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L'imposition des cultures de rente dans le processus de formation de l'etat au cameroun (1884-1914)

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par Sandrine Carole TAGNE KOMMEGNE
YAOUNDE 2 - SOA / CAMEROUN - Diplome d'Etude Approfondie en Science Politique 2006
  

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B. LE BALBUTIEMENT SUBSEQUENT DE L'ENGAGEMENT DE BISMARCK ET DE CAPRIVI DANS LES CONQUETES COLONIALES

Parlant de l'exploitation des terres du Cameroun, Harry RUDIN dit «that in 1884 the exploitation of the country by plantations had not been the primary intention of the Germans», (Ardener E., Ardener S., Warmington 1960: 30). En effet, durant le règne de Bismarck, il n'existait presque pas d'instruments juridiques, politiques, administratifs démontrant un engagement du pouvoir allemand au Cameroun. Ceci ne veut pas dire que les Allemands n'entreprenaient aucune oeuvre garantissant leur pouvoir. Au contraire, on note qu'en 1889, un jardin botanique avait été crée sur l'initiative du gouverneur Julius von Soden pour soutenir l'aménagement des plantations de cacao, et étendre ainsi, peu à peu, le champ des expériences agricoles (Etoga Eily 1971 : 191).

Par ailleurs, quoiqu'ayant un enthousiasme modéré, la gestion du protectorat du Cameroun sera différente sous le chancelier Caprivi. Toutefois, les deux règnes seront marqués par une politique non agressive de l'empire dans ses colonies. Cette quasi absence eut des répercussions sur l'acquisition des terres, une centralisation du pouvoir de la part des autorités de Berlin.

1. La centralisation du dispositif institutionnel

Les fonctions du gouverneur des colonies étaient très limitées. Dès 1886, la «constitution coloniale» stipule que « le gouverneur signe des ordonnances pour organiser l'administration générale. Mais pour être promulguées, ces ordonnances doivent être soumises à l'approbation du chancelier » (Ngongo 1987: 47). Cette limitation du pouvoir des autorités coloniales qui devaient généralement attendre les ordres de l'Allemagne a contribué à l'ineffectivité du pouvoir politique allemand au Cameroun. Cette centralisation a eu des conséquences sur les décisions des gouverneurs comme ce fut le cas de von Soden, gouverneur du Cameroun de 1885 à 1891. En effet, voulant que l'administration intervienne dans la gestion des programmes scolaires, Von Soden avait essayé dans les années 1890, de faire admettre un programme uniforme par toutes les sociétés missionnaires en présence. La tentative buta à la volonté unanime des missions d'éviter toute ingérence administrative dans l'enseignement de l'instruction religieuse (Essiben 1980 : 37). L'administration ne fit rien pour régler le problème. Il faudra attendre les années 1900 pour que cette dernière, dans le souci de se procurer une main-d'oeuvre qualifiée, trouve cette ingérence indispensable. Du fait que le langage est un élément primordial dans la socialisation des populations, cette absence de soutien aux initiatives du gouverneur montre bien que sous les règnes de Bismarck et Caprivi, il n'existait pas encore de véritable volonté politique allemande de posséder des colonies et encore moins de s'y engager financièrement. Cette situation va influencer la mise en place d'une administration effective au Cameroun.

La présence des décideurs étant moindre, certaines populations du territoire n'étaient pas encore entrées en contact direct avec l'administration allemande. Ceci fait qu'on se retrouve avec des pans du territoire où les institutions politiques traditionnelles ont encore tout leur pouvoir et par conséquent avec des micros Etats. Ce laxisme eut des conséquences sur l'acquisition des terres à cette époque.

2. L'abandon progressive de la spéculation foncière et l'acquisition des plantations par les Allemands

Sous le gouverneur von Soden qui a servi sous les ordres de Bismarck et Zimmerer (1891-1895) qui a servi sous le chancelier Caprivi, il n'existe pas de système défini pour l'acquisition des terres (Ardener et al 1960 : 311). L'acquisition des terres se négociait directement avec les autochtones. Ces derniers ne maîtrisant pas le système monétaire allemand se faisaient tromper. Il va falloir attendre les années 1896 pour voir l'institution de la commission foncière qui régira les transactions concernant les terres entre les populations natives et non-natives. Avant l'arrivée de celle-ci, les abus étaient tellement exagérés qu'en

«1889, Gustav MEINECKE, qui assurait depuis 1884 le Secrétariat général de la Ligue Coloniale et la rédaction de son organe officiel de presse, la «Deutsche Kolonialzeitung«, démissionna de son poste et entama un combat à peine voilé contre les mandarins de la ligue. Dans son ouvrage: Wirtschaftliche Kolonialpoloti, publié en 1900, il porta des attaques directes contre ses anciens patrons, et proposa une réforme profonde de toute la gestion coloniale ».

C'est durant cette époque où régnait les spéculations foncières que certains opérateurs économiques allemands vont acquérir d'immenses espaces. Ce sera le cas d'Adolph Woermann, homme d'affaire, membre du Reichstag et grand investisseur dans le territoire du Cameroun, qui va créer la Gesellschaft sud-kamerun. Il siégeât au Reichstag de 1884 à 1890 et sa seule préoccupation fut « de dégager ses affaires de tout frein législatif, étant donné qu'à cette époque, le grand nombre des membres du Reichstag ne demandaient qu'à voir toute tentative de colonisation sombrer dans un complet échec », (Etoga Eily 1971 : 139). C'est ainsi que ceux qui avaient des profits dans les colonies faisaient partie pour la plupart de la Ligue Coloniale12(*) comme:

* Wohltmann, Expert agricole, éditeur du magazine Der Tropenpflanzer et parmi les membres influents du conseil économique de la Deutsche kolonialgesellschaft, il acquit en 1885 les terres des natifs de Bimbia (Gwanfogbe 1975 : 28) ;

* Docteur Julius Scharlach, avocat, membre influent du conseil économique de la Deutsche kolonialgesellschaft, actionnaire dans plusieurs sociétés coloniales telle la Gesellschaft sud-kamerun ;

* Thormählen, commerçant bien connu, membre du comité économique de la Deutsche kolonialgesellschaft et propriétaire des terres de la côte de Bakoko en 1885(Gwanfogbe 1975: 28).

Toutefois, avec l'arrivée du chancelier Chlodwig zu Hohenlohe-schillingsfürst en 1894, on passe à une politique coloniale plus agressive qui s'observe par le biais des initiatives coloniales. En effet, en 1894, le gouverneur Zimmerer commence une supervision stricte des transactions terriennes (Ardener et al 1960 : 312). Le règne de ce nouveau chancelier ira de pair avec ceux d'hommes politiques et administrateurs coloniaux partisans de sa vision tel Jesko von PUTTKAMER, qui sera plus tard gouverneur. C'est sous le chancelier HOHENLOHE-SCHILLINGSFÜRST que l'empire allemand commencera à édicter des règles juridiques organisant l'exploitation des cultures de rente au Cameroun. Nous verrons donc comment son arrivé permettra aux Allemands d'instaurer leur pouvoir politique et d'assurer la régulation sociale de ce vaste espace.

* 12 Défendant l'idée d'une unité culturelle allemande transcendant les frontières, cette ligue contribuera dans une certaine mesure à une croissance du pourcentage des populations allemandes dans le protectorat du Cameroun.

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