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Contribution a la relance de la coopération décentralisée entre Rilleux-la-Pape et Natitingou: dynamiques et perspectives.

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par Hospice Bienvenu HOUNYOTON
Université Lumière Lyon 2 - Master 2 Parcours Professionnel d'Economie Sociale et Solidaire 2008
  

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Paragraphe 2- L'état de la coopération décentralisée au Bénin

La littérature aujourd'hui en matière de coopération décentralisée est très infirme et substantielle. Très peu d'étude et de travaux de chercheurs sont consacrés à la coopération décentralisée au Bénin. Au jour d'aujourd'hui, il n'y a pas encore une oeuvre de chercheurs consacrée à ce domaine important à l'heure de la décentralisation. Cette situation démontre et confirme l'absence au stade d'évaluation, d'un référentiel en matière de coopération décentralisée susceptible de constituer ou de servir de base. La raison de cette absence documentaire est toute simple et témoigne que le sujet intéresse peu de chercheurs et n'est pas encore un sujet qui mobilisent les acteurs du monde associatif, les universitaires et autres. On peut aussi l'expliquer par le fait que le processus de la décentralisation est à ses débuts et les expériences des communes n'impressionnent et n'épatent pas encore les chercheurs qui attentent des bons résultats avant de se lancer sur la question. Ce désintérêt des chercheurs ne devrait pas une raison pour accepter de fait cette situation. Car même si la coopération décentralisée n'entre officiellement et légalement dans le vocabulaire béninois qu'après les premières élections municipales de 2002-2003, les multiples partenariats entre les anciennes circonscriptions urbaines notamment Cotonou, Porto-Novo, Parakou, Ouidah, Abomey, Houéyogbé pour ce ne citer que ceux-là et les collectivités locales françaises depuis les années 80, méritent tout au moins qu'on s'y intéresse. Il aurait été bien pour les chercheurs de s'intéresser aux partenariats qui constituent un volet important de la coopération décentralisée et dont les impacts sur le développement local et surtout l'amélioration des conditions de vie des populations sont visibles sur le terrain.

Mais la situation n'est pas alarmante car depuis que le processus de décentralisation s'est mis en route, des jeunes s'intéressent au sujet. Nous avons recensé un certain nombre de mémoire de fin de formation qui traitent partiellement ou totalement de la coopération décentralisée. Même si ces travaux abordent la question de coopération décentralisée, ils se fondent ou se basent toujours sur la décentralisation, ce qui laisse dire qu'il n'y a pas toujours une littérature suffisante en matière de coopération décentralisée.

Parmi, ces travaux d'étudiants en fin de cycle, quatre ont retenu notre attention. Le premier consacrée à « la contribution à l'amélioration de la coopération décentralisée sud-sud 14(*)», est une étude réalisée par Guylain-Junior NDOUBENOUE. Elle a été réalisée en 2008 et encourage les communes béninoises à échanger et à coopération entre elles afin de propulser un développement équilibré sur le plan national. Pour démonter cette thèse, l'auteur s'est attelé à étudier le cadre institutionnel en matière de coopération décentralisée au Bénin. Il relèvera que multiples services sont crées par l'État pour accompagner la coopération décentralisée mais que les choses trainent toujours. Que ce soit au niveau du ministère en charge des affaires étrangères, de l'intégration africaine et des béninois de l'extérieur ou au ministère de l'intérieur et de la décentralisation, des structures sont mises en place, des postes de chargés de mission à la coopération décentralisée sont crées pour aider les communes à entretenir des relations de partenariat au plan national. Sauf qu'à y voir, ces structures créées dans la plupart dans la précipitation ou sans de vraies études, sont de véritables services non fonctionnels qui ne servent pas véritablement la cause des communes et encore moins des populations à la base. Cette étude dresse aussi un état de la coopération décentralisée sus-sud au Bénin notamment entre des partenaires du sud et les collectivités béninoises. De Cotonou à Pointe selon notre auteur, des partenariats ont été établis entre les élus mais ces actions pour ce qui concerne ne servent pas à grand-chose et montre que la coopération entre les ces acteurs du sud n'est qu'un mythe. Sans rejeter la pertinence du sujet de cet auteur et sa foi au développement au Bénin, nous nous montrons très critique et réservé à son égard. Car, dans la situation actuelle, nous ne voyons pas comment cette étude pourrait contribuer à améliorer la coopération décentralisée sud-sud au Bénin. Ceci est d'autant plus vrai que les collectivités ne sont pas encore matures et prêtes à se lancer dans une telle action. Elles se battent pour le moment pour que le transfert des compétences soit effectif et pour boucler leurs budgets chaque au risque de se voir absorber par une commune plus grande. En gros, la situation du moment n'est pas favorable à une telle démarche. Sans pour jeter autant jeter du discrédit sur cette étude réalisée par notre auteur, qui a le mérite de s'attaquer à cette question, nous trouvons qu'elle est inopportune et manque de réalisme en fonction de ce qui est vécu aujourd'hui dans la société béninoise.

Le deuxième travail à ce sujet est un mémoire soutenu en 2003 par Afissou BAKARY15(*). Il analyse la dynamique de la coopération sud-sud en étudiant le cas de la coopération bénino-arabe-libyenne. Ce travail nous présente les objectifs sur le plan économique et politique de la coopération entre les pays du sud. Ces objectifs sont l'indépendance économique du sud vis-à-vis du nord. À travers ce mémoire, l'auteur préconise une autre de voie de coopération et par conséquent une piste nouvelle de développement au Bénin. L'auteur pense que la coopération qui a existé entre l'État français et le Bénin n'a pas laissé une autonomie au pays et qu'il faut rompre avec cet asservissement pour imaginer et s'investir dans une autre forme de coopération comme celle qui lie les pays du sud. L'auteur n'est pas naïf car il conditionne la mise en oeuvre de cette forme de coopération à la résolution de certains obstacles et à la mise en oeuvre de conditions favorables. Son travail s'inscrit dans la politique d'intégration africaine et de coopération entre les pays du sud. En analysant la coopération bénino-libyenne, notre auteur s'engage en faveur d'une coopération sud-sud entre les États et ne parle point de coopération décentralisée c'est-à-dire de coopération de ville à ville. Ceci constitue l'insuffisance de ce travail mais compréhensible à la fois pour nous. Il aura servi à nourrir les réflexions au sujet de la coopération en général notamment ses enjeux et modes de mise en oeuvre.

La troisième étude réalisée en 2004 par Jean Cassius Sossou BADJIA, comptant pour un DEA en développement, s'intitule « Décentralisation et coopération décentralisée au Bénin: vers la légitimation des espaces publics locaux pour le développement des collectivités locales 16(*)». C'est une étude qui aborde la décentralisation, ses enjeux pour le développement des communes béninoises et surtout la démocratie à la base. C'est une étude assez intéresse qui aborde la coopération décentralisée au Bénin depuis la période coloniale jusqu'à l'ère du renouveau démocratique. Elle aborde la coopération décentralisée et la décentralisation de 1955 à 1990 en passant par la période d'instabilité suite à l'indépendance 1960-1972 et la période révolutionnaire allant de cette année à 1990.

Cette étude établit un lien entre décentralisation et coopération décentralisée. D'ailleurs l'autre écrira que la décentralisation est un creuset favorable à une nouvelle donne de la coopération décentralisée au Bénin. Il estime ainsi donc que la décentralisation est un facteur de dynamisation de la coopération décentralisée. Tout au long de cette étude, l'auteur nous apprend que la coopération décentralisée contrairement à ce que l'on peut croire, n'est pas apparue pour la première fois au Bénin avec l'avènement de la décentralisation. Elle a toujours existé sous une forme ou une autre mais pas perçue comme telle qu'elle aujourd'hui. À ce sujet, rappelons que la France et le Bénin, l'ex-Dahomey, ont toujours développé et entretenu des relations de coopération. Ces relations ne s'appelaient pas coopération décentralisée mais toujours est-il, qu'il s'agissait de forme de relations basée sur le développement. C'est ainsi qu'on parlera en 1958 de la « Communauté» pour établir un partenariat entre les deux pays et de « Coopération » au lendemain de l'indépendance et au regard du droit international de cette époque. Le terme coopération à cette époque pour désigner le partenariat entre les deux États, était à notre avis une terminologie pour camoufler le « néo-colonialisme » de l'État français. Il faudra attendre la décentralisation en France dans la première moitié des années 80 pour qu'on parle de coopération décentralisée entre les collectivités. Encore faut-il mentionner que pendant longtemps, il s'agissait de simples accords de jumelages-coopération puisque le cadre juridique n'est pas identique au Bénin. L'étude entre autres sur la légitimation d'espaces publics locaux, gage d'une démocratie participative à la base. La décentralisation selon notre auteur servirait de moteur pour les élus. En effet, ces derniers développent leur territoire en comptant sur les fruits de la coopération décentralisée, devenue un soutien important à la réalisation des plans de développement local. Cette étude reste avant tout une étude qui mélange décentralisation et coopération décentralisée. Elle n'est pas spécifiquement consacrée à la coopération décentralisée objet de notre étude mais nous renseigne beaucoup sur les enjeux, le bilan et perspectives de la décentralisation au Bénin.

La dernière étude qui nous a servi de base, est comme les autres travaux un mémoire réalisé en 2006 qui aborde « les problèmes structurels liés à la mise en oeuvre de la coopération décentralisée au Bénin 17(*)». Cette étude qui établit une base de données sur la coopération décentralisée, souligne l'échec des partenariats de coopération. Son auteur propose aux élus locaux plus de professionnalisme et de dynamisme dans leurs actions. Il manque de mentionner les dispositifs à mettre en place pour réussir les partenariats.

En dehors de ces mémoires, nous avons également différentes études réalisées par les organes de l'État pour vulgariser le document de politique nationale de la coopération décentralisée. Nous avons aussi les actes de l'atelier sur cette politique nationale de la coopération décentralisée tenue à Cotonou en Décembre 2000 mais aussi les séminaires de formations et les fora sur la question. Nous constatons que ces divers instruments dressent d'abord un état des lieux sur la coopération et renseignent les collectivités locales à travers leurs élus et cadres techniques, puis sur l'enjeu de la coopération décentralisée pour leur territoire et enfin sur le cadre juridique et institutionnel.

En matière de l'état des lieux de la coopération décentralisée au Bénin, nous nous sommes appuyé sur une étude réalisée en 2008 par l'ambassade de France au Bénin. Cette étude place le Bénin en cinquième position après le Burkina, le Mali, le Sénégal et la Mauritanie en termes de coopération décentralisée. L'étude renseigne, que les opérations comptant pour la coopération décentralisée au Bénin, vont du simple jumelage-partenariat culturel au développement d'activités économiques en passant par le transfert de compétences et de techniques en appui à la gestion locale voire à la planification. En matière le partenariat Porto-Novo Grand Lyon est un exemple parfait de réussite de partenariat et surtout de transfert de compétences. En 2008, on recense à l'échelle nationale une trentaine de partenariat de coopération décentralisée entre les collectivités françaises et béninoises contre plus deux cents pour les Burkina-Faso et le Mali. Nous avons les partenariats entre Créteil, Rosny sous Bois et Cotonou, les partenariats entre Lyon- Cergy Pontoise, Épinal et Porto-Novo, le partenariat entre la ville d'Orléans et la commune de Parakou. On notera également le partenariat entre Rillieux la Pape et Natitingou, le partenariat entre Évreux et Djougou, le partenariat entre Albi et Abomey, le partenariat entre Melun et Ouidah, le partenariat entre Gleizé et Kouandé, le partenariat entre Ville Franche sur Saône et Kandi et le partenariat entre Échirolles et Honhoué dans la commune de Houéyogbé ...etc.

En termes d'organisations plus grandes, nous avons le partenariat entre le Grand Lyon et Porto-Novo. La région Champagne-Ardenne est en partenariat avec le sud du Borgou sans oublier la région Picardie qui entretient une coopération avec certaines communes des collines comme Ouessè, Savè, Dassa-Zoumè et Savalou. Le département des Hauts de Seine travaille en partenariat avec son homologue du Mono au Bénin. Ces divers partenariats de coopération contribuent à l'amélioration au quotidien des conditions de vie des populations de ces différentes communes grâces au montant qu'ils génèrent à travers l'appui institutionnel entendu comme formation et stages des agents des communes mais aussi appuis technique et logistique. Ces partenariats servent d'appui à l'investissement grâce à des programmes d'investissement élaborés et financés conjointement par les deux partenaires mais souvent aussi par d'autres partenaires tels l'Agence Française de Développement, l'Ambassade de France ...etc. Les partenariats concernent également des échanges culturels et sportifs et servent pour la plupart du temps à soutenir le développement local des communes partenaires en appuyant l'élaboration et la mise en oeuvre de leur plan communal ou municipal de développement.

En résumé, la coopération décentralisée est un processus en construction au Bénin. Elle s'amplifie depuis la mise en place de décentralisation. D'ailleurs beaucoup de communes béninoises comme le souligne l'Ambassade de France au Bénin y croient et sont à la recherche de leurs premiers partenaires étrangers afin d'obtenir de ces dernières un appui améliorer leur fonctionnement ou se faire accompagner dans l'exercice de leurs toutes nouvelles compétences. Ces nouvelles compétences sont entre autres la gestion des ordures ménagères et autres déchets, l'assainissement, la question de l'eau, l'environnement, les infrastructures, l'équipement et les transports sans oublier les problématiques liées à la santé, à l'enseignement de base voire supérieur et l'éducation des adultes. Les communes béninoises sont à la recherche de partenaires pour les accompagner dans ces domaines et les communes partenaires peuvent saisir cette opportunité pour s'engager à l'internationale et les éduquer au développement. La coopération dans ce cas a des avantages certains pour les communes béninoises et du Nord. Elle contribue à l'émergence d'une démocratie à la base, renforce la gouvernance locale et permet aux acteurs locaux de satisfaire les nombreux besoins fondamentaux jusque-là négligés par le pouvoir central de leurs populations. Pour les collectivités du Nord spécialement françaises, la coopération vise à renforcer les liens d'amitié et la France et le Bénin et apparaît aux yeux de ces dernières comme un moyen d'ouverture au monde.

Le point sur la clarification des concepts et l'état de la question de la coopération décentralisée au Bénin effectués, nous abordons dans la section suivante, la problématique de notre travail de recherche ainsi que de la méthodologie adoptée.

* 14 NDOUBENOUE.G.J., Contribution à l'amélioration de la coopération décentralisée sud-sud au Bénin, Mémoire de Fin d'études, ENAM, Université d'Abomey- Calavi, Bénin, 2008.

* 15 BAKARY.A., Dynamique de la coopération sud-sud : cas de la coopération bénino-libyenne, mémoire de maîtrise, Faculté de Droit et de Science Politique (FADESP)- Université d'Abomey Calavi- Bénin, 2003

* 16 BIADJA.J.C.S., op.cit

* 17 KANTCHEKON.H.M., Les problèmes liés à la mise en oeuvre de la coopération décentralisée au Bénin, Mémoire de fin de premier cycle à l'École Nationale d'Administration et la Magistrature (ENAM), Bénin, 2006

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984