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L'agroforesterie en aquitaine

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par Benoà®t Gayaud
Université Bordeaux IV - Montesquieu - Master forêt et développement durable 2009
  

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B. En montagne :

La forêt privée des Pyrénées atlantiques en quelques chiffres :

Surface : 142 000 ha, les 2/3 de la surface forestière.

Propriétaires : 55 000

Surface moyenne : 2,6 ha

Principales essences : chênes 62 %, hêtre 15 %, châtaignier 9 %, résineux 3 %

42 Andrée Corvol, A plus d'un titre, France Culture.

Lors du stage que j'ai effectué entre le 1er Mai et le 31 juillet 2009 auprès du Syndicat des sylviculteurs des Pyrénées atlantiques j'ai pu observer le fonctionnement à l'échelle locale des organisations en rapport avec la forêt, des différentes sortes d'acteurs, etc. Et m'attacher à trouver une place pour l'agroforesterie.

Bien qu'il s'agisse d'un seul et même département il peut être divisé en deux pour des raisons pratiques : on distingue le Pays Basque d'une part et le Béarn d'autre part. Autour de cette division culturelle s'organisent toutes les revendications afférentes à ces deux cultures et cela se traduit jusque dans les activités économiques avec des organisations chargées de soutenir les secteurs de l'élevage et de la forêt ainsi que le tourisme uniquement sur des zones se rapportant à ces aires.

La forêt dispose de structures propre à l'instar du syndicat mais elle est toujours intégrée dans des ensembles plus vastes oü se prennent les décisions. Le syndicat couvre l'ensemble du département, sans distinction formelle entre ces deux aires et il participe tant à la vie interne du milieu forestier qu'à sa représentation au sein de collèges plus larges. Il est donc un acteur pivot, un relais entre la filière et d'autres secteurs économiques, un relais interne entre les propriétaires et les professionnels.

J'ai pu mesurer le travail qu'il demande pour représenter ses adhérents sur les différents fronts sur lesquels il se rend : manifestations, présence au sein des différentes réunions, assemblées générales, etc. la formation des propriétaires, des visites de terrain, des contacts avec d'autres syndicatsÉ

On trouve les organisations habituelles avec les antennes du CRPF, l'ONF, les différents services territoriaux de l'État : DDEA, Chambre d'agriculture, etc.

On trouve d'autres organisations qui travaillent sur l'ensemble du territoire auquel participe le syndicat. Par exemple le Centre d'Études Techniques et Économiques Forestières (CETEF) qui fournit des études et des conseils sur les techniques sylvicoles, il organise des campagnes de promotion, des formations pour les propriétairesÉ

Par ailleurs il publie en association avec le SSPA et l'association des communes forestières (COFOR) un journal d'informations à l'attention des forestiers et professionnels : Forêt 64 - Ç Boscs & Oihanak È43.

Ensuite il y a des structures similaires mais qui se répartissent au Pays Basque et dans le Béarn auxquelles les forestiers participent :

43 Disponible en annexe.

1. Au Pays Basque :

On trouve un organisme financé par le programme européen Leader+ qui vise à valoriser l'activité économique rurale par le FEADER44. Il s'appuie sur un texte, la Ç Charte de développement durable de la Montagne basque È, élaborée en 2007 par les acteurs de la montagne. Il s'agit de définir un ensemble de règles pour offrir un partage de la montagne conciliant les besoins de chaque secteur : pastoralisme, forêt, tourisme, environnement, chasse, pêche, communes, etc. Cela au regard des principes du développement durable, conciliant les enjeux économiques, sociaux et environnementaux.

Un exemple de réalisations de ce programme est de permettre aux petits producteurs locaux (biens alimentaires comme artisanaux) d'accéder aux technologies de l'information et de la communication en leur permettant de vendre par internet, d'informer et de communiquer sur leurs produits.

La forêt y est représentée à double titre puisqu'y siège des acteurs publics et privés. La création de cette organisation étant toute récente il n'y pas eu, pour l'instant, d'action spécifique à la forêt. Mais, comme pour tous les domaines présents, il est possible d'y soumettre un projet de réalisations visant à Ç pérenniser et renforcer la fonction économique de la forêt »45 et d'y demander un financement. Cette année encore beaucoup de structures internes à l'application de la charte se sont mises en place : des groupes de travail, une étude sur les attentes des différents membres. Il en ressort qu'ils souhaitent qu'elle ait un rôle de médiation servant à dialoguer, organiser, représenter, qu'elle finance et instaure un équilibre entre les acteurs, les utilisateurs et les travailleurs.

2. Dans le Beamn :

On trouve l'Institution Patrimonial du Haut-Béarn (IPHB) :

fondée sur Ç La Charte de Développement Durable des Vallées Béarnaises et de Protection de l'Ours È passée entre l'État et les acteurs locaux en 1994 en raison du besoin de protéger les derniers ours. Il est confié à l'IPHB son application qui consiste à gérer les ours et la faune et soutenir le développement socio-économique des vallées d'Aspe, d'Ossau et de Barétous.

Il rassemble les différents acteurs que sont les éleveurs, les forestiers, les chasseurs, les pêcheurs, les communes, les financeurs (l'État, la région, le conseil général).

Sa principale activité consiste au maintient de l'élevage transhumant par un soutien financier et matériel : installation des éleveurs, réfection des cabanes, mais aussi en réalisant des contrôles sanitaires sur l'eau. L'IPHB s'occupe aussi des infrastructures servant à la vente et à l'exportation d'agneaux de lait, il finance des mises aux normes et coordonne ces opérations pour permettre une intelligente répartition géographique des centres de collecte et d'allotement.

44 Fond européen agricole pour le développement rural.

45 2° objectif de la Charte de développement durable de la Montagne basque.

Ses réalisations concernant la forêt ne sont pas liées à de l'agroforesterie mais elles permettent une exploitation des forêts sur des parcelles choisies par leur intérêt stratégique (des habitations se trouve en dessous ou ce sont des zones de protection) en utilisant le débardage par câble. Là encore on retrouve une procédure d'instruction de dossier et d'approbation pour obtenir un financement. Ces forêts sont généralement publiques et gérées par l'ONF, qui a déterminé qu'un volume de 100 m3 de bois extrait assure un emploi sur la filière qui dispose de ce volume, à savoir des entreprises locales46. Ce système est en place depuis 2003, il est un premier cas d'utilisation de câble sur des parcelles publiques et la mesure conna»t un certain succès avec quelques chantiers déjà clos et beaucoup en attente. Ces chantiers seraient difficilement assumables financièrement par un opérateur privé en raison de leur longueur, ils sont bien souvent pluriannuels.

Dans les deux cas on a ces organisations regroupant les secteurs d'activité économique de montagne : tourisme, pastoralisme, forêt, pêche, chasse, des acteurs publics (les communes) et privés. Elles sont susceptibles d'agir en matière forestière et pourraient financer des plans agroforestiers.

Quid de l'agroforesterie ?

L'agroforesterie est présente de fait dans quelques situations : le CRPF recense en vallée des plantations à grand écartement avec des châtaigniers. Mais elles ne sont que des parcelles indicatives car cette essence conna»t trop de difficultés sanitaires (présence de chancre) pour résister. Les arbres subissent aussi des dégâts physiques, par les animaux ou les machines, et les peuplements diminuent. Les fiches oü le châtaignier est mentionné ne comportent pas un protocole détaillé avec des objectifs et des possibilités de mesurer les résultats. Un sylvopastoralisme fortuit. On a aussi des troupeaux qui parcourent les forêts dans le massif de la Rhune, on y trouve une population animale très dense. Les éleveurs de cochons noirs laissent les troupeaux dans des parcours sous les chênes. Il y aussi une importante population : vaches sauvages, chevaux, chèvres et le gibier avec les chevreuils et les sangliers

Mes recherches sur la présence de situation s'approchant de l'agroforesterie ont aussi connu un frein non négligeable par la période de départ en congés d'un certain nombre d'agents et la difficulté de joindre une autre partie de ceux encore en poste à la DDEA.

Ostabat :

De manière générale le département ne conna»t pas de parcelles véritablement agroforestières. Une expérience a eu lieu mais n'a pas été menée à terme. Elle est située au Pays Basque, sur la commune d'Ostabat-Asme. Elle est initiée par le CEMAGREF de

46 Le volume généralement constaté par chantier se situe entre 1000 et 2000 m3.

Clermont-Ferrand47 en 1987, alors très actif sur ces questions48. Le Pays Basque pose plusieurs problèmes liés à l'interaction entre la forêt, l'élevage et les pratiques d'écobuage et des feux pastoraux. Il s'agit de maintenir des milieux ouverts pour les troupeaux, leur permettre le libre parcours, éviter l'envahissement par des végétaux que les moutons ne consomment pas, mais il faut aussi prévenir les conflits que peuvent provoquer les feux qui toucheraient la forêt, éviter tous dégâts. Sur un plan technique il s'agit de planter des arbres de façon réfléchie pour permettre une récolte mécanisée des fougères pour la litière des troupeaux, une production fourragère de qualité, une production de bois.

La ma»trise d'oeuvre est confiée à l'ONF49.

Un préalable à l'installation a lieu avec des changements d'affectation de parcelles pour créer des unités plus grandes : le zonage est refait pour avoir une zone à vocation forestière, une zone agroforestière et une zone pastorale et agricole.

Les essences choisies sont : merisier, érable sycomore, noyer, tulipier, chêne rouge, chêne pédonculé, mélèze. Les densités sont à 50, 100 et 200 arbres/ha. L'installation se fait au printemps 1991. On essaye aussi des techniques de fertilisation du sol pour les arbres qui ne donnent pas de résultats probant.

Concernant le fourrage on ramasse les fougères et le fourrage sous les arbres. On tente des méthodes de plantation de fourrages par mélanges de variétés d'herbes en sursemis et piétinées régulièrement. Cet essai donne des résultats intéressant mais qui ne peuvent satisfaire l'objectif de pouvoir appliquer ce procédé dans une pratique extensive, recommandant trop de soins, sauf si la station concernée est à une altitude plus importante50.

Se pose un problème particulier qui concerne la protection des arbres durant leurs jeunes années. Pour éviter qu'ils soient abroutis par les troupeaux on les protège par un tube d'une hauteur de près de 2 mètres, le principal inconvénient venant de l'accumulation des feuilles dans le tube, provoquant le pourrissement de l'arbre. Ce problème est résolu avec des tubes dont la base est aérée par des trous. Toutefois, un problème insoluble subsiste avec les dégâts causés par les pottoks se frottant contre les jeunes plants et les cassant.

Mais l'expérience n'aboutira pas en raison d'un abandon par le CEMAGREF quelques
années après suite à des restrictions budgétaires, au milieu des années 90. Les traces

47 Contactés ils n'avaient aucune trace d'archives concernant cette expérience ni de personne l'ayant suivie disponible ou en encore en poste.

48 Sous l'impulsion de Jean-Luc Guitton, passé ensuite par le CRPF d'Auvergne, aujourd'hui adjoint à la Sous direction de la forêt et du bois au Ministère de l'Agriculture. http://lannuaire.service-public.fr/services_nationaux/service-national_171553.html

49 Dossier sur l'expérience d'Ostabat en annexe.

50 Les parcelles sont situées entre 180 et 300 mètres d'altitude.

subsistent mais les arbres ont poussé sans avoir été suivis, les résultats sont partiels. Sur le terrain on voit seulement une ébauche51.

Des travaux de plantation sont envisagés pour remplacer des arbres n'ayant pas pris et pour généraliser les essences ayant réussi leur implantation : les hêtres, tulipiers et chênes rouges. Les travaux d'élagage n'ont pas eu lieu, les arbres ne montreront pas leur potentiel.

L'absence de nouvelles expériences para»t dommageable pour la région qui affiche pourtant des potentiels pour le sylvopastoralisme. D'autant qu'aujourd'hui les zones mixtes font l'attention d'études particulières.

L'approche multi-usage :

Dans le cadre de la constitution d'un territoire Natura 2000 au Pays Basque j'ai pu assister à une réunion publique d'information sur une méthode employée pour faciliter la rédaction du DocOb52 encadrant ensuite les projets de valorisation du territoire53. Ce territoire est situé dans la vallée des Aldudes et touche plusieurs communes, couvre la Nive et longe la frontière espagnole. L'équipe chargée de rédiger le DocOb regroupe les différents acteurs du territoire sous la coupe d' Ç Etcharry formation développement È : le Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement, le CRPF, l'ONF, les centres départementaux d'éleveurs, la chasse, le tourisme. Chacun de ces représentants va inspecter le territoire et relever un maximum d'information, interroger les usagers, les habitants, etc. Ces informations sont croisées et permettent de dresser un diagnostic complet du vécu et des attentes des usagers envers leur territoire. Il permet de déceler et de prévenir les conflits entre les groupes et à l'intérieur des groupes sectoriels.

Ce diagnostic permet d'élaborer des propositions locales prenant en compte les besoins et les projets qui peuvent se faire à l'échelle de la zone Natura 2000.

Cette méthode inverse l'image habituellement présentée des territoires Natura 2000 percus comme uniquement descendant d'une sphère bureaucratique et posant des contraintes sans contrepartie. Elle s'est déjà appliquée à des échelles communales ou sur une partie de commune et conna»t une réussite gr%oce à la densité des informations relevées qui permettent de déceler les conflits d'usage dans les zones mixtes des territoires : sur les chemins des éleveurs empruntés par les touristes, aux frontières des forêts et prés, etc.

Cette approche inaugure une médiation qui se montre plus soucieuse des rapports avec le public pour valoriser les territoires et appliquer des politiques d'aménagement. Elle concilie les intérêts des différentes parties, permet un dialogue...

51 Essentiellement au sud du chemin qui borde les arbres les plus visibles, visible ici : longitude : 01° 03' 41" O latitude : 43° 16' 17" N

52 Document d'objectifs.

53 Voir le dépliant en annexe.

Figure 12 : La zone Natura 2000 de la vallée des Aldudes. Source : Dominique Duplantier

Avec un objectif de prévention de conflits il pourrait y avoir la création de parcelles sylvopastorales dans des zones fréquentées et nécessitant de meilleures productions fourragères, un autre régime d'eau, une qualité environnementale à défendre, etc. Il faudrait alors se concerter sur les terres à affecter, en fonction des observations locales, de l'ensoleillement, discuter d'un choix d' essences en fonction des objectifs (types de bois et sa destination, l'ombrage offertÉ) et des contraintes liées au sol, aux essences autochtones. Il est possible d'employer des clTMtures pour zoner le parcours des troupeaux, permettre la pousse.

D'un point de vue plus technique, si l'on s'appuie sur l'optique de la taxation du carbone :

1 brebis = 25g/jour de méthane = 0,19 TCO2/an. Une prairie est Ç durable È (sans émissions) avec 19 brebis/ha, une prairie agroforestière avec 52 brebis/ha54.

54 C. Dupraz, Une agroforesterie française.

Au final on constate que l'absence de cultures agroforestières en Aquitaine tient à des raisons
apparemment techniques, dans les Landes, mais aussi à l'absence de politique nationale, même régionale. Elle ne fait pas partie des préoccupations des politiques locaux, n'ayant pas

trouvé d'implantation. Pourtant avec la perspective récemment ouverte de la taxation des émissions de carbone par la commission Contribution climat énergie55, qui rentre dans le cadre du processus du protocole de Kyoto, qui verra son avenir assuré ou (pas ?) lors de la conférence de Copenhague en décembre 2009, on pourrait y voir un puissant levier à s'investir dans les expériences agroforestières pour arriver à un solde neutre, voire même envisager de faire de l'Aquitaine un puits de carboneÉ

Le manque de recherche sur les possibilités d'implanter des parcelles d'élevages ou agricoles avec des pins sont insuffisantes pour arriver à des résultats définitifs. Et l'on peut répandre ces pratiques dans les parties feuillues. La carte (p.21) le montre : la France possède d'importantes surfaces pouvant être converties.

Aujourd'hui que les aides PAC tolèrent la présence d'arbres, limitée à 50 individus/ha, l'agriculture peut faire un pas en direction de l'agroforesterie. Les agriculteurs ou éleveurs peuvent placer un capital dans une formation boisée. Il manque la même démarche allant de la forêt vers l'agroforesterie : sur des plantations proches de la maturité, lorsque la densité est faible on pourrait installer des cultures ou des troupeaux. Il pourrait y avoir un mécanisme permettant une conversion en parcelle agroforestière, qui reviendrait à diminuer la densité, par une compensation au niveau de cette densité en étendant la surface. La population restant la même mais sur une surface plus grande. La parcelle agroforestière serait sur des terres agricoles et forestières mitoyennes.

Pour une réelle politique agroforestière le volet économique n'est pas à négliger, sa réussite est nécessaire mais pas prioritaire. On le voit dans le cas de la tempête Klaus : sans possibilité d'aspiration par les marchés du bois à terre la forêt est en péril face au risque incendie, aux inondations, sans même que l'on se soit intéressé au problème du carboneÉ Et le tissu industriel est tout autant fragilisé, les emplois menacés.

55 Elle est un des volet du Ç Grenelle de l'environnement È. Présidée par M. Rocard elle réunit des experts et a rendu son rapport en juillet 2009.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle