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Impacts socioeconomiques du projet de pipeline Tchad-Cameroun le long du corridor dans la province du centre (Cameroun)

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par Bertrand Junior NDJESSA BESSALA
Université de Dschang - Ingénieur agro-socio-economiste 2002
  

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Chapitre 4

RESULTATS : PRESENTATION, ANALYSE ET DISCUSSION

4.1- DESCRIPTION DE L'ECHANTILLON DES RÉPONDANTS RIVERAINS DU PIPELINE

L'un des critères de classification des riverains qui nous a paru plus pertinent est l'âge des personnes dont les parcelles ont été détruites. Comme nous le verrons plus loin, la reconquête des superficies détruites par le pipeline sera fonction de la force de travail des riverains. Ainsi, plus la victime sera jeune, plus elle sera disposée à replanter.

La répartition des répondants par tranches d'âge a révélé que peu de répondants (4%) étaient dans la tranche d'âge de 30-39 ans. 66% des répondants avaient un âge compris entre 40 et 59 ans. Les personnes de plus de 60 ans (environ 30% de l'échantillon) pourraient ne plus replanter leurs parcelles par manque de la force de travail.

4.2 : PRESENTATION DES RESULTATS 

L'objectif global de cette étude est d'identifier et de décrire les impacts socio économiques du projet pipeline Tchad-Cameroun sur les populations riveraines. Pour atteindre cet objectif global, il s'agit plus spécifiquement d'identifier et de décrire l'impact du projet pipeline sur :

1- les surfaces agricoles le long du corridor du pipeline ;

2- la production agricole le long du corridor du pipeline ;

3- le revenu des riverains du pipeline;

4- l'emploi et la formation des populations riveraines du pipeline;

5- les infrastructures d'éducation et de santé  le long du corridor du pipeline;

6- la prévalence des maladies au sein des populations riveraines du pipeline.

4.2.1- Impact du projet pipeline sur les surfaces agricoles

Du fait des activités de construction et de l'installation de l'oléoduc du projet pétrole tchadien, certaines personnes ont perdu leurs terres et plantations. Le plan de compensation prévoyait une compensation en espèce et/ou en nature pour la perte des terres, des cultures et autres ressources ou mises en valeur. Les compensations devaient permettre aux bénéficiaires d'aller coloniser d'autres espaces et y installer de nouvelles plantations semblables à celles détruites.

L'excavation pour enterrer l'oléoduc devait nécessiter l'enlèvement de la couche arable, réduisant ainsi la capacité de développement de la végétation. Pour atténuer cet impact, le terrain devait en principe être restauré après les travaux du pipeline pour le rendre disponible à une utilisation future par les riverains. Toutefois les cultures à enracinement profond étaient proscrites sur le corridor du pipeline. Les riverains ne pouvaient planter sur cette partie de l'emprise du pipeline que des cultures à enracinement peu profond et à cycle de production court. Toutes ces mesures devaient concourir à réduire l'impact du projet pipeline sur les surfaces agricoles cultivées.

L'objectif spécifique 1 de cette étude était d'identifier et de décrire l'impact du projet pipeline sur les surfaces agricoles. Les résultats obtenus révèlent que le projet pipeline a détruit dans la province du Centre une superficie de 63 Ha du verger cacaoyer, principale culture de rente des populations rurales dans cette province. Au niveau des cultures vivrières, une superficie de 34 Ha a été détruite. Le tableau 3 illustre les variations observées après l'exécution du projet pipeline Tchad-Cameroun.

Tableau 3 : Variations observées sur les surfaces agricoles

Nature des cultures

Surfaces totales détruites par le projet pipeline (Ha)

Surfaces totales refaites par les riverains du pipeline (Ha)

Changement absolu

Pourcentage

Plantation de cacao

Cultures vivrières

63

34

27 

18,4

- 36

- 15,6

- 57

- 46

Dans ce tableau, il ressort que les riverains du pipeline n'ont pas replanté en totalité les parcelles cacaoyères détruites. Sur 63 Ha détruits le long du corridor dans la province du Centre, seulement 27 Ha ont été refaits. Il en est de même avec les cultures vivrières où 34 Ha ont été détruits et 18,4 Ha ont été replantés par les riverains. Le tableau 4 indique la replantation des parcelles détruites par groupe d'âge.

Tableau 4 : Replantation des parcelles détruites par groupe d'âge

 

30-39 ans

40-49 ans

50-59 ans

60-69 ans

+ de 70 ans

Effectif total

Ont refait un champ

Pourcentage

5

5

100

32

19

59

47

23

49

26

9

35

10

3

30

On peut constater que le pourcentage de replantation de nouvelles parcelles est inversement proportionnel aux classes d'âge. La courbe serait donc descendante de 100% à 30%. Au fur et à mesure qu'on tend vers le troisième âge, le pourcentage de personnes qui ont refait une nouvelle plantation diminue. Cette situation se justifierait par le fait que les hommes du troisième âge n'ont plus assez de force pour cultiver un champ.

Près de 90 % des ménages riverains font des cultures maraîchères et vivrières sur l'emprise du pipeline et cela se justifierait principalement parce qu'ils n'ont plus de nouveaux espaces pour coloniser. Cependant 85% se plaignent de mauvais rendements sur le corridor du pipeline et la mort des cultures pérennes qui y sont proches. La principale cause des mauvais rendements est la mauvaise qualité de l'horizon de surface, selon 60 % de ces ménages. La restauration du sol a été très mal faite après que l'on ait enfoui le sous-sol. La terre arable a été déstabilisée et doit prendre du temps pour se reconstituer. 10% affirment avoir abandonné la culture sur l'emprise à cause de cette baisse de rendement.

Les champs des riverains du pipeline ont été détruits sans qu'aucune politique d'accompagnement des agriculteurs pour la mise en place de nouveaux champs n'ait véritablement été conçue. Le résultat palpable aujourd'hui est la réduction des surfaces agricoles, et surtout la perte pour de nombreux agriculteurs des plantations créées avec une assistance extérieure (Projets étatiques de développement agricole). Ces plantations perdues leur assuraient un revenu permanent.

4.2.2- Impact du projet pipeline sur la production agricole

La production agricole est la principale source de revenu des ruraux d'une part et d'autre part elle est utilisée pour l'autoconsommation. Une baisse ou une hausse de celle-ci a respectivement des conséquences négatives ou positives sur leur niveau de vie.

L'objectif spécifique 2 de cette étude était d'identifier et de décrire l'impact du projet pipeline sur la production agricole. Le tableau 5 illustre la perception de l'évolution de la production agricole des riverains :

Tableau 5 : Perception de l'évolution de la production par des riverains du pipeline

 

Augmentée

Inchangée

Diminuée

TOTAL

Effectif

Pourcentage

4

3

43

36

73

61

120

100

Dans le tableau ci-dessus, la majorité de riverains disent que leur production est en baisse. Parmi ceux-ci, 82% de riverains du pipeline estiment que leur production a baissé parce qu'ils n'ont pas refait de nouvelles parcelles, 7% à cause des inondations dues aux eaux que COTCO a canalisées dans leurs plantations et 10% parce que les plantations qu'ils ont mises en place sont encore jeunes.

Ce résultat confirme celui obtenu à l'objectif spécifique 1. Ceci dans la mesure où les populations riveraines du pipeline n'ont pas refait la totalité de leurs parcelles détruites. Il va donc de soi qu'aujourd'hui, une baisse de la production soit observée. Il est identique à celui que Simery (2007) a obtenu au Nigeria dans la région d'Ogoni Land. Il rejoint également celui de Petry (2004) au Tchad dans la région de Doba. Petry et Simery ont chacun constaté la baisse de la production dans les deux régions pétrolières ci-dessus citées.

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