1.1.8 Moyens de lutte contre la jacinthe d'eau
Il existe trois (03) principaux mécanismes de
contrôle pour prévenir la propagation et/ou l'éradication
de la jacinthe d'eau. Il s'agit de la lutte physique, chimique et biologique.
Chacun de ces moyens de lutte possède des avantages et des
inconvénients.
La lutte physique utilise les tondeuses
mécaniques, dragues ou des méthodes d'extraction manuelle. Cette
méthode est largement utilisée mais assez coûteuse et ne
peut pas faire face à des infestations très importantes. Elle
n'est pas adaptée pour les grandes infestations et est
généralement considérée comme une solution à
court terme. (PIETERSE et al., 1996)
La lutte chimique : elle peut être responsable
d'effets néfastes à long terme sur l'environnement et la
santé des populations (DAGNO et al., 2007).
La lutte biologique : c'est la méthode de
contrôle la plus bénéfique à long terme car
étant relativement facile à utiliser et fournissant le seul
contrôle économique et durable (AJUONU et al., 2003).
Nous examinerons brièvement ci-dessous chacune de ces
méthodes.
1.1.8.1 Lutte physique
Elle revêt deux aspects :
L'enlèvement mécanique des jacinthes
est considéré comme la meilleure solution à court terme
pour lutter contre la prolifération de la plante. Il nécessite
des équipements lourds (les moissonneuses, des tapis transporteurs, des
machines à draguer, des machines à faucher, des dragues et des
barques pousseuses) pour la
collecte des plants dans l'eau GUTIERREZ et al.,
(1996), pour leur transport sur la berge et leur acheminement vers un centre de
traitement des déchets (HARLEY et al., 1997). Cette
méthode est adaptée pour des zones relativement petites.
L'avantage de cette méthode est que quasiment toutes
les jacinthes d'eau sont enlevées d'un coup. Cependant, il y a
également des inconvénients. Tout d'abord la méthode est
très rigoureuse et peu précise. Avec la jacinthe d'eau toutes les
autres espèces végétales et animales sont enlevées
et souvent des fragments de la plante sont laissés derrière et
risquent de repousser. Dans un second temps, elle occasionne un investissement
important dû { l'entretien et { l'approvisionnement en carburant de ces
engins lourds (ADOUSA et al., 2002).
La suppression manuelle de la jacinthe d'eau est
appropriée seulement pour les zones faiblement infestées. La
tâche est très pénible et dans certaines régions, il
y a des risques graves qui sont associés à la santé des
travailleurs (crocodiles, hippopotames et la bilharziose).
1.1.8.2 Lutte chimique
Plusieurs herbicides sont efficaces contre la jacinthe et sont
appliqués par traitement aérien ou terrestre (DAGNO et al.,
2007). Cependant, la capacité de translocation des molécules
chimiques des stolons aux autres parties de la plante est un facteur limitant
pour les herbicides. Les plants âgés seraient moins sensibles que
les plus jeunes (SCULTHORPE, 1985). La formulation « Rodéo »
à base de glyphosate, un herbicide non sélectif utilisé
à 2 kg.ha-1 tue complètement la plante 3 - 8 semaines
après application (GOPAL, 1987 ; GUTIERREZ et al., 1996). Elle
est faiblement toxique pour les invertébrés aquatiques.
Cependant, le sulfate et le chélate de cuivre peuvent être
toxiques pour les poissons, en particulier les truites, quelques
mammifères, les invertébrés aquatiques et les organismes
du sol. Les inconvénients de la lutte chimique résident non
seulement en la destruction de l'écosystème aquatique mais aussi
aux effets néfastes des résidus des herbicides sur
l'environnement et la santé de la population. Cette population recueille
l'eau de boisson dans les cours d'eau (HARLEY et al., 1997). De plus,
l'application { long terme des mêmes herbicides peut entraîner
l'apparition d'une résistance chez la jacinthe d'eau (BABU et
al., 2003). En raison de
tous ces risques pour la santé et l'environnement, cette
méthode est interdite au Bénin (ADOUSA et al., 2002).
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