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Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernà¡ndez (Chili)

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par Julien Vanhulst
Université Libre de Bruxelles - Master en sciences et gestion de l'environnement 2009
  

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2.1.2. Arbres exotiques

Les derniers colons de l'archipel commenceront de façon très marginale à planter des arbres pour répondre aux besoins en bois des habitants et aux nécessités de l'activité extractive. Plus tard, le premier projet de la CONAF a été l'implantation d'une forêt exotique d'arbres à croissance rapide (eucalyptus, cyprès, pins) pour enrayer la pression sur les arbres indigènes. Ces arbres remplaçaient alors les arbres qui avaient été extraits au cours des 350 années précédentes pour la construction (de bateaux, de maisons, de meubles,...) et l'énergie. Ces plantations en répondant aux besoins des habitants, s'additionnaient aux espèces végétales introduites et peu à peu, elles commençaient à s'étendre dans les forêts du parc.

Aujourd'hui, les arbres exotiques qui forment la forêt autour du village Juan Bautista constituent la ressource en bois de San Juan Bautista étant donné que le reste de la forêt est sous le régime de protection du parc national. D'autre part, ils assurent une certaine stabilité à la structure du sol fortement érodé ; même si corrélativement, l'eucalyptus, exigeant beaucoup d'eau, assèche les sols, laissant peu de chance au développement d'espèces végétales dans les sous-bois. Si leur éradication n'est pas souhaitable, il est cependant nécessaire de confiner ces espèces dans une zone délimitée et ainsi, d'éviter qu'elles ne se répandent au-delà des plantations et qu'elles ne déplacent la végétation locale (Stuessy, 1992 ; Cuevas et Van Leersum, 2001 ; Hallé, Danton et Perrier, 2007).

2.1.3. Autres espèces végétales

Parmi les plantes exotiques, certaines sont des adventices extrêmement dangereuses. C'est le cas de l'acanea (Acaena Argenta), de la flouve odorante (Anthoxanthum odoratum) du maqui (Aristotelia chilensis), de la ciguë (Conium maculatum), de la zarzamora (Rubus ulmifolius) et du goyavier du Chili, Murtilla (Ugni molinae). A l'exception de la flouve odorante, toutes sont des espèces à fruits (consommés par les oiseaux) avec une très grande capacité de reproduction et d'adaptation à tous les milieux.

Toutes ces espèces adventices couvrent de larges terrains mais « il y a surtout 3 pestes végétales qui représentent un grave danger:

- Le « Maqui », Aristotelia chilensis Stuntz (Elaeocarpacea) [...] introduit pour la fabrication des casiers à langoustes.

- La « Zarzamora », Rubus ulmifolius Schott (Rosaceae), une ronce d'origine européenne d'une extrême vigueur introduite vers 1920 ; la flore d'origine ne comportant aucune liane, les arbres locaux se laissent rapidement surcimer (sic.) et meurent.

- La « Murtilla », Ugni Molinae Turcz. (Myrtaceae), un arbrisseau importé de l'île de Chiloé, au sud du Chili.

Ce trio Maqui-Zaramora-Murtilla est rendu plus dangereux encore par la présence du merle Turdus falklandii magellanicus, qui disperse les graines de ces trois plantes zoochores depuis le niveau de la mer jusqu'aux points culminants des îles. » (Hallé, Danton et Perrier, 2007)

Ces trois espèces adventices ont été introduites entre le XIXe et le XXe siècle.

«Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernández (Chili)» La zarzamora (Rubus ulmifolius)

La zarzamora, sous-arbrisseau de la famille des Rosacées, a été introduite pour constituer des haies défensives. Elle produit également des mûres appréciées des habitants mais aussi de divers animaux. L'espèce fut signalée pour la première fois en 1927 sur l'île Robinson Crusoe par Looser qui s'alarmait déjà de son introduction. En 1951, Carl Skottsberg classait l'espèce comme « adventice extrêmement dangereuse ». Avec le temps, cette perspective s'est malheureusement confirmée. La zarzamora continue son extension, d'abord, dans les terrains perturbés mais jusque dans la forêt vierge (Stuessy et al., 1998). L'espèce produit beaucoup de fruits qui enserrent une grande quantité de graines dispersées par le zorzal. Cette interaction est applicable aux deux autres adventices ciaprès et elle profite aux deux espèces qui voient leur nombre et leur dispersion grandir constamment. « Une fois installée, la zarzamora utilise comme support la végétation présente (maqui, luma, canelo, etc.) pour atteindre la canopée. De là, elle étouffe peu à peu toute végétation. » (Fellmann, 2004)

Figure 17 : La zarzamora ou Ronce (Rubus ulmifolius)

Source : Vanhulst (Bruxelles), 2009

La Murtilla (Ugni Molinae)

Espèce de la famille des Myrtacées, la murtilla est un arbuste forestier localisé sur les montagnes côtières du sud du Chili. Il est endémique du Chili et possède une grande capacité d'adaptation, même sur des sols très pauvres. Claudio Gay mettra en évidence la présence de murtilla sur l'île Robinson Crusoe en 1832. Dans ce nouveau biotope, la murtilla colonise les zones de l'île dépourvues de végétation ainsi que les crêtes et les vallées adjacentes (Stuessy et al., 1998).

Elle a été importée sur l'archipel Juan Fernández pour ses fruits mais, comme les autres, elle s'est évadée des limites du village et s'étend sur l'île au détriment des espèces endémiques et notamment du goyavier local Ugni selkirkii qui occupe le même habitat.

Les dynamiques entre le murtilla et le zorzal sur Juan Fernández sont similaires à celles décrites pour la zarzamora. Cette interaction crée un effet boule de neige qui démultiplie le développement des deux espèces.

Bien que, sur le continent, la murtilla n'a pas un caractère d'adventice, elle en est une sur Juan Fernández, où, en sus d'occuper de vastes zones, elle a supprimé l'espèce Ugni selkirkii, endémique de l'île.

«Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernández (Chili)»
Figure 18 : La Murtilla ou Goyavier du Chili (Ugni Molinae)

Source : Vanhulst (Meise - Jardin Botanique National de Belgique), 2009 Le maqui (Aristotelia chilensis)

Le maqui est une espèce de plante phanérogame de la famille des Elaeocarpacée originaire du Chili continental (de Coquimbo à Chiloé). Il a été introduit sur Juan Fernández pour ses fruits (pour l'alimentation et la teinture) mais aussi pour la fabrication de casiers à langoustes.

Au départ, le maqui a « occupé les endroits les plus humides, où l'exploitation du bois a ouvert des étendues continues. De ces sites perturbés, il s'est répandu à l'intérieur des forêts, profitant de trouées naturelles ou artificielles. Une fois le maqui installé, sa grande compétitivité empêche le développement des espèces indigènes (Myrceugenia Fernándeziana, Drimys concertifolia, Rhaphitamnus venustus...). » (Sanders et al., 1982)

Le maqui couvre aujourd'hui de vastes espaces et ses formations denses constituent un habitat pour des espèces introduites telles que les rats ou le coati. Comme pour la murtilla et la zarzamora, les graines de maqui sont dispersées par le zorzal ou merle austral.

Figure 19 : Le Maqui (Aristotelia chilensis)

Sources: www.diccionarioplantasnet.es, 2009 et http://www.profesorenlinea.cl, 2009

<<Menaces et perspectives pour la préservation de la biodiversité de l'archipel Juan Fernández (Chili)» 2.1.4. Interactions espèces végétales - espèces végétales

<< L'hybridation est une autre menace pour les espèces endémiques sur les îles océaniques. Etant donné la spéciation rapide, peu de barrières génétiques séparent les espèces insulaires du même genre et, si l'hybridation interspécifique et intergénérique s'élargit, elle peut réduire la diversité spécifique. Pacheco et al. (1991) ont démontré qu'une hybridation interspécifique naturelle s'est produite entre deux espèces endémiques de Gunnera L. sur l'archipel. Ils ont conclu que l'altération des habitats naturels était le facteur à l'origine de cette hybridation. Un autre exemple d'hybridation s'est produit entre l'Acaena Argentea introduite et l'espèce endémique Margyricarpus digynus qui ont produit la Margyracaena skottsbergii. Cette hypothèse a été confirmée par une analyse ADN.» (Stuessy et al., 1998)

En dehors du facteur d'hybridation, les espèces végétales introduites s'associent mutuellement et étouffent la végétation indigène qui n'a pas la plasticité architecturale pour se défendre dans cette compétition. « le maqui, qui parvient à germer dans les sous-bois les plus fermés aussi bien que dans les parties plus ouvertes, forme des taillis épais de bois mort et de bois vert, au coeur desquels la zarzamora trouve le lieu idéal de ses implantations. Terrible enchaînement exponentiel de conséquences néfastes qui pourrait peut-être, à terme, sonner le glas de ces équilibres originaux, élaborés avec lenteur au cours des temps. » (Cambornac, 2002)

A un niveau plus large sur l'île Robinson Crusoe, « le maqui va préférer coloniser les milieux humides et remonter petit à petit vers les crêtes, tandis que la murtilla s'installe sur les crêtes les plus arides et descend vers la myrtisylve. La zarzamora, elle, germe dans tous les milieux où le zorzal la dissémine. La forêt est ainsi prise en tenaille par ces trois espèces qui l'envahissent irrévocablement en créant un sous-bois qui ne permet plus la germination des espèces endémiques. De plus, ces trois espèces sont caractérisées par un système racinaire superficiel. Ce dernier leur permet d'absorber l'eau avant qu'elle ne soit disponible pour les arbres endémiques qui ont des racines profondes afin de se maintenir contre les vents puissants soufflant sur l'archipel. On assiste donc à l'assèchement progressif de la myrtisylve en plus de son envahissement. » (Georget, 2009)

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld