WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le temps de l'insertion des jeunes, une considération rituelle et temporelle

( Télécharger le fichier original )
par James MASY
Université de Nantes - Master 2 - Sciences de l'éducation 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2. Les assistés, ces étranges non-intégrés

Mais de qui parle-t-on lorsque l'on évoque avec force les assistés ? Peut-être que l'analyse populaire emprunte de la fameuse locution : « ils profitent du système ! », nous permettrait de mesurer les liens qu'entretiennent l'exclusion et l'assistance. Mais afin d'éviter l'écueil d'une explication sommaire de « la construction sociale de la réalité »2, nous nous limiterons à la compréhension du triptique : pauvres, exclus, assistés.

2.1. La pauvreté, infrastructure de l'exclusion

Le paradigme de l'assistance est intimement lié à celui de la pauvreté depuis les travaux de Georg Simmel au début du XXè siècle. Pour G. Simmel, « C'est à partir du moment où ils (les pauvres) sont assistés, peut-être même lorsque leur situation pourrait normalement donner droit à l'assistance, même si elle n'a pas encore été octroyée, qu'ils deviennent partie d'un groupe caractérisé par la pauvreté. Ce groupe ne reste pas unifié par l'interaction entre ses membres, mais par l'attitude collective que la société comme totalité adopte à son égard. Par conséquent, la pauvreté ne peut, dans ce sens, être définie comme un état quantitatif en elle-même, mais seulement par rapport à la réaction sociale qui résulte d'une situation spécifique. » En ce sens être assisté est la marque identitaire de la condition du pauvre, le critère de son appartenance sociale à une strate spécifique de la population. Mais là encore les travaux sont abondants et viennent contredire l'analyse de G. Simmel. La pauvreté est aujourd'hui d'un point de vue officiel quantitative on parle volontiers de pauvreté absolue déterminée par rapport à la satisfaction de certains besoins ou de pauvreté relative déterminée par rapport au niveau de vie de l'ensemble de la

1 Marc-Henry Soulet , Penser l'exclusion aujourd'hui: non intégration ou désintégration; p.1-9 ; in marcHenry Soulet (dir.) ; De la non intégration ; Presse Universitaire de Fribourg ; Fribourg ; 1994 ; p; 4.

2 Peter Berger, Thomas Luckmann ; La construction sociale de la réalité ; Armand Colin ; Paris ; 2006

population (en France, on retient habituellement 50 % du niveau de vie médian. En France, comme dans tous les pays d'Europe, le seuil de pauvreté est défini de manière relative)1 et à cela peuvent être ajoutés des indicateurs sociaux non monétaires qui puissent être relier entre eux (qualité de l'habitat et de l'environnement ;santé, logement et situation financière des ménages ; participation à la vie associative, électorale, etc, et contacts sociaux).

Selon l'Observatoire National de la Pauvreté et de l'Exclusion Sociale (ONPES), si l'on retient l'indicateur monétaire, et en se référant à l'enquête Revenus fiscaux de l'INSEE dont les dernières exploitations datent de 1996, « le nombre de ménages pauvres se situerait, selon les conventions de calcul retenues pour l'évaluation du revenu, entre 1,7 million et 1,8 million, soit entre 7,3 % et 7,9 % des ménages. Mesurée sur les individus, et non plus sur les ménages, la population pauvre représenterait, toujours en 1996, de 4,5 millions à 5,5 millions de personnes (8 à 10 % de la population) »2. En ne retenant que les indicateurs élémentaires de conditions de vie (28 répartis selon : difficultés budgétaires, retards de paiement, restriction de consommation, conditions de logement), il est proposé un calcul qui permet d'établir pour chaque ménage une échelle globale de difficultés. Ainsi « si l'on retient les ménages qui sont confrontés à un cumul de huit difficultés ou plus, on trouve 12,6 % de ménages défavorisés en termes de conditions de vie en 1999. Avec un seuil de sept difficultés, on aurait trouvé 16 % de ménages défavorisés en termes de conditions de vie, 9 % si on avait retenu neuf difficultés. »3 L'ONPES parle d'une pauvreté administrative pour rappeler les 3,2 millions d'allocataires des différents minima sociaux. En comptabilisant les conjoints et personnes à charge on passe à 5,5 millions de personnes, soit environ 10 % de la population. Bien plus que de proposer une analyse des modes de calcul et de leur congruence avec les taux retenus, nous souhaitons ici étayer l'idée de la polysémie des notions étudiées et conclure avec M. Bresson pour qui « l'idée que les traits négatifs se combinent et se renforcent fait glisser l'interprétation de la pauvreté vers le cumul de handicaps. »4 Nous affirmerons d'ailleurs avec elle et dans les pas de G. Simmel que la pauvreté correspond à « un statut social spécifique, inférieur et dévalorisé »5.

L'enquête menée en 2000 par Observatoire auprès de personnes interviewées sur de nombreux sites d'accueil (administrations, mairies, organismes de sécurité sociale, ANPE, associations, CHRS), dégage un nombre intéressant de caractéristiques qui corroborent les

1 Source INSEE ; Nomenclature-Définition-Méthodes ; EPCV « Conditions de vie » ; http://www.insee.fr/ fr/nom_def_met/sources/ope-enq-epcv-fixe.htm , [ consulté novembre 2007]

2 Source : INSEE/DGI : enquête Revenus fiscaux 1996 ; in Observatoire national de la Pauvreté et de l'exclusion ; Rapport 2000 ; La Documentation Française ; Paris, 2000 ; p. 22.

3 Ibid. ; p. 23.

4 Maryse Bresson ; Sociologie de la précarité ; op.cit. ; p. 32.

5 Observatoire national de la Pauvreté et de l'exclusion ; Rapport 2000 ; op.cit. ; p. 39.

propos ci-dessus, pour peu que l'on considère que les sites relèvent principalement de l'aide aux personnes en difficulté.

« - Les deux tiers des personnes interrogées ont entre 20 et 39 ans.

- Les deux tiers des personnes interrogées déclarent disposer de ressources inférieures au seuil de pauvreté monétaire (3 500 francs mensuels pour une personne seule).

- Plus de la moitié (55 %) déclarent bénéficier d'un minimum social.

- Un tiers des personnes interrogées déclarent ne pas disposer d'un logement stable. - Les trois-quarts d'entre elles sont célibataires.

- Les niveaux de formation sont très faibles : près de la moitié d'entre elles ne dépassent pas le niveau collège et plus d'un quart déclarent rencontrer des difficultés de lecture et de calcul,

- 65 % des personnes interrogées déclarent être au chômage au moment de l'enquête.

- 40 % des personnes interrogées sont venues entre quatre et dix fois (ou plus) au guichet pour le même sujet qui les y amenait le jour de l'enquête »1

On saisit tout à fait dans ces caractéristiques l'idée d'un « cumul de handicaps » qui fonde inexorablement l'infrastructure de l'exclusion. On retrouve donc les caractéristiques et les différentes analyses d'enquête concordent la précédente démonstration en insistant toutefois sur le lien entre pauvreté et absence ou irrégularité de l'emploi. L'ONPES, par exemple note, que « la mise en évidence des liens entre la pauvreté et le marché du travail est difficile car le niveau de vie et la pauvreté sont toujours mesurés au niveau du ménage, alors que l'emploi concerne les individus. »2

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery