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Réglementation prudentielle et performances du système bancaire au Cameroun

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par Rodrigue NANA KUINDJA
Université de Yaoundé II SOA - Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) 2009
  

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II - INSUFFISANCE DE PROFONDEUR ET D'INNOVATIONS FINANCIERES

On assiste à une faible profondeur financière et un manque d'innovations financières.

1- La faible profondeur financière

Le terme profondeur financière renvoie généralement à la taille du secteur financier. Ainsi, l'appréciation du secteur bancaire dans une économie se fait à travers le ratio M2 / PIB en raison de sa simplicité, et sans qu'il soit l'indicateur le plus approprié15(*). Ce ratio mesure le pourcentage de la masse monétaire dans la richesse totale dans l'économie. L'interprétation de ce ratio est cependant biaisée par l'importance de la thésaurisation. En effet, dans la plupart des pays sous développés, une partie non négligeable de la quantité de monnaie en circulation échappe au circuit bancaire.

Le système bancaire camerounais malgré la restructuration est demeuré « frileux » et très peu développé du fait notamment de la répression financière, et du renforcement du dualisme financier. Cette faiblesse de la taille, peut être appréciée en observant l'évolution du ratio M2 / PIB qui est resté relativement stable et faible entre 2001 et 2008. Il y a cependant, une légère participation des banques suite à un léger choc d'une hausse défavorable des prix des matières premières qui est resté très peu perceptible, à cause de l'ampleur de la crise dans laquelle se trouvait l'économie camerounaise. Cela peut s'expliquer par l'émergence de la microfinance qui s'est institutionnalisée et réduisant par là même la thésaurisation.

Mais paradoxalement, le Cameroun reste encore un peu en marge de l'évolution des systèmes financiers internationaux, car l'intermédiation financière donne l'impression au Cameroun de ramer en contre courant, pour rechercher la petite taille et limiter le développement des opérations (Bekolo-Ebe, 1998).

2- Le manque des innovations financières

Une autre caractéristique actuelle du système bancaire camerounais est le manque d'innovations financières. Il se traduit par une quasi-absence des services financiers. Alors que partout ailleurs, et notamment dans les pays occidentaux et européens, se développe l'innovation financière, dont le rythme tend à s'accélérer avec comme corollaire, l'expansion et la densification des marchés et pour conséquence, une plus grande capacité à répondre aux besoins et à offrir des opportunités d'investissement (Bekolo-Ebe, 2002). L'intermédiation financière au Cameroun se caractérise par une pauvreté des instruments, souvent d'ailleurs inadaptés aux besoins, tant pour l'épargnant que pour l'emprunteur. Et lorsque ces instruments financiers existent, ils sont très peu diversifiés et de qualité médiocre. Les conditions pour y accéder sont extrêmement malthusiennes et l'assurance de financement du fait de la fidélité des relations est pratiquement nulle (Bekolo-Ebe, 1998). La faiblesse de l'innovation explique ainsi pour une large part les difficultés des entreprises à trouver les financements adaptés au cycle de production, et la tendance des agents à agir en marge du système. C'est pourquoi les marchés y sont aussi peu développés, et l'intermédiation informelle y prend une telle ampleur, posant ainsi à l'intermédiation financière un problème d'adaptation.

Le système bancaire demeure fragmenté et élitiste, avec une exclusion du financement bancaire, d'une frange importante de la population, qui, pour résoudre ses besoins, recourt à la microfinance. En plus, il manque de souplesse, des démarches administratives sont toujours longues et fastidieuses pour l'ouverture des comptes, la réalisation des opérations de dépôts et de demande de crédits (compte tenu des conditions exigées) (Avom, 2004). Bien plus, les rares services disponibles ne sont pas accessibles à tous les clients. Par exemple, l'existence des cartes bancaires et des guichets de distribution automatique de billet devenus depuis de nombreuses années des services ordinaires dans les pays développés et certains pays du Sud du Sahara comme l'Afrique du Sud et les pays d'Afrique du Nord demeure paradoxalement un grand luxe. Ainsi que l'a relevé Avom (2004), la SGBC et la BICEC ont été les premières à expérimenter le service de paiement par carte bancaire. Plus récemment, Afriland First Bank vient de mettre à la disposition du public un porte monnaie électronique (i-card) qui permet de réaliser les paiements sur l'ensemble du territoire, dans les surfaces disposant d'un terminal agrée. Elles ont mis à la disposition de leurs clients des cartes de retrait. Cependant, les distributeurs associés à ce service n'ont pas un fonctionnement permanant. Ils sont régulièrement en panne et de nombreux désagréments sont régulièrement signalés. La monnaie demeure le seul actif financier le plus utilisé. Le chèque dont l'obtention nécessite une procédure longue (plus d'un mois) n'est pas totalement accepté comme moyen de mobilisation de la monnaie et de paiement. Au total, la banque apparaît dans plusieurs décennies après l'indépendance et ce malgré de nombreuses restructurations et réformes, culturellement en déphasage avec les réalités économiques et sociales. Les taux d'intermédiation bancaire c'est-à-dire le rapport entre le nombre de population pour un guichet de banque reste faible et se situe à environ un guichet pour 149153 habitants (COBAC, 2006), c'est ce qui explique par ailleurs sa très forte concentration. Aussi, l'émergence de la microfinance qui est plus adaptée aux besoins des populations en majorité pauvre, trouve là son explication. De ce fait, quelles sont les conséquences immédiates pour le développement financier au Cameroun.

* 15 D'autres indicateurs sont utilisés pour mesurer la profondeur financière. On peut citer M1 / PIB, (M2 - M1) / PIB, M3 / PIB.

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