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Du développement international au développement territorial : conception d'un projet de développement de l'écotourisme dans la région de Fatick, dans le cadre de la coopération décentralisée avec la région Poitou-Charentes


par Sory KABA
Université de Poitiers
Traductions: Original: fr Source:

Master 2: Migrations Internationales
Spécialité professionnelle : Conception de projets en coopération pour le développement
Année 2008-2009
Titre

« Développement international et développement territorial : conception d'un projet de
développement d'écotourisme, dans le cadre de la coopération décentralisée, entre les
régions de Fatick au Sénégal et de Poitou-Charentes en France »

Présenté par Sory KABA sous la direction de
Nathalie KOTLOK
Maître de conférences

RESUME

Le concept de développement, dans le contexte de la mondialisation, a subi beaucoup de critiques, comme modèle à transposer, partout dans le monde.

Une approche basée sur le territoire, qui s'appuie sur les spécificités locales, en mobilisant et organisant les acteurs, semble mieux répondre au contexte de la mondialisation.

Loin de s'en départir, l'approche territoriale du développement complète le modèle de développement libéral, dans certains de ses aspects.

Dans cette logique, je me suis intéressé aux liens de la coopération décentralisée entre les régions de Fatick au Sénégal et de Poitou-Charentes en France, pour illustrer mon propos.

Le projet de développement de l'écotourisme, qui est un des axes de cette coopération, que j 'ai eu le privilège d'élaborer dans le cadre de mon stage, au Parc interrégional du Marais Poitevin (un des maîtres d'oeuvre du projet), est un exemple d'approche territoriale du développement.

Parmi les stratégies de mobilisation des acteurs, celle relative aux migrants Fatickois à l'étranger et sénégalais de manière générale, a été étudiée, pour donner plus de consistance au lien nécessaire, entre le local et le global, dans une approche territoriale du développement.

MOTS-CLEFS :

Développement - Territoire Ecotourisme Coopération - Migrations

REMERCIEMENTS

« Conception de projet en coopération pour le développement » : une formation à la pointe de la connaissance. Connaissance du cadre institutionnel de la solidarité et de la migration internationale, considération conceptuelle du développement, la gestion du cycle de projet, le tout dans le contexte de la mondialisation.

Je tiens à remercier particulièrement Mme Nathalie kotlock et Mr Patrick Gonin, pour la mise en oeuvre de cette formation, mais aussi pour leur encadrement et leur appui méthodologique, durant toute la durée de cette formation. A travers eux, je remercie l'ensemble des intervenants du master.

Au-delà, ce ft l'occasion de rencontres, de découvertes, à travers une promotion, composée d'hommes et de femmes, particulièrement sympathiques. Je tiens à les remercier tous.

Mon stage était l'occasion d'aborder la problématique du développement territorial, à travers l'élaboration d'un projet de développement de l'écotourisme, dans le cadre de la coopération décentralisée, entre les régions de Fatick au Sénégal et de Poitou-Charentes en France.

Je voudrais remercier vivement le directeur du Parc interrégional du Marais Poitevin et à travers lui tout le personnel. Mais de manière particulière, je remercie Corinne Rouault, pour sa disponibilité, sa générosité, son encadrement et son accompagnement, ainsi que Sandrine Guihéneuf.

C'est l'occasion pour moi de remercier, les autorités des deux régions (Mme. Ségolène Royal et Mr. Abdoulaye Séne, ainsi que son successeur Mr.Comba Ndofféne Diouf), pour m'avoir donné l'opportunité de contribuer à l'oeuvre de développement de mon territoire et en me mettant dans les conditions de le faire, en m'attribuant une bourse.

Enfin, je tiens à remercier :

- Mme. Françoise Lechanjour, pour son engagement et sa détermination, qui m'ont été d'une grande importance et à travers elle, toute sa famille et ses amis,

- Le personnel des Conseils Régionaux de Fatick et de Poitou-Charentes, pour leur collaboration ;

- Tous les acteurs, que j'ai pu rencontrer durant tout ce temps, particulièrement la communauté des migrants ;

- Tous ceux qui, de prés ou de loin, m'ont apporté leurs conseils et leurs appuis ;

- toute ma famille, pour leur soutien et leurs prières, particulièrement ma grande soeur Sadio Kaba. Mon épouse Aminata Wade, pour ses encouragements, sa tolérance et sa patience.

SOMMAIRE

REMERCIEMENTS 3

INTRODUCTION 6

PREMIERE PARTIE : Coopération décentralisée Fatick /Poitou-Charentes : une
approche dynamique du développement territorial qui lie le local au global
10

A- Contexte 10

De la coopération au codéveloppement : une stratégie de mobilisation des migrants pour un développement territorial élargi 24

DEUXIEME PARTIE : Méthodologie d'études et résultats d'enquêtes 29

A- Positionnement de la coopération décentralisée Fatick/Poitou-Charentes et la mobilisation des migrants : les deux objectifs de l'étude 29

B- Présentation de la méthodologie d'enquêtes 31

Analyse des résultats d'enquêtes 33
TROISIEME PARTIE : Le développement de l'écotourisme : un projet ambitieux de développement territorial de la région de Fatick dans le cadre de la coopération

décentralisée avec la région Poitou-Charentes 43

A- L'écotourisme: une orientation durable du tourisme 43

B- La pertinence du projet à l'échelle du territoire: une stratégie de positionnement régional 48

Le Parc interrégional du Marais Poitevin : première expérience à l'international dans le cadre du projet de développement de l'écotourisme à Fatick 50

Plan d'actions du projet de développement de l'écotourisme 56

CONCLUSION 70

BIBLIOGRAPHIE 73

ANNEXES 75

TABLE DES SIGLES ET ABREVIATIONS - ANPT Agence Nationale de Promotion du Tourisme

- BECEAO Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest

- BM Banque Mondiale

- CPBBM Club des Plus Belles Baies du Monde

- CRT Comité Régional du Tourisme

- COREPA Convention pour la Rénovation de Pal marin

- DGCI D Direction Générale de la Coopération Internationale et du Développement

- DSRP Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté

- EUROPARC Fédération des parcs naturels et nationaux de l'Europe - FCFA Franc des Colonies Françaises d'Afrique

- FMI Fond Monétaire International

- MAEE Ministère des Affaires Etrangères et Européennes

- OCDE Organisation de Coopération pour le Développement Economique

- OMD Objectif du Millénaire pour le Développement

- OMT Organisation Mondiale du Tourisme

- ONG Organisation Non Gouvernementale

- PIB Produit Intérieur Brut

- PNDS Parc National du Delta du Saloum

- PNUD Programme des Nations-Unies pour le Développement

- PIMP Parc Interrégional du Marais Poitevin

- PRDI Plan Régional de Développement Intégré

- PRODER Programme de Développement des Energies Renouvelables - UE Union Européenne

- UNICEF Organisation des Nations-Unies pour l'Education et la Santé des Enfants

- UNESCO Organisation des Nations-Unies pour l'Education, la Science et la Culture

- SAPCO Société d'Aménagement de la Petite Côte

- SCA Stratégie de Croissance Accélérée

- SCAC Service Consulaire d'Actions Culturelles

- SIPTSS Syndicat d'Initiatives et de Promotion du Tourisme du Sine Saloum

INTRODUCTION

Le concept libéral du développement a subi une évolution significative à l'épreuve du temps et des crises et fait l'objet de nombreuses critiques.

Le développement, notion par essence polysémique autant dans l'usage que dans la définition renvoie aux termes croissance, épanouissement, progrès, essor, extension ou expansion1. Mais aussi, c'est une technique. Une technique au travers de laquelle des changements sociaux, des modes de pensées et de fonctionnement des sociétés sont produits, au moyen d'un processus d'innovations.

Les processus de territorialisation et de déterritorialisation engendrés par la mondialisation ont tendance aujourd'hui à favoriser le territoire, appelé à jouer un rôle d'une grande importance jusqu'ici marginalisée, pour une approche durable du développement.

Dans le contexte de la mondialisation fortement marqué par la libéralisation des économies le développement durable prend tout son sens.

Dans les années 1970, le développement local était le concept de référence. Il a cédé sa place au développement territorial dans les années 1980 et au développement durable aujourd'hui.

L'intérêt porté par les Etats et la communauté internationale aux collectivités et aux pouvoirs locaux, pour pouvoir atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OM D)2, comme l'illustrent bien les cas du Ghana et de l'Ouganda, semble prédisposer les territoires à jouer un rôle de premier plan dans le processus de développement et d'épanouissement des peuples, dans un monde divisé en trois pouvoirs « économiques, politiques et celui de la société civile »3.

Dans un tel contexte que doit-être une approche territoriale locale du développement ?

Dans une première hypothèse, j'affirme que des synergies et des intéractions peuvent exister entre le développement économique international d'approche libérale et le développement territorial local durable. En m'inspirant des études déjà effectuées en la

1 Le petit Robert

2 Politique de lutte contre la pauvreté définie par l'ONU en 2000, qui s'articule autour de 8 objectifs.

3 Nicanor PERLAS : la société civile : le troisième pouvoir, 2003, éd. Yves Michel

matière mais aussi en analysant les relations de coopération décentralisée qui lient les régions Poitou-Charentes en France et de Fatick au Sénégal, coopération qui promeut le développement de type territorial, j'approfondirai cette hypothèse.

La coopération décentralisée, expression forte de la coopération au développement, est celle qui lie entre elles, les collectivités locales et territoriales de pays différents, dans la logique d'une recherche d'une plus grande efficacité des actions de développement.

Cette même recherche d'efficacité conduit, aujourd'hui, à considérer la problématique migratoire dans une approche du codéveloppement ou le migrant appelé «acteur d'ici et là- bas » doit jouer un rôle capital.

Approcher la problématique migratoire comme une solution et non comme un problème, autant par les pays d'arrivée que de départ, peut être une force essentielle qui permet aux migrants de contribuer au développement des deux territoires, qui constituent ces « deux espaces de vie ». Je développerai dans les pages qui suivent, cette nécessaire relation entre la migration et le développement territorial.

Dans ce contexte de mondialisation, ces concepts de coopération décentralisée, de codéveloppement, de migrations internationales ont pris des significations toutes différentes, autant dans leur définition que dans leur mise en oeuvre, face aux échecs répétés des politiques, qui structurent réellement le développement. Ces politiques s'éloignent au fur et à mesure des préoccupations des sociétés et des discours sur le développement soutenable ou durable.

La chute des économies socialistes qui servaient de contre proposition au capitalisme qui inspire nos économies voit, comme l'ère du développement qui a débuté avec la fin de la seconde guerre mondiale, un accroissement des inégalités dans la répartition des richesses entre nantis et pauvres ; à l'échelon international entre Etats, comme du reste au sein même des Etats. Ces inégalités constatées dans la distribution des richesses mondiales, est également un argument en faveur d'une démarche territoriale d'un développement endogène et non exogène.

Concrètement, la mondialisation amplifie t-elle ces inégalités ?

Des inégalités qui font que 80% des richesses du monde sont détenues par 20% de la population mondiale. Selon l'UNICEF, l'extrême pauvreté touche environ 1,2 milliards de

personnes dans le monde, soit 1/4 de la population mondiale, alors que la moitié de ces pauvres vit dans des pays riches avec des ressources. De telles disparités entre autres peuvent- elles encore durer, alors que la planète n'a jamais été aussi riche ?

A terme, je me demande : Que signifie le développement ? Les concepts de coopération décentralisée, de codéveloppement, de migrations internationales qu'est ce qu'ils englobent ? Comment les combiner dans le cadre du développement territorial pour contribuer à faire reculer ou à enrayer la pauvreté dans notre planète ?

Des recherches ont favorisé l'émergence de nombreuses démarches, approches et initiatives, qui élargissent les champs d'études et multiplient tout en les différenciant, les acteurs bénéficiaires des actions d'un développement plus juste et plus harmonisé. Mais toutes ont en commun, de faire du territoire un espace de vie, où il est possible d'impulser un développement territorial endogène et non exogène.

Ainsi la question centrale que je me pose dans le cadre de cette étude est de savoir comment favoriser une approche territoriale locale qui impulse un développement endogène particulièrement à Fatick, aux moyens de la coopération décentralisée avec la région Poitou-Charentes et de la mobilisation des migrants ?

Il ne s'agira pas pour moi que de formuler des considérations théoriques dans le cadre de ce mémoire. La coopération décentralisée entre les régions de Fatick et de Poitou-Charentes m'offre la possibilité d'élaborer un projet de développement de l'écotourisme, selon les principes de la gestion du cycle du projet, dans la première région nommée, qui dispose de potentialités réelles dans ce domaine.

Par rapport au tourisme de masses, l'écotourisme est une alternative qui repose sur des activités qui contribuent pleinement à l'épanouissement des populations locales, tout en respectant et préservant, à long terme, les richesses naturelles, patrimoniales, historiques, locales.

Pour avoir été un acteur du développement territorial à Fatick sur ces questions de tourisme durable, j'ai pris ce recul, pour analyser de manière plus large la problématique du développement territorial local à Fatick aux moyens de la coopération décentralisée et de la migration dans son rapport avec le développement, dans le cadre de mon mémoire, qui je souhaite, contribuera à renforcer la légitimité des espaces publics territoriaux autant au

Sénégal ou la démocratie se doit être renforcée, qu'en Poitou-Charentes, qui se veut une reconnaissance internationale et cherche à mutualiser ses expériences de développement territorial local, dans le contexte de la mondialisation.

Dans le cadre de cette étude les objectifs poursuivis sont d'une part positionner la coopération entre les régions de Poitou-Charentes et de Fatick au Sénégal dans la dynamique d'un développement territorial local endogène, et d'autre part, mobiliser et organiser les acteurs territoriaux, surtout les migrants Fatickois en Europe et les migrants Sénégalais en général, selon deux approches. Une approche exploratoire qui m'a permis d'interroger les faits par des entretiens individuels, par un travail documentaire et une approche descriptive pour situer la problématique, par un questionnaire.

Plusieurs déplacements, successivement dans certaines régions de la France, ensuite au Portugal, en Italie et enfin au Sénégal ont été effectués, à la rencontre des acteurs à mobiliser pour le projet de développement de l'écotourisme qu'il me revient d'élaborer pour la région de Fatick, dans le cadre de mon stage effectué au parc Interrégional du marais Poitevin (PIM P), partie prenante au projet, comme d'ailleurs d'autres acteurs que nous présenterons dans la troisième partie de notre étude.

En vue de répondre de manière analytique à comment favoriser une approche territoriale locale qui impulse un développement endogène particulièrement à Fatick, aux moyens de la coopération décentralisée avec la région de Poitou-Charentes et de la mobilisation des migrants, mon propos s'établit en trois parties.

J'aborderai, en première partie, la coopération décentralisée Fatick/Poitou-Charentes, qui se définie dans une approche dynamique du développement territorial qui cherche à lier le local au global, où les éléments liés au contexte, à l'historique, aux axes de cette coopération, aux stratégies et retombées seront mis en exergue.

La deuxième partie est consacrée à la présentation des objectifs de l'étude qui vise à positionner la coopération entre Fatick et Poitou-Charentes, à travers un jeu d'acteurs au quel les migrants doivent prendre une place importante, à la méthodologie d'études et à la présentation des résultats d'enquêtes de terrain.

La troisième partie, quant à elle, est réservée au projet de développement de l'écotourisme à Fatick. Les questions liées à la pertinence du projet à l'échelle du territoire, sa

description, y seront développées, ainsi qu'une présentation du PIMP structure d'accueil pour mon stage, ainsi que la présentation de tous les acteurs mobilisés dans le cadre de la mise en oeuvre de ce projet.

PREMIERE PARTIE : Coopération décentralisée Fatick/Poitou-Charentes : une approche dynamique du développement territorial qui lie le local au global

A- Contexte

? Du développement économique libéral au développement territorial

Selon Marx Weber « le développement est une évolution d'un certain ordre social accompagné par une transformation des manières de faire, de sentir, d'agir, de penser des membres de la société ». Toujours selon lui, « l'absence d'évolution des valeurs peut bloquer le processus de développement, ou du moins le compromettre ».

La dynamique de la mondialisation, qui marque notre temps depuis de longues années, intègre l'ensemble des pays du monde dans un processus économique libéral, en rupture avec le modèle orthodoxe des échanges internationaux. Depuis les années 1980, elle s'accompagne d'une libéralisation des économies, qui se manifeste par une série de réduction des contrôles tarifaires et non tarifaires des échanges extérieurs, réduction du contrôle des gouvernements et des Etats sur les investissements étrangers, réduction du rôle économique de l'Etat avec l'abandon du modèle traditionnel de substitution aux importations, réduction du secteur public liée à l'abaissement des dépenses budgétaires et à la privatisation d'un certain nombre d'entreprises publiques.

Telle quelle, la mondialisation conduit à une marginalisation des pays et des populations les plus pauvres par rapport au processus de développement, qui nécessite selon la définition de Weber citée ci-dessus, la remise en cause des valeurs qui sous-tendent la mondialisation. Valeurs liées : à la révolution industrielle, la révolution des transports, la révolution démographique en lien avec la révolution agricole, la quête effrénée des marchés.

Concrètement, l'histoire du développement économique international au 21éme siècle se caractérise par un mélange de bonnes volontés de certains Etats du Nord industrialisés, et d'actions effectives de la communauté internationale, particulièrement celles des nations unies, pour promouvoir un modèle de développement inscrit dans la durabilité et de lutte contre la pauvreté dans les pays du tiers-monde et au-delà.

Mais dans la réalité, le concept de développement est un instrument de pouvoir et de domination du monde qui a fait son apparition à partir de 1949, lors du discours d'investiture du Président américain Harry Truman.

Il a utilisé le concept de développement pour justifier et définir une politique d'aides à l'endroit des « pays sous-développés », communément appelés par la suite le « tiers-monde », dans le cadre de la guerre froide, mais aussi pour la reconstruction de l'Europe dévastée par la guerre.

En ce sens, la création de l'organisation des Nations-Unies (ON U) et d'instances internationales de développement tels que la Banque Mondiale (BM), le Fonds Monétaire International (FMI), l'Organisation des Nations-Unies pour l'Education, la Culture et la Science (UNESCO), le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD). .favorise depuis lors, la mise en place d'un système mondial dont la priorité et de promouvoir le développement.

Mais ce développement, est selon Ivan Illich, un processus de dépossession des capacités autonomes de l'homme au profit de l'hétéronomie. Cela est d'autant plus vrai, qu'en 1990, le PNUD4 a popularisé le concept des « capabilities5 » d'Amartya Sen (prix Nobel de la paix 1998) à travers un rapport annuel sur le développement humain dans le monde. Cette approche multidimensionnelle du développement se présente comme une alternative à celle de la banque mondiale sur le revenu. Le coeur de cette approche du développement est de ne pas réduire la pauvreté à un concept matériel, mais de considérer toutes les possibilités dont dispose effectivement un individu pour être et agir comme il le souhaite.

Dans ce sillage, l'ONU proclame en 2000 les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui visent entre autres à réduire l'extrême pauvreté et la faim dans le monde dans un délai de 15 ans.

Mais cette démarche de réduction et de lutte contre la pauvreté doit s'accompagner d'une volonté de préservation des ressources naturelles de la planète. Déjà en 1972, la

4 Programme des nations unies pour le développement.

5 Se traduit en français par « capabilités » et désignent l'ensemble des états et actions qu'un individu peut atteindre ou entreprendre.

problématique de l'environnement s'invite sur la scène internationale avec le club de Rome6 dans leur rapport sous titré « Rapport sur les limites de la croissance » amenant à s'interroger sur les modèles de développement possibles.

Devant l'ampleur du danger, est apparu en 1987, le terme de « développement durable », dans le rapport de la commission Brundtland7.

Ceci renforce la définition du développement de Gilbert RIST selon laquelle : « le développement est constitué d'un ensemble de pratiques parfois contradictoires en apparence qui, pour assurer la reproduction sociale obligent à transformer et à détruire de façon généralisée, le milieu naturel et les rapports sociaux en vue d'une production croissante de marchandises (biens et services) destinés, à travers l'échange à la demande solvable »8.

Tous ces défis qui interpellent le développement économique libéral, liés d'une part à la lutte contre les inégalités sociales et contre la pauvreté dans le monde et d'autre part à la nécessaire préservation des ressources de la planète, engendrent et obligent à un retour aux austères modes de vie ancestraux, de production.

Il s'agit là d'un appel aux traditions industrielles locales, qui insiste particulièrement, sur la prise en compte des valeurs culturelles et sur le recours à des modalités coopératives. Le développement doit dès lors être circonscrit dans un territoire, où ceux y vivent pourront en maîtriser tous ces aspects.

6 C'est un groupe de réflexion réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, { l'initiative d'industriels de 53 pays, avec comme but de proposer des solutions ayant trait à la « gouvernance » mondiale dans son aspect environnement.

7 Du nom de la présidente de la commission mondiale sur l'environnement et le développement, la Norvégienne Gro Harlem BRUNTLAND;

8 Dans son ouvrage « Histoire d'une croyance occidentale » 1996 : p 26-34

? Du développement territorial

Les successions de crises que traverse notre planète, amènent à privilégier le plan local par rapport au plan national et entrainent sur le terrain des poussées sociales, culturelles et identitaires.

Le local s'approprie en quelque sorte le développement, surtout dans les pays sous développés, le sous-développement étant un produit du développement, pour en faire un concept et une pratique globale, une stratégie territoriale intégrée, solidaire, durable.

Le sous-développement, connu depuis l'expansion coloniale européenne et la révolution industrielle est d'une autre nature. Il résulte de l'échange entre une économie dominante et une économie dominée et se traduit par un appauvrissement au moins relatif de cette dernière.

Aujourd'hui, le sous-développement doit être appréhendé comme un facteur susceptible de produire des effets positifs de développement, qui vont à l'encontre du modèle capitaliste.

Le regard porté par les tenants de ce modèle, sur les pays sous-développés, comme du reste les critères qui sont définis, comme étant les références du développement, ne sont pas transposables partout. Ces références mettent l'accent sur les idées de progrès techniques et de productions industrielles. Mais aujourd'hui, un monopole est assuré sur ces différents éléments liés aux progrès scientifiques et techniques, constituant la base d'un système de production qui sont inaccessibles aux pays du tiers monde.

C'est une bataille perdue d'avance, je le pense, que de vouloir bâtir le développement sur la base de ces références.

D'ailleurs, depuis dix ans, il est question de crise économique dans laquelle s'enlise le monde capitaliste et par voie de conséquence toute la planète.

Mais le terme de crise est impropre, selon François Partant, dans la mesure où une crise est presque par définition provisoire.

Il s'agit, pour lui, bien plutôt, « d'un processus de désorganisation économique et de décomposition sociale qui affecte inégalement les pays, qu'ils soient ou non industrialisés, mais qui ne s'accompagne pas ou pas encore d'un véritable ébranlement de l'appareil mondial de production. C'est d'ailleurs pour cela que d'innombrables entreprises, et en

particulier les principales firmes multinationales, continuent de réaliser de confortables profits et que certains économistes, parmi lesquels Jacques Attali, ont pu dire que la crise était terminée »

Le développement territorial devient, par la force des choses, une approche qui favorise un développement endogène, c'est-à-dire qui s'appuie sur les spécificités locales et qui offre la possibilité de sortir les pays sous-développés de l'engrenage du développement.

Cet engrenage, qui fondait la politique de développement des pays industrialisés, met les pays en voie de développement dans une position de devoir importer, même à crédit, dès lors qu'ils ne peuvent pas produire tout ce dont ils ont besoin pour vivre. Ainsi s'installe une dépendance, qui les rend de plus en plus vulnérables.

Au-delà d'endetter de manière continue les Etats des pays en voie de développement, ce système défait le tissu social et entraine les populations dans une situation de remise en cause profonde de leur être et de leur existence. Ainsi tous les repères sociaux et historiques, sont déréglés.

L'exemple du Nigéria en est une parfaite illustration. C'est le 8éme pays producteur de pétrole dans le monde et le premier en Afrique, avec 2,7 millions en moyenne de barils de brut par jour, exportés9 en 2007. Mais il importe 100% de ses besoins en carburant (27 millions de litre d'essence par jour, alors que des multinationales du pétrole dans son territoire, exploitent la ressource, pour la lui revendre ensuite.

Cette ignominie, que d'aucuns peuvent considérer de normal, par la responsabilité partagée des autorités du pays, est dépourvu de tout bon sens. Un bon sens, qui pouvait permettre au gouvernement d'être assez légitime, d'être stable et de mettre le pays à l'abri d'un besoin énergétique, ce qui du reste peut compromettre les intérêts des forces occidentales.

Aujourd'hui, le pays s'expose, à une situation de ni paix ni guerre, ou la population est manipulée, corrompue, car en manque de tout.

C'est d'ailleurs, dans cet esprit, que le Président Sarkozy disait à Dakar, en 2007, que : « le drame de l'Afrique c'est que l'homme Africain n'est pas entré dans l'histoire. Le

9 Jean Ziegler, « la Haine de l'occident », édition Albin Michel, 2008 ; p.142.

paysan africain, qui depuis des millénaires vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connait que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin du même geste et des même paroles [...] 10»

Les pratiques des oligarchies capitalistes, comme dans l'exemple du Nigéria, ainsi que la mauvaise volonté des pays industrialisés de sortir le monde de la faim depuis 2000, contrairement à celle dont ils ont fait montre, pour sauver le système financier international en crise, en mettant à la disposition des banques plus de 800 milliards11, prouvent s'il en est besoin, que le développement du tiers monde ne sera pas exogène. Si cette somme, distribuée aux 6,7 milliards d'êtres humains de la planète, chacun se retrouverait avec une somme sensiblement égale à 104 millions de dollar.

Une telle démarche ne relancerait-elle pas les banques ainsi que le système productif mondial ? Je crois que oui ; mieux et de manière plus juste que l'utilisation faite actuellement de cette manne financière. Sous ce rapport, le développement se comprend comme un système par lequel, les moyens pour mettre toute la planète à l'abri du besoin existent, mais, il faut faire en sorte qu'il continue à y avoir des pauvres et des nécessiteux. Par contre, ces derniers ne peuvent et ne doivent compter que sur eux-mêmes pour sortir de leur situation de précarité. D'où l'émergence de plusieurs formes de théorie.

La théorie du développement endogène développée par John Friedmann et Walter Stöhr prend forme vers la fin des années 50. Selon eux, c'est une « approche volontariste, axée sur un territoire restreint, qui conçoit le développement comme une démarche partant du bas, privilégiant les ressources endogènes ».

Mais le développement local prend son essor à partir des années 80, face à l'ampleur de la crise économique et de la crise d'efficacité de l'action publique centralisée.

C'est dans les années 1990 que la notion de développement territorial devient hégémonique. Cette période coïncide avec un contexte économique et idéologique caractérisé par un phénomène de déterritorialisation et de reterritorialisation accentuée de la production des échanges, des concentrations industrielles et financières, de la circulation accélérée des

10 p81, allocution prononcée le 25 juillet 2007 à Dakar ;

11 Interview de Jean-Pierre Elong Mbassi Président d'Africités (structure qui regroupe les collectivités locales et régionales d'Afrique) { Afrik.com.

idées, des capitaux, des marchandises et des hommes et par une volonté individuelle d'ancrage, d'identité, d'un « besoin de territoire, d'être de quelque part ».

Le territoire n'a pas vocation à vivre son développement dans l'autarcie ou l'accaparement des ressources, mais plutôt par son aptitude à fédérer des initiatives, sous le signe de ses intérêts propres.

Selon les géographes, le territoire est un espace réel et rêvé, qui ne peut pas se réduire ou se résumer à la seule entité géographique ; il est produit par les acteurs et sert de concrétisation à leurs comportements.

Le développement territorial devient dès lors une dynamique de participation circonscrite dans un territoire, le tout en lien avec un réseau, qui favorise un rapport entre le territoire et l'extérieur, qui requiert des acteurs organisés, une intelligence spécifique mobilisée.

Cependant les territoires comme les individus doivent tout d'abord être « motivés », « réactifs », « autonomes », « responsables ». D'autre part, les valeurs du développement local territorial, prônent la synergie des acteurs (privé et public, monde syndical et patronat...), l'élaboration de projets globaux qui articulent l'économique avec le social et le culturel, grâce au partenariat et à la démocratie participative, selon un esprit de solidarité.

Cette responsabilisation des acteurs locaux, promue par les processus de la décentralisation et de la mondialisation, ont aussi profondément affecté les pays du Sud à partir des années 90. Les compétences consenties aux collectivités locales et la place faite à la société civile et aux ONG ont pris plus d'espace.

? De la décentralisation en France et au Sénégal

Ces espaces publics locaux ouverts par les politiques de décentralisation, renforcent de juré, le rôle d'animation du développement des collectivités territoriales, qui doivent être efficaces et attentives aux initiatives des citoyens.

La décentralisation est un processus par lequel, des pouvoirs de gestion sont transférés de l'Etat central vers les collectivités territoriales, élues au suffrage universel. Par opposition à la déconcentration, ou l'Etat, étend ses tentacules dans les profondeurs de son territoire à travers des représentants, qu'il se choisit lui même.

Mais ce processus de décentralisation ne semblait pas répondre à une logique de développement.

En France, l'essence du système qui mettait en place les institutions territoriales répondait plus à un moyen d'expression de la démocratie locale et de la libre administration des populations que l'instrument rationnel des formes de développement12.

Mais sous l'influence de l'Europe, ce schéma classique a fortement évolué.

Aussi, face à l'ampleur de la crise économique et de la crise d'efficacité de l'action publique centralisée, l'Etat délègue de nouvelles compétences aux échelons infranationaux, les collectivités locales, avec une vocation plus utilitariste.

Ainsi cette pratique, par la force des choses, sera érigée en vertu au sein des Etats de l'OCDE à partir de 1984. D'autant plus que la contrainte supplémentaire venait de l'idéologie libérale qui favorise l'entreprise et l'entrepreneur. On assiste ainsi à l'élection de maires, chefs d'entreprise ; l'individu autonome créatif devient central. C'est le retour du sujet-action et de nouveaux mots gourous tels que « le projet » de ville, de territoire, d'établissements...

A partir de 1986, toutes les initiatives doivent être inscrites dans un projet. C'est la « dictature du projet ».

Au Sénégal, l'instrumentalisation de la décentralisation par la classe politique nationale entame la possibilité d'accroître l'imputabilité politique des décisions publiques à l'échelle locale.

Mieux, dès le début des années 80, la situation macro-économique cumule quatre handicaps majeurs : une stagnation de la production intérieure, un important déficit de la balance des paiements et des finances publiques, une détérioration des avoirs extérieurs et un endettement massif (PNUD 2001).

Ces facteurs cumulés entraînent une inscription encore récente des dynamiques locales dans les stratégies de développement, car jusque vers la fin des années 1970, les travaux sur le développement, portent en premier, sur les politiques et les dynamiques structurelles de niveau national.

12 Jean Claude Némery et Serge Wachter, « Entre l'Europe et la décentralisation, les institutions territoriales Françaises », p.13, 1993.

Mais la pression des besoins sociaux face à une situation sur la pauvreté extrêmement préoccupante (en 2001 le Sénégal était classé 145ème sur 162 selon l'indice de développement humain)13, les critiques externes du dirigisme économique de l'Etat, sont autant de facteurs qui concourent, qui favorisent une habilitation nouvelle de la décentralisation et des acteurs locaux.

L'Etat sénégalais est devenu un Etat décentralisé et déconcentré avec aujourd'hui trois paliers de collectivités locales dont l'existence et l'autonomie sont garanties par la constitution.

Depuis l'accession à l'indépendance, les hésitations du législateur se lisent dans la succession des dispositifs législatifs. Tout en reconnaissant l'existence des collectivités de base et en leur confiant une part de la gestion de l'espace national, le législateur peine à relâcher significativement le contrôle de l'Etat central sur les centres de décision locale. La loi 64-02 du 19 janvier 1964 impose aux grandes communes la présence d'un administrateur ordonnateur nommé par le pouvoir central qui s'assure ainsi le champ politique local.

En 1972, la carte administrative prend forme (départements, arrondissement, communautés rurales) et les communautés rurales sont érigées en collectivités locales par la loi 75-25 du 19 avril 1975. C'est l'étape dite de la « ruralisation ». Leur gestion est placée sous l'autorité du sous-préfet d'arrondissement, comme du reste l'approbation des actes relevant du département au préfet, qui lui assure aussi la tutelle aux communes, et les actes relevant de la région, au gouverneur.

Ce n'est qu'en 1990 avec la loi 90-35 du 08 octobre que le président du conseil rural récupère la gestion des communautés rurales. Dans le même temps, un maire élu au suffrage universel vient en remplacement de l'administrateur nommé dans les grandes communes.

En 1983 le Sénégal était divisé en huit régions administratives. La région n'étant pas encore reconnue collectivité locale. Le contrôle à priori des décisions des mairies et communautés rurales par les administrateurs, représentants de l'Etat, réduit l'autonomie de ces entités décentralisées. Il ne sera levé qu'avec le renforcement de la politique de décentralisation de 1996.

13 Document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP).

La réforme dite de « régionalisation » porte sur trois points essentiels : l'introduction du contrôle de légalité à postériori, le transfert de neuf domaines de compétences partagées aux collectivités locales et l'érection de la région en collectivité locale dotée d'une assemblée régionale élue au suffrage universel.

Deux nouvelles régions sont ainsi crées, qui fait passer le nombre à dix. Aujourd'hui le Sénégal compte 13 régions.

? De la coopération décentralisée

Dans le contexte de la décentralisation des pouvoirs politiques, d'aménagement perpétuel des territoires et de l'importance croissante des relations internationales, les collectivités territoriales locales se sont lancées dans des actions de coopération au développement, appelée coopération décentralisée.

Les grandes mutations liées à la dynamique de la mondialisation et les nouveaux rapports des acteurs publics comme privés au territoire, font des institutions territoriales un important facteur de la compétition internationale.

Ainsi les Etats ont tendance à se concentrer plus que jamais sur leurs fonctions régaliennes et leurs administrations allégées, du fait de l'engagement des collectivités locales dans les champs de la coopération, mais dans le respect des grands principes qui fondent les axes de la diplomatie nationale.

La notion de coopération décentralisée en France vient surtout désigner une coopération de collectivité(s) territoriale(s) à collectivité(s) territoriale(s), entre la France et un pays étranger.

Elle a été tout d'abord illustrée dans la loi d'orientation n° 92-125 du 6 février 1992 (abrogée), relative à l'administration territoriale de la république, qui fut la première à poser un ensemble de règles précises en matière de coopération décentralisée en France.

Ensuite, la notion de coopération décentralisée a été élargie et assouplie dans la loi du 7 février 2007, dite loi Thiollière, relative à l'action extérieure des collectivités territoriales et de leurs groupements. Elle apporte, en effet, deux importantes innovations puisque, d'une part, la notion de « collectivités territoriales étrangères » a été remplacée par celle « d'autorités locales étrangères » qui inclut les Etats fédérés et d'autre part, elle autorise les

collectivités territoriales françaises et leurs groupements à entreprendre des actions à caractère humanitaire sans passer de convention lorsque l'urgence l'exige.

Selon le Ministère Français des Affaires Etrangères et Européennes (MAEE), « la coopération décentralisée regroupe l'ensemble des actions de coopération internationale, menées par convention, dans un but d'intérr~t commun, par une ou plusieurs collectivités territoriales Françaises (régions, départements, communes) et leurs groupements et une, ou plusieurs autorités locales étrangères, dans les limites de leurs compétences. »14

Pour la commission européenne, la coopération décentralisée doit être comprise comme « la participation d'acteurs variés de la société civile à la discussion de priorités et à la mise en oeuvre d'actions de développement, sur la base d'initiatives émanant de ces acteurs. » (DGCID, MAEE, 2006, p. 59)

Cette notion de la coopération décentralisée est apparue pour la première fois dans la politique européenne de développement, dans la quatrième convention de Lomé (1994 et 1996), par rapport aux objectifs, principes et acteurs de la coopération. Ces accords de Cotonou, font une large part à la coopération décentralisée en l'inscrivant dans une perspective de développement humain durable, axée sur la réduction de la pauvreté.

Dans ce contexte, les pays africains, pour bénéficier des actions de cette nouvelle approche de solidarité au développement, qui vont beaucoup plus loin que les jumelages existant, se sont mis à jour.

Au Sénégal, la coopération décentralisée trouve son fondement juridique dans les lois de décentralisation de 1996, qui reconnaissent aux collectivités locales (communautés rurales, communes, régions) le droit « d'entreprendre des actions de coopération qui donnent lieu à des conventions avec des collectivités de pays étrangers ».

En mettant en exergue la possibilité pour les collectivités locales de signer des conventions avec des organismes internationaux prises de développement, le législateur sénégalais a fait un pas de plus que son homologue français et s'approche davantage de la nouvelle conception de cette coopération notamment celle de l'Union Européenne.

14 Source : www.gouv.diplomatie.fr

D'après cette conception « la coopération décentralisée n'est pas tant un nouvel instrument ou thème d'action de la coopération au développement, qu'une manière différente de concevoir et de pratiquer celle-ci. L'objectif de la coopération décentralisée est, avant tout, d'assurer un « meilleur » développement, par une plus grande prise en compte des besoins et priorités exprimés par la population ; elle vise ainsi à renforcer le rôle et la place de la société civile dans le processus de développement ».

Elle consiste en effet à faire collaborer à différents niveaux d'intervention les acteurs économiques et sociaux potentiels, tant du nord que du sud. Cet élargissement des acteurs du champ de la coopération décentralisée est l'élément de différenciation. Cette conception est largement partagée par le système des Nations-Unies et particulièrement le PNUD (Programme des Nations-Unies pour le Développement). La banque mondiale également s'inscrit dans cette même logique.

L'Etat n'est plus le seul acteur du jeu international. Il a dû intégrer de nouveaux intervenants, tels les organisations internationales, les multinationales, les ONG, mais aussi les collectivités. Cela dans la droite ligne de l'évolution constatée dans les relations internationales qui renvoie à la diversification et à la multiplication des acteurs.

La coopération décentralisée devient ainsi un moyen de rapprochement entre les hommes, une « « école de solidarité ». Elle ouvre à des rapports de solidarité et à une meilleure connaissance des hommes, même si pour certains elle est un objet peu défini.

? La coopération Fatick/Poitou-Charentes : état des lieux

Alors que la tendance de l'aide publique au développement est largement à la baisse, que les modalités de coopération sont à réinventer, il est intéressant de constater que des élus locaux jugent positivement l'intérêt de mener des actions de coopération.

La coopération décentralisée offre un effet de notoriété et d'image, de mobilisation des compétences diffuses dans les collectivités, un moyen de financement supplémentaire au profit des actions de projet mises en oeuvre.

Mieux la coopération décentralisée oeuvre au renforcement et à la structuration des collectivités engagées avec des effets politiques induits :

- en diffusant leur savoir-faire, les collectivités locales françaises élargissent leurs horizons dans un monde où l'appartenance à des réseaux internationaux est devenue une exigence ;

- l'encouragement à la participation, prôné dans les pays du sud, est une école pour approfondir le fonctionnement démocratique dans les collectivités du Nord.

Les régions de Fatick et de Poitou-Charentes, sont dans cette logique depuis 2003, à l'image des relations multiséculaires et multiformes entre le Sénégal et la France. Des efforts considérables ont permis de créer des relations directes avec les acteurs respectifs des deux territoires dans les différents domaines de la coopération au bénéfice de leurs populations respectives.

Après plusieurs rencontres et plusieurs échanges entre les deux régions, différents axes qui répondent aux besoins de développement territorial à Fatick ont été ciblés.

Il s'agit en effet :

- du programme de renforcement de la filière caprine en s'appuyant sur l'expérience de Poitou-Charentes, qui a prit forme en 2005 ;

- du micro crédit, qui a permis la création de bourses tremplin et de financer des porteurs de projets ;

- du programme de développement des énergies renouvelables (PRODER), avec un volet « énergie solaire » appelé programme d'éco développement, un volet recherche pour exploiter le potentiel solaire de la région de Fatick, avec des études pour l'installation de séchoirs, de pompes, de panneaux solaires,

- de l'écotourisme ;

- des échanges d'informations, de bonnes pratiques et de renforcement de l'efficacité institutionnelle.

Le projet de renforcement de la filière caprine, après plus de 3 ans de mise en oeuvre, a été évalué le vendredi 18 septembre 2009. Il entre dans sa deuxième phase d'exécution.

Ce projet a permis aujourd'hui de susciter un grand intérêt pour les traditions liées à la chèvre, dont les systèmes d'exploitation et de transformation du lait (en fromage) sont valorisés pour une commercialisation à Fatick et au Sénégal, en lien avec le secteur de

l'écotourisme (projet prévu dans la période 2010-2012 à concevoir dans le cadre de ce mémoire), ou du tourisme en général.

Le projet « micro crédit » a été lancé en mars 2009. Plusieurs micro projets sont déjà financés et font l'objet d'un accompagnement pour venir à bout de la pauvreté dans la région de Fatick, où 59%15 de la population vivent en dessous du seuil de la pauvreté.

Les difficultés d'approvisionnement en énergie au Sénégal ne peuvent connaître une solution durable que dans l'exploitation du potentiel solaire du pays.

Le Sénégal est l'un des pays les plus ensoleillés d'Afrique. Pour cette raison, la région de Fatick en partenariat avec la région Poitou-Charentes se positionne sur la problématique du réchauffement climatique en général, en vue d'expérimenter des modes d'adaptation opérationnels et de maîtrise de l'énergie.

Ce projet bénéficie aujourd'hui de l'appui du PNU D et de la région catalane en Espagne.

Le projet de développement de l'écotourisme, quant à lui, fera l'objet d'une présentation plus spécifique dans ce qui suit.

Toute cette dynamique qui crée des compléments de revenu aux populations locales en favorisant une économie locale en croissance, ne pouvait être faite, sans l'apport financier de la coopération décentralisée, au regard de la modestie des moyens du conseil régional de Fatick. C'est là, l'une des contraintes des politiques de décentralisation au Sénégal. L'Etat encore « jaloux » de ses prérogatives à tendance à transférer les compétences sans les moyens nécessaires à leur réalisation.

La coopération décentralisée qui crée ainsi un lien entre le local et le global, offre d'innombrables possibilités d'animation du développement territorial et renforce l'état de fait « région », encore récent, dans l'environnement institutionnel Sénégalais.

Communément appelée la coopération des peuples, la coopération décentralisée se révèle plus fonctionnelle que la coopération internationale. Elle s'inscrit dans une forte dynamique d'échanges, de mutualisation d'expériences, de savoir-faire, de territoires à territoires.

15 Source : service régional de la statistique de Fatick, 2008 ;

Des stratégies articulées autour de pratiques de mutualisation entre acteurs des deux territoires sur les domaines déjà cités, facilitent la connaissance entre les deux régions. Connaissances qui mettent la coopération dans une perspective de long terme.

Cette dimension temporelle est fondamentale pour accompagner le processus de développement territorial, qui s'inscrit dans un temps long, qui souvent, va au-delà du temps des élus.

L'implication des bénéficiaires en amont et en aval des projets, constitue un des gages de succès de la coopération Fatick/ Poitou-Charentes.

Cette coopération figure parmi les 72, les plus actives entre les collectivités françaises et sénégalaises16.

B- De la coopération décentralisée au codéveloppement : une stratégie de mobilisation des migrants pour un développement territorial élargi

? Définition du codéveloppement

Né à la fin des années 70, le codéveloppement cherchait à influer le nouvel ordre économique international.

Dans les années 1990, avec le contexte de la mondialisation qui a vu les inégalités entre pays s'agrandir, le concept refait surface pour devenir une stratégie de développement. Une stratégie qui dissimule certaines difficultés des Etats face au développement qui a rendu son sens confus et qui vise, entre autres, à accompagner les migrants dans leurs initiatives de développement de leur pays d'origine, qui peut à terme réduire le flux migratoire.

En France, bien avant le rapport de Samir Naïr17, rapport de bilan et d'orientation sur la politique de codéveloppement liée aux flux migratoires, plusieurs politiques et stratégies ont été mises en oeuvre.

Dans un sens ou dans un autre, ces politiques visaient à diminuer les flux migratoires et à encourager le retour des migrants chez eux, contre une aide à la réinsertion, devant servir à la mise en oeuvre de projet de développement dans leur territoire d'origine. Du fameux

16 Source : service consulaire d'actions culturelles (SCAC), 2008 ;

17 Professeur d'université, chargé de la mission interministérielle Migration/Codéveloppement, 1997

« million » de Stoléru, aux politiques de retour de Charles Pasqua, toutes ces initiatives rentraient dans ce cadre.

Samir Naïr, dans son rapport, dissocie le retour du migrant qui ne le souhaite pas de l'aide financière. Pour lui, il fallait plutôt une approche du codéveloppement, dite « participative » ; qui d'une part, favorise l'intégration parfaite du migrant en France et/ou d'autre part, l'aide à monter un projet chez lui, pour éventuellement maintenir les potentiels candidats au voyage et contribuer à l'effort de développement de sa localité.

Ainsi, en France, à l'occasion du conseil des ministres du 08 octobre 2003, le codéveloppement était défini comme « toute action d'aide au développement, quelle qu'en soit la nature, quelle qu'en soit le secteur dans lequel il intervient, à laquelle participent des migrants vivant en France, quelle qu'en soit les modalités de cette participation ».

Pour l'Union Européenne, le codéveloppement se définit comme « toute action de développement social, économique, culturel et politique, des pays d'origine, sur une collaboration entre les migrants, leur organisation et leurs partenaires publics ou privés, à la fois dans le pays d'origine et dans le pays d'accueil (...), considérant que le codéveloppement s'inscrit dans le cadre global des discussions liées à l'intégration, aux migrations et au développement ».

La comparaison de ces deux définitions, portant sur le concept de codéveloppement, laisse voir la difficulté qu'il y a à le mettre en oeuvre, dans la réalité des choses.

Mais en tout état de cause, l'objectif assigné au codéveloppement est de s'attaquer aux flux migratoires en s'attaquant aux causes de la migration, en développant les pays d'origine.

A priori une telle politique est vouée à l'échec, car le modèle de développement libéral et capitaliste n'est pas transposable dans les pays d'origine et conscrit le migrant dans une logique fonctionnelle, une clôture sociale et spatiale. C'est d'ailleurs l'une des contradictions les plus flagrantes de la mondialisation : « l'assignation à résidence » pour les sans qualifications, alors qu'ils constituent les cohortes d'émigrés les plus importantes de ces dernières années.

Pour le migrant, le codéveloppement n'est possible que dans la circulation migratoire, dans le « va et vient », qui lui permet de durer en migration, en maintenant ses contacts et de répondre aux attentes de son terroir, car la réalisation de son projet migratoire va au-delà de sa

propre famille. Elle intègre des éléments et des facteurs sociologiques que la démarche institutionnelle du codéveloppement ne saurait prendre en compte. Les objectifs et les stratégies s'opposent à tout point de vue.

Ce qui fait dire à Patrick Gonin18 que les politiques publiques françaises en la matière oppose « l'idéologie au concret, le fonctionnel au relationnel ».

Le concept de développement ou de codéveloppement, sont ainsi utilisés comme un moyen de réduire ou d'éliminer à terme les migrations internationales. Ce qui pose deux paradigmes :

- le contrôle comme moyen de contenir le phénomène, avec des moyens largement supérieurs à ceux investis pour les pays d'origine ;

- le développement comme moyen de stopper le phénomène, en supprimant les causes essentielles de la pauvreté.

Ainsi, les politiques publiques font de la migration un problème. Les migrants quant à eux, la considère comme porteuse d'espoir.

Les collectivités territoriales du Nord, qui impliquent les migrants et les accompagnent dans leurs initiatives de développement de leur terroir, font de la coopération décentralisée une autre approche du codéveloppement.

Les migrants et leur association arrivent dans une telle dynamique, à créer un lien avec les différents territoires (d'origine et d'accueil), qui leur permettent en revanche, de participer aux politiques de développement qui y sont définies. Cette dialectique donne tout son sens au « double espace », dans lequel se meuvent les migrants.

? Les rapports du développement à la migration ;

Le phénomène migratoire est un phénomène qui a existé de tout temps et aussi loin que l'on remonte dans l'histoire, il ne laisse en effet aucun pays (qu'il soit de départ, de transit ou d'arrivée) indifférent.

18 Professeur des universités, communication « Jeux d'acteurs et enjeux territoriaux : quelles migrations pour quel développement » { l'occasion du colloque « Rôle et place des émigré/immigrés dans le développement local », OMRES et MIGRINTER, 26 et 28 février 2003, Agadir-Maroc

La complexification du phénomène traduit dans une large mesure les tensions et les crises qui causent les déséquilibres géoéconomiques entre le Nord et le Sud.

Il préfigure de la modernité du 21éme siècle, mais aussi il est l'un des visages les plus dramatiques et les plus médiatisés de la misère économique.

L'Europe qui a toujours été une zone d'émigration est devenue une terre d'immigration avec une présence de plus en plus importante de migrants africains. D'après l'OCDE19, seule l'immigration en provenance d'Afrique, a connue une augmentation ces dernières années.

En Europe, au regard de l'évolution démographique, les migrants constituent une main d'oeuvre certaine pour l'économie, qui assure une viabilité du marché de l'emploi.

Selon les statistiques de la banque mondiale, la main d'oeuvre mondiale devrait passer de 3 à 3,4 millions d'actifs entre 2001 et 2010, soit une augmentation de 40 millions par an. Sur cet accroissement, 38 millions viendront des pays en développement et seulement 2 millions des pays à revenu élevé. D'ici la fin de cette décennie, 86% de la population active mondiale viendra des pays en développement à employer par les pays industrialisés pour compenser leur baisse démographique, s'occuper de leurs personnes âgées de plus en plus nombreuses et soutenir leur régime de retraite.

Au-delà de cet apport direct, historiquement, l'Europe a beaucoup bénéficié du phénomène, par la migration de sa population.

Au contact d'autres civilisations et d'autres lieux, les migrants européens ont réussi à tirer profit des expériences du pays d'accueil et à valoriser leurs territoires respectifs. Selon le professeur Jeffrey G. Williamson « l'émigration européenne au 20éme siècle a fait reculer la pauvreté : les niveaux de vie respectifs des pays de départ et des pays de destination ont convergé. »20

La problématique migratoire doit être abordée aujourd'hui en ce sens, car dans leur pays d'origine, les remises qu'ils envoient contribuent d'une part à la stabilisation de la balance des paiements et des échanges avec l'extérieur et à construire un capital social et humain. Et d'autre part, les remises peuvent contribuer à l'investissement du développement local.

19 Organisation de Coopération et de développement Economique

20 « Migrations internationales : quels effets sur les économies, in revue, Ph. éco. N° 2 914, 3 janvier 2007, P.7. »

Aujourd'hui, il s'agit pour les migrants africains de mieux s'organiser avec leur pays d'origine, pour pouvoir contribuer au développement de leurs terroirs et de multiplier les angles de perception qui améliorent à terme leur image. La vraie mesure de la plus value, encore négligée ou sous estimée, que génère cette « population tampon » contribue à assurer un mieux être aux pays d'accueil, et à produire des richesses matérielles et immatérielles dont le développement des territoires au sud a tant besoin.

Relever ce défi organisationnel est incontournable.

Il aiderait à faire bouger l'inertie que déplorait Mr. De vroey21, conseiller politique et commerce à la délégation de la commission Européenne auprès du Sénégal. Selon lui, il n'existe pas un vrai dialogue entre le Sénégal et l'UE, pour élaborer des stratégies nationales de migration, qui doivent déboucher à la conclusion d'un « partenariat pour la mobilité ».

Aujourd'hui au Sénégal il n'y a pas de politiques migratoires nationales, alors que cette problématique doit être érigée en priorité de développement. Ainsi le Sénégal reste au gré des politiques des pays d'accueil, sans aucune capacité de réaction, en faveur de ses ressortissants, malgré la création d'un ministère des sénégalais de l'extérieur.

Alors qu'au Sénégal, selon la BCEAO (Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest), en 2007, les remises des migrants étaient estimées 500 milliards de FCFA, selon les circuits formels (un montant équivalent est estimé pour les circuits informels), alors qu'à peu prés 10% de ce montant est voué à l'investissement et à l'épargne.

Selon Mr. André Quesnel, coordonnateur du fond de solidarité prioritaire à Dakar, les remises des 2 millions de Sénégalais de l'extérieur représente 3% du PIB national et favorise un nouveau dynamisme du foncier au Sénégal.

Cependant, cette description de la situation migratoire sur la base des remises cache bien des réalités. La capacité financière des migrants est surévaluée, car rares sont ceux qui peuvent investir sur leurs fonds propres dans le domaine industriel, ce qui entraîne leur forte présence dans les secteurs de l'immobilier, du transport et du commerce.

21 Conférence de presse le 20 Mai 2009 à Dakar,

Par la force des choses, le migrant devient un acteur du développement, un agent développeur. Mais il faudrait un cadre adéquat et incitatif pour eux, d'autant plus que leurs accès aux services financiers modernes s'avèrent difficiles.

Cependant, il faudrait que les orientations arrêtées dans le pays d'origine correspondent à leurs projets. En d'autres termes, il faut les associer à la définition des politiques migratoires.

Il ne fait plus de doute, que les migrants constituent une véritable force positive pour le développement de leur pays d'origine. Mais l'enjeu principal est de favoriser une contribution efficiente de cette force au développement.

De la caisse de solidarité à la réalisation d'un projet dans son territoire d'origine, le migrant fait du codéveloppement un moyen et non une fin.

Quand il migre, il porte un projet, qui ambitionne de manière concrète et réelle à changer ou à améliorer les conditions de vie de ceux qui sont restés dans son territoire, au nom de la nécessaire solidarité qu'implique son départ.

La stratégie consiste aujourd'hui à associer les migrants dans les dynamiques de développement territorial. Au-delà de leurs initiatives individuelles, leurs collectivités locales d'origine doivent s'ouvrir à eux, dans leurs stratégies de mobilisation des acteurs du territoire.

D'autant plus qu'il est peu probable que le phénomène migratoire s'arrête dans un avenir prévisible. La mobilisation de tous pour impulser des dynamiques de développement territorial local, en collaboration avec les migrants déjà établis à l'étranger, pourrait légèrement le limiter, et endiguer en même temps l'immigration clandestine.

DEUXIEME PARTIE : Méthodologie d'études et résultats d'enquêtes

A- Positionnement de la coopération décentralisée Fatick/Poitou-Charentes et mobilisation des migrants : les deux objectifs de l'étude

? Cadre théorique

Au-delà des deux régions ciblées, le territoire comme espace de vie, son développement, au grand bénéfice des populations qui y vivent, peut il être envisagé sans une forme d'ouverture sur le reste du monde ?

Théoriquement la réponse est négative ; car les principes qui sous-tendent le processus de développement territorial supposent : des acteurs organisés, une intelligence spécifique

mobilisée, une dynamique de participation circonscrite dans un territoire où les identités territoriales sont mises en exergue, et que le tout soit en relation avec un réseau qui met le territoire en lien avec l'extérieur, avec le global.

Le lien avec le niveau national favorise une articulation des activités de planification. Alors que le lien avec la coopération offre la possibilité pour les collectivités d'avoir des moyens de financement supplémentaire.

Mais cette dernière est encore à définir. Seuls les acteurs sont désignés, à savoir les collectivités territoriales et leurs groupements, ainsi que la nécessité de signer une convention.

Ni son contenu, encore moins sa finalité ne sont définis.

Voilà pourquoi, plusieurs approches ou plusieurs actions à différents niveaux, communal, rural, ou régional, sont mises en oeuvre dans les relations entre collectivités territoriales de la France et du Sénégal, dans l'optique d'un développement territorial local.

Les résultats dans certains cas de ces approches s'orientent plus vers une logique de développement localisé, qui favorise des actions ponctuelles, que d'une vraie logique de développement local, qui s'intègre dans un cadre planifié. Les résultats sont alors très souvent en deçà des attentes.

La première approche, qui ne se distingue pas trop des modes traditionnels d'appui au développement, s'intéresse plus à l'équipement du dispensaire, qu'à l'organisation du système local de santé, à la construction d'une école qu'à son insertion dans le contexte social, au coût direct des projets qu'à la mise en place d'un dispositif pérenne de financement du développement local. Autrement dit, à la réalisation d'infrastructures plus qu'aux dispositifs et procédures de soutien aux innovations sociales.

D'autres agissent plus sur le registre du développement communal, en appuyant la gestion de services urbains par des actions ponctuelles, du type mise en place de zones artisanales, amélioration de la qualité des services de santé, enlèvement des ordures ménagères. Cette approche fonde son action sur le fait que développement communal et développement local sont deux faces d'une même pièce. Bien que souhaitable, cette articulation n'est pas spontanée. Elle est à construire, car les institutions territoriales nouvelles, même si elles sont détentrices du pouvoir politique, n'ont pas une légitimité socialement reconnue. Les dynamiques locales sont souvent portées par des forces sociales

qui ne sont pas souvent mobilisées et associées à l'oeuvre de développement local, pour engager un avenir commun.

Une troisième approche, celle vers laquelle les actions de coopération décentralisée doivent être orientées.

C'est d'abord un apport à la structuration des sociétés. Il s'agit d'aider les collectivités territoriales à se constituer en interlocuteur des populations et des associations et non à se substituer à elles, de contribuer à instaurer une notion de service public, aider à prendre en compte l'existence et les demandes des groupes sociaux surtout minoritaires, favoriser une attention des services publics nationaux aux demandes émanant de la base, inciter à l'élaboration de plans de développement...

Cette approche inciterait les institutions locales à donner un contenu à la notion d'espace public et au rôle que les acteurs (associations, populations...) peuvent y jouer.

C'est dans la mise en oeuvre de cette dernière approche, lourde à conduire, que des liens devront être trouvés entre le développement territorial et le développement économique international, au moins sur les moyens à investir pour soutenir le premier.

En effet, les bailleurs de fonds internationaux sont de plus en plus attentifs à la « bonne gouvernance locale » (Banque Mondiale), ou à la concertation des acteurs locaux (Union Européenne). Cet intérêt se traduit concrètement par une inflexion des outils de financement.

Ils sont aussi attentifs et préoccupés par la problématique de la migration internationale. La mobilisation des migrants, dans le cadre de la stratégie de mobilisation et d'organisation des acteurs du territoire, multiplie les angles d'analyse, qui favorisent une approche territoriale du développement. La combinaison de ces deux problématiques n'est jusqu'ici l'apanage, que de quelques collectivités, au nord du Sénégal. D'où tout l'intérêt pour moi d'étudier l'articulation entre les dynamiques territoriales en cours à Fatick avec la migration.

B- Présentation de la méthodologie d'enquêtes

Dans le cadre de cette étude, qui consiste à favoriser une approche territoriale locale qui impulse un développement endogène, particulièrement à Fatick, au moyen de la coopération décentralisée avec la région Poitou-Charentes et de la mobilisation des migrants, j'ai choisi les approches exploratoire et descriptive comme méthode d'analyse.

Il était question pour moi d'interroger les faits, de situer un phénomène : celui du développement soutenable dans nos territoires, dans le contexte de la mondialisation. Dans cette étude, je cherche à mobiliser d'autres acteurs, les migrants communément appelés les acteurs « d'ici et là-bas », pour les associer aux processus de développement à Fatick.

Deux raisons justifient un tel choix d'approches.

D'une part, les études existantes et les débats autour du développement font l'objet de remises en cause, tant de la part d'auteurs libéraux, qui inspirent la doctrine des institutions internationales (FMI, Banque mondial), que de la part de critiques radicaux « post développementistes » qui mettent l'accent sur l'idée d'une décroissance soutenable22, pour un développement durable. Je pense que dans ce contexte de recherche de valeurs nouvelles autour du concept de développement, le territoire doit jouer un rôle important. Une approche territoriale qui s'appuie sur les spécificités locales et les acteurs en présence, serait une perspective heureuse à envisager.

D'autre part, les acteurs des deux territoires se sont déjà engagés dans un processus de développement de leurs territoires. Il s'agit dès lors de constater et d'interroger les faits inhérents aux processus en oeuvre, les types d'acteurs mobilisés, et de voir dans quelle mesure y associer efficacement les migrants.

Les territoires des conseils régionaux de Poitou-Charentes et de Fatick au Sénégal m'ont servi de cadre d'études, mais aussi les pays de résidence des migrants Fatickois en particulier et Sénégalais en général, qui vivent au Portugal, en Italie et en France. Faute de moyens, j'ai suspendu provisoirement l'étape de l'Espagne.

Des entretiens individuels, des grilles de questionnaire (cf. table des annexes), des traitements de documents m'ont permis d'atteindre un échantillon tout hétérogène de 65 personnes.

22 Serge Latouche, 2007

C- Analyse des résultats d'enquêtes

? Convictions des acteurs du terrain sur le développement territorial ;

Il ressort de l'essentiel des entretiens réalisés avec les acteurs des deux régions, que le développement territorial est un ensemble de pratiques liées les unes aux autres et non des actions isolées.

A Fatick, le conseil régional, à l'instar de toutes les collectivités territoriales, dispose de 9 domaines de compétence transférés par l'Etat.

Ces 9 domaines peuvent être divisés eu 2 blocs de compétences : gestion des terroirs (urbanisme, aménagement du territoire, environnement et gestion des ressources, domaines, planification) et l'action sociale (éducation, santé, jeunesse, loisirs et sports, culture). Malgré ce transfert des compétences, l'Etat et ses démembrements gardent une part importante de la responsabilité de la fourniture d'infrastructures et de services, bien que les prérogatives des collectivités territoriales se soient particulièrement accrues.

Ces 9 domaines de compétences transférées sur 18 prévues, sont-elles suffisantes pour animer le développement territorial ?

L'ancien Président du conseil régional de Fatick répond par la négative.

Il affirme que le processus de décentralisation en cours au Sénégal n'est pas assez courageux, autant sur le plan du transfert des compétences, que de la mise à disposition des moyens qui doivent accompagner ce processus.

Selon lui, les institutions locales qui sont issues des suffrages directs des populations jouissent d'une légitimité avérée, mais restent encore dépendantes de l'Etat central dans beaucoup d'aspects, ce qui pose un problème de fond, lié à la responsabilité réelle des collectivités sur les enjeux et défis du développement local, par rapport à celle vécue dans la réalité des choses.

Son analyse confirme l'idée selon laquelle le couple décentralisation, développement local, est un couple à problème (P. Gonin)23. La décentralisation descendante où l'Etat transfert certains de ses pouvoirs aux collectivités locales s'oppose à l'idée du développement local (Acquino 2002). Le développement local suppose un cadre très strict ou il y a une très grande liberté des acteurs, dans un espace délimité socialement approprié, avec le principe de la participation qui en constitue l'énergie.

Une telle dynamique fonctionne mieux dans le cas où la décentralisation est ascendante, c'est-à-dire quand elle vient de la base.

L'entretien réalisé avec le chef du service économique de la région de Fatick confirme bien cet aspect. Les aspects liés au développement économique (l'élevage, l'agriculture, le tourisme, l'industrie...) sont des compétences encore centralisées, régies dans les compétences générales pour les collectivités locales.

Cependant, l'article 25 du chapitre 2, du titre 2, traitant de la région, des textes de la décentralisation, stipule en son alinéa 2 « la région a compétence pour promouvoir le développement économique, éducatif, social, sanitaire, culturel et scientifique de la région, pour réaliser les plans régionaux de développement et organiser l'aménagement de son territoire dans le respect de l'intégrité, de l'autonomie et des attributions des communes et des communautés rurales ». Sous ce rapport, les compétences de la région vont au-delà des 9 domaines dévolus, ce qui permet au Conseil régional de prendre des initiatives, selon l'aspiration et la demande des exigences territoriales.

23 Professeur des universités, cofondateur du MICP

Même s'il est vrai que les collectivités locales n'ont pas la capacité de modifier ou d'infléchir les ressorts de la création et de la distribution des richesses, par des investissements structurants sur les infrastructures routières, les industries...( leurs moyens étant très modestes), il n'en demeure pas moins, que leur rôle dans l'animation du développement territorial est fondamental, pour harmoniser le développement de manière générale et rapprochée.

Par contre, le principe de la participation, nécessaire pour favoriser la mobilisation des acteurs et enclencher une dynamique de développement territorial, n'est pas encore une réalité à Fatick. Alors qu'il est l'énergie même du développement territorial.

Les acteurs directs du territoire rencontrés, que ce soit le collectif des piroguiers, des guides, comme du reste certaines associations comme la COREPA (convention pour la rénovation de Palmarin)... attendent du Conseil régional et des autres collectivités, qu'ils résolvent leurs problèmes, et répondent à leurs besoins déjà identifiés.

La bonne démarche consisterait plutôt, pour ces acteurs, à être dans une logique d'accompagnement par les collectivités et non aux collectivités de se substituer à eux, pour résoudre à leur place, leurs problèmes.

La clarification du jeu des acteurs dans le processus du développement territorial passe en premier lieu par la capacité des uns et des autres à s'approprier les règles du jeu, définies dans le code des collectivités locales et en second lieu, par la volonté des collectivités de créer des dynamiques d'information et de communication. Celles-ci, vont porter sur les principes du développement territorial et favoriseront une compréhension et une appropriation des méthodes.

Ceci pose un problème de fond lié à l'éducation, comme l'écrivait Antoine Bevort24. Selon lui « la véritable éducation ne se fait pas seulement à l'école. L'éducation est porteuse de la question démocratique première : mettre les hommes en capacité de résoudre leurs problèmes eux-mêmes. »

Les défis et enjeux liés au développement du territoire sont clairement identifiés, référence faite au plan régional de développement intégré (PRDI). Il a été élaboré sur le principe de la participation de tous les acteurs régionaux et il pose les grandes orientations du développement territorial régional, dans une perspective de moyen et long terme.

Mais les mécanismes et les principes par lesquels tous les acteurs sont mobilisés, pour faire valoir le principe de la participation, restent un maillon faible des dynamiques en cours.

Le Syndicat d'Initiatives et de Promotion du Tourisme du Sine Saloum (SIPTTS) pense en effet, que la difficulté dans sa collaboration avec les services de la région se situe moins sur le principe de la participation que sur celui du suivi et de l'exécution des résolutions. Autrement dit, il est fait allusion à la performance institutionnelle des services du conseil régional, qui en principe, se mesure à travers sa réceptivité aux attentes des administrés et son efficience dans la conduite des dossiers25.

En Poitou-Charentes, l'association Accueil paysan, comme le Parc interrégional du Marais Poitevin, semblent situer également leurs difficultés, avec les services de la région à ce niveau, mais surtout dans la clarification des rôles et l'accompagnement financier, dans les dossiers de coopération décentralisée.

Dans ce chapitre de la coopération décentralisée, les deux régions partenaires sont en train de réussir des actions dans différents domaines.

24 Dans «Pour une démocratie participative», 2002, p.79

25 Putnam dans son livre: «Making democracy work. Civic in Traditions Modern in Italy», 1993

Une analyse de cette coopération, avec la rencontre des acteurs directement impliqués, était nécessaire dans le but de mesurer sa portée, ses éléments de succès et ses perspectives.

La motivation et la mobilisation des élus des deux régions se manifestent à travers les différentes et multiples rencontres qui se tiennent périodiquement depuis 2003. Ces rencontres et échanges ont favorisé des convergences de vue et d'informations pour éviter tout décalage, qui pourrait constituer un obstacle à la prise de décisions et servent de cadres de référence pour évaluer et initier de nouvelles actions. Mieux, ils ont réussi à créer des mobilisations d'acteurs au-delà des institutions régionales.

Cependant du côté de la région de Fatick, on note une faiblesse du réseau d'acteurs qui travaille autour de la problématique du développement territorial. L'inscription des partenariats dans la durée passe inexorablement par l'implication des acteurs territoriaux s'ils sont bien identifiés et organisés.

Les stratégies bâties autour d'une construction progressive de programmes dans différents domaines, liés les uns aux autres, comme la filière caprine, le programme de développement des énergies renouvelables, qui se recoupent avec le projet de développement de l'économique, qui, intervenant en dernier ressort, leur servira de débouchés et de cadre d'expérimentation ou d'application.

La maîtrise d'oeuvre des projets est assurée conjointement entre les techniciens des deux régions. Des volontaires de solidarité internationale (VSI), spécialisés dans les axes de la coopération, sont souvent envoyés à Fatick, pour aider au lancement des projets.

Le déficit de personnels à Fatick, lié au manque de ressources, est un des points faibles de cette coopération, consubstantiel à la politique de régionalisation au Sénégal.

Ainsi la coopération décentralisée avec la région de Fatick, avec la présence des VSI, renforce la régionalisation, en offrant à la région, la possibilité de répondre au mieux, aux attentes des populations locales et de renforcer la démocratie. Tel est l'avis du chargé de la coopération de la région de Poitou-Charentes, service appartenant à la direction Europe et coopération.

Selon lui, les grandes orientations de la politique de coopération internationale s'appuient

sur :

- la démarche d'excellence environnementale, qui, tout en assurant l'amélioration des conditions de vie des populations, préserve l'environnement;

- sur la démocratie participative qui favorise l'implication des populations à l'identification de leurs besoins et à la gestion des projets;

- sur le codéveloppement, qui vise à associer les acteurs locaux en vue de favoriser des mutualisations et des échanges de bonnes pratiques.

Il estime, par contre, que la région ne mobilise pas encore assez les chambres consulaires (chambres de commerces d'agriculture, des métiers...), pour favoriser des dynamiques stratégiques de coopération économique.

Les flux d'information entre les deux régions souffrent de lenteur, nous révèle le chef du service économique de la région de Fatick. Ces lenteurs sont certainement liées aux procédures de délibération nécessaires avant toute mise en oeuvre d'actions ou de projets.

Du point de vue des réalisations de la coopération, elles sont déjà perceptibles au-delà de la région de Fatick, à travers le projet de renforcement de la filière caprine : seul projet évalué sur le territoire après plus de 3 ans (car les autres sont en cours d'exécution) et réussi malgré les moyens financiers modestes en jeu. Beaucoup d'acteurs d'autres régions cherchent aujourd'hui, à s'inspirer du projet caprin ou à bénéficier de ses effets induits. Ainsi on peut affirmer que les projets innovants qui réussissent, offrent un positionnement stratégique.

La coopération Fatick/Poitou-Charentes a en effet opté pour le renforcement des capacités des acteurs locaux, pour favoriser à terme l'appropriation des actions par les bénéficiaires et leur autonomie. Ces effets conjugués favorisent un développement durable des projets de la coopération et par voie de conséquence un développement durable du territoire régional de Fatick.

Pendant combien de temps, la région de Fatick pourra-t-elle continuer à bénéficier du renouvellement des mécanismes d'appui surtout financier de la région de Poitou-Charentes ?

Sur cette question réside en effet tout l'avenir de la coopération décentralisée entre les deux régions.

La recherche d'une pluralité de bailleurs et de financements, en complément des moyens déjà mobilisés, est devenue nécessaire.

ï La mobilisation et l'implication des Fatickois de l'étranger à l'oeuvre du développement territorial: une piste à explorer

Dans le cadre de ce mémoire, je me suis intéressé aux migrants Fatickois en particulier et de manière générale aux migrants Sénégalais.

L'enquête s'est déroulée dans trois pays : la France, le Portugal, l'Italie. 65 entretiens ont été conduits, pour une durée moyenne de 30 mn chacun, car au-delà des réponses aux questionnaires, je me permettais d'échanger avec eux sur la problématique migratoire de manière générale. Certains questionnaires ont été transmis par mails (5%) ou réalisés par téléphone (1%).

95% des enquêtés ont entre 35-44-45 et les 5% restants sont âgés entre1 8-25-34 et au moins 85% parmi eux sont allés à l'université.

La durée moyenne des migrants enquêtés dans leur pays d'accueil correspond à 8 ou 9 ans, pour 98% parmi eux. Le arrivé le plus récemment s'est installé en 2005 tandis que le plus ancien est arrivé en 1994.

Les métiers qu'ils exerçaient au Sénégal sont divers. Ils vont d'agent municipal, à un ingénieur (un parmi eux), en passant par comptable, caissière, fonctionnaire de l'Etat, et enseignants.

Dans leur pays d'accueil, où 98% sont arrivés directement, ils mènent des activités en temps plein. Soit ils sont employés comme ouvriers (95%), soit ils ont réussi à se réorienter par des formations complémentaires, en vue d'occuper des postes plus stables (2%).

Seuls 2% des enquêtés sont de sexes féminins. 97% parmi eux sont mariés, mais seulement 30% vivent en couple dans leur pays d'accueil.

Ils sont tous repartis au Sénégal depuis qu'ils sont arrivés en Europe, excepté 2 enquêtés, pour des motifs différents. Pour le premier, il attend de réunir les conditions financières et d'obtenir des congés d'au moins deux mois. Pour le second, c'est sa situation irrégulière qui l'empêche de retourner au pays.

A propos de leur implication dans les initiatives de développement de leur territoire d'origine, les réponses sont très nuancées.

D'abord il est question de réaliser leur projet personnel avant de se lancer dans des dynamiques de développement de leur territoire, même si l'un n'exclut pas l'autre. Cela est d'autant plus vrai, que seuls 2% des enquêtés disposent de leur propre maison au Sénégal.

Mais, tous sont membres d'une association, avec des niveaux d'engagement totalement différents, des uns aux autres. Les associations ont d'abord et avant tout pour rôle, d'assurer la solidarité entre sénégalais, leur bien-être et l'amélioration de leurs conditions de vie, dans le pays d'accueil. Toutes les associations sont dans une dynamique de réseau, avec les autres associations de sénégalais qui sont dans d'autres villes, histoire de favoriser un flux d'informations entre sénégalais.

Seules trois de ces associations travaillent avec leur collectivité territoriale d'accueil et bénéficient de leur soutien, surtout en matière de subventions et parmi elles, deux travaillent à créer des liens avec leur territoire d'origine. Il s'agit notamment de « l'association Pistoïa/Fatick » qui se trouve dans la Province de Pistoïa, dans la région Nord de l'Italie en Toscan et de « l'association Dionewar d'Aquitaine » qui est membre du réseau « association pour la promotion de la culture Sérère » à Bordeaux.

Une autre dénommée « association des ressortissants de Colobane », du nom de la communauté rurale, située dans le département de Gossas, dans la région de Fatick, travaille en Italie de manière isolée, sans aucune attache avec une collectivité territoriale.

A la question « Êtes-vous disposé à vous mobiliser et à soutenir les initiatives du Conseil Régional, dans le cadre de ses actions de coopération et de développement territorial », environ 80% des migrants se disent disponibles pour accompagner de telles initiatives. 5% se disent méfiants, car ils ont peur d'être victime de manipulations politiciennes et 15% répondent de manière nuancée, en souhaitant bénéficier d'un temps d'observation avant de s'engager aux côtés des actions du Conseil Régional.

Cependant, hormis les 5% qui se disent méfiants vis-à-vis d'éventuelles manipulations politiciennes, 95% affichent leur disponibilité à accompagner le projet d'écotourisme et se montrent disponible pour participer à un entretien approfondi.

Une telle participation en attendant qu'elle soit bien définie, peut s'imaginer dans différents domaines (multimédia, centrale d'achats, transport touristique..), qui sont nécessaires au décollage du projet de développement de l'écotourisme à Fatick.

ï Les conditions préalables à la contribution des migrants, au processus de développement territorial ;

Au-delà de la condition liée au climat de confiance à créer entre les institutions territoriales et les migrants, l'organisation de ces acteurs à l'échelon du territoire régional est incontournable. D'ailleurs une telle stratégie favorise la création de ce climat de confiance.

Les migrants sont dispersés dans les pays européens, dans les pays africains, ainsi qu'aux Etats Unis.

Leur disponibilité à participer au développement territorial régional peut se mesurer en effet, à travers leurs engagements qui se manifestent dans les actions initiées en faveur des populations de leur territoire. Ces actions s'intéressent principalement aux domaines de la santé, de l'éducation et au renforcement des structures économiques locales qui améliorent les sources de revenus des plus démunis.

Pour mieux bénéficier de l'apport de ses ressortissants, la région de Fatick doit prendre l'initiative d'organiser cette force, en fédération régionale des ressortissants de Fatick ou en fédération des Fatickois de l'étranger.

Déjà des points d'appui sont identifiés. Il suffit dès lors d'approfondir cette démarche de l'élargir à tous les pays ou un nombre important de ressortissants Fatickois est identifié.

Une telle démarche, à l'initiative d'un Conseil Régional comme celui de Fatick sera un positionnement réussi qui servira d'exemple à toutes les autres régions et à terme favoriserait la création d'une fédération des Sénégalais de l'extérieur.

La Fédération des Emigrés Sénégalais (FES) existe en effet. Elle poursuit des objectifs nobles et ambitieux. Il s'agit pour elle de travailler à l'amélioration des conditions de vie des émigrés sénégalais et de leurs familles restées au pays, tout en contribuant au développement économique et social de la nation.

Mais, elle peine à être assez représentative et assez légitime aux yeux des migrants. Loin de vouloir créer un doublon, la FES pourrait être associée et mise à contribution, dans une stratégie qui consisterait à poser des jalons de base, par la création de fédérations au niveau de chaque région Sénégalaise pour à terme les fédérer au niveau national et international.

Une telle fédération est plus que nécessaire, dans un contexte où la problématique migratoire figure à l'agenda de toutes les rencontres internationales et où notre pays ne dispose pas encore de stratégies nationales pour valoriser le potentiel important que constitue l'apport des migrants.

Ainsi, elle serait une force de propositions et de dynamisation des politiques nécessaires pour valoriser ce potentiel.

Les capacités des migrants constituent l'une des ressources disponibles les plus importantes pour contribuer à la croissance, au développement et à la réduction du niveau de pauvreté dans leur pays d'origine.

Il ne s'agit pas uniquement du capital humain de chaque personne (éducation, formation, compétences et connaissances) mais également du capital financier et entrepreneurial (investissements pour le développement à l'étranger, commerce, transferts d'argent, épargnes, investissements commerciaux, achat de biens immobiliers et soutien de causes humanitaires), du capital social (réseaux, normes et valeurs qui facilitent la coopération entre les différents groupes), du capital affectif (engagement et bonne volonté résultant des liens affectifs du migrant avec son pays d'origine) et, enfin, du capital local (volonté d'investir / d'agir dans des régions habituellement délaissées).

L'utilisation productive du capital humain, dans toutes ses dimensions, est essentielle. Elle permet la mise en place de processus de développement, tout en contribuant à d'autres progrès, comme la constitution d'une stabilité politique ou le respect des normes démocratiques. Ces différents aspects peuvent conduire à l'amélioration des conditions socio- économiques des pays d'origine des migrants et, par conséquent, contribuer à l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement.

Pour parvenir à des résultats tangibles et positifs, plusieurs conditions doivent être réunies. Les parties prenantes ainsi que les personnes chargées de l'élaboration des politiques, doivent mettre en place des mesures favorables aux migrants, dans les pays d'origine et de destination. La migration d'hommes et de femmes hautement qualifiés, bien que représentant un atout pour le pays d'accueil, peut créer un phénomène de fuite des cerveaux ayant un impact négatif sur le développement des pays d'origine. Ce problème doit être traité via la mise en place de politiques ciblées.

Les collectivités locales, en participant au dialogue lié à la problématique migratoire, diversifie la possibilité pour elles de disposer d'autres mécanismes de financement du développement de leur territoire respectif.

TROISIEME PARTIE : le développement de l'écotourisme : un projet ambitieux de développement territorial de la région de Fatick dans le cadre de la coopération décentralisée avec la région de Poitou-Charentes

A- L'écotourisme: une orientation durable du tourisme ? Définition de l'écotourisme

Il n'existe pas de définition internationalement reconnue de l'écotourisme.

Selon l'organisation mondiale du tourisme (OMT) l'écotourisme « est une forme de tourisme qui a comme motif principal l'observation et la jouissance de la nature ». Cela veut que dire presque toutes les activités qui ont lieu dans la nature font partie de l'écotourisme.

Pour l'organisation EUROPARC ce sont « toutes les formes du développement, management ou activité touristique qui assurent la protection et la préservation à long terme des ressources naturelles, culturelles et sociales et qui contribuent dans une manière positive et équitable au développement économique et au bien être des individus habitant, travaillant ou résidant dans des espaces protégés. »

La définition de R. Ryel et T. Grasse (1991 chez T. Whelan, éd.) le considère comme « voyage résolu qui crée une compréhension de l'histoire culturelle et naturelle, pendant qu'il sauvegarde l'intégrité de l'écosystème et qu'il produit des bienfaits économiques qui encouragent la conservation.»

L'écotourisme repose sur quelques grandes directions26 :

- éducation des touristes : nécessité d'une sensibilisation avant départ, prise de conscience de la force d'intrusion du tourisme (cesser de considérer le pays à visiter comme une carte postale), choix d'un opérateur offrant des garanties, règles élémentaires de savoir - vivre, économie de ressources naturelles (eau par exemple), consommer local, attention sincère à la culture et à la vie du pays, "ne laisser derrière soi que des empreintes de pied";

26 Extrait vade mecum tourisme (document de travail) 2005;

- formation des professionnels : sensibiliser les employés et intervenants, instaurer une culture environnementale et culturelle locale, établir une charte de bonne conduite ;

- respect de l'environnement et des ressources naturelles : veiller à ne pas léser les habitants en ressources (eau, énergie, etc.), à ne pas polluer (déchets, eaux usées), à proposer des loisirs responsables et adaptés, à établir une juste répartition des bénéfices, à soutenir et utiliser l'économie et les ressources locales.

L'écotourisme, en tant que produit touristique, favorise t-il plus, les retombées économiques, pour les populations que le tourisme de masse ?

Au-delà d'être un atout économique, l'écotourisme, certes parfois contesté, car étant avant et après tout, une activité touristique, est aussi bénéfique dans d'autres domaines, pour les régions rurales, comme la région de Fatick.

En effet, il est l'occasion d'une rencontre entre locaux et citadins, d'un même pays ou de pays différents, qui peut se révéler positive.

En premier lieu, il faut signaler que l'arrivée et l'accueil de visiteurs nécessitent souvent de réaliser des investissements structurants, qui bénéficieront à terme, aux populations locales.

Parallèlement à cet apport infrastructurel, c'est une activité qui offre la possibilité aux autochtones de redécouvrir et de mieux connaitre leur territoire : on parle alors d'une appropriation du territoire ou de « reterritorialisation »27.

En effet, l'intérêt que portent les visiteurs à leur territoire, leurs cultures, peut susciter, chez les locaux, un nouveau regard. Ce qui n'était que le décor de leur quotidien, devient soudainement l'épicentre de leur identité et de leurs différences et une source complémentaire de revenus.

Aussi, face à cette prise de conscience, les populations rurales vont entreprendre l'éveil de leur histoire assoupie. Les jeunes générations qui, hier, avaient à coeur d'oublier leurs racines, les coutumes de leurs ancêtres, qui fondent et légitiment leur existence, à bien des égards, vont ainsi prendre goût et intérêt à remettre leur patrimoine en valeur.

On assiste alors, à la multiplication des écomusées, des musées en plein air, des expositions et des spectacles qui mettent en scène leurs cultures locales diverses et d'en faire un produit éco touristique, certes, mais aussi, un moyen d'entretenir leurs passés, qui ont tendance à disparaitre, devant les tentations du modernisme.

Cette valorisation peut concerner :

- le patrimoine bâti, historique et artistique. Ainsi, les sites et monuments historiques de la région se verront honorer et seront remis au grand jour.

- Le patrimoine sociologique qui préserve et valorise, les fêtes et pratiques traditionnelles, le folklore, les chants, et danses, les habits, et coiffures, les arts culinaires...

Ainsi, l'on constate agréablement, que les activités liées à l'écotourisme, permettent la revitalisation et la réappropriation des cultures locales. Sous ce rapport, il est donc « un ferment de cohésion sociale entre les villageois, qui renouent avec leur passé, retrouvent par là mrme leurs propres racines et redécouvrent le sentiment d'appartenance à une communauté ».28

27 Dewailly, Flament, 1993

28 Conseil de l'Europe, 1993, (tourisme de montagne et rôle des parcs naturels régionaux, Actes, 3éme colloque paneuropéen sur le tourisme et l'environnement du 5 et 6 octobre 1993, { Sofia, Luxembourg, p.32)

Si l'activité touristique favorise une certaine solidarité au sein des villageois, il est aussi l'occasion d'une rencontre entre visiteurs et résidents, rencontre d'échanges et d'enrichissements mutuels, une forme d'ouverture vers l'autre et le reste du monde. Le patrimoine, que les locaux vont présenter aux visiteurs, est l'image de leurs valeurs et de leur identité. Le tourisme devient, dès lors un vecteur d'échanges, de rapprochement culturel, qui autour des pratiques de découverte d'une région, favorise un semblant de compréhension réciproque entre personnes, qui ne sont, somme toute, pas si différentes, compréhension utile pour promouvoir la paix partout dans le monde.

Cependant, l'activité touristique, doit, pour être un outil de réappropriation commune, répondre à un certain nombre d'exigences.

Ainsi, « IOLIIPPIITEaP IMMelr « faire tout, partout ». Il appartient à chaque « pays » de retrouver ses racines et de valoriser le patrimoine qui lui est propre, en fonction de sa culture et de son passé. Face à une demande multiple et diversifiée, il faut éviter la standardisation et rechercher la spécificité, sans oublier que la clientèle est devenue exigeante et veut des prestations de qualité ».29

29 Commission environnement, qualité de vie, croissance (1992). Mobilisation des acteurs économiques et promotion d'activités nouvelles par l'environnement, Atelier N°4.

Ce n'est qu'à partir de ce moment, que les diverses perversités qu'engendrent les activités touristiques, peuvent être contenues et annihilées.

Ces perversités peuvent être appréhendées, dans le sens où le tourisme impose des perturbations dans le rythme de vie habituel des autochtones.

Ce phénomène concerne surtout le tourisme international de masse, à destination précisément des pays en voie de développement comme les nôtres, car la rencontre entre visiteurs et visités, peut faire découvrir les différences sociales et le fossé économique qui les séparent, ce qui provoquent toutes formes de tentations.

Aussi, ce tourisme peut détourner les activités traditionnelles, au profit d'autre formes d'activités, toutes étrangères aux cultures locales. La fracture est alors brutale.

La puissante industrie, dans le but d'assouvir sa « faim de terre » et d'espace vital, entre en compétition avec les activités locales, qui ne sont que de maigres rivales. Des forces totalement disproportionnées, que les activités locales, bien incapables de lui faire face, en pâtissent.

Elle entraine une régression rapide de l'agriculture, autrefois nourricière des régions rurales, en plus de la pluviométrie défavorable.

De plus, elle provoque une hausse phénoménale du prix des terrains, qui résulte du transfert du contrôle foncier et immobilier.

Par ailleurs, d'autres conséquences sur l'environnement sont engendrées par les moyens de déplacement utilisés pour se rendre d'un lieu à un autre. Les gaz à effet de serre qu'ils émettent et qui entrainent une destruction de la couche d'ozone et réchauffe dangereusement la planète, créent des liens de causes à effet. L'avenir du tourisme y est lié.

B- La pertinence du projet à l'échelle du territoire : une stratégie de positionnement régional

Un projet d'écotourisme pour préserver et valoriser le potentiel environnemental de la région de Fatick, car, comme on dit souvent : « à investissement égal, le tourisme offre plus de possibilités pour les populations ».

La région de Fatick, située au sud-ouest du Sénégal, à 150 km de Dakar, dispose d'énormes potentialités dans le domaine de l'écotourisme.

L'activité touristique au Sénégal occupe une place de choix dans l'économie nationale. Le ministère du tourisme à travers un plan d'aménagement du delta du Sine Saloum, vise à accroître les investissements du secteur dans la région avec un objectif de 10 000 lits supplémentaires à réaliser.

Dans ce contexte, le Conseil régional en collaboration avec ses partenaires de la coopération décentralisée, notamment la région Poitou-Charentes et la province de Pistoïa en Italie, a initié un programme de développement de l'écotourisme, dans le but d'en faire profiter les populations locales.

Le tourisme de masse a montré ses limites face aux défis du développement durable. Au-delà de ses effets néfastes sur l'environnement et parfois sur les modes de vie, une étude de la banque mondiale a montré que 55% des recettes du tourisme reviennent au nord.

De nombreux spécialistes du tourisme solidaire estiment que ce taux est largement sous évalué et placent plus volontiers la part de l'ensemble des opérateurs du nord à hauteur de 75% des bénéfices. L'écotourisme, par son caractère durable, vise à fournir à l'ensemble du secteur touristique des niveaux de développement durable supérieurs. Pour cette raison, l'année 2002 a été déclarée « Année internationale de l'écotourisme » par les Nations-Unies.

Selon la charte Européenne du tourisme, le tourisme durable est un tourisme qui respecte et préserve, à long terme les ressources naturelles, culturelles et sociales, et contribue

de manière positive et équitable au développement économique et à l'épanouissement des hommes qui vivent, travaillent ou séjournent dans les espaces protégés.30

En fait, on note une très grande variabilité des retombées du tourisme car celles-ci dépendent étroitement du niveau de structuration des économies du pays de destination : plus une économie est structurée, plus les recettes restent sur place; moins elle est structurée plus les recettes repartent ou restent dans les pays émetteurs, soit de 10 à 20% dans les pays développés de 80 à 85% dans les pays de la Caraïbe et d'Afrique, et entre 40 et 70% pour les pays moyennement avancés31.

Ainsi le Conseil régional de Fatick, au regard des nombreuses îles vierges, et plages qui peuplent le delta et de la richesse du patrimoine matériel et immatériel de la région, cherche à organiser les populations et tous les acteurs du territoire pour faire de la région de Fatick une destination éco touristique de référence. L'approche plus équitable de l'activité touristique par le partage de la rente avec une part accrue pour les acteurs locaux, est commune à tous les mouvements et entrepreneurs engagés dans le tourisme alternatif. Cette option a pour ambition de favoriser un développement durable tout en réduisant un certain nombre d'impacts négatifs environnementaux, culturels et autres, sources de plusieurs réticences.

- Au-delà du potentiel écologique, le potentiel historique, culturel sur toute l'étendue de la région sera valorisé ;

- Une démarche qui peut faire de Fatick la première destination éco touristique du Sénégal, voir au-delà ;

C- Le Parc interrégional du Marais Poitevin : première expérience à l'international dans le cadre du projet de développement de l'écotourisme à Fatick, maître d'oeuvre du projet

? Présentation du PIMP ;

Le Parc interrégional du Marais Poitevin (PIMP) est la deuxième zone humide de France avec plus de 100 000 ha, après la Camargue (150 000 ha) située dans le delta du Rhône.

La France compte 44 zones humides dans son territoire.

30 Définition de l'OMT

31 Extrait vade mecum tourisme (document de travail) 2005 ;

Le syndicat mixte du PIM P, dont le siège est à Coulon en deux sèvres, est un établissement public dont le fonctionnement et l'organisation sont régis par le code général des collectivités territoriales et par ses propres statuts. Il compte 4 services : l'agriculture et l'environnement, la communication et la culture, l'aménagement et le développement économique, l'éducation aux patrimoines en plus d'un secrétariat général, d'un service administratif et financier ; deux antennes existent à Saint Michel-en-l'Herm en Vendée et à Saint-Sauveur-d'Aunis en Charente Maritime.

La zone humide du Marais Poitevin est un espace au caractère environnemental remarquable. Ce territoire de rencontre et de coopération entre trois Départements et deux Régions est soumis à des enjeux et à des évolutions économiques et environnementales complexes. C'est pourquoi il doit bénéficier d'une politique d'ensemble et d'une gestion cohérente. Engagés dans l'action du Syndicat mixte du Marais poitevin, les Régions, Départements et Communes s'y emploient actuellement et ont souhaité conforter cet engagement par le classement du Marais poitevin en tant que « Parc naturel régional ». La deuxième zone humide de France a besoin d'une structure capable de lui garantir une reconnaissance, une protection et un développement à la hauteur de ses patrimoines et de ses besoins économiques.

La Charte du Parc Naturel Régional du Marais poitevin réunit les différents enjeux du territoire et se base sur quatre axes :

AXE 1 : Ressources naturelles

Préserver, exploiter et restaurer les ressources naturelles du Marais dans une perspective d'équilibre des fonctionnalités de la zone humide.

AXE 2 : Economie

Valoriser une économie durable, génératrice d'emploi, basée sur la production de biens et de services de qualité.

AXE 3 : Culture et société

Favoriser l'engagement des citoyens pour une vie sociale et culturelle dynamique, durable, solidaire et en harmonie avec les identités du Marais.

AXE 4 : Aménagement du territoire

Promouvoir et coordonner un aménagement et une gestion durables du territoire, cohérents à l'échelle du Marais poitevin.

Cependant, le parc ne dispose d'aucun pouvoir règlementaire spécifique mais doit jouer un rôle important de facilitateur et de conciliateur, des acteurs de son territoire. Raison pour laquelle, le Marais Poitevin, souhaite être labellisé en Parc Naturel Régional (PNR), pour permettre au syndicat mixte de pouvoir aider et assister tous ceux qui ont une responsabilité dans la conservation et le développement du Marais poitevin.

Ce projet de labellisation est encore aujourd'hui, en cours d'examen par le ministère de l'écologie et du développement durable.

s PIMP : Structure d'accueil dans le cadre de mon stage

S'il y'a bien une chose bien partagée dans la vie des parcs et qui nécessite une coopération, c'est la recherche d'un équilibre entre un développement économique, et la préservation des écosystèmes, qui abritent une biodiversité souvent fragile, ou des erreurs de gestion ne sont pas permises.

Les politiques territoriales de développement durable et de préservation de l'environnement qu'ils mettent en oeuvre vont au-delà des territoires locaux qui abritent ces écosystèmes. Des emboitements sont créés pour mutualiser différentes expériences, face aux problématiques liées à la gestion des zones humides.

Les défis et enjeux liés aujourd'hui au réchauffement climatique, conséquence de la logique du développement capitaliste, caractérisée par une course effrénée et une utilisation déraisonnée des énergies non renouvelables et la forte utilisation de pesticides détériorant l'environnement et nos cadres de vie, appellent une solidarité qui favorise des actions qui vont au-delà de nos territoires respectifs.

Il s'agira dans une telle dynamique, de capitaliser et de mutualiser les expériences dans le cadre de la coopération et de la solidarité internationale entre parcs et sites naturels.

Le Parc interrégional du Marais Poitevin (PIMP), le parc de Bach Ma au Vietnam, et le Parc National du Delta du Sine Saloum (PNDS) s'inscrivent dans cette solidarité, au nom de leurs collectivités territoriales respectives à savoir successivement le conseil régional de Poitou-Charentes, la Province de Huê et le conseil régional de Fatick.

Pour cette raison, le PIMP a accepté de me recevoir dans ses services, pour les besoins de mon stage de mémoire.

A cette occasion, il me revenait la responsabilité d'élaborer le projet de développement de l'écotourisme, dans le cadre de la coopération décentralisée Fatick/Poitou-Charentes.

C'est une coopération qui remonte en novembre 2008 suite à la convention tripartite signée par les collectivités locales et les Parcs, à l'occasion du séminaire international organisé par le PIMP.

Les types d'actions engagées s'inscrivent dans la durée et offrent la possibilité au PIMP, de partager son expertise et son savoir-faire dans le domaine de l'écotourisme en particulier et de la gestion des zones humides de manière générale. Mais aussi, c'est une occasion pour lui de s'enrichir au contact d'autres réalités, dans d'autres pays, à l'instar des parcs naturels régionaux Français.

Il se fera une reconnaissance internationale en tant qu'outil de développement durable territorial, car l'enjeu de la coopération internationale aujourd'hui est de favoriser la coopération de territoire à territoire.

Il serait souhaitable dans cette dynamique, que le PIMP intègre la coopération dans ses stratégies et plans d'actions et de pouvoir faire preuve d'une ferme volonté, de contribuer à la préservation des zones humides et des parcs naturels du monde, qui ne représentent plus que respectivement 6% et 13% de la superficie de la terre32 . Cette recherche d'équilibres et de préservation des sites d'intérêt international partout dans le monde, est une préoccupation de l'ensemble de la communauté internationale.

ï PIMP, un des maîtres d'oeuvre du projet de développement de l'écotourisme à Fatick pour le compte de la région Poitou-Charentes

Mon stage au PIMP, d'une durée de 6 mois, d'avril en septembre, consistait essentiellement à l'élaboration du projet de développement de l'écotourisme, à mettre en oeuvre dans la région de Fatick, pour la période 2010-2012.

L'expérience du PIMP dans le domaine de l'écotourisme est généralement reconnue dans le territoire de la région Poitou-Charentes.

32 Extrait du film « Home » de Yann Arthus Bertrand

Les actions conduites par le syndicat mixte du PIMP et ses partenaires, portent sur un écotourisme de qualité, qui repose sur la recherche d'un développement touristique, à la fois mieux réparti dans le temps et dans l'espace. Telle est la principale difficulté qui interpelle l'essentiel des sites à vocation touristique, comme ceux de la région de Fatick.

Pour ce faire, le syndicat a développé plusieurs activités de découverte de la nature.

D'abord en barque, transport par lequel, le syndicat mixte s'est attaché à concilier, la protection de l'environnement et l'accueil des visiteurs dès son origine, en développant des formes douces de découverte comme la randonnée.

Ensuite, les activités pour cheval, pour lesquelles, 10 sites de loisirs équestres sont équipés en conséquence, pour l'élevage, les concours, les loisirs dont la Maison du cheval.

En fin des itinéraires cyclables et pédestres ont été crées, des ballades guidées et partie de pêche organisées.

Ces activités se sont accompagnées d'une diversification et d'une amélioration des sites de visites et des hébergements.

Aux contacts des réalités du territoire, différentes dans bien des aspects du territoire de Fatick, il me revenait de m'inspirer des expériences du PIMP, pour voir dans quelles mesures des propositions d'axes stratégiques pourraient être construites et mises en oeuvre.

Ainsi, le PIMP interviendra spécifiquement dans l'étude et la mise en oeuvre d'un plan d'interprétation du patrimoine (naturel, culturel, historique), qui va déboucher sur la création d'un centre d'interprétation régionale, voire lors des temps de formation auprès des guides et piroguiers.

Dans ce sillage, d'autres acteurs du territoire ont été rencontrés et visités, comme l'exigent les spécificités du territoire Fatickois.

A Fatick, au-delà de la zone humide du delta du Sine Saloum qui fait 450 000 ha, la partie continentale qui se situe du centre au nord-ouest et qui abrite principalement tout le département de Gos sas, doit faire l'objet d'une valorisation à travers l'esprit et la démarche « d'Accueil paysan ».

ï Au-delà du PIMP, d'autres acteurs sont associés à la mise en oeuvre du projet

« Accueil paysan » est une association française créée en 1987, pensée et organisée par ceux qui vivent des activités paysannes, dans le but de valoriser le statut du paysan qui était dans un parfait désarroi, en intégrant des activités supplémentaires qui portent sur un concept d'accueil chez le paysan, avec des gîtes, des chambres et des campings.

« Accueil paysan » c'est d'abord et avant tout un esprit, une dimension particulière de l'accueil, privilégiant les relations humaines, égalitaires et conviviales, porteuses de la culture paysanne, une haute conscience, qui implique et favorise un développement territorial endogène et durable.

Ses membres s'inscrivent dans une véritable dynamique de solidarité qui s'appuie sur les activités et commerces du village ou du territoire d'implantation, pour booster l'économie locale, en promouvant une consommation biologique. D'ailleurs, c'est l'élément d'attraction, qui s'ajoute sur un type d'accueil familial et chaleureux autour de la table paysanne où les convives disposent d'un service de qualité et d'une alimentation issue des exploitations paysannes de l'accueillant ou du voisinage.

Dans ses stratégies de développement, l'association « Accueil paysan » a créé un grand réseau, présent sur l'ensemble du territoire français, dans deux départements d'outre mer et à l'international, dans 23 pays, notamment en Europe Occidentale et de l'Est, en Afrique et en Amérique du Sud.

A travers ce projet de développement de l'écotourisme à Fatick, l'association cherche à être présente au Sénégal et à pouvoir organiser tous ses adhérents potentiels déjà identifiés dans le pays.

Déjà présente à l'international, mais jusqu'ici l'association n'a jamais été sollicitée par une collectivité territoriale dans le cadre de projets aussi importants. Cette démarche, qui répond parfaitement à ses motivations bâties sur l'idée d'un appui technique, dans l'organisation d'un tourisme rural et d'un partage d'expériences avec d'autres paysans dans d'autre pays, pour des coopérations faites d'émancipation et de responsabilisation, leur offre la possibilité d'expérimenter la coopération décentralisée.

J'ai eu l'occasion de mesurer, tout l'intérêt que l'association « Accueil paysan » Poitou- Charentes porte à ce projet, après un passage dans plusieurs sites, en Charente Maritime.

D'autres acteurs comme l'Université de la Rochelle (département tourisme et patrimoine), l'IFREE (Institut de Formation et de Recherche en Education à l'Environnement) Poitou- Charentes, le tour Operator « Saïga », prendront part au projet, de manière spécifique. Les volets formation, renforcement des capacités des acteurs, valorisation de l'environnement, promotion et commercialisation seront des composantes du projet. Chacun en ce qui le concerne apportera son expertise, ce qui du reste favorise une coopération d'acteurs à acteurs.

Sur le plan européen, la province de Pistoïa dans la région de Toscane en Italie, dans le cadre de sa coopération décentralisée avec la région de Fatick, interviendra dans le projet, à travers le parc Padule Di Fucecchio.

Le volet tourisme constitue l'un des axes prioritaires de cette coopération.

Il sera plus objet, entre autres, de créer avec eux, un circuit éco touristique qui visera à valoriser les oiseaux migrateurs, qui séjournent à la fois dans leur parc, dans l'île aux oiseaux, située dans le Delta du Sine-Saloum et dans le PIMP.

Leur mobilisation et leur implication en plus de la région Poitou-Charentes ouvre la possibilité de solliciter des fonds européens, ce qui leur offre la possibilité d'enrichir leurs expériences et de créer une base de données internationale, concernant les oiseaux migrateurs.

D- Plan d'actions du projet de développement de l'écotourisme

· Rappel du processus d'élaboration du projet

Dans le cadre de la coopération décentralisée entre les régions de Fatick au Sénégal et Poitou-Charentes en France, l'axe éco-tourisme est retenu, en complémentarité avec les autres axes de la coopération.

La question de l'éco-tourisme a été abordée dans une approche multi scalaire et de développement durable en ce sens :

· qu'il intègre et vise à tous les niveaux l'autonomisation des populations locales ;

qu'il prend en compte, s'appuie et valorise les ressources locales pour développer des synergies et des compléments de revenus ;

ï qu'il renforce des relations interterritoriales ou de territorialité entre la région Poitou- Charente et la province de Pistoïa en Italie, qu'il aide à répondre au cahier des charges qui nous a valu notre admission au sein du club des plus belles baies du monde en 2006, qu'il aide à créer des relations entre la région de Fatick et ses ressortissants à l'étranger.

Malgré, le fait que le tourisme ne soit pas une compétence transférée dans le cadre du code des collectivités sénégalaises, le conseil régional de Fatick a entrepris, depuis 2004, une dynamique de préservation de son écosystème, de promotion, de valorisation du tourisme de la région, à travers un engagement au sein du club des plus belles baies du monde (CPBBM)33 en synergie avec le Syndicat d'Initiatives et de Promotion du Tourisme du Sine Saloum (SIPTSS)34, et de l'ensemble des populations de la région.

Ce qui répond en effet au rôle d'animation, d'impulsion du développement socio- économique du territoire, dévolue aux régions.

L'admission officielle du Delta du Sine Saloum au Club des Plus Belles Baies du Monde en 2006, a été l'élément déclencheur au niveau du conseil régional de Fatick, de la nécessaire mise sur pied d'une politique de développement de l'écotourisme dans la région de Fatick.

Et depuis juin 2007, des initiatives ont été prises en prélude au lancement du projet :

- une étude de terrain conduite en juin 2007 a permis de dresser un premier diagnostic (étude préalable d'un projet d'éco-tourisme entre les régions de Fatick et de Poitou- Charentes. Françoise Le Chanjour).

- des assises régionales du tourisme ont été organisées les 10 et 11 Décembre 2007 à Fatick, assises auxquelles le club des plus belles baies du monde a pris une part importante à coté de tous les autres partenaires (conseil régional Poitou-Charentes, Province de Pistoia en Italie).

33 CPBBM est une association internationale, de lobbying, de promotion d'un tourisme durable, de valorisation de l'environnement, { travers un fort engagement de respect des principes qui le régissent.

34 SIPTSS est une structure qui regroupe l'essentiel des exploitants hôteliers de la région de Fatick ;

- un séminaire a été organisé en novembre 2008 à Coulon au Parc interrégional du Marais Poitevin, un des maîtres d'oeuvre du projet pour le compte de la région de Poitou-Charentes.

Deux phases utiles dans la logique de la gestion du cycle de projets ont été réalisées :

- L'étude effectuée en juin a servi de document de stratégie dans la mesure où il prend en compte tout l'existant, et a servi de programmation pour la suite à réserver aux autres étapes du projet. Ce document est fortement complété en effet par la présence d'Accueil Paysan comme partenaire stratégique. Accueil Paysan devant s'intéresser principalement aux paysans dans la partie continentale de la région, pour favoriser une approche territoriale régionale.

- Le rapport issu des assises de décembre 2007, et le mémorandum signé à Coulon à l'occasion du séminaire, quant à eux, ont permis l'identification des axes stratégiques du projet, et de jeter les fondements de la pertinence et de la durabilité du projet, dans cette phase de préparation, avec la participation active de nouveaux acteurs : l'université de la Rochelle, l'IFREE, « Saïga » et le Parc Padule Di Fucecchio.

Les étapes qui ont suivi, considérant les approches inductive et intégrée qui ont caractérisée la démarche, visent à instruire le projet, en mettant en exergue ses éléments de viabilité et de durabilité, avant d'élaborer les actions à mettre en oeuvre ainsi que le mécanisme d'évaluation finale du projet. Son financement interviendra dans le cadre de l'appel à projet 2010-2012, du ministère des affaires étrangères françaises.

Ainsi après une première réunion entre techniciens le 4 septembre 2009 au siège du PIMP, pour partager les premières réflexions, concernant les actions à mettre en oeuvre dans le projet, une seconde réunion avec les élus de la région Poitou-Charentes a eu lieu le mardi 22 septembre à l'hôtel de région.

Contexte d'intervention du projet à Fatick

L'économie de la région repose essentiellement sur les secteurs de la pêche et de l'agriculture. La pression humaine met en péril les ressources halieutiques qui deviennent de plus en plus rares. L'agriculture subit les problèmes structurels liés, d'une part à la mondialisation (libre échange et circulation des produits et des biens) et d'autre part, aux aléas climatiques (baisse de la pluviométrie, avancée de la mer et de la langue salée). Pour ces

raisons, les conditions de vie des populations locales de la région de Fatick se dégradent. 59%35 de la population de la région vivent en dessous du seuil de la pauvreté, ce chiffre démontre la vulnérabilité d'une part importante de la population régionale.

La diversification des activités économiques, pour un complément des revenus, familiaux et/ou individuels, devient dès lors un enjeu vital.

Située au Centre Ouest du Sénégal à 150 km de Dakar, la région de Fatick est limitée à l'Est par la Région de Kaolack, à l'Ouest par l'océan Atlantique, au Nord et au Nord - Est par la Région de Diourbel, au Nord - Ouest par la Région de Thiès et au Sud par la République de Gambie. Elle possède une superficie de 7 930 km2 pour 613 000 habitants, soit une densité de 77 hab. /km2.

Dans un contexte fortement marqué par la mondialisation, les régions de Fatick et de Poitou-Charentes ont noué une dynamique de solidarité, au moyen de la coopération décentralisée, qui favorise un lien très fort entre les territoires.

35 Source service régional de la statistique, 2008

La définition de nouvelles fonctions dévolues aux espaces ruraux, comme la région de Fatick, au regard du processus de décentralisation au Sénégal qui laisse peu de moyens aux collectivités locales, ne peut se réaliser qu'avec l'apport de la coopération décentralisée.

Plusieurs conventions signées depuis 2003, favorisent aujourd'hui la mise en oeuvre de projets dans la région, parmi lesquels le projet de développement de l'écotourisme.

Base du plan régional de développement du tourisme, ce projet de développement de l'écotourisme est centré sur la dynamisation du secteur économique de la région, pour une autonomisation des populations locales. Il s'inscrit en effet dans le processus de réalisation du PRDI (Plan Régional de Développement Intégré), document de planification régionale, et s'intègre dans la politique de développement touristique nationale.

A Fatick, le tourisme occupe une place de choix dans le tissu économique. Il se développe grâce à ses énormes potentialités et à l'existence de nombreux réceptifs.

Le potentiel touristique de la région est caractérisé par :

· Les conditions climatiques favorables de la zone côtière,

La présence de nombreux cours d'eau et de plages de sable fin,

L'ensemble des îles du Saloum (un chapelet d'îles, d'îlots et de méandres), offre un charme impressionnant au travers de sa faune et de sa flore variées,

Le Parc National du Delta du Saloum (deuxième parc national de part sa richesse et sa superficie, après le Niokolokoba) qui se caractérise par la diversité et la richesse de son écosystème,

L'important patrimoine historique et socio culturel.

Trois types de tourisme existent dans la région :

· Le tourisme balnéaire localisé à Ndangane, Dionewar et Foundiougne,

La pêche sportive pratiquée dans les établissements touristiques de Ndangane, Dionewar, Foundiougne, Sokone et Toubacouta,

La chasse sportive qui se pratique au niveau des zones amodiées attribuées aux hôtels et campements.

La Région possède une faune abondante et variée (faune terrestre, avifaune sédentaire, et migratrice). Dans la partie Sud-est, la présence de zones humides, avec de nombreux massifs

forestiers dont le parc National du Delta du Saloum (PNDS) et son importante mangrove offre un habitat sécurisant pour la faune.

Il est à noter que le tourisme de découverte est souvent associé à ces différents types de tourisme, cités ci-dessus. Le tourisme rural intégré pourrait se développer progressivement avec la création de petits campements villageois.

En dehors de ces trois principales activités liées au tourisme, la région présente un potentiel minier fort intéressant constitué essentiellement par le sel, les coquillages, les sables titanifères et la tourbe.

A côté du tourisme d'affaires de Dakar, du tourisme balnéaire de la Petite Côte et du tourisme culturel de Gorée et de St-Louis, l'écotourisme dans la région naturelle du Sine Saloum se positionne comme une diversification de l'offre touristique nationale et répond plus efficacement aux objectifs de la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA) de l'Etat Sénégalais, qui fait du tourisme un domaine de croissance par excellence. En ce sens, le ministère du tourisme, à travers la Société d'Aménagement de la Petite Côte (SAPCO), a amorcé depuis quelques années un processus d'aménagement de certains sites de la région, dans le cadre du plan de développement du tourisme dans le delta du Sine Saloum.








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