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Les expériences de coopération dans les communes de Ouahigouya, Tanghin Dassouri et Ziniaré

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par Abdoul Azise SODORE
Université de Ouagadoudou/Département de Géographie - Maà®trise 2008
  

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Aux lendemains des indépendances, le Burkina Faso, à l'instar des autres pays africains, est confronté à un crucial problème de développement. La gestion centralisée des affaires publiques héritée de l'état colonial a vite montré ses limites. En effet, ni les aides, ni les subventions, ni les prêts reçus par les gouvernants n'avaient permis d'améliorer sensiblement les conditions socio-économiques des populations. De même, les différentes coopérations bilatérales et multilatérales avaient produit peu de résultats. C'est pourquoi depuis l'application des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS), il est de plus en plus question du désengagement de l'Etat. Le retrait de l'Etat offre donc l'opportunité d'une nouvelle forme de gouvernance qui met les acteurs locaux au coeur de la gestion des affaires publiques au niveau local. C'est l'amorce du processus de décentralisation (Ouangré J. V. T., 2006).

La décentralisation est un concept à divers faciès encore insuffisamment maîtrisé par la plupart des pays qui s'y aventurent. Elle est présentée comme la formule idoine à même d'apporter une réponse institutionnelle à cette revendication de démocratie de proximité et du développement local. Les collectivités territoriales qui ont vu le jour sont également confrontées à des difficultés de développement. Beaucoup d'entre elles ont perçu les partenariats avec des collectivités des pays du Nord comme salutaires, en ce qu'ils constituent une source potentielle de mobilisation de moyens matériels et financiers, nécessaires à la réalisation d'infrastructures sociales et économiques.

De ce fait, la décentralisation qui est en cours dans le pays a donné un nouveau souffle, un nouveau cadre et de nouvelles perspectives aux relations qui existaient entre les comités de jumelage, les ONG, les collectivités du Nord et du Sud (CONACOD, 2002). Elle a ouvert la voie au renforcement de l'action internationale des collectivités territoriales, en leur permettant de renforcer leur identité et d'assumer leur mission d'animation du développement local.

La coopération décentralisée caractérise désormais les relations entre les collectivités territoriales burkinabé et leurs homologues du Nord et du Sud, et se déroule dans un environnement favorable à la promotion des dynamiques de développement local. Ce concept a plusieurs définitions. Au Burkina Faso, il est selon la CONACOD (2000), l'ensemble des relations non gouvernementales qui unissent les collectivités locales, les communautés, les ONG, les associations, et les institutions non gouvernementales du Nord et du Sud dans des actions

Nord/Sud ou Sud/Sud. Ainsi, de nombreuses collectivités territoriales du Burkina Faso ont fait appel à leurs jumelles ou cherchent à ficeler des jumelages pour aider au financement de plans ou projets de développement. Elles y voient des possibilités de pallier la faiblesse de mobilisation et l'insuffisance de transfert de ressources par l'Etat. On est ainsi en train de passer du simple jumelage au jumelage coopération grâce à la coopération décentralisée, ce qui amplifie les pratiques partenariales empreintes de réciprocité, même si elle n'est pas de même nature (Gilles G., 2005).

Et pourtant, les mutations sur les anciennes formes de jumelage et les acteurs s'effectuent encore péniblement. Avec les réformes institutionnelles en cours, il y a nécessité pour les collectivités d'institutionnaliser leur relation par la signature de conventions (Code Général des Collectivités Territoriales, article 9). Les Comités Locaux de Jumelage (CLJ) sont chargés de l'animation des jumelages au niveau local. Ils opèrent sous la supervision du Comité National de Jumelage (CNJ) qui joue un rôle d'appui conseil.

De nos jours, de nombreux acteurs reconnaissent les mérites de jumelage dans l'appui au développement local. Ainsi selon Tulard M. (2006), les contributions des collectivités françaises au développement de celles du Sud sont énormes. Les partenariats doivent être perçus et bâtis sur la base d'échanges d'expériences; et à cet effet José A. (1997) parle de s'appuyer sur les compétences locales pour aider les collectivités du Sud. Selon Quenum J. P. (2000), la coopération décentralisée est le moteur du développement local. Elle offre une réelle possibilité aux populations de prendre en main leur destin.

Pourtant les partenariats de coopération décentralisée ne sont pas exempts de toutes difficultés. A ce sujet, Sembène M. (2002) évoque les limites des jumelages et s'exprime sur les principaux enjeux auxquels doit faire face la coopération décentralisée franco-burkinabé. Ces insuffisances rendent les partenariats peu efficaces. Quant à Platteau J. P. cité par Gilles G. (1999), il met en garde contre une pratique dont les arguments semblent évidents, l'enthousiasme primant sur la critique. Les aides sont le plus souvent détournées par des élites locales. C'est pourquoi Danon J. (1999) parle de la nécessité de remettre en cause les méthodes employées jusque-là pour aider les collectivités; et Kaboré M. (1998) d'évoquer la nécessité de renforcer les capacités organisationnelles des populations avant d'entamer des actions de développement.

Des insuffisances aux mérites, de nombreuses études ont été menées sur la coopération décentralisée mais ont peu abordé l'expérience des collectivités locales, notamment celles du Burkinabé.

C'est pourquoi l'étude que nous entreprenons sur les expériences de coopération décentralisée dans 3 communes se veut une appréciation du phénomène au Burkina Faso, dans des contextes urbain, semi-urbain et rural en vue de mettre à la disposition des acteurs des ressources dont ils peuvent s'inspirer.

1. La problématique

Les difficultés qui entravent les pratiques de coopération décentralisée sont nombreuses : la faiblesse organisationnelle de certains comités de jumelage et de pilotage, la persistance du caractère personnel et affectif de certaines relations de partenariat, les problèmes de coordination et de mise en cohérence des actions à l'échelle locale, l'absence d'évidence aux yeux des citoyens sur les motifs de coopérer et les difficultés pour certains acteurs de s'adapter au contexte institutionnel actuel. A cela s'ajoutent des indélicatesses dans la gestion des fonds mobilisés à cet effet, l'instrumentalisation des actions de coopération décentralisée par certains leaders politiques locaux et des tentatives de récupération politique des actions de coopération décentralisée.

Malgré tout, de nombreuses collectivités en proie aux problèmes de développement continuent de s'engager dans le jumelage-coopération.

Quelles sont les raisons qui les amènent à s'y engager? Sous quelles stratégies et démarches ces relations s'opèrent-elles? Comment des apports exogènes peuvent-ils s'associer à des démarches endogènes dans le processus du développement d'un territoire? C'est pour chercher des réponses à ces préoccupations que nous avons initié cette étude.

2. Les hypothèses de recherche

Au regard de la problématique posée, nous formulons l'hypothèse que les pratiques de jumelage coopération ne contribuent pas efficacement au processus de développement local des communes.

De cette hypothèse principale, découlent trois hypothèses spécifiques:

- les populations et leurs organisations ne sont pas suffisamment impliquées dans les actions de jumelage coopération;

- la gestion des fonds mobilisés pour des actions de jumelage coopération manque de transparence du fait qu'ils ne sont pas inscrits dans des dispositifs adaptés au financement local;

- les jumelages coopération entretenus par les communes n'apportent pas de soutiens aux élus locaux dans le sens du renforcement des capacités de gestion communale.

3. Les objectifs de la recherche

Cette étude a pour principal objectif d'analyser les expériences de coopération décentralisée dans le processus du développement local. Spécifiquement, elle s'attellera à:

- appréhender le degré d'implication des populations et de leurs organisations dans les actions de jumelage coopération;

- étudier l'efficacité des systèmes de mobilisation et de gestion des ressources de jumelage coopération;

- analyser l'apport du jumelage coopération au renforcement des capacités des élus locaux dans la gestion communale.

4. La méthodologie

Pour atteindre ces objectifs, la méthodologie a consisté à identifier trois communes et à y administrer un guide d'entretien à quatre « focus groups ». Un « focus group » est constitué de 6 à 12 personnes réunies pour échanger sur un thème précis. Des guides d'entretien ont également été administrés aux présidents des Comités Locaux de Jumelage, aux maires, ainsi qu'au Secrétaire Permanent du Comité National de Jumelage. Les données collectées ont ensuite été traitées et analysées.

4.1. L'échantillonnage spatial

Pour apprécier les expériences de coopération décentralisée dans le contexte ci-dessus présenté, nous avons mis l'accent sur une analyse multiscalaire selon les critères suivants:

- être une commune urbaine ou rurale,

- avoir un lien de jumelage coopération Nord/Sud,

- entretenir une relation de jumelage coopération Sud/Sud.

Au vu de la diversité des situations, il a été nécessaire de considérer une commune rurale et deux communes urbaines. Selon le CGCT (2005), la commune urbaine compte au moins 25 000 habitants et peut mobiliser 25 millions de recettes propres dans l'année; par contre, la commune est dite rurale si elle compte au moins 5000 habitants et est capable de mobiliser 5 millions de recettes propres par an. En outre, les chefs lieux de province ou de département sont respectivement considérés comme des communes urbaines et rurales.

Ouahigouya, Ziniaré et Tanghin-Dassouri ont été choisis pour les raisons suivantes : - Ouahigouya entretient un jumelage avec Chambéry en France et Banfora au Burkina Faso ; - Ziniaré est en relation avec la Région du Limousin ;

- Tanghin-Dassouri entretient un jumelage avec le Territoire de Belfort.

Ces jumelages ont permis aux communes de capitaliser des expériences intéressantes à étudier. En outre, des besoins d'appréciations d'expériences de coopération décentralisée dans des collectivités territoriales aux réalités sociales, économiques et potentialités différentes ont guidé notre choix.

4.2. L'échantillonnage démographique

L'échantillon démographique comprend l'ensemble des personnes et des structures impliquées dans des actions de coopération décentralisée. Afin de mener à bien nos enquêtes, un état des lieux a permis d'identifier la population cible. A cet effet, le répertoire des acteurs de la coopération décentralisée franco-burkinabé établi par la CONACOD a guidé le choix des personnes ressources. Au total 50 acteurs par commune ont été interrogés. Ils se composent des membres d'associations et d'ONG, de conseillers municipaux, d'agents des services techniques (santé, éducation), des maires et d'opérateurs (bureau d'étude et cellule d'appui technique). En

outre, le séjour sur ces sites a offert l'opportunité d'apprécier le niveau d'information en coopération décentralisée de la population cible.

4.3. Le traitement et l'analyse des données

Le traitement des données s'est effectué à partir du dépouillement des questionnaires et des guides d'entretien administrés.

L'analyse des données s'est basée sur une grille d'appréciation des expériences de coopération décentralisée. Cette grille est inspirée de la toile d'araignée (outil d'animation, de collecte et d'analyse). Elle a permis d'évaluer la durabilité des actions en mettant la commune dans une position centrale par rapport à quatre variables: le niveau d'implication des populations, la gestion des ressources financières, la planification et la maîtrise d'ouvrage et le renforcement des capacités des élus locaux. Chaque variable considérée comme un axe est notée sur 4 sur la base d'une série d'indicateurs.

A la fin, il s'agit de positionner sur un diagramme étoilé à quatre branches représentant les scores moyens obtenus par chaque axe. En joignant les points, on obtient une forme équilibrée ou pas qui traduit un potentiel orienté ou pondéré des expériences de coopération décentralisée.

4.4. Les difficultés rencontrées

Les difficultés rencontrées sont relatives à l'éloignement des sites, le refus de certains acteurs de se prononcer sur la gestion des fonds. A cela s'ajoute la difficulté pour rencontrer certains responsables (maire, président du CLJ, président du comité de pilotage) et des mutations continuelles dont certains partenariats sont l'objet.

Néanmoins, les données collectées ont permis de produire un document composé de 4 chapitres regroupés en 2 parties. La première partie présente un aperçu du milieu humain et des contraintes et potentialités au développement des communes de Ouahigouya, Ziniaré et Tanghin Dassouri. Elle aborde également les différents concepts et enjeux relatifs à la coopération décentralisée. La deuxième partie traite des expériences de coopération décentralisée.

PREMIERE PARTIE :
LE CADRE DE L'ÉTUDE

Les communes de Ouahigouya, de Ziniaré et de Tanghin Dassouri sont situées respectivement dans les Régions du Nord, du Plateau central et du Centre. Ouahigouya fait partie de la province du Yatenga, Ziniaré et Tanghin Dassouri font respectivement partie de celle de l'Oubritenga et du Kadiogo.

Carte n°1 : Situation des sites d'étude

Source BNDT et BDOT 2002

CHAPITRE I : LES DONNÉES HUMAINES, LES CONTRAINTES ET POTENTIALITÉS DU MILIEU

Ce chapitre présente les données sociodémographiques, l'organisation sociale et administrative et les activités socioéconomiques. Ensuite, il décrit le contexte dans lequel s'inscrit la coopération décentralisée.

I- La présentation de la zone d'étude

Cette section présente les situations géographiques des communes de Ouahigouya, Ziniaré et Tanghin Dassouri.

I-1- La commune de Ouahigouya

Ouahigouya correspond aux coordonnées géographiques 2°30 de longitude Ouest et 13°35 de latitude Nord et est située à environ 180km de Ouagadougou. La commune de Ouahigouya est reliée à l'armature urbaine nationale par les routes nationales la reliant à Ouagadougou, Bobo Dioulasso et la frontière du Mali, les routes départementales la reliant à Kaya et Dori.

Ouahigouya a été érigée en commune en 1958, puis commune de plein exercice en 1984. Elle est à la fois le chef lieu de la province du Yatenga et de la région du Nord depuis 2001. (cf. carte n°1).

I-2- La commune de Ziniaré

Commune urbaine à la faveur des élections de 1995, Ziniaré est aujourd'hui à la fois le chef lieu de la province de Oubritenga et de la région du Plateau central. Elle est située à 35km de Ouagadougou sur la route nationale N°3 reliant Ouagadougou à Kaya.

La commune de Ziniaré est limitée par :

- la commune de Zitenga et la province du Sanmentenga au nord ;

- la province du Bazéga au sud;

- la commune de Absouya et la province du Ganzourgou à l'est;

- les communes de Dapélogo et de Loumbila à l'ouest. (cf. carte n°2).

Carte n°2 : Situation géographique de la commune de Ouahigouya

Source BDOT et BNDT 2002

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore