Conclusion
« La popularité des séries
télévisées causera-t-elle leur fin ? ~ c'est a cette
question que l'on a tenté de répondre tout au long de ce
mémoire.
On a vu que chaque âge d'or de la
télévision était lié à une innovation
technologique. Le premier âge d'or correspondait a l'expansion de la
télévision, alors que le deuxième correspondait à
la généralisation de la télécommande et des
chaînes câblées.
Cela mène à se demander à quelle innovation
technologique correspond le mini-âge d'or qu'a été celui
des années 2000.
Et l'on arrive a cette constatation paradoxale : ce dernier
âge d'or a certainement vu le jour justement grâce a internet. Car
c'est bien a la généralisation de cette technologie que
correspondent les années 2000. Grâce à cette technologie,
les séries ont pu faire le buzz, et c'est grâce a leur partage
qu'elles sont devenues a la fois connues et populaires.
Mais les années 2000 étaient des années
de transition et l'usage de la télévision était encore
courant. Le système de diffusion digitale n'était pas encore
aussi complet qu'il ne l'est aujourd'hui.
L'usage d'internet est plus développé
aujourd'hui qu'il ne l'était durant la décennie
précédente, et ce phénomène risque de s'amplifier a
l'avenir. C'est pourquoi internet peut être un danger pour les
séries télévisées sur le long terme. Car
l'utilisation d'internet a des chances de s'intensifier avec des
générations de plus en plus a l'aise avec les nouvelles
technologies de l'information. Mais ce danger est réel uniquement si
l'offre digitale adaptée aux besoins des consommateurs reste une offre
illégale.
Pour éviter cette utilisation de l'offre
illégale, la solution mise en place aujourd'hui est l'interdiction
d'utiliser cette offre. Mais ceci n'est pas efficace. D'abord parce que le
principe de surveillance, et l'interdiction elle-même semblent être
des mesures injustes. Ensuite parce que malgré cette interdiction,
l'offre illégale reste très facile d'accès.
En fait, pour convaincre les usagers de ne plus utiliser
l'offre illégale, la solution ne se situe pas dans la loi (puisqu'elle
ne fait pas peur et qu'elle ne présente aucune barrière
technologique). Elle se situe dans l'innovation. Et ce sont les entreprises
digitales qui auront le pouvoir de détourner les clients de l'offre
illégale vers une offre légale.
En effet, on l'a vu lors des entretiens, les usagers ne sont
pas réticents a payer pour une offre légale, tant que celle-ci
correspond à leur mode de visionnage et que son prix n'est pas
excessif.
Mais pour cela, les entreprises digitales devront être
activement a l'écoute des usagers. Comment cette offre pourrait-elle
être adaptée ? Ce mémoire fournit quelques pistes à
étudier.
Cependant, cette transition risque de ne pas être
appréciée par les chaînes de télévision.
Ce serait donc plutôt à ce niveau que les
gouvernements pourraient agir de manière efficace : aider les
plateformes digitales légales à se construire de façon
efficace, tout en accompagnant les chaînes de télévision
dans cette transition. Et ce ne serait pas la première fois que le
gouvernement interviendrait dans un univers de l'audiovisuel en transition ;
n'oublions pas que la naissance de la télévision est en grande
partie le fruit d'un travail gouvernemental en France. La radio y a d'ailleurs
survécu.
Pour aider cette transition, il faut aussi que la
considération pour les séries télévisées
françaises change. Car bien que la série américaine soit
de plus en plus considérée comme un objet culturel, on ne porte
généralement pas le même regard sur la série
française. Et ce changement de culture française est essentiel
pour que la série devienne un produit intéressant dans lequel on
souhaite investir, ce qui permettra aux chaînes de s'intéresser de
plus en plus a la création originale, pour qu'elles aient dans leur
programmation un contenu attractif. Et le changement de culture peut passer par
des choses de simples, comme arrêter de différencier le «
comédien ~ de l' « acteur ».
L'issue de cette histoire incluant des nouveaux enjeux
digitaux ne sera donc pas nécessairement fatale aux séries
télévisées. Car des solutions digitales émergeront,
et les séries trouveront un modèle économique basé
sur les plateformes digitales, peut-être de façon exclusive un
jour.
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