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Management de l'innovation - holisme organisationnel

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par Jérémy Gain
NEGOCIA CCIP - Master 2 2010
  

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VI De l'innovation participative au management de la créativité

A- L'innovation participative

L'innovation participative se distingue de l'innovation ouverte (vers les partenariats et l'extérieur) déjà abordée précédemment, dans la mesure où elle associe l'ensemble des salariés (acteurs internes) à la démarche d'innovation totale. Il s'agit d'un ensemble de pratiques structurées visant à et à faciliter l'émergence, l'émission, la mise en oeuvre, et la diffusion d'idées par l'ensemble du personnel (Getz & Robinson, 2003).

Ce type de management s'inscrit en réaction contre une trop lourde bureaucratisation souvent caractéristique des grandes organisations qui limite le champ d'expression des salariés hors du cadre prédéfini de leur fonction ou de leur poste. En choisissant cette voie, l'entreprise se prive de l'exploitation d'un vivier de connaissances et d'actifs créatifs qui est pourtant primordiale pour mener à bien une démarche d'innovation.

Cette démarche est un facteur mobilisant pour les salariés. Elle contribue à l'amélioration des conditions de travail, du niveau de reconnaissance, du savoir-faire des salariés et donc du climat social. Enfin c'est aussi un moyen de diffuser la culture et les valeurs de l'entreprise.76(*)

Au-delà de l'objectif social ce management des idées répond aussi à des objectifs économiques (encouragement de l'innovation et amélioration des performances de l'entreprise). C'est aussi et surtout un excellent moyen de révéler des compétences ignorées ou clairsemées dans l'organisation (Getz & Robinson, 2003).

Ce phénomène représente aujourd'hui une véritable lame de fond en entreprise : à la fin de l'année 2009, 75% des grands groupes avaient déjà mis en place un ou plusieurs dispositifs d'innovation associant les salariés77(*). Nous noterons le succès de la marque automobile Renault qui sur un périmètre consolidé de 83000 personnes et sur une année, a réussi à générer quatre idées concrètes par salarié.78(*)

Pourtant Isaac Getz (2003) continue de déplorer le manque de crédibilité accordée aux suggestions et aux idées venant des salariés du terrain. Il illustre cette critique en retranscrivant un extrait d'une lettre envoyée par un salarié à sa direction qui tenait ces propos : « Bien que les gens du siège aient été d'une aide sans mesure pour le terrain ces dernières années, [...] j'ai toutes les peines du monde à trouver des problèmes qui aient été résolus par eux. Par contre, je peux en citer plusieurs où ils ont tout fichu en l'air ! La prise de décision est beaucoup plus efficace et opportune lorsqu'elle se fait de manière décentralisée. [...] Les agents ainsi que leurs managers qui sont sur le terrain sont plus appropriés pour trouver des solutions ».

Cette lettre écrite trois semaines avant le 11 septembre 2001 par Coleen Rowley, élu subséquemment personnalité de l'année 2002 par le magazine Time, fustigeait le manque de clairvoyance et de réactivité des hautes-sphères du Bureau fédéral d'enquête (FBI) vis-à-vis d'une enquête précédent l'arrestation du terroriste Zacarias Moussaoui.

Isaac Getz (2003) rappel également qu'environ 80% des innovations proviennent d'individus qui sont au moins trois niveaux hiérarchiques au-dessous de l'équipe dirigeante. Il l'explique par le fait qu'ils sont situés aux frontières de l'organisation. Ces salariés ont donc l'avantage de pouvoir directement interagir avec les clients, fournisseurs, partenaires et concurrents de l'entreprise ce qui leur confère une position stratégique. Éric von Hippel (1988), économiste et professeur au MIT Sloan School of Management, ajoute que 83% des innovations ont pour origine un client ou un usager.

Il est donc vital de dépasser le système aléatoire des boîtes à idées pour que l'entreprise puisse mettre en place un véritable management des idées qui soit soutenu et encadré par la hiérarchie.

De façon plus concrète, il existe plusieurs instruments au service du manager destinés à favoriser la créativité d'un groupe. Le brainstorming compte surement parmi les outils les plus populaires et répandu pour développer l'expression des idées dans les réunions de travail.

C'est à Alex Osborn (1948), fondateur de l'agence de communication BBDO79(*), que nous devons la paternité de ce terme utilisé dans son sens actuel. L'idée maîtresse de cet outil est de laisser un petit groupe de personnes générer une quantité énorme d'idées imaginatives, transgressives, farfelues ou hors sujet afin que l'une d'entre elles devienne la bonne (l'évaluation de la qualité des idées se fait toujours a posteriori). Le brainstorming est aujourd'hui l'outil le plus fréquemment utilisé pour lever les inhibitions dans une démarche de créativité de groupe. Toute entreprise confrontée à un problème spécifique ou cherchant des idées nouvelles est susceptible de recourir au brainstorming (Grangé, 2008).

Cependant, son efficacité est contestée par des auteurs (Taylor et al. 1958) qui révèlent que travaux de groupe n'apportent pas plus d'idées originales que les travaux réalisés individuellement. Résultats confirmés par le concept de "paresse sociale" mis en avant par Maximilien Ringelmann (1913) qui montre que les individus fournissent moins d'efforts pour les tâches collectives que pour les tâches individuelles. Il utilise pour décrire ce phénomène l'exemple d'une traction exercée collectivement sur une corde qui tend à être inférieure à la somme des tractions individuelles. Steven Karau et Kipling Williams (1993) ont par la suite étendu les conclusions de ces résultats aux travaux cognitifs qui connaissent les mêmes maux. De plus, il semblerait, d'après les recherches de Jean-Marc Monteil et Pascal Huguet (2001) en situation scolaire, que la paresse sociale se développe surtout lorsque l'effort personnel est considéré comme redondant à celui du collectif (anonymat social qui entraîne une situation d'inertie psychologique).

Mais la peur de l'évaluation négative par les autres membres du groupe ajoutée au besoin primitif de positionnement vis-à-vis des collègues, subordonnés ou supérieurs sont les explications majeures des freins à la créativité lors des séances de brainstorming (Delacroix & Galtier, 2005).

Le brainstorming peut être vu comme un échantillon représentatif des phénomènes sociaux régissant toute organisation. Il n'existe pas dans la littérature d'outils managériaux palliant ces obstacles. Néanmoins, d'autres instruments ont été développés facilitant l'innovation participative à plus grande échelle.

Parmi ces instruments nous noterons le "cerveau total" de William Herrmann (1990) qui, se basant la représentation du fonctionnement mental, établie une manière optimale de constituer un groupe de créativité. Le postulat de l'auteur est que plus une équipe est hétérogène, plus elle est productive. Le but étant de reconstituer à partir des membres d'un groupe, la quadrature d'un cerveau humain. L'importance de chaque profile varie au fil du processus d'innovation.

Figure 23 : Le cerveau total selon William Herrmann (1990).

La méthode TRIZ peut également être un outil associant la base salariale au processus d'innovation (Cavalluci et al. 2002). Leurs apports permettent de multiplier les sources de solutions envisagées.

Enfin, le système de management des idées (SMI) est plus ambitieux. Sa vocation est de fédérer la totalité du personnel autour du processus d'innovation. Ce système se fonde sur les principes généraux de la contribution et de la rétribution en terme de reconnaissance de la valeur ajoutée générée par les acteurs (Pons & Ramecourt, 2001).

Les facteurs clés de succès de cette démarche sont les suivants80(*) :

- effectif impliqué et motivé, appel à l'esprit d'initiative,

- uniformisation des processus,

- leadership clairement identifié,

- culture d'entreprise comme élément déclencheur,

- encourager les équipes pluridisciplinaires.

Ce sont des applications informatiques qui gèrent la collecte, le traitement, l'enrichissement et enfin la validation des idées suggérées. Il existe différents éditeurs sur le marché français dont, "I-Nova" et "Ideavalue". Les TIC sont au service de l'innovation participative, l'informatique accélère le traitement (réactivité) et la diffusion des idées (fluidité). Ces outils font parti intégrante du système d'information que l'entreprise doit alimenter en permanence pour permettre à tous les salariés de communiquer, d'interagir et d'être des forces de proposition (Pons & Ramecourt, 2001).

Une fois l'idée générée et sélectionnée : quelle récompense apporter à celui ou à celle qui en est à l'origine ?

C'est une question largement débattue par les professionnels du secteur qui en concluent que la meilleure forme de rétribution est aussi la plus simple et la plus évidente : une reconnaissance et un retour rapide de la suite donnée aux idées retenues par la direction. La récompense pécuniaire est souvent pratiquée mais aurait selon Hubert Jaoui (2003), auteur de l'ouvrage "Tous innovateurs", un effet démobilisateur. Elle a comme principal inconvénient d'être éphémère (motivation extrinsèque) et de nombreuses entreprises craignent qu'elle pervertisse le système. En érigeant un système de gratifications financières autour de l'innovation, la contribution des salariés devient implicitement exceptionnelle alors qu'elle fait partie de l'activité quotidienne de tout un chacun dans le cadre de son travail. (Pons & Ramecourt, 2001). La créativité doit avant tout reposer sur la motivation et la fierté personnelle (motivation intrinsèque). L'admiration des pairs est aussi un moteur puissant allant dans ce sens (Sculley 1988).

* 76 Source : Compte-rendu de la conférence du Club ESSEC RH du jeudi 25 septembre 2008. Conférence présidée par Jean-Marie Peretti.

* 77 Source des données : Observatoire du Management de l'Innovation - Étude réalisée sur un panel d'entreprises présentes sur le territoire français.

* 78 Source de l'exemple : Site internet de l'entreprise (renault.com).

* 79 La BBDO fait partie du Omnicom Group, premier groupe de communication au monde. Elle est l'agence de publicité la plus importante du groupe.

* 80 Source : Compte-rendu du séminaire I-Nova du mardi 29 juin 2010 - Conférence présentée par Mathias Lamien (Schneider Electric).

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille