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Les droits du patient au Maroc: quelle protection?

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par Kawtar BENCHEKROUN
Faculté des sciences juridiques,économiques et sociales de Salé, université Mohammed V - Master en droit médical et de la santé 2009
  

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C- Conclusion.......................................................................................... ........99

D- Annexes......................................................................................................101

E- Bibliographie......................................................................................... ...102

Abréviations

AMO  : ASSURANCE MALADIE OBLIGATOIRE

CD  : CODE DE DEONTOLOGIE

CHP  : CENTRE HOSPITALIER PROVINCIAL

CNOM : CONSEIL NATIONAL D'ORDRE DES MEDECINS.

CNOPS : CAISSE NATIONALE DES ORGANISMES DE PREVOYANCE SOCIALE.

CNSS  : CAISSE NATIONALE DE SECURITE SOCIALE

CP : CODE PENAL

DHSA : DIRECTION DES HOPITAUX ET SOINS AMBULATOIRES.

DOC  : DAHIR DES OBLIGATIONS ET CONTRATS

OMS  : ORGANISATION MONDIAL DE LA SANTE

ONU  : ORGANISATION DES NATIONS UNIES

SIG-HO : SYSTEME D'INFORMATION DE GESTION HOSPITALIERE

SSP  : SOINS DE SANTE PRIMAIRE

VIH  : VIRUS D'IMMUNODEFICIENCE ACQUISE.

UNICEF : LE FOND DES NATIONS UNIES POUR L'ENFANCE

UNESCO : L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'EDUCATION, LA SCIENCE ET LA CULTURE

F- Introduction

Longtemps, la santé et le droit se sont ignorés. Étrangers l'un à l'autre, chaque domaine demeurant intimement cloisonné. Aujourd'hui, leurs relations sont plus étroites au rythme des plaintes et des procès.

 Le patient acteur principal dans ce rapprochement, peut éprouver un sentiment d'isolement et d'incompréhension du fait de sa maladie. Son besoin de comprendre, de savoir et de s'exprimer sur les soins qu'il reçoit, son souci de confidentialité sur ses affections sont des sentiments que les professionnels de santé, quelle que soit leur qualité, ne doivent jamais perdre de vue. Tout autant que la qualité des soins, la qualité des relations qui s'instaurent entre le patient et ceux qui les soignent est primordiale.

Dans ce contexte, la relation médecin-patient-société a, ces derniers temps, connu des changements importants. Si le médecin doit continuer à agir selon sa conscience et dans le meilleur intérêt du patient, il devra également faire son possible pour garantir autonomie et justice à ce dernier, car, la santé, élargie à une triple dimension, biologique, psychique et sociale, reçoit une définition positive1(*). La santé n'est plus seulement l'absence de maladie, elle désigne un état de bien être complet, physique, psychique et social.

A cet égard, si le legislateur a eté conduit à affirmer des droits aux citoyens comme c'est le cas dans la relation du travail, il doit également affirmer et reconnaître des droits aux patients, notammennt, le droit à l'information corrollaire du principe du consentement aux soins, le droit à la confidentialité et au respect de la vie privée, le droit aux soins sans discrimination...Dès lors, parler de droit des patients, c'est parler de droits de l'homme.

La liberté de mouvement et le respect de l'autonomie de la volonté, garantis par la déclaration universelle des droits de l'homme, ont pour vocation de défendre une personne que son état de santé peut parfois le réduire à la qualité de patient2(*).

Dans les pays en développement, comme le Maroc, les droits du patient sont lacunaires. On remarque des manquements dans l'édification et la gestion du système de santé qui est mal construit, le curriculum de formation des soignants est désuet, la formation initiale est lacunaire et la formation continue inaccessible.

Selon la stratégie européenne pour la promotion des droits des patients, dans le traitement des droits de ces derniers une distinction doit être faite entre les droits sociaux et les droits individuels.


Les droits sociaux sont liés à l'accès pour tous aux soins et à l'élimination des barrières discriminatoires quelles soient financières, géographiques, culturelles, religieuses, sociales et psychologiques. Les droits sociaux agissent au niveau collectif et sont relatifs au niveau de développement de la société, dans une certaine mesure ils sont aussi un sujet du jugement politique au regard des priorités pour le développement de la société.
Alors que les droits individuels couvrent des concepts tels que l'intégrité de la personne et la vie privée.

Au Maroc, on ne trouve pas de texte précisant les droits et devoirs des patients. Or, les juges sont de plus en plus souvent confrontés aux relations entre les médecins et leurs patients. En fait, l'évolution des techniques médicales suscite de nouvelle attente chez ceux qui espèrent pouvoir en bénéficier et font naître d'épineuses questions juridiques mais aussi éthiques. Plus simplement, la recrudescence du recours aux professions médicales, conjuguée à la juridisation croissante de notre société, font que le droit est de plus en plus fréquemment appelé à régir et si possible à aider à résoudre les incidences pouvant emmailler la relation médicale .

Toutefois, la définition du patient est, désormais, un peu complexe. Doit-on le considérer comme une personne malade ? Pour certains, la définition du patient diffère de celle du malade3(*). Elle a l'avantage de ne pas enfermer la personne qui est face au médecin dans une maladie qu'il n'a pas. Il implique pourtant, une soumission tacite à celui dont il vient demander service. Le patient est celui qui souffre et qui supporte. Le dictionnaire Larousse le définit comme: « une personne qui a ou manifeste de la patience, personne qui subit des soins médicaux, une opération chirurgicale, etc.... »

L'existence de définitions contradictoires pour le patient présente une menace pour la découverte de son statut, puisque sans la possibilité de qualifier la catégorie de personnes visées par ledit statut, ce dernier s'avère inutile ou superflu.

A cet égard, la loi Belge relative à la protection du patient du 22 août 2002 offre la définition suivante : «le patient est la personne physique à qui des soins de santé sont dispensés à sa demande ou non». Quant au Maroc, le législateur n'a pas donné une définition relative au patient. Dès lors, la confusion entre «la personne malade» l' «usager du système de santé»ou encore« toute personne » ne peut surprendre.

C'est ainsi que selon les conclusions du texte final de la cinquième conférence des ministères européens de la santé, la personne est en même temps «citoyen, usager, consommateur, client et patient». Dans ce mélange hétéroclite, le patient emprunte au consommateur, ce dernier étant, pour sa part, un client du prestataire de service.4(*)

Ceci dit, le statut du patient dans notre système de santé, résulte d'une alchimie complexe entre l'histoire, la sociologie et l'éthique. Auparavant, il n'y avait pas de droit des patients. C'était "la règle de l'art" qui primait. Le médecin n'avait que des devoirs qui relèvent de l'éthique. Historiquement, il y a eu un glissement des devoirs vers les obligations. Dans la mesure où, progressivement, le médecin a négligé ses devoirs, les obligations découlant du droit, ont commencé à apparaître. Quand, auparavant, on ne risquait qu'un blâme de sa profession, les risques aujourd'hui sont plus grands de se retrouver à traiter avec un juge.5(*)

Par ailleurs, la dialectique patient-soignant ne peut pas reposer uniquement sur des textes législatifs. Elle s'inscrit en fait dans un long passé culturel où le système sanitaire actuel prend ses racines. On en trouve sans doute l'origine dans la conception Islamique qui a imprégné le système soignant à son début. Dans cette conception, la maladie est une épreuve voulue par Dieu pour éprouver la foi de l'être humain, voire un châtiment pour des fautes passées. De ce fait, l'acceptation de la souffrance était légitime et constituait une attitude de sublimation, voire d'offrande. On comprend que dans une telle conception, le malade soit un être égaré, non seulement en raison de sa souffrance physique mais aussi en raison de sa pathologie de l'âme.

D'un autre côté, une autre conception imprégne le droit actuel des patients qui est constitué par le paternalisme médical. Cette conception est fondée sur le principe que le médecin travaille dans l'intérêt du patient. Ce dernier n'a que la liberté de choisir son praticien et à ensuite le devoir de se conformer à ses prescriptions. Il y a, dans cette situation, présomption d'une sorte d'incapacité du patient liée à sa souffrance, à son angoisse, à son incompétence, à l'obscurcissement de son intelligence par la maladie. En contrepartie, le médecin, à qui est donné un grand pouvoir, doit se conformer au bien.6(*)

Le principe paternaliste, qui découle de la philosophie générale du système de santé dans les pays latins, s'oppose à un autre système : le système de principe d'autonomie.

Le principe d'autonomie suppose que le patient reste totalement autonome et peut donc, une fois informé, décider seul de ses soins. Il fait donc fi de la souffrance, de l'angoisse, de l'incertitude qui peut naître sous l'effet de la maladie. Il a cependant le mérite de mettre en place une relation symétrique entre patients et soignants, de responsabiliser le patient dans le combat mené contre la maladie et de lui permettre de prendre les décisions qui sont pour lui importantes dans sa vie affective comme matérielle. On pourrait résumer le principe d'autonomie de façon caricaturale en disant que le soignant donne à la personne malade les soins qu'il s'administrerait lui-même s'il avait la même maladie. La question fondamentale, dans cette philosophie des soins, est de savoir quels sont les êtres autonomes. En effet si l'on met en évidence qu'un sujet n'est pas autonome, il ne peut pas décider par lui-même7(*).

S'opposent alors deux conceptions. Dans une conception américaine, le sujet autonome est envisagé d'une manière absolutiste. Ce qui compte c'est qu'il soit capable de décider pour lui-même, peu importe que la solution qu'il envisage soit applicable ou non à d'autres. En revanche, dans une conception européenne, défendue essentiellement par Kant, l'être autonome doit vouloir une chose qui est universalisable, c'est-à-dire qui peut s'appliquer à d'autres. Ainsi, le sujet qui veut mourir n'est pas autonome, car si l'on applique sa volonté de manière universelle, elle conduirait à mettre fin à l'ensemble de l'humanité. Comme on le voit, ce débat philosophique est vaste et a des conséquences pratiques indéniables. Face à un patient, notamment en psychiatrie, la question est souvent de savoir s'il est ou non autonome pour décider de ses soins8(*).

Dès lors, la réflexion juridique et éthique au sujet de l'activité médicale prend une importance croissante à l'heure actuelle. L'on s'interroge non seulement sur les contours exacts de la relation de soins classiques dans un contexte où la responsabilité du praticien est de plus fréquemment mise en cause, mais l'on souhaite également encadrer de manière efficace et pondérée les nouvelles interventions scientifiques sur le corps humain, notamment au stade expérimental. Cette double réflexion suppose une connaissance aussi précise que possible des règles qui gouvernent l'appréhension juridique de la relation médecin et patient.

A cet égard, force est de se demander, si dans un milieu médical où les progrès sont considérables et où tout converge vers le professionnel de santé, existe-t-il, dans notre pays un droit des patients ? Autrement dit, peut-on parler au Maroc, d'une démocratie sanitaire  ayant pour objet la reconnaissance et la précision des droits des personnes malades ?

C'est pour répondre à cette problématique, qu'il convient d'étudier dans une première partie les éventuels droits des patients dans le système sanitaire Marocain, à travers leurs principes et leur applications générales en matière de consentement, secret ou dossier médical, avant de se centrer sur leurs spécificités en psychiatrie et en prison, sans oublier les activités biomédicales.

Dans une seconde partie, il convient de voir le rôle de la justice dans la consécration du droit des patients, ainsi que les différents cas d'engagement de la responsabilité médicale.

* 1 -ALAIN PIDOLLE  ET CAROLE THIRY-BOUR : « droit d'être soigné, droits des soignants », édition ères 2003, p : 12

* 2 - SHIRIN HATAM: "Les droits des patients et la loi valaisanne de santé", article disponible sur le site : http://www.sifor.org/cms/_editable/files/pdf/resume%20hatam.pdf. Visité le 09/08/2009.

* 3 -Selon le dictionnaire Larousse : « le malade est : une personne dont la santé est altérée ; dont l état, le fonctionnement est déréglé ;

La maladie est : un trouble, dérangement de la santé physique du comportement, etc.»

* 4 -Benjamin pitcho : « le statut juridique du patient», thèse de droit privé, université Montpellier 1 ;»année2002 ; les études hospitalières édition 2004 ; p : 602

* 5 - DIDIER CAMUS :" les droits des patients". Article Numéro 19 publié par le service des soins infirmiers du département universitaire de psychiatrie adulte (DUPA) Prilly-Lausanne. Avril 1999 ; p : 3

* 6 J.-L. Senon, C. Jonas :" Droit des patients en psychiatrie ". Document publié par Elsevier SAS. 2004, p : 108 ; disponible sur le site : http://www.senon-online.com

* 7 -J.-L. Senon, C. Jonas, op cit. p : 109

* 8 -Idem.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery