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Le temps de l'insertion des jeunes, une considération rituelle et temporelle

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par James MASY
Université de Nantes - Master 2 - Sciences de l'éducation 2008
  

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2.2 Le réseau Mission Locale-PAIO et le CIVIS

Les Missions Locales (PAIO) et les Permanence d'Accueil d'Information et d'Orientation (PAIO) sont comme nous l'avons vu le fruit du rapport de B. Schwartz. Le réseau des ML et PAIO s'est constitué en un conseil national en 1990 qui est devenu l'interlocuteur privilégié de l'État et l'organe d'orientation de la politique d'insertion du réseau en même temps qu'un outil d'évaluation de ces dernières.

A travers son Conseil National le réseau, nous offre donc un portrait de son public (Bilan

1 Nicolas Herpin, Lucile Olier, Pauvreté des familles, pauvreté des enfants, n° 499, décembre 1996

2 Denis Fougère, Laurence Rioux, Le RMI 13 ans après, entre redistributions et incitations, Economie et Statistique n° 346-347, 2001, p. 11

2005 du réseau des missions locales et PAIO) qui nous permet une lecture plus précise des caractéristiques de ces jeunes qui font appel à ces organismes. Tout d'abord ils sont plus 1 100 000 à être en contact, dont 52,3% de femmes, ils sont très majoritairement de niveau V et moins (cf. Tableau 4, ci-dessous).On constate aussi que un tiers des nouveaux accueillis ont ainsi fini leur scolarité depuis plus de deux ans. D'ailleurs « les premiers accueils trois ans après la sortie sont moins fréquents chez les jeunes de niveau égal ou supérieur au baccalauréat (15% contre 28% pour les niveaux V et moins) Pour ces jeunes, la durée d'accès à un emploi stable après l'école est effectivement plus courte que pour les moins qualifiés »1. A la lecture du tableau ci-dessous, il apparaît que plus du quart des jeunes accueillis pour la première fois n'a pas été au-delà de la classe de troisième (niveau VI et Vbis) et que les jeunes femmes sont en moyenne plus diplômées que les jeunes hommes.

Tableau 4. Les jeunes accueillis pour la première fois dans le réseau ML, PAIO par niveau de formation (en %)

Niveau de formation

Hommes

Femmes

Ensemble

Non qualifiés (niveau VI et V bis)

32,6

22,7

27,4

CAP ou BEP non diplômés, 2nde, 1ère (niveau V non diplômés)

17,8

13,2

15,4

CAP ou BEP diplômés (niveau V diplômés)

19,9

19,8

19,8

Baccalauréat non diplômés (niveau IV non diplômés)

9,1

10,4

9,8

Baccalauréat diplômés (niveau IV diplômés)

15,1

24,7

20,1

Diplômés de l'enseignement supérieur (niveau III, II, I)

5,2

8,8

7,1

Totaux

100

100

100

Source :Réseau ML, PAIO; Parcours 3 (extraction Septembre 2006)

La variable niveau d'études corrobore l'employabilité aussi nous comprendrons que les bénéficiaires du réseau soient plus nombreux à être moins diplômés. Toutefois cette même variable revêt une importance considérable dans le nombre d'entretiens individuels. En effet on s'aperçoit que les jeunes les moins dotés au niveau scolaire, bénéficient de plus d'entretiens que leurs collègues titulaires au minimum du Bac. Tandis que les jeunes de niveau I,II ou III sont deux tiers à faire moins de trois entretiens (8% en font six et plus) ; inversement les jeunes non qualifiés sont quasiment aussi nombreux à en faire trois et plus (30% en font six et plus). Ce constat corrobore l'arrivée du CIVIS qui propose un suivi renforcé (contact hebdomadaire). Cependant il est remarquable de croiser ce constat avec celui de la période entre la sortie du système scolaire et le premier accueil dans le réseau. D'un côté le niveau scolaire délimite l'entrée de l'autre il délimite la sortie. c'est-à-dire qu'il existe une temporalité de l'insertion qui s'appuie sur des variables telles que la scolarité.

1 Bilan d'activité 2005 des Missions Locales et PAIO, p. 20

S'il est commun et presque axiomatique de convenir que le niveau scolaire représente la première variable d'employabilité de sorte que les diplômés de niveau I, II et III de moins de 25 ans ne représentent que 3% des chômeurs de moins d'un an et 1% de ceux de plus d'un an1 ; n'appuyer une telle hypothèse que sur le seul capital scolaire réduit considérablement le champs de l'insertion, il nous faut imaginer non pas l'insertion des plus dotés mais la difficulté de ceux et celles pour qui cela devient plus qu'un processus , une conquête. On considère ainsi un premier point selon lequel la période d'insertion est plus longue pour les moins diplômés. Bien sur les transformations à l'oeuvre sur le marché de l'emploi ne participent pas de l'employabilité des moins qualifiés, pour autant à la lumière de ces quelques chiffres il convient de ne pas se limiter à une analyse économique mais de s'interroger aussi sur les questions de temporalité qui sont au coeur des dispositifs d'insertion, de par les engagements contractuels qui les régissent.

Suite à un texte de loi de 2002 portant création d'un dispositif de soutien à l'emploi des jeunes en entreprise est né un dispositif étendant et approfondissant deux instruments existants : le dispositif de soutien à l'emploi des jeunes en entreprise (SEJE) et le contrat d'insertion dans la vie sociale (CIVIS)

Le SEJE, contrat aidé destiné à favoriser l'embauche de jeunes peu ou pas qualifiés dans le secteur marchand, et le CIVIS, inséré dans le code du travail par la loi de programmation pour la cohésion sociale, s'adresse à des jeunes de 16 à 25 ans révolus "dont le niveau de formation est inférieur à celui d'un diplôme de fin de second cycle long de l'enseignement général, technologique ou professionnel ou n'ayant pas achevé le premier cycle de l'enseignement supérieur, ou inscrites en tant que demandeur d'emploi depuis plus de douze mois au cours des dix-huit derniers mois. »2 et se donne pour objectif d'organiser les actions nécessaires à la réalisation de leur projet d'insertion dans un emploi durable. Cela se traduit à travers quatre points forts : « l'emploi, notamment en alternance, précédé lorsque cela est nécessaire d'une période de formation préparatoire ; [ou] une formation professionnalisante, pouvant comporter des périodes en entreprise, dans un métier pour lequel des possibilités d'embauche sont repérées ; [ou] une action spécifique pour les personnes connaissant des difficultés particulières d'insertion ; [ou] une assistance renforcée dans sa recherche d'emploi ou sa démarche de création d'entreprise, apportée par l'un des organismes mentionnés [Missions Locales, PAIO]. »3

Les titulaires d'un CIVIS âgés d'au moins 18 ans peuvent bénéficier d'un soutien de

1 Christel Poujouly, Marie Ruault, L'essentiel, Observatoire de l'ANPE, Novembre 2006, n°8, p. 2

2 Décret n° 2006-692 du 14 juin 2006 relatif au dispositif de soutien à l'emploi des jeunes en entreprise et au contrat d'insertion dans la vie sociale, Art. 4

3 Loi n° 2006-457 du 21 avril 2006 sur l'accès des jeunes à la vie active en entreprise

l'État sous la forme d'une allocation (300 € maximum par mois et 900€ par an) versée pendant les périodes durant lesquelles ils ne perçoivent ni une rémunération au titre d'un emploi ou d'un stage, ni une autre allocation. Par ailleurs les bénéficiaires sont affiliés au régime général de la sécurité sociale. On comptait en mars 2007, 630 000 jeunes demandeurs d'insertion (JDI)1, dont 340 000 bénéficiaires du CIVIS. Les taux d'entrée et de sortie nous amènent à employer de nouveau l'idée de "rotation à exposition forte négative". Nonobstant ces courbes nous ne saurions arguer d'une quelconque évaluation du dispositif, nous souhaitons juste évoquer l'accroissement de la demande qui traduit certes la popularité d'un tel dispositif, mais aussi une hausse du chômage des jeunes et le développement du nombre de jeunes chômeurs de longue durée, c'est-à-dire depuis plus d'un an. En effet quelque soit la période prise en compte, le taux de chômage des "jeunes" est plus important que celui des autres groupes, ainsi à la fin 2007, 17,8 % des actifs de moins de 25 ans sont au chômage contre seulement 6,6 % des actifs ayant de 25 à 49 ans et 4,3 % des actifs de plus de 50 ans2.

Ce qui nous intéresse particulièrement dans ce contrat, ce sont avant tout ses bénéficiaires car rappelons-le, notre recherche est dirigée vers le public des missions locales et PAIO qui sont les seuls organismes à pouvoir conclure le CIVIS, ce qui implique que les contractants sont de fait intégrable à notre corpus. Par ailleurs ce contrat est l'un des premiers à proposer une allocation aux jeunes de moins de 25 ans qui ne peuvent prétendre à des droits relevant de l'assurance chômage. Nous noterons aussi que ce contrat novateur en la matière l'est aussi sur l'esprit qu'il revêt puisqu'il propose que soit assujetti d'une règle de respect de l'engagement contractuel, le maintient de l'allocation. Ainsi l'allocation est soumise à des conditions d'engagement dans des démarches garantissant l'insertion sociale et professionnelle. Bien que récurrente à ce jour, la question de garanties sous conditions de respect des règles traduit une responsabilisation des non-intégrés de plus en plus précoce. Nous questionnions plus haut avec les régimes sociaux, la responsabilité du fumeur dans son cancer et donc des droits assurantiels qui lui seraient un jour refusés, qu'en sera-t-il demain de la responsabilisation de l'individu dans sa conquête d'une place économique et sociale qui assure l'intégration ?

1 L'indicateur JDI est calculé, par la DARES, à partir de l'entrepôt national de données issu d'un système d'information équipant l'ensemble des missions locales et PAIO en France métropolitaine et DOM.

2 INSEE, Informations Rapides, juin, 2008, n°157

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery