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Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernà¡ndez (Chili)

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par Julien Vanhulst
Université Libre de Bruxelles - Master en sciences et gestion de l'environnement 2009
  

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2.1.1. Espèces animales

Les espèces animales introduites sont d'autant plus destructrices que la faune des îles ne comportait, à l'origine, aucun mammifère terrestre. Tous les mammifères terrestres présents sur l'archipel sont donc à considérer comme envahisseurs biologiques. En sus des espèces introduites involontairement (rats, souris), il faut distinguer les espèces domestiques retournées à l'état sauvage (chèvres, chats, lapins, coatis, chiens) et les espèces associées aux activités humaines (chats, chiens, cheval, bovins, ovins).

Les premières espèces animales à avoir été introduites sont les chèvres (introduites sur les trois îles par Juan Fernández Sotomayor et laissées en liberté), l'espèce constituait une source de viande pour les marins de passage sur l'île. Très vorace et capable d'accéder à presque toutes les parties des îles, la chêvre a eu un impact important sur la végétation (même si cet impact est difficile à évaluer étant donné l'intervalle entre son introduction, il y a plus de 4 siècles, et les premiers inventaires botaniques qui datent de 1823). Les effectifs de chèvres ont été fortement réduits à la fin du siècle passé dans le cadre du projet de coopération entre la CONAF et les Pays-Bas. Cependant, sur l'île Alejandro Selkirk, l'espèce est encore bien représentée.

Peu après, trois espèces de rongeurs cosmopolites sont arrivées fortuitement accompagnant les navires de passage. Deux espèces de rats (Rattus norvegicus et son homologue Rattus rattus) et l'espèce de souris Mus musculus figurent parmi les premiers mammifères à avoir été introduits avec la chèvre à la différence que ces pestes animales ont été importées involontairement.

« L'impact de ces micromammifères sur la faune sauvage, en particulier sur les oiseaux est bien connu. Mais leur caractère de rongeur les amène principalement à consommer des fruits et des graines limitant ainsi la régénération. Ils constituent donc également une menace pour la flore endémique. » (Fellmann, 2004)

« Ojeda (com. pers.) indique que les trois espèces de rongeurs seraient présentes dans tous les sites avec un certain degré d'activité humaine, même transitoire (e.g. camping, pique-nique) et en outre, on les trouve à l'intérieur de la forêt native (Meza 1988, 1989). » (Muñoz etal., 2003)

En réponse à la prolifération des rongeurs, des chats ont été introduits dans le but de réduire les populations de rats et de souris. Avec le temps, certains individus sont retournés à l'état sauvage et se sont éloignés des zones d'habitat humain. S'ils ont effectivement une fonction de régulation des rats, des souris et par la suite des lapins (voir ci-après), ils sont aussi des prédateurs pour l'avifaune locale et parfois aussi pour les jeunes otaries. Ainsi, les chats sont les principaux prédateurs du Picaflor Rojo de Juan Fernández (Sephanoides fernandensis), espèce endémique en grand danger d'extinction.

« Alors que sur le continent, les chats se nourrissent essentiellement de petits rongeurs, après leur introduction dans les îles, les oiseaux ont constitué une fraction importante de leur régime alimentaire. » (Muñoz et al., 2003) Ainsi, les chats ont un effet délétère sur la faune indigène des îles de l'archipel qui, rappelons-le, avait évolué sans mammifères terrestres et donc sans développer de défense contre des prédateurs. Avec les coatis (voir ci-après), ils constituent une forte pression sur les populations d'oiseaux.

Au fur et à mesure du temps, avec l'abandon des îles, la plupart des espèces introduites sont retournées à l'état sauvage jusqu'à se développer en tant qu'espèce endémique pour certaines d'entre elles (la chèvre de Juan Fernández par exemple a constitué une variété spécifique).

Dans le courant du XVIIIe siècle, des chiens seront introduits par les Espagnols pour éradiquer les chèvres. Abandonnés sur l'île Robinson Crusoe, ils retourneront à l'état sauvage. Avec les colonisations postérieures et surtout à partir de 1877, des chiens seront amenés comme animaux de compagnie. Ils représentent un danger potentiel pour les mammifères marins car Ils causent parfois des dégâts aux populations d'otaries.

Avec l'installation, d'abord des fortifications, mais surtout de la dernière colonisation, d'autres animaux domestiques et d'élevage seront introduits. C'est le cas du mulet, du cheval, de la vache, du mouton, du cochon, du chien, du coati mais aussi du lapin.

Les vaches ont été introduites pour l'élevage. Tout comme les moutons ou les cochons (aujourd'hui absents), les vaches représentaient une activité productive pour les éleveurs qui en tiraient profit. Elles étaient laissées en liberté, piétinant et pâturant de larges espaces jusque dans la forêt primaire (comme c'est toujours le cas aujourd'hui hors de la forêt).

<< La présence de bovins et d'équidés depuis la création des établissements humains permanents en 1877, a entraîné la dégradation des prairies, la détérioration des marges de la zone forestière, le compactage des sols et la génération de foyers actifs d'érosion. [...] Les prairies, rares et dégradées, que possède actuellement le parc national archipel Juan Fernández sont utilisées par un groupe de 53 propriétaires d'animaux pour le pâturage de son bétail. Toutefois, cette activité est totalement contraire aux politiques de gestion des parcs nationaux » (CONAF, 2004).

Aujourd'hui, avec l'intensification des échanges entre l'île et le continent, les vaches ne sont plus élevées ni comme source de nourriture ni comme source de lait. La majorité des viandes et des produits laitiers sont importés depuis le continent. Cependant, et ce malgré la médiocrité de l'état sanitaire du bétail (les zones d'alimentation étant insuffisantes), celui-ci représente un placement financier à conserver pour les propriétaires. Ainsi, les éleveurs constituent un groupe qui ne partage pas les mêmes intérêts de conservation que la CONAF. Pour enrayer le problème de surpâturage et de dégradation des espèces végétales natives, à la fin du XXe s., le projet de conservation et de restauration en collaboration avec les Pays-Bas prévoyait la suppression ou en tout cas une forte diminution de la population de vaches. Les propriétaires de bétail ont paralysé ce pan du projet en refusant nettement toute forme de compromis. Une alternative a alors été proposée et des barrières ont été placées aux limites du parc afin de cantonner les vaches hors de la zone protégée. << La mise en place des barrières fonctionne (quand celles-ci sont encore debout) mais en même temps, les vaches sont cantonnées dans des endroits précis et accentuent leur impact sur ces zones, donc aggravent l'érosion. Bien sûr, dans le contexte social, il faut choisir entre l'isolement et le surpâturage dans ces zones. »41 Quoi qu'il en soit, on touche ici à la problématique de la cohabitation entre habitants et parc naturel dans un contexte socioculturel qui crée des divergences de valeurs selon les intérêts. Etant donné que la gestion est avant tout technique et que les premiers balbutiements d'intégration de la population ont été réalisés dans le cadre du projet de coopération entre la CONAF et les Pays-Bas (de 1998 à 2003) et de façon relativement ponctuelle, l'inadéquation entre les intérêts individuels d'une partie des habitants et les objectifs du parc se fait cruellement sentir.42

Parmi les autres herbivores introduits, le cheval (dont le nombre d'individus grandit) mais surtout le lapin posent de gros problèmes. Le lapin provoque de grands dommages aux écosystèmes insulaires. Il a probablement été introduit sur l'île Robinson Crusoe vers 1940. En l'absence de prédateur, le lapin a proliféré constituant une menace majeure pour la flore et les sols. << En 1985, la densité de population de lapins sur l'île Robinson Crusoe était estimée à 25 lapins/ha, portant ainsi la population à environ 70.000 individus (CONAF, 1985). En 2002, une nouvelle évaluation de la densité a été faite lors du projet hollandais portant la population à près de 55 000 individus (Saiz, 2002) et ce alors qu'un plan d'éradication de l'espèce était lancé depuis près de 3 ans. [...] La densité moyenne de lapins est de l'ordre de 20 à 30 ind. /ha. Or, celui-ci est considéré comme nuisible à partir de 20 ind. /ha (Ojeda, Gonzales, Araya, 2003). Le lapin est donc un réel problème et, si quelques sites sont particulièrement concernés, c'est bien l'île dans son ensemble qui est touchée. » (Fellmann, 2004)

L'effet le plus direct du lapin est celui exercé sur le sol, déclenchant ou favorisant le processus d'érosion par la construction de terriers et la consommation de végétation herbacée (les lapins consomment les jeunes plants d'arbres et d'arbustes empêchant leur régénération et rongent les écorces, asséchant complètement les arbres et arbustes).

41 Christophe Perrier (commentaire personnel).

42 Voir Partie 2 - Chapitre IV - point 2.4. Ambivalence du statut de protection de l'archipel

«Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernández (Chili)»

« Le Coati (Nasua nasua) a été introduit comme animal de compagnie. Cette espèce est un grand danger pour les animaux, en particulier pour les pétrels, oiseaux nichant dans le sol. Il représente également une menace pour la flore (écorçage des troncs) et participe à la dispersion des principales pestes végétales de l'île (zoochorie), en consommant en particulier le maqui. » (Fellmann, 2004)

En plus des principales espèces citées, d'autres espèces animales (grenouille, pigeon, araignées, mais aussi la guêpe, etc.) ont eu et ont encore un impact sur les milieux et les espèces.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe