1.1.8.3 Lutte biologique
La lutte biologique est l'utilisation de l'hôte
spécifique d'ennemis naturels pour réduire la densité de
la population des ravageurs. Plusieurs insectes ont été
identifiés comme des agents de contrôle de la jacinthe d'eau et
d'autres font encore objet de nouvelles recherches.
+Usage des insectes
Cette lutte est basée sur l'utilisation des ennemis
naturels de la plante dans le but de créer une pression permanente sur
cette dernière. Une centaine d'espèces d'insectes comprenant des
Lépidoptères, Coléoptères,
Hémiptères, Dermaptères et Orthoptères a
été relevée sur la jacinthe (GOPAL, 1987). Parmi
celles-ci, une douzaine d'espèces s'est révélée
capable de provoquer d'importants dommages foliaires dont cinq ont
été utilisées avec succès dans la lutte biologique
contre la jacinthe. AJUONU et al., (2003) cité par DAGNO et
al.,( 2007) a observé une réduction de la biomasse de la
jacinthe de 5 à 100 % avec Neochetina spp. de 1991 à
1993 sur les fleuves Ouémé et Zou du Bénin.
+Usage des poissons herbivores
Dans certains cas on utilise des poissons comme agent de
contrôle biologique. Cependant, les poissons utilisés
Ctenopharyngo idella, Tilapia melanopleura et Tilapia
mossambica ne se nourrissent pas uniquement de la jacinthe d'eau. Pour
cette raison, ils ne sont pas considérés comme des agents de
contrôle effectifs.
+Usage des phytopathogènes
Au cours de la seconde moitié du
XXème siècle, l'application massive de spores des
champignons pathogènes spécifiques comme bioherbicides a retenu
l'attention des chercheurs. Des investigations ont été
menées sur de nombreux microorganismes et d'autres sont en cours
d'étude (CHARUDATTAN, 2001 ; AULD et al., 2003). Ces
études
ont été effectuées sur Acigona
infusella, la pyralide Sameodes albiguttalis, les sauteriaux
Cornops longicorne et Cornops aquatieum, les
charançons Neochetina bruchi et Neochetina eichorniae
et l'acarien Orthogalumna terebrantis et ont montré des
possibilités de contrôle efficace de E. crassipes
(CHARUDATTAN, 1996 ; BABU et al., 2003 ; SHABANA, 2005 cités
par AYIHONSI, 2006).
Signalons que les charançons du genre Neochetina
ont été expérimentés aux Etats-Unis, en
Zambie, au Zimbabwe, sur le Nil au Soudan, en Australie et récemment en
Uganda, au Bénin et au Ghana. L'introduction de tels agents dans une
zone infestée implique l'organisation de l'élevage ainsi que la
formation du personnel aux techniques de lâchers (AYIHONSI, 2006).
Le contrôle biologique de la jacinthe est plus
respectueux de l'environnement car les agents de contrôle ont tendance
à être auto-régulés. Les programmes de
contrôle sont généralement peu coûteux en raison du
fait que les agents de contrôle sont connus et seul un petit nombre de
personnel est requis pour exécuter ces programmes. L'inconvénient
majeur est que le contrôle biologique n'est pas toujours efficace pour
tous les plans d'eau car la population d'insectes peut prendre plusieurs
années pour atteindre une densité suffisante pour s'attaquer aux
ravageurs (FAO, 1997). Un autre désavantage est le fait que souvent
toutes les jacinthes d'eau ne sont pas éliminées. Il reste
toujours une certaine quantité de plantes qui peut
regénérer la colonie. Lorsque les conditions environnementales
permettent une croissance explosive des jacinthes d'eau, le contrôle
biologique cesse d'être efficace (FAO, 2000). Un dernier
désavantage est que l'action du contrôle biologique est en
général assez lente à percevoir.
Outre ces trois principales formes de contrôle, HARLEY,
JULIEN et WRIGHT (1997) suggèrent une autre méthode, à
savoir la réduction des apports de nutriments dans l'eau. Cette
méthode dite préventive est basée sur le contrôle
des nutriments dans les plans d'eaux afin de réduire la
prolifération de la jacinthe (ADJALIAN, 2006). Ces dernières
décennies, il y a eu une augmentation significative des nutriments
déversés dans les cours d'eau provenant de sources industrielles
et domestiques ainsi que du lessivage d'engrais des terres agricoles, ce qui a
accru la prolifération incontrôlée de la macrophyte.
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