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Origine sociale et performances scolaires : analyse de l'influence des facteurs socio- économiques sur les résultats scolaires. Etude de cas du lycée Rialé et du collège Naaba Zoungrana de Tenkodogo

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par Delwendé Brice Rodrigue SORGHO
Université de Ouagadougou/ UFR- SH, Département de sociologie - Maitrise 2008
  

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1.2 Systemes educatifs et le fonctionnement de l'ecole

De la lecture des différentes sources scientifiques abordant la question des systemes scolaires africains dont ceux du Burkina Faso, le constat reste clair et unanime. En effet, les difficultés qui se posent a l 'école africaine sont générales et imputables en derniere analyse au fait que les progres accomplis dans l'éducation bien que significatifs s'averent trop lents face aux révolutions mondiales observables dans les domaines de la science, de la technologie et des structures démographiques, économiques et sociales. C'est ce qu 'approuve Philippe HUGON (1996), lorsqu'il affirme que la profonde crise des systemes éducatifs est reconnue par tous les observateurs et que l'Afrique connait une carence de ses systemes de formation. L 'école est devenue un lieu d'expression des revendications et des manifestations. Ainsi, l'auteur en diagnostiquant la crise des systemes scolaires, dénombre pour sa part deux types de crise. Une crise interne car les systemes éducatifs sont souvent en faillite et largement produits par des instances internationales. Aussi, l'école en Afrique remplit mal ses missions sans moyens didactiques et avec des classes surchargées, elle est souvent un lieu de gardiennage social oil sont véhiculés des savoirs mémorisés qu 'un lieu d'acquisition de savoirs analytiques et pratiques favorisant des progres de productivité. Quant a la crise externe a l 'école, elle tient aux rythmes de croissance démographique et d'explosion urbaine, rendant ainsi tres délicat la maitrise des flux scolaires et traduisant la rupture des régulations sociopolitiques. La conséquence est qu 'on assiste a une inflation des diplômes qui s 'est caractérisée par une forte dévalorisation conduisant a une stagflation scolaire (situation oil l 'on assiste a une inflation des diplômes sans connaitre pour autant le plein- emploi).

Francois ROUBAUD (1992), n'en est pas en reste car pour lui, il ne fait aucun mystere pour personne que l'école en Afrique en général et a Madagascar en particulier est actuellement en grande difficulté. Le systeme scolaire subit en effet, la double pression d'un pouvoir d'achat des ménages, en régression de 45% depuis l'indépendance, et d'un déséquilibre persistant des finances publiques. Cet environnement profondément dégradé se traduit par un recul des résultats du systeme éducatif et qu'une politique d'éducation volontariste et centralisée n'est a même d'endiguer.

On retrouve cette même idée chez Joseph Ki ZERBO ; en effet, lors d'une conférence qu'il animait sur le theme "Education et développement " publiée dans la revue Tam-tam, l 'auteur fait une description des caractéristiques de l'école du sous-développement. Selon lui, dans beaucoup de pays d'Afrique et notamment au Burkina Faso, du point de vue

quantitatif « la scolarisation universelle se situe a un horizon trop éloigné. Il y a toujours autant d'analphabetes aujourd'hui qu'il y'a dix ans. L'école coute chere a l'Etat et le mauvais fonctionnement des systemes éducatifs est remis en cause. » (1970 : 15). En ff es du

effet,

quart des effectifs, est constitué par des redoublants et qu'au total la moitié des éleves du premier degré ne vont pas jusqu'en fin d'études primaires, la majorité d'entre ceux-ci quittant l'école avant d'avoir été alphabétisée de maniere durable. Sur le plan qualitatif la situation est plus prononcée car l'école au Burkina Faso est une Z 'école insulaire '' qui ne parvient pas toujours a résoudre les problemes de Z 'déracinement '' et d'aliénation culturelle.

Ainsi, si pour ces auteurs les systemes scolaires africains connaissent une crise généralisée, il est a noter que les avis restent cependant partagés en ce qui le fonctionnement de l'école en général et son efficacité. En effet, des auteurs estiment que les facteurs scolaires que sont les programmes scolaires, le matériel didactique, l'attitude des enseignants, les pratiques pédagogiques ne sont pas adaptés aux réalités socio-économiques et culturelles africaines et représentent autant d'éléments pouvant influencer les performances scolaires et justifier la crise qui secoue l'école.

C 'est le cas de Georges SNYDERS (1970), qui accuse l'école et lui reproche de créer des barrages qui arrestent la grande majorité des enfants issus des classes populaires en les mettant en infériorité par rapport a ceux des classes aisées. L'école en ne prenant pas en compte les différences contribue pour une large part a renforcer les différences alors qu'elle possede une marge d'autonomie relative mesme si elle reste encore dépendante des conditions socio- économiques et politiques.

Cette pensée de SNYDERS corrobore avec celle d 'Ivan ILLICH (1971), pour qui l'école ressemble a l 'église catholique du moyen age qu'elle remplace et estime qu'en dehors d'elle point de salut. Selon ILLICH, l'école n 'arrive pas a s'acquitter de la mission qui lui avait été confiée, a savoir l'attribution des aptitudes utiles, l'accroissement des connaissances et l'autonomie intellectuelle. En revanche, elle enseigne aux individus la dépendance a travers ses méthodes et ses programmes et étouffe ainsi l'imagination créatrice. L'école a travers ses sanctions et le contenu de ses programmes prépare l'aliénation de chaque individu. C'est pourquoi il préconise sa suppression non absolue, en ce sens qu'il ne s'agit pas d'une suppression pure et simple mais plutôt sa transformation radicale dans la mesure ou sa forme actuelle la rend inefficace.

A l'instar de ces deux auteurs, Eric PLAISANCE (1972) prend également position contre l'attitude de toujours traduire et interpréter les phénomenes d'échecs scolaires en termes d'inadaptation inhérente a l'enfant ou de dysfonctionnement individuel. Il dénonce l'assimilation entre de prétendus" handicaps sociaux" et des cas pathologiques de l'ordre de la motricité ou de l'organisation sensorielle. Pour PLAISANCE, les échecs scolaires sont dus a l 'inattention de l'école aux différences tout en faisant comme si tous les enfants étaient égaux.

De mesme, Pierre BOURDIEU et Jean- Claude PASSERON (1964), estiment que la société est fondamentalement inégalitaire. La sélection scolaire résulte du fait que l 'école impose un arbitraire culturel (type de langage, de comportement...) qui est conforme a l 'habitus des catégories privilégiées. Les enfants des catégories les plus défavorisées du point de vue du capital culturel subissent une violence symbolique et sont éliminés sur la base de criteres scolaires (notes, résultats aux examens). L 'école joue donc un rôle de légitimation et de « naturalisation » des inégalités sociales en véhiculant les normes de la culture légitime.

De son côté, Joseph Ki ZERBO (1990), tout en reconnaissant la nécessité de l'éducation pour toute société humaine, releve l'inadéquation de la scolarisation comme la forme d'éducation appropriée aux sociétés africaines. Pour lui, l'éducation pour tous ne doit pas estre, pour les africains, synonyme de scolarisation pour tous. Par ailleurs, il estime que pour résoudre le probleme de la crise actuelle de l'école, il faut éviter de mettre en place et dans la mesme société, deux systemes différents, l'un pour les élites et qui est l'école classique et l'autre pour tenter de récupérer ceux qui ont été rejetés, les abandonnés, les ignorants du premier systeme.

Malgré cette inadéquation souvent soulignée entre les systemes scolaires et les réalités socio-économiques et culturelles et qui font dire a ces auteurs que l 'école est inefficace, des critiques ont néanmoins été formulées a leur encontre. Il faut reconnaitre que dans une certaine mesure, l 'école peut avoir une influence positive sur les comportements et les performances des éleves. De telles valeurs sont d'ailleurs soutenues par les environnementalistes a travers la théorie du "self fulfilling prophecy" ou "prop hétie de l'autoréalisation". En effet, cette théorie estime que les ambitions, le dynamisme et l'attente d'un enseignant peuvent motiver et déterminer les performances de ses éleves. Car ces derniers voulant s'identifier a leur maitre.

Dans cette même logique, Michel KOMI (2002) pense que l'école doit etre vue comme une source de développement intégral de la personne. Aujourd'hui plus que par le passé, l'école doit etre acceptée ainsi afin de préparer toute personne a réussir toute situation de la vie. Dans cette perspective, l'école doit etre vue comme aidant a mieux fabriquer des beignets si dans la vie on doit fabriquer des beignets a mieux cultiver si on doit cultiver, a mieux enseigner si l'on doit enseigner. En somme l'école n'est donc pas comme on a longtemps cru,

c 'est a dire le lieu oil on entre pour sortir seulement et seulement fonctionnaire. Le but de l'école est surtout de développer le capital humain que recéle chaque individu afin de le préparer a remplir correctement toute fonction sociale qui lui sera confiée.

L 'école chez Jean Jacques ROUSSEAU est également proche de la vision de KOMI car pour l 'auteur, 4' qu'on destine mon éléve a l'épée, a l'église, au barreau, peu importe. Avant la vocation des parents, la nature l'appelle a la vie humaine. Vivre est le métier auquel je lui veux préparer. En sortant de mes mains, il ne sera ni soldat, ni pretre, ni magistrat. Il sera premiérement homme. Tout ce qu'un homme doit etre, il sera l'être besoin tout aussi bien que qui que ce soit, et la fortune aura beau le faire changer de place, il sera toujours a la sienne". (1996 : 42)

Sur ce fond théorique, il en ressort que la crise du systeme éducatif n 'est pas seulement un probléme d 'ordre quantitatif affectant les taux d 'inscription, mais aussi un probléme

d 'ordre qualitatif touchant durement la qualité de l'enseignement dispensé. Des réformes et politiques en matiére d 'éducation ont été alors entreprises par de nombreux Etats dont le Burkina Faso dans le but de donner un dynamisme aux systemes scolaires dans leur ensemble. Des efforts ont été consentis dans ce sens mais n'empêche que la mise en pratique de ces réformes et politiques n 'a été le champ de plusieurs critiques nécessitant le plus souvent leur relecture.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry