WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Régimes de change et croissance économique: Une étude comparative entre Haà¯ti et la république dominicaine (1970-2004)

( Télécharger le fichier original )
par Richard Casimir
Université de Quisquéya - Maitrise 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE

ANALYSE DE L'ENVIRONNEMENT MACROÉCONOMIQUE

Ce chapitre comprend deux sections. Dans la première, nous analysons la situation macroéconomique d'Haïti et dans la deuxième, nous étudions celle de la République dominicaine.

2.1 - Cas d'Haïti

L'environnement macroéconomique d'Haïti au cours de la période sous étude demeure fragile. Certains secteurs de l'activité réelle ont montré des velléités de croissance. Les finances publiques affichent une certaine amélioration au travers d'augmentations substantielles sans d'importantes nouvelles taxes. La gestion monétaire a permis de ramener l'inflation au cours de l'exercice 98/99 en dessous des 10%, sa valeur initiale de 1970/71. La balance des paiements a présenté un profil moins déséquilibré. Ces développements cependant, ne semblent pas s'être inscrits dans une mouvance de long terme. Ainsi, au cours de l'exercice 2002/03, l'inflation est remontée à plus de 39% et la balance des paiements s'est détériorée davantage. Nous pouvons expliquer cette hausse par l'augmentation incontrôlée de la masse monétaire en circulation. En effet, la masse monétaire23(*) M1 (monnaie en circulation + dépôts a vue) est passée de 248.6 millions de gourdes en 1970 à 57295.7 millions de gourdes en 2003. Le taux de change, pour sa part, a connu une très forte variabilité sur la période 1991 -2004. Il a évolué dans une fourchette moyenne de 15 - 16 gourdes entre 1994 et 1996 pour passer à une fourchette moyenne de 16 - 17 gourdes entre 1997 et 1999.  Cependant, dès le début de l'exercice fiscal 1999-2000, le marché des changes a montré des signes d'une forte nervosité qui a fait passer le taux de change de 17 - 17,50 gourdes en octobre/novembre 1999 à plus de 19 gourdes en janvier 2000, puis à plus de 40 gourdes en décembre 2004. Cette variabilité du taux de change n'est pas sans conséquence sur la croissance économique. Nous le mettons en évidence à partir du tableau 2.

Table 2 : Coefficients de corrélation entre le taux de croissance du PIB en Haïti (GH) et le taux de change nominal (TCN)

 

GH

TCN

GH

1

-0.169

TCN

-0.169

1

Sources : calculs effectués par l'auteur à partir des données des statistiques financières internationales

le tableau 1 montre qu'il existe une relation négative entre le taux de change et la croissance du PIB. Le coefficient de corrélation entre les deux variables est de -0.169 pendant la période sous la période de l'étude. Ce résultat est confirmé par le graphe 1.

Figure 1: Evolution conjointe du taux de croissance du PIB en Haïti (GH) et du taux de

change nominal (TCN)

Sources : Simulation effectuée par l'auteur à partir des données des statistiques financières internationales

La figure 1 présente l'évolution du taux de change et de la croissance du produit intérieur brut entre 1970 et 2004. La sous-période 1970 - 1990 a été caractérisée par la parité fixe cinq (5) gourdes pour un (1) dollar des Etats-Unis. Ainsi, la courbe de taux de change prend l'allure d'une droite au cours de cette période. Celle-ci, en particulier la décennie 1970 - 1980, a été caractérisée par une forte croissance. A partir de 1991 le taux de change a commencé à fluctuer. Cette instabilité du taux de change coïncide avec une baisse de la production locale et à l'augmentation des prix24(*). Evidemment, le changement de régime de change ne peut pas être considéré comme le seul facteur provoquant cette contre-performance. Nous devons signaler les luttes politiques de 1991 entraînant un embargo commercial qui a duré trois ans. Ce choc a eu de graves conséquences sur l'économie en général, et sur le marché des changes en particulier. En plus de l'embargo commercial, tous les comptes du pays à l'étranger ont été bloqués et des restrictions sur le montant d'argent que pouvaient envoyer en Haïti les haïtiens de la diaspora ont été faites.

La combinaison de tout cela a donné comme résultat une forte fluctuation du taux de change au cours de la période et une baisse considérable de la croissance économique. Au retour des autorités constitutionnelles en 1994, la monnaie haïtienne s'était stabilisée à quinze (15) gourdes pour un (1) dollar, mais cela n'a pas duré longtemps puisqu'en 1995, elle a recommencé à perdre de la valeur face au dollar. Grâce aux politiques de stabilisation menée par la banque centrale, le taux de change a pu être maintenu en dessous de vingt (20) gourdes pour un (1) dollar. Cependant, suite aux évènements politiques et au non décaissement de fonds par les bailleurs au début de l'an 2000, la stabilité a été interrompue. Après de fortes fluctuations à la hausse, le taux de change a dépassé la barre de quarante (40) gourdes en 2004

Comme nous l'avons mentionné, la banque centrale essaie par tous les moyens de contrôler le taux de change au moyen de sa politique monétaire. La section 2.1.1 présente un résumé de cette politique.

2.1.1- Analyse de la politique monétaire d'Haïti

Depuis l'occupation américaine jusqu'en 1991 le pays a connu un système de taux de change fixe, avec des contraintes énormes empêchant la libre circulation des capitaux. Au cours de cette période, toute la politique monétaire se résumait en la protection de la parité. Suite au retour des autorités constitutionnelles de 1991 et dans le cadre du programme d'ajustement structurel de 1996-99, la BRH a rompu cette parité fixe « cinq gourdes pour un dollar » et a laissé flotter la monnaie locale par rapport au dollar américain.

De plus, entre 1979 et mi-1995 les autorités monétaires ont imposé des coefficients de réserves très lourds sur les passifs des banques commerciales afin de contrôler l'offre monétaire. Sur les dépôts à vue, ces coefficients sont passés de 32% en 1979 à 73,5% en 199325(*). Il s'agissait pour la Banque Centrale de neutraliser l'impact négatif qu'exerçait sur ses réserves de change le surplus de liquidité résultant du financement des déficits accumulés par le secteur public. Ces taux de réserves élevés ont provoqué des écarts importants entre les taux d'intérêt débiteurs et créditeurs. Comme les coefficients étaient différents pour chaque type de dépôts, des changements inattendus dans la composition de la monnaie et de la quasi-monnaie provoquaient des variations significatives dans le multiplicateur monétaire; ce qui a compliqué la conduite de la politique monétaire.

Le 16 mai 1995, les autorités monétaires ont uniformisé les taux de réserves obligatoires à 48%. Mais, suite à l'évolution défavorable des indicateurs de finances publiques, ils ont été relevés de cinq points de pourcentage au cours de la même année pour revenir à 48% le 3 juillet 1996. Entre-temps, le 10 juillet 1995, la BRH a élargi le passif assujetti aux réserves obligatoires en y incluant les engagements des banques envers les agents économiques non bancaires. Puis, en décembre 1996, l'assiette des réserves obligatoires a été à nouveau élargie pour tenir compte des swaps fictifs gourdes/dollars réalisés d'un jour à l'autre par les banques. Ces pratiques permettaient à celles-ci de profiter du fait que les comptes libellés en dollars n'étaient pas assujettis à l'obligation de constituer des réserves.

Le taux de réserves obligatoires des banques commerciales est passé de 48% en octobre 1996 à 25% vers la fin du premier semestre de l'exercice fiscal, libérant plus de deux milliards de gourdes que les autorités monétaires pensent capter par l'émission de bons. Ces derniers, constituant un élément de modernité dans le système bancaire haïtien, ont été lancés pour la première fois en novembre 1996.

En mars 1997, dans le but de favoriser une meilleure répartition du poids des réserves obligatoires entre le passif gourde et le passif dollar, la BRH enjoignait les banques commerciales de constituer, en gourdes et/ou en dollars, des réserves sur le passif en devises. Initialement, la plupart des banques avaient opté pour des réserves en gourdes. En 1998, les autorités monétaires étendirent l'application des réserves obligatoires aux filiales non bancaires des banques commerciales. L'objectif était de contrecarrer les pratiques des banques de dissimuler des dépôts à travers leurs filiales.

A l'heure actuelle les bons BRH, les opérations d'open-market et les taux d'escompte constituent les principaux instruments de politique économique des autorités monétaires haïtiennes. Cependant, les bons BRH présentent des limites, car avec un taux si élevé, ils représentent des coûts financiers énormes pour l'Etat. De plus, cet instrument de politique économique n'est valable que pour une courte période, ce qui fait que la BRH doit toujours avoir d'autres instruments d'appui, comme le taux de réserves obligatoires sur les dépôts des banques commerciales pour contrôler la masse monétaire.

Afin de réduire les distorsions résultant de l'ampleur des dépôts de réserves obligatoires, qui ne sont pas rémunérés, le programme de réforme du secteur financier a prévu une augmentation des paiements d'intérêts sur la dette de l'Etat envers la banque centrale. Les paiements d'intérêt sur les dépôts de réserves devraient passer d'un taux implicite de 1% en 1995/96 à environ 3% en 1996/97 (FMI, 1996)26(*). Cette mesure devait constituer un premier pas vers la réduction des taux d'intérêts et aider à stimuler l'intermédiation financière et accroître l'attrait des dépôts en gourdes. Toujours d'après ce projet de réforme, les autorités devraient mettre en place un marché de titres à court terme représentant un autre instrument de politique monétaire et lancer une émission restreinte avant la fin de 1996.

La Banque de la République d'Haïti (BRH), face à la forte croissance des institutions financières, a mis en place un programme de réformes visant à la supervision du système bancaire et au contrôle des banques, en introduisant des normes « sécuritaires », réduisant les risques de crise financière. La BRH a, dans le cadre de sa politique monétaire, procédé à l'émission de bons devant inciter les opérations `'d'open market `'sur le système financier haïtien.  Un esprit de compétition règne au niveau des banques commerciales. Cette compétition entraîne une amélioration des services et une plus large gamme de produits financiers. Outre les produits traditionnels tels que les comptes d'épargne, à terme, et courants, on trouve aujourd'hui des guichets automatiques, des cartes de crédit, des plans de retraite, d'éducation et d'assurance personnalisés, ainsi que d'autres produits facilitant les transactions internationales.

* 23 Voir l'évolution de la masse monétaire M1 à la figure 13 en annexe

* 24 Voir l'évolution conjointe du taux de change et de l'IPC à la figure 15 en annexe.

* 25 Voir le site de la BRH « www.brh.net» pour plus de détails.

* 26 Document confidentiel du fonds monétaire international (septembre 1996) : Rapport des services du FMI pour les consultations de 1996 au titre de l'article IV et demande d'accords au titre de la facilité d'ajustement structurel renforcée.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery