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Régimes de change et croissance économique: Une étude comparative entre Haà¯ti et la république dominicaine (1970-2004)

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par Richard Casimir
Université de Quisquéya - Maitrise 2006
  

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1.2 - Analyse théorique sur la relation entre régimes de change et croissance économique

Bien que la théorie économique indique que le choix du régime de change a un effet sur la croissance (Bailliu et al., 2002), elle ne permet pas d'établir clairement quel régime de change lui est le plus favorable. Les quelques études théoriques qui ont abordé jusqu'ici la question ont porté sur des concepts indirectement liés à la croissance, comme la croissance des exportations ou les crises de change.

La théorie fournit certaines indications sur les canaux par lesquels le type de régime de change peut influer sur la croissance, mais elle ne va pas jusqu'à avancer que celle-ci est favorisée par un régime de changes particulier.

La littérature théorique fait valoir qu'un régime de change flottant peut favoriser la croissance en permettant à une économie, caractérisée par la rigidité des prix et des salaires nominaux, d'amortir les chocs économiques et de s'y ajuster plus facilement, grâce au rôle de tampon joué par les fluctuations du taux de change. De plus, un régime de taux de change flottant permet à un pays de mener une politique monétaire indépendante, ce qui lui offre une perspective supplémentaire pour absorber les chocs internes et externes.

Une économie qui s'ajuste plus facilement aux chocs devrait jouir d'une croissance de la productivité plus élevée, compte tenu du fait qu'elle tourne en moyenne plus près des limites de sa capacité. En régime de change flottant, les chocs de taux de change sont plus nombreux, ce qui peut freiner la croissance économique.

De plus, nombre d'économies de marché émergentes ne peuvent appliquer une politique monétaire indépendante en raison de l'adoption de politiques macroéconomiques discutables et auraient avantage à arrimer leur taux de change à une monnaie forte. Notre revue de la littérature analysera trois arguments selon lesquels le choix du régime de taux de change fixe ou flexible constitue un avantage ou un inconvénient.

Premièrement, la stabilité des prix constitue l'un des arguments avancés par les défenseurs des taux de change fixes. Par exemple, Nurkse (1944) met en avant l'hypothèse d'une instabilité des prix et des marchés sous un régime de taux de change flottant. Pour sa part, Friedman (1953) soutient que la spéculation occasionnée par le régime de taux de change flexible aurait des effets stabilisants. Le premier avance qu'une attaque spéculative engendrerait d'importantes fluctuations de la valeur des monnaies locales, suite aux perturbations excessives des marchés du taux de change. Par ailleurs, l'incertitude née du flottement pourrait freiner le commerce extérieur ainsi que les investissements directs étrangers.

Pour contrer ces arguments, ceux qui soutiennent le taux de change flexible proposent trois mécanismes à travers lesquels la variabilité des taux de change ne constituerait pas un inconvénient. Par exemple, selon Friedman (op. cit.), Frankel et Dornbusch (1993), les variations des taux de change seraient moins accentuées que ce qu'elles auraient été en l'absence de la spéculation. Donc, la spéculation aurait un effet stabilisateur plutôt que déstabilisateur. Ensuite, ces auteurs estiment que les anticipations sont rationnelles. Par conséquent, les taux de change ne s'envoleraient pas de façon discontinue. De plus, les commerçants et les investisseurs devraient développer des mécanismes de prévention et de gestion des risques de leur portefeuille en entreprenant des transactions sur le marché à terme ou en adoptant les techniques appropriées que propose la finance moderne.

Enfin, le taux de change, étant lié à la politique monétaire, devrait être aussi stable que les fondamentaux macroéconomiques. En fin de compte, selon la littérature, le taux de change de long terme serait déterminé par le niveau des prix relatifs, donc la parité du pouvoir d'achat. Cependant, les prix répondent très lentement aux conditions d'excès d'offre. Donc, le retour du taux de change réel à son niveau d'équilibre ne serait pas rapide. Quant à l'argument fondé sur les anticipations rationnelles, Nurkse (op. cit) soutient que les régimes politiques en place seraient de nature à influencer la manière dont le secteur privé détermine les prix et les salaires. D'une part, le secteur privé prend en considération des incitations des pouvoirs publics visant à altérer le taux de change nominal pour la réalisation de certains objectifs réels. D'autre part, étant donné que les incitations politiques contrarient le désir des fixateurs de prix à maintenir leurs prix relatifs, leur clairvoyance de l'avenir contribuerait à annuler l'effet de la politique. Le résultat final des anticipations rationnelles serait un taux d'inflation élevé, sans la garantie d'atteindre les objectifs réels.

Dans la pratique, explique Amvouna (op. cit.), aucune de ces théories n'est véritablement consistante. En général, la variabilité des taux de change flottants en courte période, ne semble pas être corrélée avec les perturbations observables dans l'économie. Par ailleurs, la spéculation s'est révélée non stabilisante, soit parce que les anticipations n'ont pas été rationnelles, ou simplement parce que, même rationnelles, ne conduisent pas forcément à la stabilisation.

Un deuxième point de divergence entre partisans et adversaires des régimes de change fixe et flexible concerne l'indépendance. La logique qui se trouve derrière cette idée repose principalement sur le désir de souveraineté, tant économique que politique. Dans ce contexte, Mussa (1995) affirme que la monnaie nationale est comparable à un drapeau. Ainsi, chaque pays devrait avoir sa propre monnaie et protéger son utilisation à l'intérieur du territoire.

Dans un cadre purement économique, cette souveraineté se traduit par la liberté d'actions individuelles, de sorte que les politiques économiques et les taux d'inflation divergent à travers le pays. Ainsi, le résultat économique de l'ensemble serait meilleur qu'en les mettant tous sous le contrôle d'un même processus politique centralisé. Par exemple, les pays menant une politique plus expansionniste que leurs voisins, tout en alignant leur niveau de prix et leur politique macroéconomique, seront sanctionnés par des déficits budgétaires. Cette pénalité, selon Mussa (op. cit.), est supposée être plus faible sous un régime de change flottant.

En ce qui a trait à la coopération, elle est caractérisée par une monnaie forte, des facilités de crédits et un appui réciproque (Amvouna, 1998). Nous pouvons citer deux exemples de coopération plus ou moins récente. Premièrement, celle des pays européens qui se sont mis d'accord pour créer une monnaie unique, l'euro. Deuxièmement, celle des pays du G-7 qui, lors des sommets de 1986 et 1987, se mirent d'accord pour aligner leurs taux d'inflation sur celui de l'Allemagne.

Toutefois, l'indépendance avec un régime de taux de change flexible et la coopération avec un régime de taux de change fixe, se sont révélées insuffisantes dans le temps. Des défaillances ont pu être observées dans les deux systèmes. C'est ainsi que certains décideurs sont amenés à adopter des politiques intermédiaires. De ce fait, depuis un certain temps, apparaît des idées comme « monétarisme mondial ou la nécessité d'un fonds d'intervention indépendant ».

Le troisième point de différence touche un aspect beaucoup plus intéressant. IL s'agit de l'efficacité des politiques macroéconomiques en régimes de change fixe et flexible. Dans la section 1.2.1 nous analyserons cet aspect plus en profondeur.

1.2.1 - Efficacité des politiques macroéconomiques

Le modèle approprié pour comparer l'efficacité des politiques macroéconomiques en régimes de change fixe et flexible7(*) est celui associé à Mundell (1961) et Fleming (1971). Les auteurs cherchent à déterminer comment dans un environnement ouvert un pays peut réaliser, d'une part, son objectif interne de plein emploi et de stabilité des prix, puis d'autre part, son objectif d'équilibre de la balance des paiements relatif à ses transactions à l'étranger.

La section suivante analysera, à la lumière de ce dit modèle sous quelles conditions les politiques macroéconomiques sont efficaces en régimes de taux de change fixe et flexible.

1.2.1.1 - Efficacité des politiques macroéconomiques en régime de change fixe

Dans un régime de change fixe le maintien d'une certaine parité de taux de change représente un objectif intermédiaire des autorités monétaires. Ainsi, elles doivent intervenir constamment sur le marché des changes en vue de soutenir8(*) la valeur externe de la monnaie nationale. En fin de compte, cette opération aboutira à l'accumulation de réserves officielles de change qui, d'un point de vue théorique, est la variable macroéconomique ajustable lorsque la balance des paiements est en déséquilibre dans un régime de change fixe. La variation des réserves officielles répercutent sur la variation de la masse monétaire qui, à son tour influence l'efficacité des politiques macroéconomiques et l'amortissement des chocs externes.

Se basant sur le modèle de Mundell - Flemming, Varoudakis (1994) fait une analyse détaillée sur l'efficacité des politiques macroéconomiques en régime de change fixe. Il considère un équilibre de sous-emploi et démontre qu'en régime de change fixe la politique budgétaire expansionniste permet de réaliser l'équilibre macroéconomique9(*) de plein-emploi alors que la politique monétaire expansionniste empêche de revenir à l'équilibre. En effet, une politique monétaire expansionniste conduira à une baisse du taux d'intérêt et une relance de l'activité économique de l'intérieur, suite aux dépenses d'investissement.

Cependant, cette opération ne permet pas d'obtenir un équilibre externe mais conduit plutôt au déficit de la balance des paiements. Ce phénomène est engendré par la diminution des entrées nettes de capitaux et la dégradation de la balance commerciale, eux-mêmes entraînées respectivement par la diminution des taux d'intérêt et la relance de l'activité à l'intérieur. Le déficit de la balance des paiements aura pour conséquence la baisse de taux de change. En régime de change fixe et à défaut d'un réajustement des parités, les pressions à la baisse sur le taux de change engendrent une baisse mécanique des réserves officielles avec pour corollaire la détérioration de l'équilibre interne.

Quant à la politique budgétaire expansionniste, elle se révèle nettement efficace dans un environnement de change fixe. Elle permet la relance de la demande et l'augmentation du revenu, donc de la croissance économique. L'efficacité est donc une fonction positive de la mobilité internationale des capitaux.

Toutefois, l'économie est constamment soumise à des chocs qui sont susceptibles de perturber l'équilibre macroéconomique. Les autorités monétaires se doivent donc de les résorber. Pour y parvenir, la politique de change se révèle un véritable instrument.

En effet, la politique de change peut-être utilisée pour neutraliser l'incidence des chocs défavorables à l'équilibre macroéconomique. Cependant, cette politique dépend du type de régime de change en vigueur et de la nature du choc. Dans l'hypothèse d'un choc lié à la récession de l'activité économique à l'étranger, le régime de change fixe paraît particulière inefficace comme moyen de protection de l'économie. Dans ce cas, il est optimal de procéder par un réajustement de la parité vers le bas, ce qui apportera un gain de compétitivité et contribue à une amélioration du solde de la balance commerciale.

Soulignons par ailleurs, que les réajustements des parités dans les systèmes de change fixe se font souvent sous contrainte de pressions exercées par les marchés de changes et ne reflètent pas des actions délibérées des autorités et de la politique de change. Si ces pressions ne sont pas contenues à temps, elles peuvent débouchées sur des attaques spéculatives violentes qui éliminent les réserves de changes de la banque centrale. Cette situation peut avoir comme conséquences la révision de la parité ou l'abandon du système de change fixe en laissant libre cours au marché de décider de la nouvelle parité d'équilibre de la monnaie.

Dans la même logique du régime de change fixe et dans l'hypothèse d'une parfaite mobilité internationale des capitaux, considérons un choc lié à une hausse des taux d'intérêt à l'étranger. Dans ce cas, l'équilibre externe implique l'alignement du taux d'intérêt domestique au taux étranger. Nous avons précédemment montré que, dans cette perspective, la politique monétaire ne peut pas ramener l'équilibre macroéconomique. Par ailleurs, si les chocs sont conjoncturels, réversibles et de courte durée, une politique de stérilisation peut être employée pour contrer les incidences issues de la variation des réserves officielles de change (Varoudakis, 1994). La seconde politique consisterait à appliquer une politique budgétaire expansionniste bien adaptée. Celle-ci doit, cependant, être accompagnée par un ajustement à la hausse des taux d'intérêt domestiques. Cette politique diminuerait la contraction spontanée de la masse monétaire, et on aboutirait finalement, à un nouvel équilibre de plein-emploi. Toutefois une telle politique est soumise à des limites : augmentation de la pression fiscale, soutenabilité des finances publiques et la coordination internationale des politiques macroéconomiques.

* 7 Voir à ce propos, Gilbert Koenig (1997)

* 8 Soutenir la monnaie nationale peut se faire par l'achat ou la vente de devises dépendamment de la situation de la balance des paiements. Si la balance des paiements est en déficit, la monnaie nationale subit des pressions à la baisse, alors les autorités se portent acheteuses de la monnaie nationale. Si c'est le contraire qui se produit, les autorités en vendent.

* 9 L'équilibre macroéconomique d'une économie ouverte se définit par la réalisation simultanée de l'équilibre sur le marché des biens, de la monnaie et de la balance des paiements.

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