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Organisation de marchés émergents: efficience et risque de sélection adverse

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par Donatien AVELE
Université Montesquieu Bordeaux IV - France - DEA Sciences de gestion 2004
  

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Chapitre1. Typologie des marchés boursiers.

Section 1. Principes d'organisation des marchés boursiers.

1. Organisation de marché.

2. Règles d'organisation des marchés boursiers émergents d'Afrique

Section 2. Autres qualités d'organisation des marchés boursiers.

1. Critères d'organisation d'un marché boursier.

2. Risque opérationnel, Système de règlement- livraison et information

Chapitre 2. Efficience et liquidité des marchés financiers

Section1. Concept de l'efficience des marchés financiers.

1. Efficience informationnelle des marchés boursiers.

2. L'impact des opérations d'initiés sur l'efficience informationnelle des marchés boursiers

Section 2. Liquidité des marchés boursiers émergents.

1. Définitions et importance de la liquidité des marchés boursiers

2. Qualité des marchés réglementés.

3. Conséquences d'opération d'initiés sur la liquidité.

Conclusion Générale et perspectives de recherche Bibliographie

Tables des matières.

INTRODUCTION GENERALE.

Les institutions de Bretton-Woods ont encouragé le développement des marchés boursiers qui constitue une partie importante de la libéralisation financière dans les années 1980. Durant la décennie 80, le domaine de la finance a connu de profonds changements tant dans les pays du Nord que dans les pays du Sud. En occident, les systèmes de financement organisés en circuits administrés au profit de financements directs via les bourses de valeurs ont été abandonnés. Cet abandon a permis une meilleure allocation de ressources financières. Le gaspillage des ressources a entraîné des déséquilibres majeurs des indicateurs économiques; ceci étant dû à l'ancien système qui était porteur d'effets pervers.

En ce qui concerne le tiers-monde, la quasi-totalité des endettés ont eu la nécessité de trouver des solutions au début des années 80 à la crise de la dette. Ces pays ont procédé sous l'effet des programmes d'ajustements structurels et de nouvelles réalités financières internationales, à la libéralisation et à l'ouverture de leur économie. La plupart d'entre eux ont enregistré des taux de croissance dépassant souvent ceux des pays développés. Compte tenu de la croissance de leur économie, les places financières des pays en voie de développement (PVD) ont réduit sensiblement le recours aux prêts bancaires et ceci les a conduit à développer d'autres sources de financements. Les gouvernements de ces pays ont procédé à d'importants programmes de privatisation sous la pression des grandes institutions financières internationales entraînant la création des marchés financiers.

Le concept « marché émergent » est souvent utilisé pour désigner les marchés financiers des économies en transition vers les économies de marché. Le qualificatif d'émergent recouvre deux notions : par émergent, on peut entendre tout marché développé ou non, pourvu qu'il soit localisé dans une économie émergente; ce qui suppose au préalable de qualifier une telle économie. Selon une approche plus restrictive, un marché émergent est un marché accessible, qui a entamé un processus de croissance et de modernisation, susceptible d'intéresser des investisseurs étrangers [Tchemeni E, 1997]. Si on s'entretient à la première définition, on peut alors

se poser la question de savoir si les marchés comme le Kenya, ou tout récemment le Cameroun encore embryonnaires et inaccessibles aux investisseurs étrangers sont dits émergents ? Un marché ne peut exister dans un pays que si celui-ci est doté d'une structure boursière suffisamment développée pour permettre aux agents d'investir [Tchemeni E., 1997]. Sont donc exclus à ce titre, les petits marchés embryonnaires sans véritables activités.

Le concept de marché émergent était uniquement attribué aux nouveaux pays industrialisés durant les périodes 1970-1980 à l'instar de Hongkong, Singapour et la Corée du sud. Mais au milieu des années 80, ce concept a été généralisé et utilisé pour la plupart des économies en développement. Le développement des marchés émergents a commencé au cours de la décennie 1980, mais c'est au début des années 1990 que leur essor a véritablement débuté. Ces pays ayant séduit progressivement les investisseurs étrangers sous l'effet de la mondialisation et de la libéralisation croissante des activités financières. Par exemple, la Société financière internationale (S.F.I.) recensait 32 marchés émergents à travers le monde. Aujourd'hui, elle en dénombre plus de 70, compte tenu du nombre croissant des pays qui répondent aux critères d'émergence. La crise qui a brutalement affecté les marchés émergents d'Asie à partir de l'été 1997 a constitué l'un des événements majeurs pour la nouvelle configuration de l'économie mondiale au début du 21e siècle. Par là même, elle a représenté une évolution essentielle à prendre en compte dans les firmes multinationales (FMN) qui structurent cette économie en voie de globalisation croissante depuis le début des années 1990, et à la fin de la guerre froide. Les économies qui avaient enregistré les plus forts taux de croissance de la seconde moitié du 20e siècle ont subi une série de reculs tout aussi spectaculaires. Les Dragons (Corée du sud, Taiwan, Hongkong) et les Tigres (Thaïlande, Malaisie, Indonésie et Philippines), qui s'étaient imposés dans la nouvelle répartition mondiale de la production industrielle, et parmi les marchés les plus porteurs de la planète, ont vu s'effondre leurs projets de développement surdimensionnés.

L'émergence des marchés boursiers est intervenue au cours de deux dernières décennies. Le recyclage des excédents financiers des pays

membres de l'organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) par les banques occidentales vers les pays en voie de développements non pétroliers et aussi vers leurs économies propres intervient jusqu'en 1970. La réduction de ces excédents au début des années 1980, a entraîné au passage des carences de liquidité. Finalement ceci a conduit à la détérioration du système d'intermédiation mondiale. Durant cette période, on a assisté à un changement primordial en matière de politique économique et financière. Les pays occidentaux ont fait appel à un financement par les ressources monétaires inflationnistes. L'importance des marchés financiers et plus particulièrement des bourses de valeurs mobilières locales capables de mobiliser l'épargne domestique disponible se faisait ressentir à cette même période. Au regard de ce qui s'est passé dans les pays en voie de développement, le Mexique est parmi les premiers victimes de la crise d'endettement lorsqu'en 1982, ce dernier annonçait son incapacité à honorer ses engagements.

A la fin des années 70, les P.V.D vont faire recours à des emprunts extérieurs puisque les ressources d'exploitation des matières premières vont connaître une baisse spectaculaire suite au contre-choc pétrolier. Finalement, cette politique va se solder par des déficits des finances publiques. On assiste aussi à une crise financière qui va se propager dans la plupart des P.V.D (Brésil, Maroc, Philippines...) après son déclenchement au Mexique. Afin de permettre une bonne réussite des programmes d'ajustement structurels (P.A.S) mis en place et préconisés par le F.M.I. et la banque mondiale, ainsi que les programmes de privatisation et attirer un nombre important d'investisseurs étrangers, les gouvernements des P.V.D vont mettre en place plusieurs mesures favorisant le développement des marchés financiers, et particulièrement les marchés boursiers. L'ouverture d'importantes perspectives à long et moyen terme grâce aux plans d'ajustements structurels adoptés au milieu des années 80 vont permettre une réorganisation profonde du mode de fonctionnement de l'économie. La communauté financière internationale a considéré les P.V.D comme étant des marchés émergents quand ces derniers ont commencé à mettre en place des politiques de libéralisation économique et financière ainsi que des réformes favorisant le développement des marchés financiers.

On a souvent déterminé les relations entre les banques et la croissance économique, mais il reste à définir le rôle des bourses dans le développement économique des pays africains. De nombreuses questions se posent :

D'abord, il s'agit d'évaluer les avantages que ces marchés peuvent procurer aux économies africaines et aux investisseurs étrangers. Financent-ils véritablement les activités de production où sont-ils le lieu où peuvent être amassés? Ensuite le financement de la croissance économique pouvant être assuré par le système bancaire, le problème est de savoir si la finance par des titres peut se substituer à la finance intermédiée ou si à l'inverse, leur développement et leur bon fonctionnement sont corrélés. Enfin, le marché peut-il entraîner l'augmentation des agrégats macro-économiques? Ou fait-il peser sur le secteur réel des risques inutiles quand on considère l'importante volatilité des cours et les entrées massives des capitaux ayant des effets déstabilisateurs sur l'économie.

On ne compte que huit marchés financiers en Afrique sub-saharienne mis à part celui de l'Afrique du sud. Ce dernier constitue un cas particulier en raison de son importance et du développement économique relativement avancé de ce pays.

Sur les sept marchés (Kenya, Zimbabwe, Ghana, Botswana, Namibie, Zambie, Côte d'Ivoire)1, un seul se trouvait en Afrique francophone ( la Bourse d'Abidjan en côte d'Ivoire) bien avant la création toute récente dans le même espace économique en Afrique centrale de deux Bourses de valeurs : l'une au Cameroun, Douala Stock Exchange (D.S.E)2 née suite à la loi du 22 décembre c1999, créant un marché financier au Cameroun et inaugurée le 23 avril 2003 et la seconde à Libreville au Gabon : Bourse des valeurs mobilières d'Afrique centrale (BVMAC)3. Au Kenya et au Zimbabwe

1 Depuis 1998 une Bourse régionale des valeurs mobilière (BRVM) a été mise en place en Afrique de l'ouest. Elles sont constituée des pays suivants : Côte d'Ivoire, Niger, Mali, Togo, Bénin, Burkina - Faso, Sénégal,

Guinée Bissau). C'est d'ailleurs le premier exemple d'une bourse de valeur régionale dans le monde.

2 D.S.E (Douala Stock Exchange) est la dénomination de la bourse des valeurs mobilières du Cameroun

3 BVMAC (bourse de valeurs mobilières de l'Afrique centrale) est un exemple d'une bourse sousrégionale en Afrique centrale au sud du Sahara après celle de l'Afrique de l'ouest. Elle a vu le jour en décembre 2002.

par exemple, pays de fort peuplement blanc, les bourses fonctionnent
depuis l'indépendance, environ quarante ans. Elles avaient été conçues
comme des outils d'«indigénisation»des sociétés à capitaux étrangers plus
que comme des outils de développement de secteur privé, aptes à canaliser
l'épargne locale et étrangère. Au Botswana, au Ghana, en Namibie et
Zambie, les Bourses ont ouvert leurs portes à la fin des années 1980 ou au
début des années 1990. Si nous tenons compte du manque de fiabilité et
de transparence dans ces types de marchés lié à leur fonctionnement, il
apparaît nécessaire de nous interroger sur leur efficience, car dans nos
pays, les investisseurs étrangers se plaignent souvent des lourdeurs
administratives et une absence d'information sur les opportunités d'affaires.
Les marchés boursiers en Afrique au sud du Sahara, sont jeunes et
possèdent les caractéristiques des marchés pré-émergents. Ils ont été
construits suite aux programmes de libéralisation financière et aux
privatisations massives du début des années 1990. Les marchés émergents
sont hétérogènes. Suivant les pays, les variations dans le nombre de
compagnies cotées, le nombre de nouvelles cotations par la capitalisation du
marché et les valeurs échangées sont considérables. Ces différences reflètent
les caractéristiques communes. Il s'agit souvent des marchés risqués, d'une
part à cause de la volatilité importante des cours et d'autre part à cause de la
moindre fiabilité des informations et du manque de transparence. L'excès de
volatilité (souvent compensé par un supplément de rentabilité) provient
généralement de l'insuffisance de liquidité et de faible capitalisation du
marché. En effet, les échanges concernent souvent quelques titres et seules
quelques sociétés dominent le marché. Par ailleurs, les marchés émergents
sont soumis à des contraintes réglementaires plus importantes que leurs
homologues des pays développés et très peu de sociétés étrangères y sont
cotées. Ils sont donc peu ouverts et mal intégrés au niveau international. Or
pour que de tels marchés boursiers puissent attirer le maximum
d'investisseurs possibles et compte tenu de leur étroitesse tant par l'effectif
des sociétés cotées et des investisseurs qui s'y intéressent que par le volume
de transactions, ces marchés doivent être organisés de façon à maximiser leur
efficience afin de limiter les asymétries d'information et les risques de sélection
adverse pouvant nuire à leur bon fonctionnement et assurer ainsi leur

crédibilité vis à vis des investisseurs internationaux. Au regard de nombreuses anomalies auxquelles sont confrontés les marchés émergents d'Afrique, la présence d'initiés sur de tels marchés aurait sans doute un impact sur le contenu informationnel des cours cotés, ce qui réduirait ainsi l'efficience informationnelle.

La littérature sur l'efficience forte des marchés financiers contrairement à l'efficience faible et semi-forte, est assez limitée. Elle est basée principalement sur les informations que détiennent les initiés sur un tel marché (efficient sous la forme forte), les cours des titres doivent refléter rapidement et correctement les informations privilégiées détenues par les initiés. Ces derniers sont représentés en général par les investisseurs qui, soit ils détiennent un certain pourcentage des titres d'une société, soit ils font partie de la direction. Or en matière d'asymétrie d'information, la littérature théorique prévoit que la réalisation des opérations d'initiés a pour conséquence l'augmentation du degré de sélection adverse sur les marchés qui devrait se traduire par un élargissement de la fourchette de prix.

Les délits d'initiés sont considérés dans la plupart des pays comme une infraction entraînant une atteinte au bon fonctionnement du marché ; ils remettent en cause le principe d'égalité entre les investisseurs vis à vis de l'information même si l'utilisation de cette information privilégiée sera rendue publique plus tard. En plus, ces investisseurs privilégiés peuvent réaliser des rentabilités supérieures à celles attendues pour le risque encouru.

Il apparaît alors légitime de s'interroger sur le problème de la qualité des marchés boursiers émergents (efficience, liquidité, automatisation, information, système de règlement- livraison ...), les problèmes d'asymétrie d'information et de risque de sélection adverse, des obstacles liés au développement des marchés boursiers en Afrique sub-saharienne et des problèmes de financement des entreprises Africaines.

Si on estime que la création des marchés boursiers en Afrique peut à travers les actions et les obligations qui seront émises favoriser la mobilisation de l'épargne intérieure et extérieure nécessaires au financement des activités, il y a lieu de s'interroger si ces pays ne

gagneraient pas en prenant des initiatives de mettre en place des marchés sous-régionaux comme cela a été le cas en Afrique de l'ouest.

Or, c'est à ce niveau que notre problématique prend véritablement corps avec un certain nombre de questions fondamentales dont les réponses restent à trouver. Il s'agit dans ce travail de recherche de répondre principalement à la question suivante :

Le marché boursier est-il un moyen « efficient » de collecter les capitaux pour les entreprises Africaines ? Cela suppose-t-il que :

· Les moyens de financement des entreprises Africaines sont-ils efficaces ?

· La finance directe peut se substituer à la finance indirecte en raison d'un système bancaire imparfait ?

La principale question posée et le corpus d'hypothèses attachés engendrent d'autres questions qui méritent d'être examinées.

· Pourquoi la création des marchés boursiers en Afrique ?

· Un marché boursier indépendant pour chaque pays d'Afrique est-il une solution viable ?

· Les Bourses Africaines peuvent-elles se développer ?

· Les opérations d'initiés ont-elles un impact sur l'efficience informationnelle ?

· Quelles sont les conséquences de telles opérations sur la liquidité des marchés boursiers ?

Afin d'apporter quelques éléments de réponse à ces questions, nous envisageons d'élaborer la principale recherche en proposant un état de l'art sur un certain nombre de concepts théoriques : marchés émergents, efficience, asymétrie d'information, risque de sélection adverse, liquidité, information, sources de financements, initié.

En mettant le problème des marchés émergents africains au coeur de ce travail, nous avons voulu remplir un vide ; car peu d'études à notre connaissance ont été consacrées à la question.

La présente étude se divise en deux parties. La première examine les conditions de création des marchés boursiers en Afrique tout en donnant les raisons qui ont conduit à leur prolifération ces dernières années. Elle aborde

également la question de financement des marchés boursiers émergents d'Afrique.

La seconde partie quant à elle est consacrée d'abord à l'organisation des marchés boursiers en Afrique puis à la problématique posée par l'efficience et la liquidité des marchés boursiers

Première partie : L'EMERGENCE DES MARCHES BOURSIERS.

 

Chapitre1. LES FACTEURS DE CREATION DES MARCHES
BOURSIERS.

Au cours de la dernière décennie, de nouvelles places boursières ont fait leur apparition en Afrique d'une manière générale et plus particulièrement en Afrique sub-saharienne.

L'objectif poursuivi dans ce chapitre est de présenter les raisons qui ont conduit à cette abondante création de marchés boursiers ce, malgré la panoplie d'obstacles auxquels ils sont confrontés (manque de liquidité, faible capitalisation boursière, importante volatilité des cours etc.). Face à tous ces handicaps, les pays Africains continuent de créer des marchés boursiers nationaux et indépendants pour chaque pays alors qu'ils gagneraient en prenant des initiatives de mettre en place des Bourses régionales.

Dans la première section de ce chapitre, nous tentons de définir le concept de BVME (1), ensuite nous identifions les BVME par leurs principales caractéristiques (2) et, examinons les principales phases de développement des marchés boursiers émergents (3) ; Enfin nous nous intéressons aux principaux facteurs qui permettent le développement des marchés boursiers émergents (4). La deuxième section est consacrée à la création des marchés boursiers en Afrique. En gros, le chapitre 1 essaie de fournir des éléments de réponses aux questions suivantes : les Bourses Africaines peuvent-elles se développer ? Cette question trouve des éléments de réponse aux facteurs de développement des marchés boursiers émergents (section 1) ; pourquoi la création des marchés boursiers en Afrique ? les éléments de réponse sont examinés à travers les facteurs de création des marchés boursiers (section 2) ; toutefois, nous essayons d'expliquer les obstacles liés au développements des marchés boursiers émergents en Afrique sub-saharienne (2) . Enfin, nous tentons de donner une réponse à la question de savoir si un marché boursier indépendant pour chaque pays d'Afrique est une solution viable (section 2).

Section 1. Définitions et caractérisation des marchés boursiers émergents.

Dans cette section, nous définissons tout d'abord les BVME (1), ensuite les caractéristiques des BVME sont examinées (2), les principales phases de développement des marchés boursiers émergents sont étudiées (3) et, enfin nous analysons les facteurs de développement des marchés boursiers émergents (4)

1. La notion de « Bourses des Valeurs Mobilières émergentes » (BVME).

Le qualificatif « émergent » évoque l'idée d'une économie en phase de démarrage et qui présente un potentiel de croissance et des opportunités de profit plus importantes que celles offertes par les marchés développés. Le concept d'émergence ne concerne pas uniquement un marché ou une place financière, il concerne aussi un pays tout entier. Nous pouvons même imaginer des situations dans lesquelles un marché financier connaît une évolution importante dans une économie en croissance très faible et, inversement un marché financier en retard par rapport à l'évolution de l'économie. En ce qui concerne l'émergence des marchés financiers, il n'existe aucune définition universellement reconnue. Les nombreuses tentatives restent simplement des classifications conventionnelles. Au départ, le concept de marché émergent a été employé pour les nouveaux pays industrialisés d'Asie tels que la Thaïlande ou la Corée du sud, et pour certains pays d'Amérique Latine comme le Mexique ou le Brésil. Ces nouveaux marchés qui considèrent l'affichage des prix de marché comme le moyen de favoriser la concentration du capital local et d'attirer les capitaux internationaux, notamment ceux des institutionnels, ont libéralisé les mouvements de capitaux et pris certaines mesures pour développer l'intermédiation financière à travers l'émission de titres financiers négociables. Aujourd'hui, le concept s'applique à plusieurs marchés financiers de l'Est (la Pologne, la République Tchèque...) et du sud méditerranéen (Turquie, Israël, Maroc...).

La notion de BVME diffère selon les auteurs, les institutions et surtout selon la finalité poursuivie ; d'où la nécessité de retenir une définition comme base de référence pour la description de ces bourses. Il existe plusieurs définitions des BVME dont les principales sont celles des investisseurs et celles de la Société Financière Internationale (SFI). En effet, pour les investisseurs, une BVME est un marché boursier accessible, qui a entamé un processus de croissance et de modernisation, le rendant susceptible d'intéresser les investisseurs, [Tchemeni, 1997]. Tandis que selon la SFI, toutes les Bourses dans les pays en développement seraient des marchés boursiers émergents, [Bittner, 1999]. La première définition est restrictive en ce sens qu'elle ne tient pas compte de toutes les bourses embryonnaires et inaccessibles aux investisseurs étrangers. En revanche, la seconde définition est aussi vaste que la notion de pays en développement. C'est pourquoi, la SFI opère une classification qui permet de distinguer quatre (4) types de BVME. Le premier type regroupe les bourses localisées dans les économies en transformation. Les bourses sont alors considérées comme indispensables dans le passage d'une économie de plan à une économie de marché. On peut citer en exemple : la Russie, la Hongrie, la Pologne et la Tanzanie.

Le second type de BVME est celui des bourses qui sont dans une phase de création ou de consolidation. C'est le cas de l'Ouganda, de la Zambie ou du Malawi. Les places financières, du Botswana, du Ghana, de la Namibie ou de l'Ile Maurice, sont qualifiées par la SFI de marchés frontières.

Le troisième type est celui des marchés ré-émergents : ces bourses existaient depuis longtemps, mais elles ont commencé à s'affirmer depuis quelques années. Ce sont les exemples de l'Argentine (1872), l'Inde (1887) ou Egypte (1910).

Le quatrième type est celui des pays en développement qui sont très actives depuis quelques décennies, mais qui ont été le théâtre de chutes de cours. Ce sont les cas du Brésil, de Taiwan, ou d'Afrique du Sud. Ces bourses occupent des places de choix dans le paysage boursier mondial (importante liquidité, technologie de pointe, négociation de produits dérivés, contrats à terme etc.).

La proposition de classification faite par la SFI permet de pallier la généralité de la définition de BVME et inscrit ces marchés boursiers dans une logique dynamique. Ainsi un marché embryonnaire comme la BRVM de l'Afrique

de l'Ouest encore au stade de consolidation, peut être considéré comme une BVME. Le choix d'une définition des BVME permet de s'accorder sur la compréhension de l'objet de ces marchés boursiers sans pleinement renseigner sur la réalité couverte. Il s'agit maintenant de procéder à une présentation des caractéristiques des marchés boursiers émergents en mettant particulièrement en exergue les BVME en Afrique au Sud du Sahara.

2. Eléments d'identification des Bourses de Valeurs Mobilières
émergentes.

Les marchés qualifiés d'émergents par la société financière internationale (SFI) et par d'autres banques internationales comme Citibank, Merrill Lynch et Morgan Stanley répondent à plusieurs critères de taille, d'activité et d'organisation. Toutefois des caractéristiques communes peuvent être soulevées sur la majorité des bourses émergentes comme :

· Des lacunes dans le fonctionnement et dans la réglementation ;

· Une taille limitée ;

· Une insuffisance de liquidité ;

· Une forte volatilité des cours ;

· Des taux de rentabilité plus élevés que ceux des pays développés ;

· Un « Price Earning Ratio » PER4 élevé;

· Une part importante des dix (10) premières entreprises dans la

capitalisation ;

· Une corrélation entre les rentabilités des titres et celles du marché très

faible ;

· Un attrait pour les investisseurs nationaux et internationaux.

En ce qui concerne les Bourses émergentes d'Afrique au sud du Sahara, elles totalisaient à fin décembre 1998 une capitalisation boursière de 165 milliards de dollars US dont plus de 80% étaient réunis par la Bourse de la République Sud Africaine, [Leslie, 1999]. En effet, la Johannesburg Stock Exchange (JSE) se distingue remarquablement des autres places du continent par la négociation de valeurs mobilières autres que les actions et les obligations. Elle est également une des rares places africaines qui accueille facilement des investisseurs étrangers. Par rapport aux caractéristiques spécifiques des BVME

4 Le PER est le rapport entre le cours boursier d'une entreprise et son bénéfice. Il reflète la croissance des bénéfices espérée par la bourse.

au Sud du Sahara, la JSE n'apparaît pas comme un bon exemple. De ce fait les caractéristiques suivantes (tableau 1.3) sont celles des autres places boursières en Afrique au sud du Sahara..

Le tableau 1.3 (page suivante) montre quatre (4) principales caractéristiques des BVME au Sud du Sahara qui sont des obstacles à leur développement. Aux caractéristiques précédentes, il faut ajouter d'autres traits tels que : les coûts élevés de l'information, les forts taux de taxation et l'absence d'instruments de couverture, etc. En dépit de ce portrait peu attirant des BVME, il faut cependant noter que certaines d'entre elles se hissent souvent parmi les meilleures places boursières avec d'exceptionnels rendements. En effet, cela a été le cas de la Ghana Stock Exchange qui a connu en 1998 la deuxième plus forte hausse de son indice (plus de 70% de l'indice).

En réponse aux nombreuses difficultés rencontrées par les bourses précédemment décrites, de nombreuses propositions mettent l'accent sur la nécessité d'intégration des économies et des bourses sub-sahariennes.

Tableau 1.3 : Caractéristiques des BVM en Afrique au sud du Sahara

Caractéristiques

 

Causes (non exhaustives)

Absence de liquidité

 


·

·

Faiblesse des transactions Taille réduite des marchés

Volatilité de cours

 


·

La faible diversification des

branches : secteurs miniers,
brasseries, agro-business

 
 


·

L'instabilité politique

 
 


·

L'insuffisance informationnelle :

 
 
 

manque de systèmes fiables et
efficaces de règlement et de

livraison, manque de

technologies et de
qualification...

Indépendance vis-à-vis des

bourses

autres


·

Absence de corrélation avec les autres bourses

Absence d'investisseurs étrangers


·

Contraintes réglementaires :

 
 
 

faiblesse des conventions de

protection des investissements et des épargnants

 
 


·

Mauvaise organisation générale de l'économie

 

Source : Par nos soins à partir de Bittner [1999] et Leslie [1999]

L'utilisation de technologies modernes de l'information, l'assainissement du cadre réglementaire et le développement des compétences sont aussi proposés pour améliorer la situation [Bittner, 1999]. Tout marché boursier suit une certaine évolution liée à son développement avant d'atteindre sa maturité. Ainsi, Azour [1997], présente les phases de développement des marchés boursiers émergents.

3. Les principales phases de développement des marchés boursiers
émergents.

L'émergence des marchés financiers est un des faits les plus marquants de cette dernière décennie, d'autant plus que les marchés émergents ont réalisé des performances supérieures à celles des marchés développés. Néanmoins, malgré leurs avantages potentiels, ces marchés naissants sont beaucoup plus risqués que les marchés financiers des pays développés, comme en témoignent les dernières crises Asiatiques et Russes.

Le développement des marchés boursiers des pays en développement représente une des modifications les plus importantes de l'environnement financier international. La nécessité pour ces pays de limiter le recours à l'endettement, le recours à de vastes programmes de privatisations, le développement d'une épargne domestique et l'entrée dans la mondialisation ont été les facteurs principaux de cette transformation.

Le décollage de ces marchés est le résultat de leur puissant retour à l'accès au financement par les marchés internationaux. Ils ont attiré l'attention des professionnels et des investisseurs en prenant une part grandissante dans le monde de la gestion des fonds d'investissements. Ils offrent de nouvelles possibilités de diversification aux investisseurs internationaux dans l'allocation de leurs actifs. Et c'est le couple traditionnel « rentabilité-risque » qui est à l'origine de cette nouvelle diversification financière internationale. Ainsi, les pays en développement qualifiés par la communauté internationale comme des pays émergents ont « payé » par des rentabilités extrêmement élevées l'attrait des investisseurs et leur intégration financière.

Même si chaque marché financier émergent évolue à son propre rythme, les ressemblances qui découlent de ces évolutions permettent néanmoins de distinguer quatre phases par lesquelles, selon Azour5 (1997), ces marchés semblent tous passer avant d'atteindre la phase de maturité et de stabilité.

La première phase est celle qui rend le marché boursier comme l'un des moyens
de financement de la croissance économique du pays. Les marchés des valeurs
mobilières apparaissent seulement lorsqu'un pays atteint un certain degré de

5 Azour J.B. (1997) « Marchés boursiers des pays émergents : une grande diversité dans le développement », Revue Banque n° 582, Juin.

stabilité économique et politique puisque c'est à ce moment que les investisseurs deviennent confiants dans le rôle des marchés. Le choix de ce mécanisme d'investissement au détriment des dépôts bancaires traditionnels et des obligations du trésor à court terme reste assez limité à cause de la petite taille et du volume réalisé sur ces marchés.

La deuxième phase est caractérisée par une libéralisation du système financier et par une certaine crédibilité vis-à-vis de ces marchés. Lors de cette phase active et volatile, le marché des valeurs mobilières améliore sa réglementation et modernise son organisation afin d'attirer les investisseurs potentiels, et de faire face à l'augmentation du volume des titres traités. Dans cette phase, il existe toujours des facteurs qui limitent l'intérêt des investisseurs tels que l'étroitesse du marché et la persistance de contraintes réglementaires inadaptées.

La troisième phase est celle de l'expansion c'est-à-dire la phase où le marché offre des rentabilités stables et surtout moins volatiles. Lors de cette phase, certains marchés voient l'apparition de mécanismes de transfert des risques, favorisant ainsi la création d'instruments de couverture des risques en capital et en change, tels que les contrats à terme et les actifs conditionnels.

La dernière phase est celle où les marchés deviennent matures, fonctionnant dans les mêmes conditions que les marchés développés avec un cadre réglementaire et institutionnel satisfaisant. A ce stade de développement, la capitalisation boursière des marchés émergents dépasse parfois celle des pays riches, et cela grâce à un très grand nombre de sociétés cotées, une activité assez élevée et une liquidité très satisfaisante.

Les stades de développement des marchés boursiers des pays émergents. > Premier niveau (cas de la Pologne, Hongrie, Maroc...)

o Nombre limité de sociétés cotées

o Faible capitalisation boursière

o Grande concentration du marché

o Volatilité assez élevée

o Cadre réglementaire et institutionnels élémentaires.

> Deuxième niveau (cas du Brésil, Chine, Chili...)

o Niveau de liquidité convenable

o Grande variété de sociétés cotées

o Présence d'investisseurs internationaux

o Taille des marchés réduite par rapport à l'économie locale.

Troisième niveau (cas de la Malaisie, de Thaïlande, Indonésie...) o Rentabilités stables

o Volatilité plus faible

o Capitalisation boursière en forte expansion

o Mécanismes de transfert de risques et de couverture adéquats. Quatrième niveau (cas de Hongkong, Corée du sud, Singapour...)

o Marchés matures avec liquidité suffisante

o Activité assez forte

o Prime de risque convergent vers les niveaux de l'économie locale.

Source : Azour J.B., 1997

4. Facteurs de développement des marchés boursiers émergents.

Dans de nombreux pays en développement, les marchés financiers n'ont pas encore atteint le stade de la maturité. Les interventions de l'Etat sur les marchés de capitaux, les restrictions aux transactions courantes ou en capital et la répression financière sont des facteurs qui limitent le développement des marchés financiers dans ces pays. En outre, la détention par l'Etat d'une grande

partie du capital des entreprises limite la progression de la capitalisation boursière et le développement des marchés d'actions.

Dans cette sous-section, nous nous intéressons aux principaux facteurs qui permettent de développer les marchés financiers des pays en développement. Parmi ces derniers figure la stabilisation des fondamentaux économiques qui doit être accompagnée de réformes structurelles pour libéraliser l'économie. Ces réformes consistent en la dérégulation des marchés internes (taux d'intérêts, prix, ...) avec une politique d'ouverture sur les marchés extérieurs (libéralisation du commerce extérieur et des mouvements de capitaux). Les programmes de privatisations font aussi partie des réformes nécessaires puisqu'ils permettent d'augmenter le nombre d'entreprises qui peuvent s'adresser au marché boursier. Les interventions de l'Etat, les restrictions aux transactions courantes qui limitent le développement des marchés boursiers vont céder place à d'autres facteurs aussi importants parmi lesquels le changement de politique économique sous l'égide des institutions internationales.

4.1. Le changement de politique économique.

A la fin de la crise de la dette qui a frappé plusieurs économies des pays en développement, des efforts importants ont été entrepris en vue de stimuler l'épargne interne et d'accroître aussi bien les investissements que les exportations. L'objectif est tout simplement de rétablir les équilibres internes et externes, ainsi que de mettre en place les bases d'une croissance économique saine et équilibrée. De ce fait, les politiques économiques adoptées par ces pays endettés étaient fondées sur une démarche permettant principalement le financement des secteurs productifs, la restructuration des entreprises industrielles et le relèvement des taux d'intérêts sur les dépôts pour encourager l'épargne. La solidité du système financier exige un contexte macro-économique stable, un secteur privé dynamique et un cadre juridique favorisant une bonne gestion des institutions financières. Ainsi, la mise en place d'un système financier solide n'est possible que si les principaux agrégats de l'économie évoluent à un rythme stable et régulier. La stabilisation macro-économique est

considérée comme une condition préalable majeure au développement du système financier en général.

Le changement de politique économique des autorités publiques, sous l'égide des institutions financières internationales, est considéré comme l'un des facteurs les plus importants qui favorisent l'émergence des marchés financiers dans les PVD. Ces pays ont adopté des programmes de stabilisation macroéconomique et d'ajustement structurel le plus souvent établis par des organismes comme le FMI et/ou la banque mondiale. Ces politiques économiques consistent généralement à améliorer les fondamentaux économiques soit par une politique monétaire afin de maîtriser l'inflation, les taux de change et d'éviter les dévaluations compétitives qui déprécient les avoirs des investisseurs étrangers détenus en monnaie locale, soit par une politique budgétaire qui permet de réduire le déficit de l'Etat d'où la nécessité de procéder à la libéralisation du système financier.

4.2. La libéralisation du système financier.

Les systèmes financiers dans les pays en développement peuvent être regroupés en deux principaux types. D'abord, les systèmes financiers dit « réglementés » dans lesquels la détermination des taux d'intérêts est fixe et établie de manière réglementaire. Dans ce cas, le gouvernement est de type interventionniste et contrôle les banques par une forte réglementation. En suite, les systèmes financiers dits « libéralisés » dans lesquels les institutions financières disposent d'une plus grande marge de manoeuvre et sont en concurrence avec les autres marchés financiers. Dans ce genre de système, les taux d'intérêts sont variables et librement déterminés par les forces de marché.

La plupart des pays en développement sont caractérisés par des systèmes financiers qui ne sont pas totalement libéralisés. Et c'est surtout en matière de libéralisation externe que beaucoup de choses restent à faire. Il existe encore beaucoup de barrières institutionnelles qui limitent les possibilités d'investissement comme les règles régissant le rapatriement en devises des bénéfices et des capitaux par les étrangers, les règles régissant le degré de participation des étrangers sur le marché et les règles formelles ou informelles à

l'égard de la propriété étrangère des sociétés. La libéralisation externe consiste à réduire le contrôle sur le transfert des bénéfices et des capitaux, à permettre aux étrangers d'offrir des services financiers concurrençant les établissements locaux (banques, assurances...) et à donner la liberté aux étrangers d'investir dans le marché financier tout en assurant une liberté totale de conversion. Cette libéralisation doit être accompagnée d'une fiscalité boursière souple et bien sûr d'une libéralisation interne pour laisser le taux d'intérêt fluctuer librement selon l'offre de la monnaie.

La libéralisation des marchés de capitaux permet d'accroître la capacité de financement d'un pays lorsque l'épargne domestique est insuffisante. En effet,la diversification des sources de financement contribuent à améliorer la sécurité des projets d'investissements puisque l'existence des marchés de capitaux permet une meilleure allocation des ressources. Cette allocation est basée sur la combinaison et la concurrence des systèmes de financement intermédiés et désintermédiés.

Cependant, l'afflux de capitaux peut devenir une source de fragilité de l'économie réelle. Cela dépendra notamment du degré de dépendance aux capitaux étrangers et de la structure de ces derniers, mais aussi des conditions de mise en oeuvre de la libéralisation financière (réformes financières et fiscales, choix des mesures de contrôle, etc.).

L'afflux de capitaux dans les pays émergents peut donc poser le problème de leur gestion. C'est la raison pour laquelle l'ouverture précipitée des marchés financiers aux capitaux extérieurs peut entraîner d'énormes conséquences. Pour ce faire, il faut voir si la structure des marchés financiers est capable d'absorber des capitaux privés étrangers. Gérard Marie Henry6 (1998) explique comment l'accroissement des fonds étrangers peut créer l'effondrement du système financier d'un pays en développement :

Si les banques proposent les dépôts en monnaie étrangère pour protéger les investisseurs des pertes résultant des fluctuations des taux de change, mais que dans leurs bilans elles enregistrent leurs prêts en monnaie locale, ce sont elles qui en définitive supportent le risque de change.

6 Gérard Marie Henry (1998) « Les marchés financiers »,Paris, Synthèse, Armand Colin.

Si les prêts issus de capitaux étrangers vont principalement à des personnalités bien connues (crédits privilégiés), l'accroissement des ressources des banques ne peut que conduire à la détérioration de l'allocation des ressources et à l'augmentation du risque.

Si les entreprises et les banques n'ont pas formé leur personnel à mesurer correctement les risques de l'accroissement de leurs placements, la qualité de leurs portefeuilles d'actifs se verra réduite.

Si les marchés financiers des pays en développement proposent des taux de rentabilités très élevés, les investisseurs étrangers n'hésiteront pas à profiter au maximum de cette situation et à retirer leurs fonds et à n'importe quel moment.

L'assainissement à effectuer après une telle crise financière est particulièrement difficile pour les pays en développement en l'occurrence les pays d'Afrique puisque leurs budgets publics sont déjà déséquilibrés et que les petites entreprises qui réalisent l'essentiel de la production et de l'emploi n'ont accès qu'au crédit bancaire comme source de financement. Les entrées massives de capitaux peuvent aussi provoquer une augmentation excessive de la demande globale et avoir ainsi des répercussions négatives sur le secteur financier en général. Cette augmentation de la demande peut se traduire par des pressions inflationnistes, une appréciation du taux de change réel et une détérioration des déficits des transactions courantes.

Les autorités des pays en développement ne doivent donc pas précipiter l'ouverture de leurs marchés aux capitaux extérieurs. Ils doivent privilégier une déréglementation progressive, rationnelle et sélective puisqu'une entrée massive de capitaux étrangers sur ces marchés peut avoir des conséquences néfastes entraînant même l'effondrement de leurs systèmes bancaires et financiers. Les programmes d'ajustement structurel sous l'impulsion des institutions internationales permettent d'assure le développement des marchés boursiers des pays en développement d'où la nécessité de mettre en place des programmes de privatisation.

4.3. Les programmes de privatisation.

La vague actuelle de privatisation7 dans les pays en développement est la conséquence du manque de performance des entreprises publiques. En effet, la majorité des entreprises publiques8 ont subi de lourdes pertes financières entraînant pour l'Etat des déficits budgétaires importants. La recherche de l'efficacité de ces entreprises est subordonnée à la redynamisation de l'économie et de l'intégration dans l'économie internationale, à la promotion de l'investissement, à la hausse de leur compétitivité, à la réduction du déficit des finances publiques et à la redistribution des revenus.

Les programmes de privatisation peuvent avoir plusieurs retombées sur les économies des pays en développement notamment les pays d'Afrique. Ils permettent d'abord une réduction du poids de l'Etat dans l'économie en le libérant de l'obligation de soutien aux entreprises déficitaires et en lui fournissant à court terme des ressources financières, et ensuite de réaliser le transfert des entreprises publiques au secteur privé afin d'améliorer leur gestion et leur compétitivité.

La privatisation permet donc de réduire l'intervention directe des organismes étatiques dans le processus de la production, de diversifier le droit de propriété et d'introduire de nouvelles techniques de gestion des entreprises. Les ressources de l'Etat cessent d'être l'unique source de financement des entreprises et on voit se développer progressivement le sens de la propriété privée, de la libre entreprise et de la concurrence.

Le transfert de la propriété des entreprises issues de la planification vers le secteur privé est l'une des conditions principales de la mise en place d'une économie de marché. Ainsi, le développement du moment de privatisation conduit généralement au développement d'un marché boursier. Ce dernier constitue un support primordial pour la réalisation de certains objectifs assignés aux programmes de privatisation, principalement la diffusion la plus large possible des actions des entreprises privatisables.

7 La privatisation est le transfert total ou partiel d'activités relevant du secteur public au secteur privé.

8 Les entreprises publiques ont été créées pour investir principalement dans les secteurs stratégiques de l'économie.

Il existe une forte interaction entre la réussite des programmes de privatisation et la dynamisation des marchés boursiers. En effet, la privatisation permet de dynamiser le marché boursier. Ce dernier peut être considéré comme un canal, soit pour la mobilisation de l'épargne, soit pour l'attrait de capitaux extérieurs sous des formes non génératrices de dettes.

De ce fait, les programmes de privatisation sont très important pour le développement des structures financières efficaces et d'un marché boursier capable de remplir son rôle principal c'est-à-dire l'évaluation des entreprises en fonction de la demande et de l'offre de titres financiers. Les pays en développement en l'occurrence les pays en Afrique sub-saharienne qui veulent encourager l'essor de leurs marchés boursiers doivent impérativement favoriser les politiques de privatisation en vue de transférer l'épargne placée en obligation vers le marché des actions. Si la privatisation est considérée comme un facteur nécessaire au développement des Bourses des PVD, il y a tout de même lieu de s'interroger sur l'importante création des marchés boursiers en Afrique ces dernières années.

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