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L'imposition des cultures de rente dans le processus de formation de l'etat au cameroun (1884-1914)

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par Sandrine Carole TAGNE KOMMEGNE
YAOUNDE 2 - SOA / CAMEROUN - Diplome d'Etude Approfondie en Science Politique 2006
  

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2. Du rapport à la terre à la densification des relations commerciales et à la transformation de la notion de richesse avant l'avènement de la colonisation

Ici, notre souci est de montrer comment la transformation de la notion de richesse va participer à la construction de l'Etat camerounais. Pour cela, nous verrons le rapport à la terre de certaines sociétés traditionnelles et comment il configurait les strates sociales ; ensuite, nous allons faire ressortir le fait que le commerce offrait une autre source de richesse et par là, un autre moyen de se repositionner dans l'échiquier social. Cette organisation de la société va pousser certains membres de ces sociétés à pratiquer le commerce car étant dans la recherche des biens pouvant leur permettre d'acquérir une meilleure position dans la société. Cette situation va prédisposer certaines populations à accepter l'ordre allemand.

a. Du rapport à la terre à la densification des relations commerciales

« In the traditional system, land-tenureship was not highly considered since production on a given terrain was seasonal and never as long lasting or permanent as it is the case with the plantations» pense Gwanfogbe Mathew. La terre était une propriété commune dont la jouissance était régulée par les chefs. Cette organisation de la terre était connue par les Allemands. Ceci est clairement énoncé dans la circulaire du gouverneur Seitz touchant la procédure à suivre dans la conclusion de contrat de vente et de location de parcelles foncières du 18 avril 1910. En effet, il dit ceci :

"J'indique à ce sujet que les indigènes ne connaissent pas partout la propriété individuelle d'un particulier sur le sol, mais beaucoup plus souvent la propriété de la collectivité, et qu'il est donc en conséquence recommandé, dans l'intérêt de l'affermissement incontestable des circonstances de la propriété, de viser au contrat, en outre du chef, les habitants du village considéré et de les mentionner nommément au procès verbal. "6(*)

Ceci montre clairement que, bien que n'ayant pas la même approche de la propriété que celle des Allemands, les terres du Cameroun n'étaient pas des terres vacantes et sans maîtres. Le nomadisme qui caractérisait certains de ces peuples relativisait beaucoup leur attachement à un terrain donné. Même chez les peuples sédentaires, l'agriculture de type itinérante ne favorisait pas un attachement particulier à la terre. Celle-ci n'était considérée que comme un facteur de production qui existait en abondance. Toutefois, ceci ne signifie pas que ceux-ci ne possédaient pas l'idée d'une propriété terrienne. En effet, la terre « n'est ni la propriété, ni la négation de la propriété. C'est autre chose » dit P. DARESTE.

« Globalement, la terre n'était susceptible d'appropriation individuelle. Elle était un bien collectif, la chose d'un groupe social déterminé, et l'individu n'avait de droits sur la terre que par son appartenance à ce groupe social », (Mbome 2000 : 58).

Bref, la terre, élément incontournable de la richesse ou de la pratique de l'agriculture qui était l'activité essentielle de certaines sociétés traditionnelles, reposait sur une certaine organisation. Elle jouait un rôle essentiel dans la stratification sociale. En effet, dans des sociétés Bamiléké de l'ouest-Cameroun par exemple, l'unité de production de base est l'exploitation familiale. L'exploitation familiale se constitue à travers l'allocation des facteurs de production (terre) qui est attribué par :

« Le chef ou un chef de la terre aux chefs de lignage et par leur biais aux chefs de famille qui la redistribue au sein de leur famille. L'accès à la terre dépend donc des relations familiales avec le détenteur de la terre (...) En principe, l'accès à la terre est libre et le chef de famille a l'obligation d'attribuer la terre selon les besoins, ce qui signifie selon le type de travail disponible. Il est cependant souvent coutume ou même obligation de faire un don à la personne attribuant la terre », (Fark-Grüninger 1995 : 32).

Cette différenciation sociale fait que le chef de lignage ou de famille, intermédiaire entre le roi distributeur des terres et l'économie familiale, devient très influent sur la prospérité familiale. Le contrôle de « l'allocation » des terres est une question de pouvoir. On observe donc au sein de l'exploitation familiale l'instauration d'un réseau de don et contre-don qui s'étend.

Il existait bel et bien une stratification sociale basée sur la richesse. Toutefois, bien que la position sociale soit en partie déterminée d'avance héréditairement, cette ascension est aussi possible grâce à un certain succès économique d'où l'attrait du commerce. Cette situation prédisposera certains acteurs locaux à accepter l'ordre allemand car voyant un possible profit.

Le commerce obéissait à une logique. Comment s'effectuera les relations commerciales ? Comment celles-ci influenceront-elles la notion de richesse dans les sociétés camerounaises ?

* 6. ANY, TA 22 et bis, Circulaire du Gouverneur touchant la procédure à suivre dans la conclusion de contrat de vente et de location de parcelles foncières du 18 avril 1910.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery