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La culture Vodoun dans la promotion du développement social, culturel et economique à  Abomey

( Télécharger le fichier original )
par Mitondé Jérémie ANATO
Université d'Abomey Calavi/ Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport (UAC / INJEPS) - Administrateur d'Action Sociale et Culturelle 2008
  

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REPUBLIQUE DU BENIN

UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI INSTITUT NATIONAL DE LA JEUNESSE DE

(UAC) L'EDUCATION PHYSIQUE ET DU SPORT

(INJEPS)

SCIENCES ET TECHNIQUES DES ACTIVITES

SOCIALES ET EDUCATIVES (STASE)

Option : Développement Communautaire

THEME

LA CULTURE VODOUN DANS LA PROMOTION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL, CULTUREL ET ECONOMIQUE A ABOMEY

Présenté par :

Jérémie Mitondé ANATO

Email : afridivin@yahoo.fr cel : + 229 90 66 97 87

Sous la direction de :

Monsieur Bienvenu A. AKOHA Monsieur Pascal DAKPO

Professeur de linguistique (UAC) Docteur en STAPS

Maître de Conférences à la FLASH Socio-anthropologue

Maître-assistant des Universités

Enseignant-chercheur à l'INJEPS/UAC

Soutenu publiquement le Mardi 14 Octobre 2008 avec Mention Très bien

10ème Promotion

Octobre 2008

LA CULTURE VODOUN DANS LA PROMOTION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL, CULTUREL ET ECONOMIQUE A ABOMEY

LA CULTURE VODOUN DANS LA PROMOTION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL, CULTUREL ET ECONOMIQUE A ABOMEY

LA CULTURE VODOUN DANS LA PROMOTION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL, CULTUREL ET ECONOMIQUE A ABOMEY

« Tant le capitalisme que le socialisme... se sont montrés impuissants à arracher la majorité de notre peuple de la misère... Et la question culturelle se pose en ces termes : existe-il une autre solution, une solution qui nous serait propre ? Ne possédons-nous pas la tradition, l'imagination, les ressources intellectuelles et organisationnelles pour élaborer nos propres modèles du développement, en accord avec la vérité de ce que nous avons été, de ce que sommes et de ce que nous voulons être, responsables devant les sociétés civiles qui se sont développées dans nos pays depuis la base et la périphérie ? »

Carlos Fuentes, La socialization de la politica desde abajo, Ventana (Nicaragua), 12 novembre 1990.

SOMMAIRE

Sommaire ii

Dédicaces iii

Remerciements iv

Abréviations, Sigles et Acronymes vi

Liste des tableaux vii

Introduction 8

PREMIERE PARTIE: PROBLEMATISATION DE LA RECHERCHE 1

1.1. Revue de littérature 11

1.2. Définition de concepts 15

1.3. Cadre théorique 19

1.4. Problématique 21

1.5. Hypothèse 22

1.6. Objectifs 22

DEUXIEME PARTIE : CONTEXTE GENERAL DE LA RECHERCHE 1

2.1.Cadre physique, géographique et administratif 24

2.2.Cadre humain, socioculturel et économique 25

2.3.Présentation institutionnelle 27

TROISIEME PARTIE : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 1

3.1. Population 30

3.2. Procédures de collectes de données 31

3.3. Choix des techniques d'enquête 32

3.4. Déroulement de l'enquête 33

3.5. Choix des localités des enquêtés 34

3.6. Traitement des données 34

3.7. Difficultés rencontrées 35

QUATRIEME PARTIE : PRESENTATION DES RESULTATS ET ANALYSES 1

4.1. Présentation des résultats 37

4.2. Analyse des résultats 47

Conclusion 55

Références bibliographiques 56

Table des matières 58

DEDICACES

A

Mes chers parents

Rosaline YENOU-ZINHOUE, Emilienne OBINAYEDE et Albert Kpéougnon ANATO.

Ils ont pu réaliser très tôt que le seul moyen de faire de moi un homme libre et valable dans la société de demain est de m'envoyer à l'école. Cet engagement, ils l'ont respecté jusqu'à l'étape actuelle de ma vie.

Par ce travail, je voudrais leur rendre hommage. Ils voudront bien trouver dans cette réalisation, le fruit de leurs efforts.

Je vous dédie ce mémoire

REMERCIEMENTS

Nous tenons sincèrement à remercier et exprimer notre reconnaissance et notre profonde gratitude à toutes les personnes qui ont apporté leur contribution à la réalisation de cette oeuvre.

Nous pensons particulièrement à :

Monsieur Bienvenu AKOHA

Vous me connaissiez à peine mais malgré cela vous avez mis vos temps de repos au profit de nos dérangements. Vos multiples éclairages m'ont permis de vaincre mes difficultés. Soyez assuré de notre profonde reconnaissance.

Monsieur Pascal DAKPO

Malgré vos multiples occupations, vous avez dirigé jusqu'au bout mes travaux. Soyez cher professeur, assuré de ma profonde reconnaissance.

Monsieur Janvier HOUNLONON et son épouse

Recevez à travers ce travail l'expression de mon profond respect.

Mémé Anastasie BALADJA :

La réalisation de ce mémoire n'aurait été facile sans le soutien matériel que vous avez mis à ma disposition et l'assistance que vous m'avez apportée dans ma vie. Soyez assuré de ma profonde gratitude.

Nos remerciements vont également à l'endroit :

de Monsieur Pierre H. DANSOU, Directeur de l'INJEPS et à tout le personnel administratif de l'INJEPS, à Monsieur Adam KPENOUKOUDEHOU.

de tous les professeurs de l'INJEPS.

de tous mes camarades de la 10ème promotion de Jeunesse et Animation pour votre sympathie et votre soutien. Ce mémoire n'est que le début d'un périple de recherche scientifique.

de tous mes frères et soeurs, Nonkouhoué Estelle, Biowa Marcel Usher, Baï Sophie Mireille, Hodonou Ange-Yves, et Dodji Judith qui n'ont ménagé aucun effort pour m'apporter leurs soutiens sur tous les plans. Puisse cette oeuvre vous édifier et vous montrer que le travail est le début et la fin de toute chose. Recevez ici mes sincères considérations pour l'aboutissement du travail qu'ensemble nous avons abattu.

de mes oncles et mes tantes Hélène, Bertin, Dominique, Cyrille, Cécile, Marie-Claudine, Dossou Maurice et Janvier.

De mes grands-mères pour ce que vous avez été pour moi, recevez à travers ce travail toute ma gratitude et ma reconnaissance.

A mon Feu grand-père pour ce qu'il a été. Daigne ce mémoire témoigner de ce que tu m'avais dis quelques heures avant ton décès : « mon fils, seul le travail libère l'homme.»

A Timothée LOHOU et son épouse : votre sens de collaboration m'a rendu un grand service à travers lequel je ne pourrai jamais vous oublier. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi.

A mesdemoiselles Angèle BOKO-YAHA, Sandra YANDAH, Elodie TAFETI, Olive FAGNISSE, Carine HOUNTCHEME, Rose GNANCADJA, Kassirath LAWANI, Poliane TIKO, Espérance THON, Alida HOUNLONON, Martine MITOKPE.

A tous mes amis : Hugues, Mansourou, Ignace, Ange-Michel, Iboukoun, Théophile, Elisé, Valentin, Cyriaque, Rodrigue. Merci pour votre soutien inconditionnel.

A Adeline : puisse ce mémoire te montrer une infirme partie de ce que tu désires tant savoir et te prouver toute la richesse de la culture Béninoise.

A Bonaventure VISSOH : ton indéfectible soutien dans l'élaboration de ce mémoire m'a été hautement salutaire, reçois-en mes chaleureux hommages.

A tous les étudiants de l'INJEPS et toutes les personnes ayant participé a l'échantillonnage, merci pour votre contribution et collaboration.

A ma bien aimée Nicole ADANDE, les mots me manquent pour t'exprimer ma gratitude. Ta foi inébranlable en moi m'a été d'un apport sans égal. Aujourd'hui, m'y voici et mon voeu le plus cher est que le miséricordieux nous porte assistance afin qu'ensemble nous puissions braver les autres défis qui se dresseront sur notre chemin. Que ce travail soit pour toi un exemple et une joie à partager.

Nos remerciements vont enfin à l'endroit de tous ceux que nous n'avons pas pu citer nommément et qui, pourtant, ont été d'un précieux concours.

ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES

DGAT : Direction Générale de l'Aménagement du Territoire

EPA : Ecole du Patrimoine Africain

FIDESPRA : Formation Internationale pour le Développement et l'Echange de Savoir et Savoir-faire au service d'une Promotion Rurale Autonome

Hab : Habitants

I.A.D. : International Association for Delivrance

INJEPS : Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport

INSAE : Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique

JA : Jeunesse et Animation

MCAT : Ministère de la Culture de l'Artisanat et du Tourisme

MJSL : Ministère de la Jeunesse, du Sport et des Loisirs

ONG : Organisme Non Gouvernemental

OT : Office du Tourisme d'Abomey et Région

PDC : Plan de Développement Communal

RGPH: Troisième Recensement Général de la population et de L'Habitat

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1:

Répartition des populations suivant les catégories....................

30

Tableau 2 :

Répartition des populations suivant l'âge..............................

30

Tableau 3 :

Répartition des populations suivant le sexe............................

31

Tableau 4 :

Répartition des populations suivant le niveau d'instruction.........

31

Tableau 5 :

Répartition des citoyens suivant la catégorie socioprofessionnelle.

32

Tableau 6 :

Répartition des citoyens suivant la situation matrimoniale.............

33

Tableau 7:

Définition du vodoun selon les adeptes et les dignitaires............

33

Tableau 8 :

Signification du vodoun selon les adeptes et les dignitaires.........

34

Tableau 9 :

But du vodoun selon les adeptes et les dignitaires...................

34

Tableau 10 :

Raisons de la pérennité du vodoun selon les adeptes et les dignitaires...................................................................

34

Tableau 11 :

Autres valeurs véhiculées par le vodoun................................

35

Tableau 12:

Régulation des actes et des désirs par le vodoun......................

35

Tableau 13 :

Méthodes de régulation des actes et des désirs........................

36

Tableau 14 :

Indication des voies à suivre et des interdits par le vodoun..........

36

Tableau 15 :

Rassemblement de foules par le Xwétanù..............................

36

Tableau 16:

Importance du Xwétanù...................................................

37

Tableau 17:

Raisons de l'importance du Xwétanù...................................

37

Tableau 18 :

Intérêts des populations à participer aux cérémonies.................

38

Tableau 19:

Satisfactions trouvées par les populations lors du Xwétanù .........

38

Tableau 20 :

vodoun comme source d'inspiration en matière de musique,

de chant et de danse........................................................

39

Tableau 21 :

Activités économiques lors de ces manifestations....................

39

Tableau 22:

Dépenses effectuées par les adeptes.....................................

40

Tableau 23:

Synthèse de l'étude.........................................................

48

INTRODUCTION

Ces dernières années ont vu s'animer de plus en plus le débat sur le rôle de la culture dans le développement social et économique. Une des raisons de ce nouvel intérêt, c'est que les moyens investis dans le développement tardent à donner les résultats que l'on attend. D'où l'élaboration progressive du concept de développement endogène, auto-centré grâce auquel chaque pays se prend en charge en comptant sur ses propres forces et sur l'initiative créatrice des larges masses comme cela avait été si bien formulé dans le Discours-Programme du 30 Novembre 1972 et dans le Discours de GOHO du 30 Novembre 1974.

Le concept de développement endogène s'emploie généralement pour caractériser la situation économique des peuples colonisés, devenus indépendants et tous sous développés manquant même de l'essentiel vital.

Dans cette perspective, René DUMONT en 1960 avait essayé de démontrer que la psychologie des peuples colonisés est celle de créatures tournées vers l'extérieur, vers celui qui ayant apporté un bienfait une fois, est tenu d'intervenir tout le temps pour aller au secours. Et, ajoute cet auteur, « mentalité d'étroite dépendance et d'infantilisme pitoyable est si profondément encrée chez les individu, enfouie au fond de leur subconscient qu'elle s'exprime dans leurs rêves. » Les territoires d'Afrique Noire libérés en 1960 étaient effectivement mal partis.

Le développement endogène est ainsi né d'une prise de conscience historique des populations colonisées de mettre fin à leur dépendance vis-à-vis de l'extérieur et de trouver dans leurs propres fonds, les ressources humains et matérielles pour résoudre leurs problèmes, pour se libérer et s'épanouir. D'où l'intérêt de la culture.

Pour appréhender le phénomène de la culture en Afrique, nous partirons de la définition qu'en donne KATOKE (1978) : « la culture, c'est la totalité des éléments constitutifs du mode de vie d'une société donnée, lesquels sont le produit des circonstances et du milieu à un moment et en un lieu donné...en d'autres termes, elle est une manière de vivre adoptée par les membre de la société face aux forces naturelles et surnaturelles qui ont une influence sur leur existence. » 1(*)

A cet égard, il est fait le constat que dans la société Béninoise, il y a d'une part, une société fortement hiérarchisée et ordonnée par les us et coutumes ; d'autre part, la société nouvelle où de nouvelles valeurs ont bousculée les anciennes : les femmes s'émancipent, les enfants sont plus instruits que les parents, le technicien est plus apprécié que l'agriculteur.

Mais si la nouvelle société est aujourd'hui la plus forte, l'ancienne n'est pas morte. Elle vit dans les campagnes, elle s'infiltre à la ville. Ce sont les religions traditionnelles ou `'vodoun''. Cette religion s'exprime dans le vécu quotidien par des symboles, des gestes, des objets, des rites, des cérémonies, des mythes, la langue, la musique, les danses et même dans la manière de s'habiller. Des temples sont disséminés partout : le Dan, le Sakpata, le Hêviosso etc. où chacun de ces dieux a son temple, son clergé et ses adeptes et ses symboles : le fer pour le Dieu Gou, l'iroko pour le Dieu dan, la jarre percée pour le Sakpata, la pierre de foudre et autres objets pour Hêviosso. Il n'est pas inhabituel de trouver dans une communauté, un chrétien converti menant une double vie : membre pratiquant de l'église à laquelle il appartient et fidèle aux croyances ancestrales. Le vodoun continue de manifester partout sa vitalité et des rituels sont chaque fois observés lors des différentes cérémonies organisées.

L'idée directrice de cette étude prend appui sur les questions suivantes :

Pourquoi le vodoun perdure t-il jusqu'à nos jours ?

Les connaissances et pratiques traditionnelles liées au vodoun peuvent-elles encore aujourd'hui servir le développement ?

L'objectif de ce travail consiste à explorer les rapports qui existent entre la religion vodoun et la société d'Abomey, particulièrement sous l'angle du développement social, culturel et économique. C'est dans la mouvance de la thèse développée par le sociologue allemand Max Weber (1990) à propos du rôle des protestants dans la croissance de l'économie américaine de la fin du XIXè siècle que veut se situer la présente étude.

Pour y parvenir, le présent travail s'est articulé autour de quatre points :

la première partie expose la revue de littérature, la clarification des concepts  le cadre théorique, et la problématique de la recherche;

Une deuxième partie est consacrée au contexte général de la recherche. Elle a permis de présenter le cadre de notre étude ;

Une troisième partie porte sur la méthodologie utilisée ;

Puis une quatrième partie présente les résultats de la recherche et leur analyse.

Première partie :

PROBLEMATISATION DE LA RECHERCHE

1.1. Revue de littérature

Notre travail n'est pas le premier à aborder un sujet relatif au vodoun. Après nos investigations, nous avons constaté que biens d'auteurs, haïtiens, béninois ainsi que brésiliens, et même l'Etat béninois se sont penchés sur la question du vodoun à travers colloques, séminaires et festivals.

Ainsi, du document final du festival Ouidah 92 « Retrouvailles Amérique-Afrique », on retient Histoire du Vodoun depuis la guerre d'indépendance jusqu'à nos jours où METRAUX (1993) montre que « le vodoun n'est pas seulement la religion populaire, mais toute la vie paysanne dont le développement échappe. Lorsqu'ils furent déportés en Amérique, les esclaves noirs étaient baptisés de force, obligés de pratiquer le christianisme. Ils avaient tout perdu sauf la connaissance et les souvenirs des cultes africains. Le vodoun leur servait d'abord de mémoire pour s'évader hors de l'aliénation du travail forcé dans les champs de canne à sucre, puis de communion spirituelle avec l'Afrique devenue paradis perdu. Enfuis des plantations, se cachant dans les montagnes, ils parviennent à se forger une identité commune dans le vodoun et à renforcer leur cohésion en tant que groupe. Avec le vodoun comme mode de résistance, les esclaves utilisent ses croyances pour sceller des pactes de sang en vue d'exterminer les Blancs par le poison. Le vodoun a été une force de mobilisation et aussi de terreur. »

Des travaux de SOUFFRANT (1993) intitulés Vaudou et développement chez Jean Price-Mars,on retient que : « le problème du vaudou, en Haïti, des religions traditionnelles dans les pays du Tiers-monde, est au coeur même du problème du développement défini comme passage d'une société traditionnelle à une société moderne ». Cet auteur faisait comprendre qu'une société se reflète dans le miroir de sa religion et que tout dépend de l'utilisation qu'on fait de la religion traditionnelle africaine comme moteur ou comme frein pour le développement socioéconomique. Au fur et à mesure que se hausse le niveau de développement culturel, les croyances religieuses, les manifestations, les expressions, les justifications de la religion, chez les individus comme chez les collectivités, changent, se transforment, se réinterprètent.

Selon MONTILUS (1993), « le vodoun fait vivre et aide à vivre. » Aussi, qu'avec ses danses, ses chants, ses crises de possession, il procure à ses adeptes, un moyen de s'évader. Il soude les cellules des communautés paysannes et fait un lien d'unité à l'intérieur des collectivités familiales. Pour lui, le vodoun reste le principal élément d'intégration communautaire dans les sociétés rurales à structures relâchées de nos jours. Cette religion se révèle surtout un système de sécurité efficace pour des masses populaires déshéritées. Partant de l'époque de l'esclavage en passant par la guerre de l'indépendance, les régimes d'après guerre, MONTILUS montre que le vodoun dans la société haïtienne a permis d'organiser la vie dans les campagnes et ceci, sous le modèle africain, c'est-à-dire autour d'un grand-père, faisant fonction de chef de famille et dans ce système, la terre était indivise, ils travaillent en commun. Ainsi, la religion était là pour conditionner les consciences.

L'histoire du Bénin est toujours marquée depuis l'époque de l'esclavage, avant l'indépendance et jusqu'à présent par le vodoun. Ainsi, cette institution religieuse vodoun a marqué de son empreinte un large pan de la population dans la société traditionnelle du Bénin.

ALAPINI (1993) dans son ouvrage intitulé « le culte de vodoun et de Oricha chez les fon et les nago du Dahomey » fait remarquer la grandeur de l'organisation animiste, l'esprit de discipline qui l'anime et la morale parfois élevée qui découle de la plupart de ses règlements. Pour lui, l'animisme défend le vol sous peine de sanctions sévères et interdit de « chercher la femme d'autrui. » La prostitution est proscrite pendant certaines cérémonies. Le culte des morts est très observé de même que le respect dû aux fétiches et aux personnes âgées.

SARTRE (1993) analyse quant à lui l'impact du culte du vodoun sur la vie quotidienne et la culture du Sud-Dahomey et plus précisément dans l'aire aja. Dans l'un de ses articles « les Vodun dans la vie culturelle, sociale et politique du Sud-Dahomey », cet auteur montre que le vodoun s'explique par une technique de domination de la nature. L'une des forces du vodoun est la pharmacopée et les plantes aux abords des couvents sont les témoins de la science d'herboriste dont les couvents gardent jalousement le secret. L'art et la technique sont des attributs du vodoun. Ainsi, pour SARTRE (1993), on ne peut valablement écrire l'histoire d'un peuple si l'on néglige les divers vodoun qu'ils servent. Il fait également une classification des vodoun et distingue des vodouns qui sont inter-ethniques et qui se manifestent soit par dans les phénomènes de la nature (Heviosso, Sakpata, Ayizan, Loko, Agè...) soit dans des êtres historico-mystiques (Lègba, gu) et les vodoun purement ethniques qui gravitent autour de l'ancêtre du clan (Nesuxué, Ajahuto, Agasu...).

Dans son article intitulé « Approche thématique de l'art béninois, de la période royale à nos jours», DAAVO (2003) fait un bref aperçu sur le lien de l'art béninois et la religion et fait remarquer qu'à défaut de perpétuer la diffusion de la culture guerrière qui a marqué l'histoire précoloniale de leur pays, les artistes béninois ont retenu de ce passé, les aspects sacrés et religieux. Pour lui, les spécialistes de la décoration s'inspirent des symboles des temples vodouns, symboles correspondant à chaque divinité, du modelage des bas-reliefs, des toiles peintes de personnages divins. Ils s'emploient donc à dessiner les portraits des vodouns, parfois en les combinant avec d'autres motifs. Cet auteur fait comprendre que rares sont ceux qui, dans leur travail, ont pu se passer des thèmes tels que le vodoun, le Fâ (croyance divinatoire), les êtres invisibles, à côté de l'évocation des faits de société et de l'actualité politique. D'autres fondent toute leur création sur la divinité Gou ou Ogoun qui, dans le panthéon fon, est la divinité qui gouverne toute utilisation de cette matière, le fer. Ils composent leurs sculptures avec le fer pour décrire surtout la vie sociale au Bénin. D'autres encore projettent de temps en temps le regard critique sur les réalités sociales et culturelles de leur environnement et en rendent compte à travers leurs oeuvres. Ainsi, on pourrait avec de telles approches techniques deviner aisément que leur sujet privilégié est le vodoun.

En définitive, le culte n'a jamais cessé de se développer. Au Brésil par exemple, pays catholique par excellence, des millions d'êtres humains reconnaissent ouvertement être adeptes du Candomblé. Ainsi, DOS SANTOS J. E. et DOS SANTOS D. M. (1993) ont souligné quelques points essentiels relatifs aux religions traditionnelles africaines qui permettent de mieux comprendre comment et pourquoi le culte se préserve, ce qu'a été et ce qu'est leur rôle comme source et véhicule transmission des valeurs culturelles africaines. Selon ces auteurs, tout est interaction et s'harmonise. Il n'existe pas non plus de séparation entre l'utile et le beau. Les objets sacrés en tant que manifestations esthétiques, véhiculent des forces mystiques, stimulants du processus liturgique actifs inducteurs d'actions. Ainsi pour eux, il n'existe pas de forces exclusivement au service du mal ou du bien.

ELLECK, K.M. (1986) quant à lui, souligne que c'est bien la religion, le seul domaine où les cultures africaines ont montré qu'elles étaient capables d'initiative, de souplesse, de discernement et d'adaptation dans leurs rapports avec les cultures étrangères. Mais il est surpris lorsqu'il songe à la manière qui a caractérisée l'offensive des missionnaires chrétiens, de constater que les croyances traditionnelles exercent encore une certaine influence en Afrique noire. Il soutient à cet égard que la religion ainsi que les traits culturels de l'Afrique noire ont évolué.

THOMAS, L.V. & LUNEAU R. (1975) se proposent d'administrer un démenti définitif à une monstruosité historique d'une part, et, d'autre part, de disséquer l'influence de l'Islam et du Christianisme sur la personnalité négro-africaine, sans négliger les mutations inévitables qui ont conduit au fait social que nous vivons aujourd'hui. A travers leur ouvrage, ces auteurs analysent la structure, le caractère, la formation de la personnalité africaine. Pour eux, ce qui importe, c'est que les religions africaines n'ont pas été anéanties mais que l'Afrique change, plus en surface qu'en profondeur, car son identité est restée intacte devant tous les assauts. A défaut de partir en guerre contre les religions révélées, venues se plaquer sur des croyances que nul ne saurait gommer, les peuples noirs répondent à l'appel des esprits, respectueux de l'évangélisation certes, mais qui ont pris le parti de sauvegarder l'essentiel : la Culture.

ELANGA P. E (1986) montre que malgré les formes d'organisation matérielle, sociale et culturelle souvent très différentes, les sociétés traditionnelles de toute l'Afrique noire ont encore des éléments spirituels communs qui font la spécificité de leur culture. Pour cet auteur, «  la vie est au commencement et à la fin de tout. Elle est partout et tout procède de la vie et tout s'arrête et s'achève dans la vie. Ainsi, la mort n'est pas la destruction de la personne mais un simple passage dans le monde des ancêtres, un retour à la source. » Et poursuit-il « cette foi et cette attitude fondamentale consistent dans la perception de la vie comme réalité première et dernière et, cet attachement à la vie semble être à la source de tout ce à quoi le l'Africain voue un culte réel. »

Ainsi, pour DIOP A. (1975) dans Religion et Civilisation, c'est la religion qui est à la base de la civilisation africaine, qui la fortifie et qui l'anime. La civilisation est la conscience que prend de son identité commune un ensemble de peuples, c'est la force de part leur volonté d'appréhender l'univers à travers la même grille intellectuelle et morale. Ainsi, là où il y a un africain, il y a une religion. Il l'amène dans les champs, elle est à ses côtés lorsqu'il assiste à une fête ou qu'il participe à une cérémonie funèbre. S'il est instruit, elle l'accompagne dans la salle d'examen, à l'école, au parlement et même à l'université.

Cependant, aucune de ces études ne s'est consacrée à l'impact de la culture vodoun sur la vie quotidienne dans la ville d'Abomey. C'est à cette tâche que la présente étude intitulée « la culture vodoun dans la promotion du développement social, culturel et économique à Abomey » s'est consacrée dans le cadre de ce mémoire.

Pour une parfaite compréhension de notre thème et pour éviter certaines confusions, nous allons procéder à la clarification des concepts : religion; vodoun; xwétanù; culture, développement. 

1.2. Définition de concepts

1.2.1. La religion

La définition de ce vocable a donné lieu à des controverses, voire des polémiques, à travers les siècles qui jalonnent l'histoire de l'humanité. Aujourd'hui encore, aucune définition de la Religion ne fait l'unanimité.

Pour Cicéron (106-43 av. J.C.), homme politique et orateur latin, " la religion est le respect que ressent l'individu au profond de son être en face de tout être qui en est digne, du divin en particulier. Ce respect se manifeste par le soin que l'on met à participer aux rites et autres gestes traditionnels de la société ".

Pour Lucrèce (98-55 av. J.C.), " la religion est un système de menaces et de promesses qui cultive et développe le fond craintif de la nature humaine, qui écrase l'homme, contre lequel, s'il est noble et courageux, l'homme se révolte et il triomphe grâce à la connaissance scientifique et à la sagesse philosophique ".

Pour Emile Durkheim (1994), " une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c'est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale appelée Eglise, tous ceux qui y adhèrent ".

L'Anthropologie a permis de voir, plus clair. Les anthropologues vont décrire les croyances et les pratiques religieuses telles qu'ils les observent dans des communautés qui les vivent. La religion contribue à faire l'unité d'un peuple dans le partage d'une expérience et d'une explication de la vie commune. Elle fournit un modèle de comportement, souvent une réponse aux vicissitudes de la vie. Donc, une religion est d'abord une conception du monde, de sa création et de son fonctionnement. Si on reste dans la même lignée que les anthropologues, que pourrait-on dire du vodoun ?

1.2.2. Le vodoun

L'ethnologue français Alfred Métraux (1958) en donne une définition tout en insistant sur l'aspect utilitaire de cette religion : " C'est un ensemble de croyances et de rites d'origine africaine qui, étroitement mêlés à des pratiques catholiques constituent la religion de la plus grande partie de la paysannerie et du prolétariat urbain de la République noire d'Haïti. Ses sectateurs lui demandent ce que les hommes ont toujours attendu de la religion : des remèdes à leurs maux, la satisfaction de leurs besoins et l'espoir de survivre ".

Le vodoun est une religion de la nature, non point dans le sens que la nature y serait adorée, mais parce que l'homme y est profondément inséré ; il est un microcosme où le monde se lit tout entier ; il a sa place précise dans une hiérarchie de forces et d'êtres où tout est inclus : les dieux, les animaux, les végétaux et les minéraux. Les adeptes de la religion vodoun croient à l'existence des êtres spirituels qui vivent quelque part dans l'Univers en étroite intimité avec les humains dont ils dominent l'activité.

Selon Claudine Michel (1995), " le vodoun repose sur une vision globale du monde, qu'il est un système compréhensif qui façonne l'expérience humaine de ses adeptes dans leur quête spirituelle et le désir de bien remplir leur mission terrestre ".

Pour le chansonnier national Sagbohan Danialou : « Vodun hun Kpannya Kpannya jo mi jo wa mon« c'est-à-dire «  le vodoun, c'est à notre naissance que nous avons constaté que nos pères avaient des vodouns ».2(*) Ainsi, il n'est pas aisé d'en donner une définition.

Nous retiendrons dans le cadre de cette étude, l'explication que donne Courlander (1973) du vodoun : " le vodoun est un système intégré de concepts concernant la conduite humaine, régissant les rapports de l'humanité avec ceux qui ont vécu jadis et avec les forces naturelles et surnaturelles de l'univers ". On peut comprendre le vodoun comme une complexe et mystique vision du monde dans laquelle l'homme, la nature et l'invisible sont intimement liés. De plus, poursuit-il " le vodou ne renferme pas seulement un ensemble de concepts spirituels, il prescrit un mode de vie, une philosophie et un code éthique qui régulent le comportement social ". A Abomey, il est organisé des cérémonies vodouns dites Xwétanù. Qu'est alors que le Xwétanù ?

1.2.3. Le Xwétanù

Il convient de constater qu'au Bénin, le contact entre vivants et morts est considéré comme possible. La présence des défunts est sans cesse rappelée par une multiplicité de rites. Ainsi, lors de cérémonies religieuses et commémoratives, les ancêtres sont régulièrement invoqués. Fréquemment encore, les premières gouttes d'une boisson sont versées par terre ou des aliments sont présentés comme offrandes aux ancêtres.

La violation de devoirs suscite toujours une réaction des ancêtres. Cette réaction peut revêtir des formes très diverses: intempéries, sécheresses, inondations, mort de bétail, maladies, décès... Pour une personne non initiée, elle n'est pas reconnaissable comme une manifestation de courroux. C'est par l'intermédiaire de médiums aptes à traduire le message des ancêtres que la cause de ces événements peut être connue. Mais leurs courroux peuvent être détournés par le biais de sacrifices et d'offrandes. Les cérémonies extraordinaires permettant de calmer les esprits offensés se déroulent. Des boissons et nourritures sont offertes, et, éventuellement, un animal est sacrifié.

Xwétanù est une composition d'expression fon : « xwé » qui veut dire « année », « ta » « tête » et «  » « chose ». xwétanù signifie de manière littérale « la chose de la tête de l'année». Le xwétanù est une cérémonie qui a lieu au cours du mois de décembre. Cette cérémonie vient pour laver des souillures de l'année en cours et d'ouvrir les esprits pour une année nouvelle féconde. Elle permet aux membres de la société de renouveler le sentiment de solidarité. Les rites produisent une excitation des esprits où disparaît tout sentiment individuel et où les gens prennent conscience qu'ils forment une collectivité unie par les choses sacrées. Mais quand les membres de la société se séparent, le sentiment de solidarité baisse peu à peu et il faut le ranimer de temps en temps par un nouveau rassemblement et par la répétition des cérémonies grâce auxquelles le groupe se réaffirme, raison pour laquelle le xwétanù se tient chaque année et à la même période.

L'aspect culturel n'est pas à négliger car le vodoun est à la fois cultuel et culturel. Le culte et le divertissement sont indissociables dans la danse. Les indicateurs du cachet culturel sont nombreux et se manifestent par les chants, la chorégraphie, l'humour, les proverbes, le panégyrique, la musique... Ainsi, l'aspect le plus connu est celui culturel. Qu'entend-on alors par culture ?

1.2.4. La culture : évolution du concept

Au XVIIIe siècle, la philosophie des lumières lui donne un sens voisin d'éducation, de transformation et d'épurement des moeurs. A cette même époque le mot est aussi employé comme synonyme de Civilisation et renvoie à des notions comme " progrès ", " éducation ", " évolution ".

Au XIXe siècle, le mot fait son entrée dans l'Anthropologie. Cette discipline va chercher à mettre en évidence une synthèse. La culture est saisie comme une totalité et le but ultime de la recherche est de dégager le sens fondamental qui fonde son unité et sa globalité.

E.B. Tylor (1871) définit la culture comme " un tout complexe qui inclut les connaissances, les croyances religieuses, l'art, la morale, les coutumes et toutes les autres capacités et habitudes que l'homme acquiert en tant que membre de la société ". Cette approche ethnologique a influencé la sociologie.

Guy Rocher (1968) y voit " un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent d'une manière objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte ".

Mais la question de l'originalité de la culture et les problèmes soulevés par les mécanismes de son évolution divise les différents courants de l'Anthropologie. Les évolutionnistes supposent une diffusion à partir d'un foyer primitif unique, puis un développement progressif. Les structuralistes, de leur côté, soulignent la spécificité irréductible de chaque culture qui interdit du même coup tout ethnocentrisme. Désormais, la culture n'évoque plus un progrès, un devenir ou un idéal, elle se rapporte plutôt à une situation sociale, un état de société quel qu'en soit le niveau de développement. D'autre part, la culture ne s'applique plus à un individu, mais concerne une collectivité, une société.

Margaret Mead (1953), chef de file de l'Ecole d'Anthropologie Culturelle américaine, explique : " Par culture nous entendons l'ensemble des formes acquises de comportement qu'un groupe d'individus, unis par une tradition commune, transmettent à leurs enfants (...). Ce mot désigne donc non seulement les traditions artistiques, scientifiques, religieuses et philosophiques d'une société, mais encore ses techniques propres, ses coutumes politiques et les mille usages qui caractérisent sa vie quotidienne : modes de préparation et de consommation des aliments, manière d'endormir les petits enfants, etc. ".

Privilégiant l'approche de l'anthropologique culturelle américaine, nous nous bornerons à explorer les éléments constitutifs de cet héritage qu'est le vodoun pour permettre de comprendre comment le peuple d'Abomey pense le développement. Mais que pouvons-nous comprendre du concept développement ?

1.2.5. Le développement

« Le développement est un mécanisme complexe qui cherche à surmonter les conditions sociales, économiques et humaines difficiles que le colonialisme a créée dans les pays ou communautés qui les ont subis. »3(*) Le développement vise à donner à ces pays ou communautés les compétences, la technologie, l'accès à l'information, les moyens financiers et autres ressources qui leur permettront d'être relativement autonomes sur le plan économique, maintenant qu'ils sont autonomes sur le plan politique.

D'obédience économiste Walt Rostow le définit comme une série d'étapes (tradition, transition, décollage, maturité et consommation de masse) qui diffèrent soit par la forme d'organisation de la production et des échanges, soit par la nature du secteur prédominant, soit par le rythme de la croissance de l'investissement du capital. Le développement suppose donc le passage d'une économie rurale à une économie de forte productivité dans les secteurs primaires, secondaires et tertiaires. Mais ce concept n'est pas resté figé car les faits ont démontré que la croissance économique doit être suivie de l'épanouissement de l'homme.

 Ainsi, le développement est perçu comme un mouvement par lequel la société se change au-delà de l'aspect économique, embrasse le social et le culturel. Il implique la société elle-même avec l'homme comme centre et objectif ultime. D'où le développement auto-centré grâce auquel chaque pays doit se prendre en charge en comptant sur ses propres forces, et sur l'initiative créatrice des larges masses communautaires comme cela avait été si bien formulé dans le Discours-Programme du 30 Novembre 1972 et dans le Discours de Goho, du 30 Novembre 1974. Il s'agit donc pour chaque pays de trouver dans leurs propres fonds les ressources humaines et matérielles pour résoudre leurs problèmes, pour se libérer et s'épanouir.

En nous appuyant sur le cadre théorique de la sociologie, nous utiliserons la notion de fait social total de Marcel Mauss (1924) comme modèle théorique organisant cette étude.

1.3. Cadre théorique

Marcel Mauss (1924), dans l'Essai sur le don, a introduit la notion de Fait Social Total. Le fait social total donne pour Mauss une signification globale de la réalité. Il est défini dans l'espace, dans le temps, chez un individu d'une certaine société.

Cette notion procède du souci de définir la réalité sociale dans une expérience individuelle étudiée selon deux axes :

- Dans une histoire individuelle, qui permet le comportement d'êtres globaux et non divisés en aspects discontinus. C'est à dire prendre un individu comme un tout sans risquer de donner priorité à une caractéristique particulière (familiale, économique, religieuse,...).

- Dans une anthropologie, en tenant simultanément compte des aspects physiques, psychiques et sociologiques de toutes les conduites observées.

Le fait social total a un caractère tridimensionnel : il rend compte à la fois de :

- La dimension sociologique dans un aspect synchronique (à un moment donné).

- La dimension historique dans un aspect diachronique (au fil du temps).

- La dimension physio-psychologique.

C'est évidemment chez les individus que l'on peut faire coïncider ces trois dimensions.

Comme dans toute la théorie de Mauss, la notion de fait social total reflète le souci de relier le social et l'individuel d'une part, le physique et le psychique d'autre part. En effet, pour lui, le Social est projeté sur l'individuel par l'intermédiaire de l'éducation, des besoins et des activités corporelles. Une société exerce les enfants à sélectionner des mouvements, des arrêts, à dompter des réflexes, etc. Tout phénomène psychologique est un phénomène sociologique car il a été enseigné par la société.

Le fait social total comprend :

- Différentes modalités du social (système juridique, système économique,...).

- Différents moments d'une histoire individuelle (différents cycles de vie comme la naissance, l'enfance, le mariage, la mort,...).

- Différentes formes d'expression :

a) Physiologiques : Les réflexes, les sécrétions,...

b) Inconscientes

c) Conscientes, individuelles ou collectives.

Dans la pensée de Mauss, il existe une complémentarité dynamique entre le psychique et le social. Ce dynamisme provient du fait que le psychique est expliqué et explique le symbolisme social. Mauss, convaincu de la nécessité de la collaboration entre la Sociologie et la Psychologie, présente les caractères communs ou spécifiques des faits sociaux comme relevant de l'inconscient. L'inconscient serait pour lui le médiateur entre moi et autrui.

Par la psychanalyse, nous pouvons rencontrer notre moi le plus étranger grâce à la découverte de notre inconscient. Par l'étude ethnologique, nous pouvons rencontrer l'autrui le plus étranger toujours grâce à l'inconscient. Pour Mauss, l'inconscient est un système symbolique, inné.

Dans toute sa théorie, Mauss cherche à découvrir les zones obscures, les recoins les plus secrets de la pensée, persuadé qu'elles ne peuvent être observées que sur le plan social par le langage ou sur le plan physiologique.

C'est en considérant le tout ensemble, qu'il peut percevoir l'essentiel, le mouvement, l'aspect vivant où les hommes prennent conscience d'eux-mêmes et de leur situation vis à vis d'autrui. Ainsi, la méthode de l'observation du fait social total consiste en une observation concrète de la vie sociale. Elle a un double avantage :

- Un avantage de généralité car ces faits de fonctionnement général ont des chances d'être plus universels que les institutions locales ;

- Un avantage de réalité : on voit les choses sociales dans le concret, comme elles sont. L'important n'est plus de saisir des idées ou des règles mais bien de saisir des hommes, des groupes, et des comportements.

Cette approche semble être adaptée pour étudier l'importance qu'accordent les populations de la ville d'Abomey à la culture vodoun. Quelle problématique soutend cette étude ?

1.4. Problématique

Les Fon d'Abomey étaient l'une des plus puissantes civilisations de l'Afrique de l'Ouest. Ce sont les Fon qui ont fondé le royaume du Danhomå, qui a dominé une grande partie de l'histoire du Bénin d'aujourd'hui avant la colonisation Française. Une visite à Abomey l'ancienne capitale du royaume du Danxomå constitue la meilleure manière d'en apprendre davantage sur les Fon. Et elle nous apprend que la ville est très peu marquée par l'évolution des temps modernes. Ce qui frappe surtout, c'est la permanence de la tradition. Celle-ci est quotidiennement illustrée par des pratiques, des comportements et des modes d'existence, traduisant une identité culturelle dont les racines remontent à la création de la ville. On perçoit une société traditionnelle.

A l'entrée de chaque agglomération, on trouve des vodouns : le tolègba. Au milieu de la cour se dressent aussi des vodouns ou des cases représentant les ancêtres défunts. Et jusque sous le lit se cachent certains vodouns qu'il n'est pas permis à tout le monde de voir.

Sur la place du marché, c'est Aïzan qui trône et à qui les marchandes apportent leurs offrandes. Ça et là à travers la ville, se dressent des temples vodouns. Un peu plus loin, dominant le paysage, c'est la forêt sacrée où résident des vodouns de la cité.

Ces peuples, bien conscients que leur monde change de façon accélérée, croient en la tradition que leur a léguée leurs ancêtres et ils organisent leur vie suivant un modèle qui se trouve être dans le prolongement de ce qu'avaient coutume de faire les générations qui les ont précédés dans le temps.

En l'honneur des divinités, il se déroule des rituels mais également des cérémonies publiques. Aussi, organise t-on des cérémonies annuelles ou périodiques dites Xwétanù. Tous ces rituels et cérémonies donnent lieu à des chants, des danses, des battements de tambours et des spectacles qui sont souvent organisés sur la place publique et pour des larges publics de profanes.

Ces constats sur l'omniprésence du vodoun à Abomey à Abomey, nous conduisent à nous interroger sur le rôle de celui-ci dans la civilisation moderne.

Cette société traditionnelle n'est-elle pas devenue, devant les modes de vie et les moeurs actuels dans lesquels la civilisation moderne la plonge, une raison de vivre des populations ?

Les connaissances et pratiques traditionnelles liées au vodoun peuvent-elles encore aujourd'hui servir le développement ?

Offrent-elles des moyens complémentaires pour le développement ?

A ces interrogations, nous formulons l'hypothèse suivante :

1.5. Hypothèse

La prédominance de la religion vodoun joue un rôle important pour la vitalité économique, sociale et culturelle de la ville historique d'Abomey.

1.6. Objectifs

1.6.1. Objectif général

L'objectif de ce travail consiste à explorer les rapports qui existent entre la religion vodoun et la société d'Abomey.

1.6.2. Objectifs spécifiques

L'étude vise de façon spécifiquement à :

Identifier au sein des pratiquants du culte vodoun, la signification du vodoun ;

Cerner l'impact social, économique et culturel de la manifestation annuelle dite Xwétanù à Abomey ;

Appréhender l'impact de la pratique du culte vodoun sur leur mode de vie.

Avant de rechercher ces objectifs, nous procèderons à la présentation du cadre général de notre étude.

Deuxième partie :

CONTEXTE GENERAL

DE LA RECHERCHE

2.1. Cadre physique, géographique et administratif

La commune d'Abomey, capitale historique de la République du Bénin et chef lieu du Département du Zou, couvre une superficie de 142 km2 avec une population de 78.341 hab.4(*) (RGPH3). Elle est limitée au Nord par la commune de Djidja, au Sud par celle d'Agbangnizoun, à l'Est par celle de Bohicon et à l'Ouest par le Département du Couffo. Selon le découpage administratif, la Commune d'Abomey compte sept (7) arrondissements dont :

· trois (3) centraux à caractère urbain que sont Djègbé, Hounli et Vidolé ;

· et quatre (4) périphériques à caractère rural que sont Agbokpa, Détohou, Sèhoun et Zounzonmè.

Pendant que les arrondissements périphériques sont restés attachés à l'agriculture malgré les problèmes de baisse de fertilités et les difficultés d'accès à la terre, ceux urbains se sont spécialisés dans le commerce et l'artisanat.

Situé dans son ensemble sur un relief de plateau, la Commune d'Abomey dispose de deux unités géologiques servant de roches mères à des types de sols bien distincts (FIDESPRA, 2000). En effet, les parties méridionales et le centrale du terroir de la Commune d'Abomey se trouvent sur de la terre de barre issue des sédiments ferrallitisés du Continental Terminal pendant que la région septentrionale de cette commune dispose de sols ferrugineux tropicaux dérivant du socle cristallin à gneiss et granites (FIDESPRA, 2000). Les sols sablo argileux des terres de barres ayant été mis sous culture intensive depuis près de cinq siècles sont tous appauvris pendant que ceux ferrugineux très peu exploités gardent encore leur fertilité et font des arrondissements d'Agbokpa et Détohou (dans le nord de la Commune) les actuelles zones de colonisation agricole.

La commune d'Abomey, de part sa position géographique, jouit d'un climat de transition entre le climat Subéquatorial de la côte et le climat tropical humide de type Soudanoguinéen du Nord Bénin avec une pluviométrie moyenne et annuelle 1000 mm (FIDESPRA, 2000).

La commune d'Abomey, dispose d'un riche patrimoine culturel et cultuel à haute valeur touristique jusque-là mal valorisé. Outre les secteurs du tourisme et de l'agriculture, ceux du commerce (surtout avec le marché Houndjlo) et de l'industrie pour l'exploitation des ressources naturelles et minières constituent l'essentiel des secteurs potentiellement pourvoyeurs de richesses individuelles et collectives à une bonne planification des actions à y mener. Abomey partage avec la Commune de Bohicon, une position carrefour stratégique pour les échanges commerciaux. La Commune d'Abomey draine les flux en provenance et en direction du Plateau Adja, et du Togo, d'Agnagnizoun et de Djidja.

Le secteur de la santé bénéficie de la proximité de l'hôpital départemental. En matière d'éducation et de formation technique et professionnelle, la commune a des atouts grâce à la présence de 64 écoles primaires, 13 écoles secondaires et des centres de formation professionnelle (Centres diocésains, centres de promotion artisanale).

* 1 KATOKA, I. K. (1978). La culture d'hier et de demain dans l'Afrique contemporaine in l'affirmation de l'identité culturelle et la formation de la conscience nationale dans l'Afrique contemporaine, unesco : Paris ; pp 96-117

* 2 AKOHA, A.B. (mars 2005). Au berceau du vodoun, communication délivrée dans le cadre de la rédaction d'un guide touristique sur le Bénin, (texte inédit).

* 3 RIDC (2002). Culture, développement et diversité culturelle: questions à l'intention du RIDC et leur signification pour la convention sur la diversité culturelle, conférence du cap du 11-13 octobre, consulté le 08 février 2008 sur http:// www.incd.net/docs/CultureDeveloppementF.htm

* 4 INSAE (2002). Troisième Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH3).

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand