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Origine sociale et performances scolaires : analyse de l'influence des facteurs socio- économiques sur les résultats scolaires. Etude de cas du lycée Rialé et du collège Naaba Zoungrana de Tenkodogo

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par Delwendé Brice Rodrigue SORGHO
Université de Ouagadougou/ UFR- SH, Département de sociologie - Maitrise 2008
  

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I.1 Strategies des familles et scolarisation

Le theme de la scolarisation en Afrique en général et au Burkina Faso en particulier a été abordé par plusieurs auteurs. Ils ont tenté non seulement de donner une explication au phénomene de la sous scolarisation constaté dans les écoles africaines de faQon générale mais aussi aux stratégies sous-tendues par les familles dans le processus de scolarisation de leurs enfants.

C'est ainsi que pour Francois ROUBAUD (1992), les contraintes objectives que rencontrent les ménages pour scolariser leurs enfants sont percues de faQon aiguë par les chefs de famille. Pres de 60% d'entre eux déclarent éprouver des difficultés a mettre leurs enfants a l'école et celles-ci vont croissant au fur et a mesure que les conditions socio-économiques se détériorent. La principale cause de cette situation est la faiblesse des revenus, que ce soit par rapport aux frais d'éducation ou au cofit d'opportunité (revenu tiré de l 'exercice d 'un emploi). A cela s'ajoutent d'autres raisons. En effet, certains parents ne trouvent pas d'écoles publiques pres de leur domicile, souvent situé a la périphérie de la ville et les écoles privées quand elles existent sont jugées trop cheres. Se retrouvant dans une situation paradoxale oil de nombreuses écoles publiques ferment tandis que la demande est insatisfaite, ROUBAUD préconise de réétudier la carte scolaire et la localisation de écoles publiques en fonction des besoins. Une autre cause de la sous- scolarisation évoquée par l'auteur est le phénomene de

corruption de certains responsables d'écoles publiques, qui sélectionnent les enfants en fonction des statuts des parents, voire pratiquant même le régionalisme.

De leur côté, les études de cas sur la scolarisation menées sous la direction de Marie France LANGE (1998) mettent l'accent plutôt sur les rapports écoles- sociétés, c'est-a-dire l'influence de l'éducation scolaire sur la construction des rapports hommes- femmes. Pour sa part, Laurence PROTEAU pense que malgré la progression des effectifs scolaires féminins depuis l'indépendance de la Côte d'Ivoire, les inégalités entre sexes restent fortes et en défaveur de la grande majorité des filles puisqu'elles ne représentaient entre 1991 et 1992 que 41.7% de la population du primaire, 32.4% de celle du secondaire et 20% des effectifs de l'université. Le taux de scolarisation primaire obtenu d'apres le recensement de 1998 est également un indicateur des inégalités scolaires entre les sexes (79% pour les garcons et 54% pour les filles). Il est alors évident pour l'auteur, qu'avant que la différence sexuelle ne joue comme une différenciation des chances de réussite scolaire, elle intervient dans l 'inscription a l'école. En définitive, les filles sont souvent moins scolarisées que les garcons et leur niveau d'instruction est plus faible. Car elles sont souvent exclues de la scolarisation par décision familiale, puis plus soumises a la sélection en cours de cursus.

C'est d'ailleurs le point de vue d'Etienne GERARD qui convoque SCHEMMER pour montrer la place et le rôle des femmes en Afrique subsaharienne : "force de travail et biens matrimoniaux, elles participent a la production et sont gages de la reproduction biologique et sociale, de la parenté, au point que leur libération en de hors du cadre lignager et des réseaux d'alliance en menacerait l'équilibre social et économique" (1998 : 197). Selon GERARD, pour éviter tout déséquilibre social et économique, les femmes sont tenues a l'écart des domaines masculins, des savoirs et pouvoirs favorables a leur libération, alors que le domaine scolaire est de ces champs sinon même le plus important.

Cette analyse de GERARD mettant en relation écoles et sociétés se retrouve dans ses réflexions menées sur les cas d'écoles maliennes et burkinabe. En effet, pour Etienne GERARD (1997), les stratégies d'éducation sont sous-tendues par un ensemble de facteurs afférents a deux principaux ensembles le plus souvent distingués : le champ scolaire et l'espace social qui sont en constante interaction, car les dynamiques sociales portent en elles les marques des dynamiques du champ scolaire et réciproquement. Il est alors évident que tous les parents ne scolarisent pas leurs enfants de la même maniere. Leurs comportements different selon le nombre et le sexe de leurs enfants et tous n'optent pas non plus pour les

mêmes secteurs d'éducation. L'enquête menée a Bobo Dioulasso par l'auteur entre 1995-1996 crédibilisait déjà son analyse. En effet, la population de cette ville, témoignait de la complexité de ses rapports a l'institution scolaire et du poids de leurs représentations dans l'évolution de la scolarisation. En effet, certains paramétres sociaux et déterminants extrascolaires jouent un role important dans le processus de scolarisation. Pour les populations a majorité rurale, faiblement instruites, la scolarisation de tous les enfants est rendue difficile par le manque de ressources financiéres, mais aussi parce que cela ne constitue pas de leurs avis une obligation. Quant aux populations citadines, notamment lettrées, le savoir scolaire n'est pas un capital distinctif. Pour eux, la scolarisation représente un enjeu relatif. Elle n'est pas indispensable. Cependant, tout autre est le cas des populations qui détiennent déjà le capital scolaire ou qui cherchent a l'acquérir parce qu'elles vivent dans un milieu oil le savoir est un instrument de communication ou une référence sociale.

A l'instar des analyses de Laurence PROTEAU et d 'Etienne GERARD, le MFI (1995), affirmait déjà qu'au Burkina Faso, 24.31% des filles seulement sont scolarisées contre 36,78% des garcons. Les raisons qui limitaient l'accés des filles a l'école étaient entre autres l 'insuffisance des infrastructures, le long trajet a pied pour aller a l'école certes mais surtout la préférence donnée aux garcons par les familles tandis que les filles sont confinées aux tâches ménagéres.

Yacouba YARO (1995) quant a lui s 'étale sur les raisons de cette préférence accordée aux garcons par rapport aux filles en matiére de scolarisation. Selon YARO, les stratégies de scolarisation des familles se distinguent fondamentalement selon qu 'elles résident en zone rurale ou urbaine, qu 'elles observent des pratiques religieuses animistes, islamiques ou chrétiennes. C 'est également en fonction de la catégorie sociale que les parents décident de scolariser toute ou une partie de leurs progénitures et de préférer ainsi le plus souvent, l 'instruction des garcons a celle des filles. L 'analyse des stratégies scolaires, sur un plan macro spatial, doit prendre en compte un ensemble de facteurs inhérents aux différentes localités du Burkina Faso.

En résumé, les enjeux de la scolarisation dans les sociétés dépendent de la position sociale des individus, de la structure de chaque groupe et enfin de leur rapport au savoir scolaire c'est-à-dire du degré de vulgarisation de la culture scolaire qui lui même est fonction du capital scolaire des parents. Dans cette situation, il est difficile de parler d'égalité des chances devant l'éducation en terme d'égalité des ressources mises a la disposition des éléves

et des types d'écoles fréquentés par les différents groupes ou en termes d'égalité de performances entre éleves. La scolarisation en Afrique et particulierement au Burkina Faso est tributaire de multiples facteurs sociaux, culturels et économiques. C'est d'ailleurs le même point de vue chez Raymond BOUDON (1973) pour qui, la mobilité sociale de chaque individu est fonction de son origine sociale. Par conséquent, il y aurait donc une inégalité de chances des le début même de la scolarisation d'autant plus que les individus ne naissent pas égaux.

Ces écrits sur la scolarisation placent d 'une faQon générale l 'école africaine et ses systemes dans une impasse qui profite aux élites, aux personnes économiquement favorisées et aux hommes au détriment des moins nantis et des femmes. Cependant, bien qu 'ils aient contribué a générer de nombreuses réformes qui prônent une éducation pour tous, les prises de position de certains auteurs ne sont pas exemptes de toute critique et méritent d'être nuancées souvent dans le temps et dans l 'espace. En effet, l 'on peut constater que de nos jours, des efforts remarquables de la part des gouvernements africains et de leurs partenaires tendent vers la révision et la rénovation des systemes scolaires et du fonctionnement de l 'école. Au Burkina Faso, ces efforts se traduisent par l 'adoption de nouveaux plans (PDDEB) et politiques en matiere d 'éducation, conséquences de la loi n°013/96/ ADP, portant loi d 'orientation de l 'éducation. A travers ces réformes, le recrutement et la formation du personnel enseignant ainsi que la construction de nouveaux établissements ont été effectifs favorisant de ce fait la réduction de la disparité scolaire entre les entités administratives et entre zones urbaines, périurbaines et rurales. Aussi, en affirmant que les filles sont plus soumises a la sélection au cours de leur cursus scolaire que les hommes, Marie France LANGE court le risque d'être taxée d 'avoir des positions plutôt féministes. L 'auteur parle comme si filles et garcons ne sont pas soumis aux mêmes bases d 'évaluation et qu 'il y 'avait une école et des sujets spécialement concus pour les filles. Il faut reconnaitre que la tendance actuelle de scolarisation en Afrique et particulierement au Burkina Faso est impulsée par l'effet conjugué des flux financiers en provenance des Etats, des bailleurs de fonds et par une demande d'éducation particulierement dynamique. Cette situation est donc favorable au développement de la scolarisation aussi bien masculine que féminine et permet ainsi de réduire certaines inégalités constatées des le début de la scolarisation. Mais si la tendance actuelle semble favorable au développement de la scolarisation en général qu'en est-il alors des systemes éducatifs et du fonctionnement de l'école ?

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