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Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernà¡ndez (Chili)

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par Julien Vanhulst
Université Libre de Bruxelles - Master en sciences et gestion de l'environnement 2009
  

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3.5. Masatierra sous contrat de bail

A partir de 1829, l'île, toujours utilisée comme lieu de réclusion pour prisonniers politiques, est laissée en usufruit à divers entrepreneurs désireux d'exploiter les différentes ressources naturelles et plus tard touristiques. Le premier contrat de location de l'île est signé le 26 février 1829 par José Joaquin Larrain. « L'ancienne romance devient ainsi un commerce, l'île un port, le port un hangar de baleiniers

17 Voir Partie 2 - Chapitre I - point 3.6. Masatierra : réservoir à langoustes

18 Voir Partie 2 - Chapitre II - point 2.1.1. Fondations des connaissances botaniques

de passage et Robinson, troqué contre la personne qui lui ressemble sans doute le moins, le Fisc chilien. » (Vickuña Mackenna, 1883) L'île se transforme en source de profit avant tout. Les différents locataires, dans le but d'en tirer un profit maximum vont dès lors brûler et abattre une partie importante de la forêt (le bois était utilisé comme combustible et comme matériel de construction, le palmier endémique, Juania Australis, servait de matière première à des objets d'ornements et une grande partie de la végétation était brûlée pour le pastoralisme). A partir de cette époque, la destruction de la flore s'est intensifiée (Muñoz et al., 2003).

En 1835, sous le gouvernement de Diego Portales, Manuel Tomas Martinez est nommé gouverneur de l'île Robinson Crusoe. Il commence une activité inédite jusqu'alors : l'extraction et la vente du bois de Santal endémique (Santalum Fernandezianum) aux bateaux étrangers.

En 1851, l'archipel devient une subdélégation de Valparaiso.

Les rentiers, loin de remplir leur contrat avec le gouvernement chilien peinent à établir une structure viable. Les constructions se délabrent et ce qui a été un lieu de vie devient doucement une ruine. En avril 1876, le navire Chacabuco dirigé par le capitaine Oscar Viel fait un passage à Juan Fernández. Le rapport du capitaine Viel fait état de l'abandon et de la détérioration de l'île qui compte alors peu d'habitants. Instruit de cette nouvelle et attestant qu'aucun tribut n'a été payé pour la concession de l'île, le Trésor public du Chili prend la décision d'annoncer la mise en location des deux îles (Masafuera et Masatierra).

Le 6 avril 1877, elles seront attribuées au baron suisse Alfred Von Rodt Van der Meulleur qui compte y exploiter les ressources. Il entame alors la dernière colonisation de l'île suite à l'autorisation du gouvernement chilien pour y exploiter les ressources et y installer ce qui sera l'ultime tentative de peuplement (à l'origine de l'occupation actuelle). Des migrants d'origine rurale s'installent sur l'île, reprennent l'exploitation des forêts, des langoustes et des otaries et continuent les exploitations de bétail et la petite agriculture.

Au moment de l'installation de la colonie de Alfred Von Rodt, il y avait 64 habitants (dont 29 hommes, 13 femmes et 22 enfants de moins de 8 ans). En 1879 on compte 141 habitants et un an plus tard, la colonie avait atteint 147 colons dont la moitié sont des enfants (Vickuña Mackenna, 1883).

D'une importance stratégique et navale pour la défense du territoire national chilien, l'archipel de Juan Fernández est devenu, petit à petit, depuis les premiers baleiniers, un lieu d'exploitation et de négoce. En accord avec la pensée de l'époque, les ressources halieutiques sont considérées comme prodigieuses et inépuisables et la volonté d'industrialiser l'exploitation progresse fortement.

Pour le compte de Alfred Von Rodt, les pêcheurs partent pour la première fois en merle 1er août 1877. Les habitants exploitent tant bien que mal les ressources disponibles de l'île. En réalité, le commerce est pauvre et la location de l'île très élevée. Les entreprises de Alfred Von Rodt vont en dents de scie au gré des opportunités ponctuelles et des difficultés indissolubles dans cette roche reculée au milieu de l'océan. L'entreprise de Alfred Von Rodt est faite de succès et d'échecs jusqu'à ce qu'il perde toute sa fortune. Malgré un développement lent et fragile, l'île se construit en système stable et son décloisonnement avance au fur et à mesure de l'augmentation des communications avec le continent. D'autre part, l'activité industrielle contribue à l'augmentation de la population ainsi qu'à l'introduction d'animaux domestiques (chats, coatis,...), de moutons, de vaches, de chevaux et plus récemment de lapins.

En 1885, à la fin du contrat de location, le gouvernement chilien refuse de reconduire la concession mais laisse Alfred Von Rodt administrer l'île avant la décision du congrès sur sa gestion future.

<<Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernández (Chili)» 3.6. Masatierra : réservoir à langoustes

Peu à peu les activités industrielles se recentrent principalement sur les ressources de la mer. En juillet 1892, Alfred Von Rodt prend contact avec la compagnie Carlos Fonck y cia. qui, en 1893, commence l'exploitation commerciale de la langouste endémique en conserve.

A partir de cette année, et jusqu'en 1965, les prises de pêche de langoustes, malgré certaines fluctuations, restent abondantes et le développement de l'île se fait en parallèle au développement de l'activité piscicole. A partir de 1965, le déclin des captures de langoustes est régulier mais le développement d'activités économiques reste surtout dirigé vers les ressources halieutiques qui sont toujours le premier pilier de l'économie insulaire.

Les activités de la compagnie Carlos Fonck y cia. attirent des pêcheurs et des ouvriers qui s'installent sur l'île. Par ailleurs, le gouvernement apporte un soutien financier pour le transport entre l'île et le continent, voulant assurer au moins un voyage par mois à la fois pour les marchandises et pour le courrier officiel et privé.

Malgré cet engouement, les conserveries ne connaissent pas le succès espéré et peu de temps après, la fabrication de conserves est abandonnée mais l'exploitation des langoustes continue.

Depuis la dernière colonisation en 1877, l'intérêt des autorités gouvernementales pour l'île grandit et en 1896, le gouvernement chilien approuve un plan de colonisation du village de San Juan Bautista. Chaque famille qui s'engage à s'installer sur l'île avec l'intention d'exercer une activité de pêche recevra l'aide du gouvernement pour le voyage et l'installation sur place.

En 1896, sur les traces de Douglas, Bertero, Gay et Philippi, Federico Johow visite l'île Robinson Crusoe. Il met en évidence l'existence d'une flore propre à l'île mais aussi la présence de maqui, de chiendent et de l'espèce Acaena Argentea. Trente ans plus tard, lors de sa deuxième visite, en 1927, Looser relève pour la première fois la présence de la ronce, zarzamora (Rubus Ulmifolius), sur l'île Robinson Crusoe et pronostique de graves conséquences pour la flore indigène. D'autre part, Johow suggère de ne pas exploiter les langoustes durant la période de croissance. Peu de temps après, la pêche à la langouste est règlementée par un décret qui instaure une période durant laquelle la pêche est interdite (du 16 septembre au 1e janvier) (Echeverria et P. Arana, 1976).

Devant les constats scientifiques qui décrivent non seulement la richesse floristique et l'intérêt scientifique de l'archipel mais aussi la menace qui pèse sur cette richesse, en 1935, l'archipel est déclaré Parc National par le gouvernement chilien (Décret Suprême N° 10319).

<< Au début de l'année 1905, la colonie de Juan Fernández comprenait 122 personnes qui formaient 22 familles. [...] Il y avait également une petite école pour les enfants, qui jusque-là ne recevaient pas d'éducation scolaire ». (Orellana et al., 1974) Cependant, l'école couvrait une partie de l'enseignement primaire et la majorité des habitants de l'île n'avaient pas les moyens d'envoyer leurs enfants continuer leur éducation sur le continent.

Au fur et à mesure que la pêche se développe, la population grandit et en 1940, on recense 421 personnes (218 hommes et 203 femmes) vivant sur l'île.

Durant les deux premières décennies du XXe siècle, les activités économiques vont encore accentuer leur spécialisation dans l'exploitation des ressources halieutiques et plus spécifiquement de la langouste. Cette spécialisation est le résultat d'investissements de multiples entreprises industrielles étrangères dans l'île (Orellana etal., 1974).

Ainsi, malgré l'existence d'autres ressources (saumon, pageot rouge, girelle,...), les difficultés dues à la situation insulaire ont conditionné les possibilités d'exploitation industrielle et la langouste, beaucoup plus rentable et plus facile à conserver avant sa commercialisation, est exploitée de façon industrielle depuis la fin du XIXe siècle. Au début des années 1920, la société Recart y Doniez commence l'exploitation pour la commercialisation des langoustes vivantes sur le continent américain.

19 Voir annexe 04

En 1934, un décret visant à préserver les populations de langoustes règlemente la taille minimale autorisée pour la pêche. Le décret stipule qu' « il est interdit de pêcher, transporter, vendre, acheter, ou être en possession de langoustes dont la taille est inférieure à 115 millimètres [...]. Tous les individus pêchés sous les dimensions prescrites doivent être remis à l'eau immédiatement. » (Echeverria et Arana, 1976) Postérieurement, d'autres décrets viennent compléter ces dispositions légales parmi lesquels le décret de 1963 qui allonge la période d'interdiction entre le 15 mai et le 30 septembre toujours valable actuellement. Ce décret interdit également définitivement la capture de langouste femelle avec des oeufs visibles (Echeverria et Arana, 1976).

Autour des années 1935, la compagnie espagnole Oto Hermanos s'installe sur l'île. Cette entreprise fonctionne jusqu'à ce que se crée la coopérative de pêcheurs en 1968. Il y avait d'autres entreprises mais la plus importante était celle-là (Orellana etal., 1974 ; Echeverria et Arana, 1976).

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon