WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Organisation de la fonction marketing au sein d'une administration publique: application au ministère des relations extérieures du Cameroun (minrex)

( Télécharger le fichier original )
par Boris D. SOUOP KAMGA
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master 2 Relations Internationales spécialité Marketing International 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre II

 

Le MINREX comme bras séculier

de l'Etat en matière de politique

étrangère du Cameroun (PEC)

 
 

Selon qu'il ressort de la définition du marketing management,19 le déploiement international de l'Etat est un champ opératoire où peuvent être implémentés les concepts clés du marketing management. En l'occurrence, pour donner de la matière au Chef de l'Etat, garant de la définition de la politique étrangère du Cameroun (PEC), et exécuter de façon optimale les directives y relatives, il appartient au Ministère des relations extérieures du Cameroun, d'examiner les opportunités et les menaces de l'environnement international, d'attirer, de conserver et développer des partenariats mutuellement bénéfiques à travers des actions ciblées qui répondent à leurs attentes et satisfont nos besoins politiques, économiques et sociaux notamment.

Pour « sortir le Cameroun du sous-développement et le faire rentrer dans la modernité »20, l'action gouvernementale en générale et l'activité du Ministère des relations extérieures du Cameroun en particulier, doit pouvoir s'inscrire dans la perspective des trois axes prioritaires identifiés par le professeur TOUNA MAMA21. C'est-à-dire, suivant une vision stratégique prospective, le développement des infrastructures et une « réelle » bonne gouvernance. Or en l'état, le Ministère des relations extérieures du Cameroun peutil se prévaloir d'une capacité avérée à réaliser la mission qui lui est confiée dans le cadre de la politique étrangère du Cameroun ?

Cette question est centrale au développement de ce chapitre et pour y répondre, nous donnerons un contenu à la notion de politique étrangère du Cameroun avant de dégager les bons points et les leviers de faillite opposables à ce département ministériel.

Section I : La PEC : définition et attentes vis-à-vis du MINREX

I - Qu'est ce que la politique étrangère ?

Par son énoncé, cette question est illustrative de notre prétention à donner un contenu à une notion qui n'a de cesse d'alimenter la rivalité entre courants doctrinaux.

A priori, la politique étrangère renvoie à un rapport d'extranéité par opposition à la politique intérieure si l'on considère que la politique intérieure se consacre à la gestion des affaires domestiques tandis que la politique étrangère traite des affaires du dehors.

19 Voir Introduction générale, p3.

20 C'est l'objectif global visé par le programme des grandes ambitions que le président Paul BIYA nourrit pour son peuple pour son second septennat à la tête de la République tel qu'énoncé lors dans sa campagne électoral d'octobre 2004 et réaffirmé lors de sa prestation de serment du 03 novembre 2004. Voir Touna Mama (2008), Op. cit., p373.

21 Touna M. (2008), Op. cit., p 373.

Toutefois, et comme le précise fort opportunément le Docteur FOZEING22, « cette perception géographique immédiate et statocentrique de la politique étrangère ne rend pas compte de la complexité de son objet ». Deux postulats corroborent cette assertion :

D'une part, « l'Etat n'est plus l'acteur exclusif des relations internationales »23. En effet, la crise de l'Etat-nation s'est accompagnée d'une remise en cause de l'unité de base du système international avec notamment l'irruption de nouveaux acteurs sur la scène internationale. Désormais, le système international, composé d'une infinité d'intervenants ayant des rationalités très souvent divergentes, est comme frappé d'une anomie, dans une dialectique de l'ordre et du désordre, de l'unité et de la fragmentation exacerbée par le phénomène de la globalisation qui se nourrit autant de la logique d'intégration que d'exclusion. Dans cette perspective, l'acteur étatique doit pouvoir subsister comme unité souveraine de façon à garder la liberté de ses choix fondamentaux en s'inscrivant dans le jeu international grâce à sa politique étrangère. On peut dès lors conclure avec FOZEING que « la politique étrangère, en tant que politique publique, est au centre de toute réflexion sur les relations internationales »24.

D'autre part, le postulat classique d'inspiration Hobbesienne selon lequel il existerait une différence de nature entre les affaires du dehors et les affaires du dedans n'est plus d'actualité. En effet, tenant compte de la dépendance de plus en plus marquée du monde, la politique intérieure des Etats n'est pas mise en oeuvre dans un néant de contraintes extérieures. Et même, les choix de politique étrangère sont tributaires de contraintes intérieures. Dit autrement, « il existe un continuum entre la politique intérieure et la politique extérieure, l'une et l'autre en interaction permanente, ne pouvant être menée en état d'apesanteur dans un système international dont la nature et les caractéristiques ont connu de profondes mutations depuis le XVIIIè siècle »25.

La politique étrangère apparaît dès lors comme l'instrument privilégié par lequel les Etats s'insèrent dans le jeu international, cherchant à y maintenir ou à y accroître leur capacité d'influence. A cet égard, la politique étrangère émerge comme la matière première par excellence des relations internationales et cela dans la mesure où son objet inclut par définition les actions et les décisions des Etats envers les autres membres de la

22 Fozeing (2006), Cours « Politique étrangère du Cameroun », in Chapitre préliminaire : Qu'est-ce que la politique étrangère ? Maîtrise professionnelle en relations internationales, IRIC

23 Idem

24 Idem

25 Charrionn F. (2006), Les politiques étrangères : ruptures et continuités, Paris, La documentation française, p115.

société internationale.

Au-delà de la concurrence des paradigmes sur la définition de la politique étrangère, concurrence rendue plus complexe encore du fait des bouleversements qui ont cours dans l'ordre international, il reste indéniable que la politique étrangère est aussi faite de permanence. En effet, « les forces du changement ne font pas beaucoup changer l'esprit ni les méthodes d'une politique étrangère pour nombre de raisons dont la première est qu'un pays ne change pas de position sur la carte, ni de langue, ni de sous-sol, ni de commerce extérieur en changeant de coalition gouvernementale »26. Ainsi, la politique étrangère est tributaire de déterminants qui transgressent les clivages politiques et doctrinaux. C'est aussi une réalité complexe qui s'exprime aussi bien comme rapport de force27 que comme gestion des contraintes endogènes et exogènes.

En définitive, en tant qu'instrument par lequel les Etats organisent la gestion de leur interaction ou de leur rapport de force avec les autres acteurs des relations internationales, la politique étrangère a récemment connu de profonds bouleversements qui se traduisent notamment par la complexité des enjeux, l'irruption de nouveaux acteurs sur la scène internationale et l'apparition de paramètres nouveaux qui commandent l'adaptation des perspectives voire, la réforme des organigrammes. C'est sans doute pourquoi, toutes les analyses portant sur les relations internationales aboutissent à la conclusion selon laquelle la politique étrangère des Etats s'adapte à l'environnement international dans une dialectique de rupture et de continuité. Or, cette réflexion est confortée par des aménagements institutionnels qui, au sein des gouvernements, confère la responsabilité de la politique étrangère à une administration distincte dont la responsabilité n'est pas aussi aisément perceptible que les responsabilités des autres administrations publiques.

II - Le rôle du MINREX en matière de PEC

Nous dégageons ici ce qui semble être, du point de vue de la politique étrangère du Cameroun, le rôle du Ministère des relations extérieures du Cameroun d'une part et les outils de performance utiles à l'exécution optimale de sa mission d'autre part.

26 Debray R (1984), La puissance et les règles. Paris, Dallima.

27 Au-delà des divergences fondamentales qui les caractérisent, cette lecture apparaît comme le point de commun des écoles réalistes et marxistes des relations internationales. En effet, la politique étrangère y apparaît comme une interaction entre les politiques d'Etats souverains qui poursuivent des buts spécifiques.

A - Le rôle du MINREX

En matière de politique étrangère du Cameroun, le rôle du Ministère des relations extérieures du Cameroun est une déclinaison de la loi et est amplifié sur la scène internationale par les représentations que s'en font les principaux acteurs des relations internationales.

1 - Selon la loiLe décret N° 2004/320 du 8 décembre 2004 portant organisation du gouvernement

fait du ministère des relations extérieures du Cameroun « le seul département ministériel entièrement dédié à la politique étrangère du Cameroun »28. Toutefois, le rôle du Ministère des relations du Cameroun en matière de politique étrangère du Cameroun dérive de façon implicite du dispositif légal qui lui a donné naissance. En effet, au terme du décret N°2005/286 du 30 juillet 2005 portant organisation du Ministère des relations extérieures du Cameroun, « le Ministre des relations extérieures du Cameroun a pour mission d'assurer la mise en oeuvre de la politique des relations extérieures arrêtée par le Président de la république »29. Cette disposition et les contours de l'action y rattachée30 confinent, de façon tacite, le ministère des relations extérieures du Cameroun aux tâches d'exécution dans le champ de la diplomatie camerounaise. Toutefois, on ne peut restreindre l'action du Ministère des relations extérieures du Cameroun à l'exécution des directives édictées de la présidence de la république. En effet, l'analyse de la politique étrangère et la pratique internationale des Etats en la matière consacrent aux administrations publiques en charge de la politique étrangère des responsabilités autres que l'exécution des tâches initiées par le prince.

2 - Selon la pratique internationale

Nous avons relevé plus haut que la politique extérieure des Etats est une réalité complexe qui peut s'entendre comme gestion de contraintes aussi bien exogènes qu'endogènes. Ces contraintes tiennent essentiellement au caractère bureaucratique de la politique étrangère en ce qu'elle constitue une politique publique particulière et fait intervenir plusieurs acteurs imbriqués de façon hiérarchique les uns aux autres. Ainsi, les déci-

28 Fozeing (2006), Cours « Politique étrangère du Cameroun », Maîtrise professionnelle en relations internationales, IRIC

29 Article 2

30 Article 2, op. cit.

sions de politique étrangère résultent d'un arbitrage entre les inputs des différents intervenants. Cette analyse relativise le mythe d'une politique étrangère imposée par le haut et obéissant aux seules exigences de l'intérêt national. En tant tel, ce qui sera qualifié au bout d'un processus d'arbitrage éminemment complexe de politique étrangère n'apparaît plus comme un choix simple et délibéré, mais comme un résultat, un compromis entre plusieurs administrations31.

En outre, la complexité du fond domestique s'accompagne d'un renouveau du processus d'intégration régionale et d'une démultiplication des faits exogènes qui imposent aux Etats de revisiter en permanence leur politique étrangère pour l'adapter aux exigences communautaires et internationales. Dès lors, le problème n'est plus de savoir ce qu'est, au sens de l'Etat, la poursuite rationnelle de l'intérêt national, mais celui de savoir qui fabrique la décision et sur quels critères ? De facto, il s'ensuit, pour le Ministère des relations extérieures du Cameroun, une responsabilité immédiate et tacite consistant pour lui à fournir la matière première nécessaire à la prise de décision au regard des contraintes exogènes et des engagements internationaux de l'Etat entre autres.

D'un autre point de vue, et au-delà de la pratique internationale, certaines dispositions conventionnelles internationales attribuent aux Ministères des affaires étrangères la primauté de la conduite des relations diplomatiques. En l'occurrence, l'article 2 du décret N°2005/286 du 30 juillet 2005 sus visé dispose que le Ministère des relations extérieures du Cameroun « est chargé des relations avec les Etats étrangers, les organisations internationales et les autres sujets de la communauté internationale » et l'article 41 paragraphe 2 de la convention de Vienne du 18 avril 1961 sur les relations diplomatiques précise que « toutes les affaires officielles avec l'Etat accréditaire confiées à la mission par l'Etat accréditant doivent être traitées avec le ministères des affaires étrangères de l'Etat accréditaire ou par son intermédiaire ou avec tel autre ministère dont il aurait été convenu ». Il s'agit donc d'une fonction d'intermédiaire dévolue au ministère des relations extérieures qui lui permettrait de proposer au titulaire du pouvoir de décision, et grâce à ses feedbacks, la matière première utile à la prise de décision.

En fin de compte, les responsabilités du MINREX sont nombreuses dans le cadre de la politique étrangère du Cameroun. Mais, il s'agit ici, moins de le restaurer dans ses missions que d'apprécier sa capacité à s'y appliquer.

31 Il faut noter à ce sujet que la politique étrangère n'est pas l'apanage du ministère des affaires étrangères. Plusieurs autres administrations contribuent à son élaboration et sont parfois les vecteurs de sa mise en oeuvre.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe