinéarité, l'on fait fi de á. Les résultats de cette estimation sont présentés dans le tableau qui suit. Ici nous présentons les résultats de la régression du modèle Pi selon les trois variables endogènes.

Tableau 14 : Régression du modèle Pi à effets communs

Variables

P0

P1

P2

Education

-1,36.10-11

6,21.10-13

2,50.10-12

 

(-1,20)

(0,11)

(0,68)

Santé

-4,36.10-11

- 2,49.10-11

-1,14.10-11

 

(-0,35)

(-0,41)

(-0,28)

Indic2000

0,3209

0,8242

0,3018

 

(11,14)

(5,88)

(3,23)

Indic2002

0,3490

0,1219

0,6276

 

(8,79)

(6,31)

(4,88)

Indic2006

0,4429

0,1265

0,5120

 

(8,83)

(5,18)

(3,15)

Observation

36

36

36

R2 ajusté

0.9464

0.8839

0.8063

F-Statistic

128.09

55.81

30.97

Prob(F-Statistic)

0.000

0.000

0.000

Notes : Les valeurs entre parenthèses sont les écarts types.

Les résultats ci-dessus découlent de l'hypothèse d'uniformité des comportements des indices de pauvreté dans le temps et parmi les différents départements. Cependant, il pourrait exister des spécificités des départements qui influent significativement sur les indices de pauvreté. La prise en compte des effets individuels des départements conduit à estimer un autre modèle appelé modèle à effets fixes.

On suppose, dans ce modèle que les coefficients sont identiques et invariants dans le temps à l'exception de l a constante qui est spécifique à chaque département. Les effets propres aux départements sont supposés déterministes et le terme d'erreur est encore supposé suivre une loi normale. La spécification du modèle à effets fixes qui en découle est la suivante :

Pit = ái + b1éduit + b2santit + b3indic2000i + b4indic2002i +b5indic2006i +åit (E8)

Les résultats de l'estimation du modèle sont présentés dans le tableau suivant.

Tableau 15 : Régression du modèle Pi à effets fixes

Variables

P0

P1

P2

Education

-1,45.10-11

(2,69.10-11)

-1,01.10-11

(1,21.10-11)

-7,34.10-12

(7,75.10-12)

Santé

-1,55.10-10

(2,39.10-10)

-7,19.10-11

(1,08.10-10)

-5,34.10-11

(6,90.10-11)

Indic2002

0,069617

(0,0593332)

0,466079

(0,0267682)

0,0388841

(0,0171069)

Indic2006

0,1598879

(0,095496)

0,708015

(0,408516)

0,0451763

(0,0261072)

Cons

0,3404925

(0,0728241)

0,1131774

(0,0328546)

0,0582906

(0,0209966)

Observation

36

36

36

F-Statistic

1,98

1,86

2,49

Prob (F-Statistic)

0,1362

0,1569

0,0757

R2 intragroupe

0,2838

0,2712

0,3328

R2 intergroupe

0,4031

0, 0000

0,1116

R2 global

0,2840

0,0860

0,0398

Notes : Les valeurs entre parenthèses sont les écarts types.

A l'issu de la présentation des résultats du modèle à effets communs et à effets fixes, une question importante à ce niveau de l'analyse est la significativité des effets propres aux différents départements. Il s'agit de vérifier si l'hypothèse d'hétérogénéité entre les départements en matière de comportement de l'influence des FGT est validée. Ce souci de vérification nous conduit à mettre en oeuvre le test de Fisher.

TEST DE FISHER: Choix entre le modèle à effets communs et à effets

individuels

Pour le choix du type du modèle de données de panel, nous présentons la statistique du test de Fisher au seuil de 5%. Les résultats sont consignés dans le tableau suivant :

Tableau 16 : Résultat du test de Fisher

Indice de pauvreté

P0

P1

P2

F test that all u_i = 0: F(11,20)

0,30

0,65

0,86

Prob > F

0,9774

0,7659

0,5896

Ainsi, à travers les résultats des tests effectués, l'on constate que la statistique de Fisher obtenu au niveau de chaque indice de pauvreté montre une absence hétérogénéité entre les coefficients. Ces comportements ne sont pas significativement liés à des effets probablement non observables et non spécifiques aux départements. En effet, les probabilités du test sont supérieur à 5%. On a donc une présence d'homogénéité entre les coefficients dans le temps et le comportement est identique entre les départements. Ainsi, le modèle à effets communs est préférable au modèle à effets fixes.

TEST DE SPECIFICATION DES EFFETS COMMUNS

Avant d'adopter le modèle à effets communs, il convient de vérifier les tests de spécification.

2.1.2. Résultat des tests

Les résultats des tests consignés dans les tableaux ci-dessous prennent en compte les valeurs de chaque indice de pauvreté.

Test d'hétéroscédasticité de Breusch-Pagan

Tableau 17: Résultats du test de Breusch-Pagan

Variables endogènes (indices de pauvreté)

Probabilités

P0

0,4146

P1

0,2180

P2

0,3975

Source : Réalisé à partir des estimations sur STATA 9

De la lecture du tableau ci-dessus, les résultats montrent que les probabilités de chaque variable endogène traduisent le rejet de l'hypothèse nulle faisant apparaître une absence d'hétéroscédascité.

En plus des test de validation du modèle à effets communs, on constate que :

9 La statistique de Fischer montre que le modèle est

globalement significatif sur l'ensemble du modèle.

9 Le test de la normalité de Jarque-Bera relève que la

distribution est normale sur l'ensemble du modèle (Voir annexe n°2).

Les résultats des différents tests concernant le modèle sur l'impact de la mesure de la pauvreté sont présentés dans les annexes.

Après ces différents tests, l'équation du modèle à effets communs se présente selon un système d'équation.

P0 = -1,36.10-11édu -4,36.10-11sant + 0,3209indic2000 + 0,3490indic2002 +

(-1,20) (-0,35) (11,14) (8,79)
0,4429indic2006

(8,83)

P1= 6,21.10-13édu - 2,49.10-11sant + 0,8242indic2000 + 0,1219indic2002 +

(0,11) (-0,41) (5,88) (6,31)
0,1265indic2006

(5,18)

P2= 2,50.10-12éduc -1,14.10-11sant + 0,3018indic2000 + 0,6276indic2002 +

(0,68) (-0,28) (3,23) (4,88)
0,5120indic2006

(3,15)

Les équations étant données, nous procédons à l'analyse économique des coefficients associés aux variables explicatives.

2.2 : Analyse des résultats et interprétation

Les résultats des estimations du modèle seront analysés globalement sur les trois variables endogènes et les variables explicatives.

-L'impact des dépenses sociales sur les indices de pauvreté

Il ressort des résultats des estimations que l'interaction entre les indices de pauvreté et les ressources affectées par l'Etat dans les secteurs de la santé et de l'éducation ne correspondent pas au signe attendu. Ce qui signifie qu'il n'existe aucun effet sensible sur l'amélioration des conditions de vie des pauvres. Une augmentation par exemple de 10 milliards de FCFA rend insensible la contribution à l'amélioration de la proportion des pauvres.

Les raisons de cette non significativité peuvent être de deux ordres : la nature des ressources affectées aux deux secteurs et l'effet revenu.

En effet, il est important de réaliser des profits de bien-être important grâce aux budgets alloués par l'Etat lorsque ceux-ci servent à développer des programmes auxquels sont intégrés les besoins des populations concernées d'une part et d'autre part une infrastructure publique et ajoutent ainsi à la productivité des facteurs privés, notamment des couches défavorisées (Gupta, Powell et Yang, 2006).

Mais, la mauvaise utilisation des ressources ne parvient pas toujours à réaliser le transfert de connaissance sollicité dont la rémunération ne cadre pas avec le coût de la vie au Bénin (BiPEN, 2000).

L'effet revenu, quant à lui, s'explique par le fait qu'une augmentation des ressources affectées aux services sociaux entraîne des pressions sur les salaires. L'augmentation des dépenses sociales au budget de l'Etat le conduirait à accroître ses frais de fonctionnement et de personnel, en particulier les salaires dans les autres secteurs de l'administration, ce qui pousse à la hausse les salaires du secteur formel ailleurs dans l'économie. La hausse de ces frais induit une hausse des prix et une appréciation du taux de change. Or la plupart des pauvres dépendent de l'informel et de l'agriculture (surtout du coton) et ne bénéficient donc pas directement d'une

hausse de leur revenu (réel). En revanche, l'appréciation du taux de change renchérit leurs exportations agricoles. Il en résulte une baisse de leur compétitivité prix, qui conjuguée aux déficiences structurelles du secteur cotonnier, réduit en conséquence leurs gains, et leur bien-être.

Cependant, les variables explicatives indic 2000, 2002 et 2006 indiquent une significativité positive entre elles et les indices de pauvreté. Cette significativité peut avoir plusieurs raisons : d'abord, la capacité financière de l'Etat à mobiliser des ressources peut contribuer à l'élargissement des dépenses publiques en générale et sociales en particulier comme le secteur de la santé et de l'éducation. Ensuite l'allègement des dettes vis-à-vis des bailleurs de fonds accroissent nos ressources intérieures et donc favorisent une augmentation des dépenses sociales au cours des années.

A la suite de cette analyse, l'on rejette l'hypothèse selon laquelle les dépenses publiques sociales ont une influence positive sur les indices FGT.

Toutefois, que dire de la faiblesse des coefficients ?

La faiblesse des coefficients des dépenses du bien-être ne surprend guère. Elle corrobore avec les résultats d'autres travaux qui ont montré que les ressources allouées par l'Etat dans les services sociaux ont été insuffisantes pour réduire substantiellement la pauvreté. C'est le cas de Sinzogan (2002), Houeninvo et al (2004). Les coefficients sont très faibles parce que les dépenses dans les secteurs concernés n'ont pas été ciblés sur les pauvres, comme en témoignent les résultats de Davoodi, Tiongson et Asawanuchit (2003) dans une étude sur l'Afrique subsaharienne. La faiblesse provient aussi du faible taux de consommation des crédits alloués à ces secteurs et à la corruption. La corruption a un effet négatif sur les finances publiques, l'inégalité des revenus et les services sociaux. Elle ralentit la croissance au profit des pauvres parce qu'elle réduit l'investissement privé, attire les talents vers des activités improductives et encourage la mauvaise gestion des

ressources publiques. Elle détourne les dépenses d'éducation et de santé au profit des dépenses personnelles. Elle pénalise le capital humain et l'investissement.

Ainsi, plus le niveau des ressources affectées par l'Etat dans le secteur de l'éducation et de la santé est important, moins est l'impact sur la mesure de pauvreté quelque soit l'indicateur de pauvreté utilisé.

Nous concluons donc que l'hypothèse H3 selon laquelle les indices de pauvretésont influencés positivement par les dépenses publiques sociales (en éducation et en santé) n'est pas vérifiée.

RECOMMANDATIONS

De l'analyse de nos résultats, il ressort d'une part que le bénéfice reçu par le quintile le plus aisé est plus important que le quintile le moins aisé. Et d'autre part, les dépenses publiques sociales en éducation et en santé n'ont aucune influence sur les indices de pauvreté. En d'autre terme, elles n'ont apporté aucune condition favorable aux populations vulnérables. Ceci nous conduit à la formulation des recommandations.

Au niveau national

Les résultats démontrent dans leur ensemble une orientation paradoxale des ressources publiques à l'endroit des populations pauvres. Le défi au plan national sera de créer des conditions de croissance accélérée et favorable pour réduire les privations et développer le capital humain de façon durable. C'est pourquoi nous préconisons entre autres :

- L'élimination des inégalités existantes entre pauvres et non pauvres et l'accroissement de l'accès des pauvres aux opportunités de formation adéquates capables de leurs assurer une meilleure compétence à une participation plus accrue au processus de production.

- La mise en place d'une infrastructure générale sociale pour des secteurs tels que l'agriculture, l'artisanat par exemple qui offre aux pauvres plus d'opportunité de se développer. Il s'agit d'accroître les infrastructures routières qui permettent aux habitants des zones rurales d'acheminer leur production vers les marchés ou les villes. Cela leur permettra de contribuer efficacement à la croissance économique.

- Renforcer les politiques de dépenses prioritaires. L'étude conforte bien cette proposition. Le secteur de la santé et celui de l'éducation doivent recevoir une bonne partie des ressources. Il importe de veiller à une meilleure gestion des ressources

financières et leur élargissement en ciblant principalement les couches les plus défavorisées. La gestion saine des ressources passera par :

. Une priorité accordée à l'investissement relativement au fonctionnement dans l'affectation des ressources ;

. Un meilleur suivi de la réalisation physique (BiPEN 2003).

- Créer un environnement institutionnel qui favorise une liberté économique du pauvre, protège efficacement les droits de propriété, qui favorise un accès équitable aux biens et services publics notamment la justice. A cela s'ajoute l'initiative de la gratuité des services sociaux tels que le secteur de la santé, l'éducation et des services qui doivent être renforcés par des mesures plus viables.

- Renforcer un meilleur accès aux structures de formations à l'endroit des femmes qui constituent tout comme les hommes un capital humain assez favorable au processus de développement à travers des programmes de micro finance aux plus pauvres.

- Veiller à l'amélioration de la qualité des services offerts à travers l'augmentation des effectifs d'enseignants et du personnel de santé d'une part et d'autre part assurer leur formation par la mise en place et le renforcement des programmes de recyclage continus. Aussi faudra-t-il veiller à une meilleure adéquation formation emploi par la vulgarisation des programmes d'étude et la collaboration avec le secteur privé.

- Renforcer le partenariat entre le secteur privé et le secteur public par la motivation de l'Etat à l'endroit du secteur privé par des investissements plus accrus et favorables à la création d'emploi. La libération de ce potentiel privé constitue une force motrice de la croissance et de l'amélioration du bien-être.

- Renforcer le taux d'imposition sur les personnes physiques en l'occurrence, les individus les plus aisés en vue de le reverser sur les pauvres par le biais de la construction de certaines infrastructures favorables à l'accès gratuit aux plus vulnérables.

Toutefois, il faudra privilégier les effets d'entraînement plutôt que de s'engager

dans de vastes programmes dont les interactions génèrent d'autres effets pervers.

En plus de ceci, le Bénin doit orienter sa politique de réduction de la pauvreté à travers l'apport des services extérieurs afin de mieux accroître ses ressources pour une meilleure redistribution du revenu.

Au niveau de l'aide extérieur (bailleurs de fonds)

La politique de lutte contre la pauvreté et autres causes de privation humaine et pour promouvoir un développement harmonieux et durable, exprimée à travers les OMD, ne pourra être atteinte sans une efficacité accrue de l'assistance extérieure. Pour cela, les dispositifs d'octroi doivent connaître une profonde mutation. Il s'agira essentiellement de :

- Veiller à la mise en oeuvre effective des stratégies de la SCRP.

Elle offre une vision assez virtuelle et claire du développement que le pays souhaite.

- Demander une aide aussi bien financière qu'en nature en faveur des secteurs sociaux, notamment l'éducation et la santé. La réception d'équipements manquants par exemple permettra non seulement de combler le déficit mais donnera au pays plus de possibilités dans l'usage de l'aide financière : soit effectuer des dépenses d'équipements additionnels ou l'employer à d'autres fins nécessaires.

- Négocier d'avantage de bourses de formation auprès des partenaires dont la solution favorisera le renforcement des connaissances et une innovation accrue ; ce qui se traduit par un meilleur transfert de la technologie.

Le processus de développement économique semble être un long parcours de combattant, mais rien n'est impossible. Il s'agira de développer un idéal de mieux être national qu'il faut s'atteler à construire avec

conviction. Cela engage la responsabilité de tout un chacun.

Tout ceci ne peut connaître un meilleur rythme de développement si l'individu pauvre ne s'y investit pas pour son amélioration. Il doit refuser la fatalité de la pauvreté ; et cela doit passer par un esprit d'initiative individuelle à travers la créativité, l'innovation etc... . A cela s'ajoute, la scolarisation des enfants en général et des filles en particulier. Elle passe par la participation aux différents programmes d'alphabétisation quelque soit l'âge surtout quand il s'agit de son bien-être.

En somme, il s'agira pour la société entière de savoir ce que l'on veut, l'on peut ou doit faire pour améliorer son mieux-être : ajouter au patrimoine du Renouveau Démocratique celui de la croissance du mieux-être. Et la contribution des pauvres sera importante à double titre.

CONCLUSION

La présente étude a permis d'analyser l'incidence des dépenses sociales de certains services sociaux au sens de la réduction de la pauvreté. Elle a permis d'expliquer d'une part la répartition des ressources affectées par l'Etat dans le secteur de la santé et de l'éducation au sein des populations réparties en catégories sociales. Et d'autre part, expliquer l'impact de ces dépenses publiques sur le niveau des indices de pauvreté. Pour cela, nous nous sommes appuyés sur les hypothèses suivantes :

H1 : Les dépenses publiques sociales sont inégalement réparties entre les différentes catégories sociales.

H2 : Les pauvres profitent moins des dépenses publiques sociales.

H3 : Les dépenses publiques sociales influencent positivement la
sensibilité des indices de pauvreté (FGT).

La présomption que les dépenses publiques sont inégalement réparties entre les différentes catégories et profitent moins aux populations vulnérables nous a amené à établir une relation entre le coût unitaire et la consommation des ménages des services reçus. Nous avons fait recours au modèle statistique proposé par Démery et au terme de l'analyse, il ressort que la part du budget affectée par l'Etat aux ménages en services sociaux (en éducation et en santé) est plus orientée vers les ménages les plus aisés que les ménages les moins aisés.

Par la suite une autre analyse a été utilisée pour étudier l'impact des dépenses publiques sociales (en éducation et en santé) sur les indices de pauvreté (FGT). Pour cela, nous avons utilisé un modèle de régression en données de panel qui mettait en relation les dépenses sociales et les indices de pauvreté par l'intermédiaire des départements considérés comme individus. Les tests de validation effectués ont été vérifiés. Les résultats ont montré que les dépenses publiques n'ont aucun impact sur l'incidence de pauvreté, la profondeur de pauvreté et la sévérité de pauvreté.

Au regard des résultats obtenus, l'on peut retenir dans le premier cas du modèle que le développement du secteur de l'éducation et de la santé constitue l'une des principales priorités des pouvoirs publics béninois. Cela se traduit par un arbitrage budgétaire favorable aux deux secteurs. Si un tel choix politique est pleinement justifié, l'analyse des dépenses publiques affectées à l'éducation et à la santé met en évidence un problème de ciblage de la population la plus défavorisée et de régression des dépenses de l'Etat.

Les dépenses publiques affectées à l'enseignement supérieur sont les plus inadéquates. Or la réduction durable et significative de la pauvreté passe nécessairement par l'amélioration du capital humain des couches sociales défavorisées. L'accès de cette catégorie de la population facilite l'insertion dans le marché de travail. Dès lors, il importe de corriger les biais de ciblages et de régression des dépenses publiques sociales.

Une attention particulière doit être accordée à cette population défavorisée à

travers l'augmentation de l'offre de ces secteurs et la mise en oeuvre de mesures

d'accompagnement (transfert de l'Etat) en faveur des ménages les plus modestes.

Ensuite, dans le deuxième modèle, il ressort que les dépenses sociales n'ont

pas eu d'impact sur les mesures de pauvreté telles que définies dans notre étude.

En d'autres termes, les résultats attendus n'ont pas été vérifiés. C'est dire donc que malgré l'importance que revêtent les services sociaux en l'occurrence la santé et l'éducation au Bénin, elle connaît un recule de satisfaction et d'amélioration sur les indices de pauvreté au Bénin.

Pour que des actions convergent vers un processus de croissance visant à réduire directement la pauvreté, il est nécessaire que les secteurs où sont les pauvres et qui utilisent les facteurs de production bénéficient d'une attention particulière car leur facteur de production le plus abondant est donc le travail auquel s'ajoute la terre. De ce fait, selon Klasen (2001), « l'expérience de toute les réussites en matière de développement suggère qu'obtenir des taux élevés de croissance et de réduction de la pauvreté implique toujours de mettre l'accent sur la hausse de la productivité et des

revenus. »

Par ailleurs, d'autres variables pertinentes telles que la variable indicatrice 2000, 2002, 2006 ont été retenues et ont révélé leur impact positif et significatif sur les indices de pauvreté. Cela explique la particularité que revêt l'Etat à accroître ces dépenses en vue d'assurer un mieux-être aux populations vulnérables.

Pour finir notons que cette étude reste perfectible car elle comporte des insuffisances. Nous les formulons ici de manière à ce qu'elles soient prises en compte dans les études ultérieures. Il s'agit de :

- Désagréger les dépenses globales d'éducation et

de santé respectivement en dépenses de fonctionnement et d'investissement. Cela permettrait de connaître la structure des dépenses de chaque secteur qui influence sur le bien-être.

- Utiliser le total des dépenses sociales, c'est-à-dire qu'en plus des dépenses en santé et en d'éducation, l'on pourrait ajouter les dépenses de logement, de sécurité sociale, de protection de l'environnement, de la micro finance etc. Elles jouent un rôle non négligeable en matière de réduction de la pauvreté.

- Effectuer des régressions séparées en utilisant un

indicateur de pauvreté respectivement pour la population rurale et la population urbaine (par exemple les indices FGT de la zone rurale et urbaine). Cela permettrait de mieux connaître l'impact dans ces deux milieux.

- Utiliser également les scores d'efficience pour

pouvoir insister sur une meilleure allocation des ressources publiques dans les secteurs sociaux en particulier et au niveau des différentes structures gouvernementales en général.

- Effectuer l'étude à partir d'une matrice de

comptabilité sociale (MCS) pour tenir compte des effets des dépenses sociales totales sur les différentes catégories d'agents économiques.

Les limites proviennent également de l'indisponibilité des données sur toutes les périodes et de la diversité des sources.

Cependant, il convient de souligner que les insuffisances ci- dessus relevées

n'entachent nullement la portée théorique et empirique de l'étude dans la mesure tout travail empirique n'est à l'abri des difficultés inhérentes à la construction des
modèles économétriques, lesquelles sont reconnues au moins implicitement par tous les auteurs.

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