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Femme ou fée? Mélior dans "Partonopeu de Blois"

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par Julie Grenon-Morin
Université Sorbonne-nouvelle - Master 1 2010
  

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2) L'éducation de Mélior

Selon l'ouvrage Fées, bestse et luitons de Christine Ferlampini-Acher, les dames dans Perceforest sont des fées, mais leurs dons proviennent d'un savoir particulier. Les pouvoirs dont il est question sont la conséquence de circonstances particulières qui leur servent à se protéger. Cette magie est aussi rationnalisée comme un savoir acquis dans Partonopeu de Blois. Le père de Mélior, alors empereur de Constantinople, voulait que sa fille reçoive une éducation de qualité. La future monarque fût éduquée «par l'expérience des lettres». Lorsque Partonopeu transgresse l'interdit lui étant imposé, sa maîtresse lui raconte son histoire.

Lorsque le père de Mélior était empereur, il n'y avait pas de roi égal en pouvoir sinon le grand sultan de Perse. Une prédiction fit savoir au père qu'il n'aurait pas de fils et que sa succession irait à sa fille aînée. Cela explique pourquoi la princesse eut de grands maîtres et que son savoir est si étendu. En effet, elle est douée dans les sept arts libéraux de même que la médecine. Ensuite, on lui fit apprendre la science divine, autrement dit l'étude de l'Ancien et du Nouveau Testament. On peut remarquer que, encore une fois, l'attachement de Mélior à la Bible :

Puis apris de divinité

Si que j'en seuç a grant plenté

Et la viés loi et novele

Qui tot le sens del mont [chaele]38(*).

Partonopeu apprend également de la bouche de sa dame qu'avant d'avoir quinze ans, elle dépassait ses maîtres en savoir et en talent. C'est à ce moment qu'elle débuta son apprentissage des «arts magiques». Elle s'appliqua avec tant d'efforts aux sorts et aux enchantements que l'éducation d'autrui semblait bien maigre en comparaison de la sienne. Mélior s'exprime d'ailleurs en ces termes pour décrire son savoir : «Je sai molt bien totes les ars. / Tos les engiens, totes les ars39(*)». Bientôt, elle sut faire de la magie, comme de faire agrandir une pièce ou faire apparaître des personnes et des animaux. Finalement, c'est grâce à sa pratique des sortilèges qu'elle réussit à amener Partonopeu auprès d'elle.

Si Mélior passe d'humaine à humaine savante à fée, le cas d'autres de ses semblables évolue également. Toujours dans Perceforest, le personnage de Sarra est d'abord une demoiselle de la Forêt, puis une enchanteresse, puis une fée pour terminer une déesse. Ces deux derniers types ont par ailleurs en commun de mener une longue existence. Néanmoins, certaines meurent durant le récit. L'auteur de l'article sur Perceforest écrit : «[L]'éternité surnaturelle devient extrême vieillesse40(*)». Ce n'est pas le cas de Mélior, ni même de Mélusine ou Morgane.

Nombreux sont les contes du Moyen âge où les fées sont des êtres ayant acquis leur savoir plutôt que d'être nées avec. C'est le cas dans Claris et Laris, Perceforest, Partonopeu de Blois et bien d'autres. Par opposition, Mélusine présente une fée qui possède des dons héréditaires, soit par sa mère Présine, qui les a transmis à ses trois filles (Mélior et Palestine sont les deux autres). Le plus souvent, ce savoir «permet de servir le Bien et de favoriser le passage du paganisme brutal au culte du dieu Souverain, puis au christianisme41(*)». Cela est en effet le cas de Mélior, l'amante de Partonopeu dans le roman de l'auteur anonyme, qui fait souvent allusion à la religion chrétienne. Vraisemblablement, l'impératrice avait reçu une éduction chrétienne très forte. D'ailleurs, une des premières paroles qu'elle prononce en la présence du jeune homme est «Sainte Vierge!», car elle sursaute en sentant le pied de l'intrus dans son lit. Suite à cela, comme pour rassurer un public médiéval craintif du démon et de ses artifices, l'auteur spécifie que le héros est rassuré d'entendre ce nom saint :

Li enfes a peor de soi;

Mais ce li tolt auques l'esfroi

Qu'il ot nomer sainte Marie,

C'or set que maufés n'est ce mie

Et que c'est dame u damoisele

Et cuide bien que molt bele42(*).

Donc, comme les femmes de son époque, Mélior est croyante et chrétienne.

* 38 Ibid., pp. 312-314.

* 39 Ibid., p. 316.

* 40 C. Ferlampini-Acher, op. cit., p. 138.

* 41 Ibid., pp. 137.

* 42 Partonopeu de Blois, op. cit., p. 128.

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