4.2.3- Impact du projet pipeline sur le revenu des
riverains
Le revenu est l'élément qui donne le pouvoir
d'achat. Il permet à tout individu de pouvoir satisfaire les besoins
physiologiques, les besoins de sécurité, les besoins d'estime,
les besoins d'appartenance, etc.
L'objectif spécifique 3 de cette étude
était d'identifier et de décrire l'impact du projet pipeline sur
le revenu des riverains. Le tableau 6 illustre les variations
observées sur les revenus des riverains.
Tableau 6 : Variations observées
sur les revenus des riverains
Groupe
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Revenu moyen avant le projet (F.CFA)
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Revenu moyen après le projet (F.CFA)
|
Changement absolu
|
Pourcentage
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Groupe riverain (120)
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690.875
|
558.050
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- 132.825
|
- 19
|
Dans ce tableau, il en ressort que le revenu moyen des
riverains du pipeline a connu une baisse de 19%. 95% de riverains du pipeline
estiment que la réduction des surfaces cultivées est la cause de
la baisse des revenus et 5% estiment que la baisse des revenus est due à
la vieillesse des plantations.
Les riverains du pipeline n'ont pas réinvesti leurs
compensations dans l'agriculture. L'argent reçu par eux a plutôt
servi pour les mariages, la construction des maisons, les soins de
santé, etc. Cet argent leur a permis d'améliorer à court
terme leur niveau de vie. Ce résultat confirme celui de Horta (2003).
Cette dernière constatait déjà en 2003 que des populations
mal préparées ont reçu des grandes sommes d'argent
auxquelles elles ne sont pas habituées. Celles-ci, ajoute-elle, avaient
pu augmenter leur train de vie pendant quelques temps et ensuite elles ont
sombré dans la pauvreté.
Les principales sources de revenu des populations rurales de
la province du centre sont entre autre la vente du cacao, la vente des cultures
vivrières, la vente des cultures maraîchères, la vente du
vin de palme ou de raphia et la vente des «bâtons de manioc».
Le tableau 7 illustre les différentes variations intervenues dans les
communautés riveraines du pipeline suite à l'installation de
l'oléoduc.
Tableau 7 : Variations observées
au niveau des sources de revenus moyens annuels
Sources de revenu
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Revenu moyen annuel par riverain avant le projet
pipeline (F.CFA)
|
Revenu moyen annuel par riverain après le projet
pipeline (F.CFA)
|
Changement absolu
|
Pourcentage
|
Vente du cacao/café
Vente des cultures vivrières
Vente du vin de palme
Vente des cultures maraîchères
Revenu de la vente des bâtons de manioc
|
208.400
108.170
80.795
113.295
61.145
|
166.050
98.335
72.545
90.805
58.500
|
- 42.350
- 9.835
- 8.250
- 22.490
- 2.645
|
- 20
- 9
- 10
- 20
- 4
|
Les revenus de la vente de cacao et des cultures
maraîchères ont subi une baisse importante (20%). Le cacaoyer est
la culture qui a été la plus touchée dans le tracé
du pipeline. Il est plus cultivé dans la province du Centre où il
constitue la principale source de revenu des populations. La baisse des revenus
de cacao s'expliquerait donc par la réduction des surfaces jadis
exploitées. Même si certaines personnes ont replanté les
cacaoyers, ces derniers ne sont pas encore entrés en production. Les bas
fonds que les populations utilisaient pour le maraîchage en saison
sèche ont été transformés soit en lacs ; soit
tout simplement rendus inutilisables à cause de la remontée en
surface des horizons de profondeur lors des travaux du pipeline. Actuellement
la plupart des maraîchers ne font plus les cultures de contre saison.
Cette situation expliquerait donc la baisse observée dans les
revenus.
La baisse des revenus de la vente du vin de palme
s'expliquerait par le fait que les populations de la province du Centre
exploitent les palmiers « sauvages » pour extraire le vin
de palme, or de nombreuses colonies de palmiers «sauvages» ont
été détruites lors du passage du projet pipeline.
L'étude révèle que 5 050 pieds de palmiers sauvages ont
été détruits par le projet pipeline soit 35 Ha.
Le «bâton de manioc» est une denrée
très sollicitée dans les marchés de la province du Centre
et surtout dans les marchés de Yaoundé. A cet effet, dans les
villages de nombreuses familles ont adopté l'activité de
transformation du manioc en «bâton de manioc». Celle-ci, dans
certaines familles, est la deuxième source de revenus. Elle va
jusqu'à occuper la première place dans certains ménages
où la femme est chef de ménage. La baisse des revenus
observée serait due à la baisse de la production du manioc. Les
ménages n'avaient plus d'espace pour coloniser et faire de nouvelles
parcelles de manioc ; ce qui fait qu'aujourd'hui la production de manioc
des riverains ne leur permet plus de transformer de grandes quantités de
manioc en bâton pour vendre, sous peine que le ménage sombre dans
la disette.
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