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Le temps de l'insertion des jeunes, une considération rituelle et temporelle

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par James MASY
Université de Nantes - Master 2 - Sciences de l'éducation 2008
  

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2.2. Le chômage : assurance, solidarité ou assistance ?

Nous avons vu ci-dessus avec G. Simmel que la pauvreté ouvrait droit à une assistance, par conséquent les « clients » des services sociaux sont vus à l'instar des exclus comme les laissés pour compte de l'inéluctable effritement de la société salariale qui comptait en 1975 près de 80% de la population active en CDI et moins de 65% au milieu des années 19903. L'assistance devient vite une situation qui implique une dépendance à l'État social qui devient dans ce cas le grand ordonnateur du préambule de la constitution

1 Ibid. ; p. 100.

2 Observatoire national de la Pauvreté et de l'exclusion ; Rapport 2000 ; op.cit. ; p. 25

3 Robert Castel ; les métamorphoses de la question sociale ; op.cit. ; p.646.

de 19581. Toutefois, sans succomber aux charmes prosélytes d'un libéralisme qui tend à responsabiliser les populations touchées par l'exclusion ou la pauvreté, nous pouvons nous poser la question de ce qu'induit cette relation de dépendance. Afin d'y répondre nous proposons d'appuyer notre réflexion sur les travaux de Christine Daniel au sujet de l'indemnisation du chômage. Nous ne tenons pas à expliquer le taux de chômage ou à entrer dans la polémique du calcul, mais à situer le rapport social immanent aux politiques dites d'assistance.

L'Union Nationale Interprofessionnelle pour l'Emploi dans l'Industrie et le Commerce (UNEDIC), créée en 1958, est responsable de la gestion financière du système. Elle met en place la règlementation décidée par les partenaires sociaux, fournit les moyens nécessaires à sa mise en oeuvre. La France compte deux types de régime, un premier qu'est l'assurance chômage relevant du régime dit « assuranciel » et le second qu'est la prestation de l'État qui relève d'avantage d'un régime dit « de solidarité ». Les deux régimes sont cumulés, ce qui permet à une personne au chômage de percevoir une indemnité forfaitaire de l'État liée à l'âge du demandeur. Bien que cette opposition loin d'être anodine nous renvoie au débat du premier chapitre entre l'économie et le social, la forme duale de cette indemnité est unifiée en un seul groupe social, les chômeurs. Dans son enquête C. Daniel relève deux résultats qui nous intéressent au plus haut point. Le premier concerne la forte différenciation des droits indemnitaires des chômeurs entre 1979 et 1998, expliquée par « la prise en compte du passé professionnel dans le calcul des droits »2. Le second concerne la réduction significative des droits d'une catégorie de chômeurs que sont « les demandeurs d'emploi plus jeunes, ayant eu une activité plus précaire, avec des salaires plus faibles ou encore travaillant à temps partiel »3, expliquée par l'effet cumulatif des réformes de 1982, 1984 et 1992. En synthèse la réforme de 1982 introduit la notion de références d'activité préalables qui induit une durée d'indemnisation ; celle de 1984 dissocie le régime assuranciel de celui de la solidarité impliquant la création de populations différenciées (les assurés relevant des cotisations et les assistés relevant de l'impôt.) ; enfin celle de 1992 instaure une allocation unique dégressive qui réduit le montant au fur et à mesure du temps en même temps que la durée. Une rapide lecture des tableaux suivants nous permettra de mesurer l'impact des diverses politiques.

1 Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances.

2 Christine Daniel, L'indemnisation du chômage depuis 1979, in revue de l'IRES n°29, Hiver 98-99, p.6

3 Ibid., p. 6.

Tableau 1. Évolution des droits à indemnisation d'un demandeur d'emploi de moins de 50 ans, avec un salaire référence égal au SMIC

(droits évalués en nombre SMIC cumulés)

Durée d'affiliation

1979

1982

1984

1990

1992

1997

3 mois

20,67

2,40

1,69

1,62

0

0

4 mois

20,67

2,40

1,69

1,62

2,08

2,72

6 mois

20,67

12,32

7,83

9,15

4,53

4,46

8 mois

20,67

12,32

7,83

9,15

8,55

8,46

12 mois

20,67

17,28

15,65

17,85

8,55

8,46

14 mois

20,67

17,28

15,65

17,85

16,93

16,28

Source : IRES, 1999

La durée d'affiliation évoquée dans les tableaux correspond au temps de cotisation, le nombre de smic cumulés s'entend comme un capital final perçu à l'issue de la période d'indemnisation (ci-dessus) et enfin la durée d'indemnisation correspond à une période ininterrompue de versements des droits soit le maximum possible (ci-dessous).

Tableau 2 . Évolution de la durée d'indemnisation d'un demandeur d'emploi de moins de 50 ans, ayant un salaire de référence égal au SMIC

(durée en nombre de mois)

Durée d'affiliation

1979

1982

1984

1990

1992

1997

3 mois

36

3

3

-

-

0

4 mois

36

3

3

3

4

4

6 mois

36

21

15

15

7

7

8 mois

36

21

15

15

15

15

12 mois

36

30

30

30

15

15

14 mois ou plus

36

36

30

30

30

30

Source : IRES, 1999

L'intérêt de ces deux modes de calcul tient en ce qui semble être une augmentation ou une diminution en matière de temps s'avère être des maintiens au regard économique. Les deux tableaux nous offrent un constat qui marque la transformation de la question

sociale. Bien qu'il ne s'agisse que de pourcentages associés au chômage, il est aisé de comprendre le déplacement qu'opèrent de telles réformes qui se cumulent. Tandis que l'on diminue le taux de couverture lié au régime dit assuranciel, on augmente celui placé sous l'égide du régime dit solidaire. Cette rupture juridico-administrative entraîne une rupture sociale en ce sens que les ayant-droit d'hier deviennent les assistés d'aujourd'hui. On peut à ce propos ajouter les niveaux de prestation qui sont dans le cas de l'allocation plancher de l'UNEDIC supérieure de 20% à celle de l'État, et les exigences plus sévères pour ouvrir droit à l'Allocation Spécifique de Solidarité (ASS) allouée par l'État.1 Au cumul des réformes s'adjoint la transformation de la société salariale qui subit de véritables « processus de déstabilisation qui sont à l'origine de l'accroissement de la vulnérabilité »2, contribuant ainsi « à ce que les salariés les plus exposés au risque de chômage soient aussi de moins en moins bien protégés par les régimes d'indemnisation. »3 Si l'on croise cette lecture avec celle du type d'emploi occupé par les populations les plus jeunes (30% des jeunes actifs ont un statut hors CDI, 13 % travaillent moins de 30h par semaine et 26% bénéficient d'un contrat aidé), on ne peut que constater combien ces mesures ont un effet excluant sur certains types de population.

Il faut bien évidemment contextualiser ces réformes et ces conséquences qui s'affichaient dans un souhait d'équilibre financier et ajouter qu'elles furent commanditées par un gouvernement de gauche. Quelle que soit l'orientation politique, ces réformes ont un effet cumulatif et touchent principalement les personnes qui sont aussi les plus exposées aux risques de chômage en épargnant dans le même temps les salaires les plus importants.

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