INTRODUCTION
CONTEXTE ET DEFINITION DE LA PROBLEMATIQUE
Le pétrole constitue un produit primaire indispensable
au fonctionnement des économies mondiales. En effet, il est
utilisé comme matière première dans l'industrie chimique
et dans la production de carburants. En plus, le pétrole et ses
dérivés servent à la fabrication de médicaments,
des produits agrochimiques et alimentaires, de matières plastiques, de
matériaux de construction, de peinture et de fibres synthétiques,
de détergents et de caoutchouc, ainsi qu'à la production
électricité. La dépendance des économies
vis-à-vis du pétrole, malgré de nombreux investissements
dans la production de biocarburants, de l'énergie nucléaire, de
l'énergie aloétique et de certains hydrocarbures, devrait
permettre à « l'or noir » de conserver son importance dans le
long terme.
Le marché mondial du pétrole est depuis 1970
secoué par de fortes turbulences dont les causes proviennent
principalement des mécanismes de l'offre et de la demande
internationale. Les pays du Moyen-Orient appartenant à l'Organisation
des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) sont les plus grands
fournisseurs de pétrole avec 2/3 de la production mondiale. Les
principaux consommateurs sont les pays développés et
récemment la chine. La demande de pétrole est de plus en plus
croissante avec le développement des économies dans le monde.
Selon l'Agence Internationale d'Energie (AIE), la demande mondiale de
pétrole augmentera d'environ 1.66% par an jusqu'en 2030, ce qui
correspond à une hausse de 2/3 pour atteindre 120 millions de
barils/jour contre 86 millions barils/jours en 2007. Ainsi, cette variation de
la demande entrainera une augmentation du prix réel de 8 dollars/baril.
A long terme, pour une estimation d'une croissance mondiale de 3% par an en
moyenne, la hausse de la demande de pétrole proviendrait de
l'Amérique du nord, de la demande croissante de la chine et de certains
pays émergents d'Asie.
L'OPEP qui est un organe chargé de régulariser
la commercialisation du pétrole, influence significativement de par ses
décisions, les cours mondiaux. En effet, plus faible est
l'élasticité de la demande mondiale de pétrole et de
l'offre hors OPEP dans le long terme, plus les pays de l'OPEP sont
incités à restreindre la production pour monter les prix en cas
de hausse de la demande mondiale.
La hausse des cours internationaux de pétrole est un
véritable défi pour les économies mondiales surtout pour
les pays importateurs nets de produits pétroliers. Depuis 1970, les
chocs pétroliers ont engendré 5 crises économiques
mondiales à savoir : 1973-1974, 1979- 1980, 1999-2000, 2000-2005 et la
dernière qui est récente, semble être la plus longue et
rappelle l'ampleur de celle des années 70. Les répercussions du
premier choc pétrolier sur les économies mondiales importatrices
de pétrole ont amené les économistes à
considérer l'évolution du prix de pétrole brut comme
étant l'une des principales sources de l'instabilité de
l'activité économique. Cette instabilité s'est traduite
par une faible croissance économique, un chômage accru et une
forte inflation. L'élévation du prix international du
pétrole influence fortement les prix des produits pétroliers au
plan national. Elle provoque également une hausse des coûts de
production, ce qui a des impacts sur les entreprises et les ménages. Il
existe donc une forte corrélation entre la volatilité des cours
du pétrole, l'inflation et la variation de la demande dans une
économie à court terme. A long terme, la fluctuation des cours
à des impacts sur la croissance économique.
Les pays en voie de développement (PVD)
particulièrement les pays d'Afrique subsaharienne, aux structures
économiques et financières fragiles et vulnérables aux
chocs externes, sont confrontés à d'énormes
difficultés. Les chocs pétroliers pourraient accentuer les
déficits budgétaires et ralentir la croissance économique
des pays importateurs nets de pétrole. Cependant certains pays tels que
le Nigeria, l'Angola, la Guinée Equatoriale dépendent des
exportations du pétrole, qui contribuent à plus de 80% de leurs
recettes d'exportation (Carbonnier, 2007). Ces pays profiteraient
éventuellement d'une hausse des cours mondiaux.
La Côte d'Ivoire, avec une production de 50.000
baril/jour et une consommation de 25000 baril/ jour selon les données du
ministère des mines et de l'énergie, ne peut être
considérée comme un producteur stratégique de
pétrole comparativement au Nigeria (2.1 million baril/jour) et à
l'Angola (1.78 millions baril/jour) en Afrique (OPEP, 2010). Le pétrole
figure parmi les principales matières premières d'exportation de
la Côte d'Ivoire. Toutefois, elle importe du pétrole brut pour
alimenter sa raffinerie, la SIR, qui couvre le marché national et celui
de certains pays de la sous-région, à savoir le Burkina Faso, le
Mali et le Niger.
En 2008, lors d'une conférence organisée par
l'Institut de Hautes Etudes-Afrique(IHE) sur le thème :
l'industrialisation de la Côte d'Ivoire et le secteur pétrolier,
quelles interactions ? Le directeur de la PETROCI avait insisté sur
l'importance de l'industrie pétrolière dans
l'économie ivoirienne. Ainsi, le pétrole brut
est entièrement exporté et a représenté 15% des
exportations. Les compagnies de production de pétrole ont
contribué au PIB à hauteur de 3.6%. Au niveau de la
Société Ivoirienne de Raffinage (SIR), les produits
pétroliers raffinés et exportés, comptent pour 21.5% des
exportations totales et représentent 4% du PIB.
L'importance de l'économie pétrolière en
Côte d'Ivoire et la vulnérabilité des économies
mondiales face aux chocs pétroliers justifient l'intérêt
qui a été porté au thème : Impacts de la
volatilité des cours internationaux du pétrole sur
l'économie ivoirienne.
Notre interrogation porte sur les répercussions d'un choc
pétrolier sur l'économie ivoirienne. Quelle est donc l'incidence
de l'instabilité des cours internationaux du pétrole sur les
exportations, l'inflation et la croissance économique ?
Est-il possible de mesurer l'ampleur de cette incidence afin de
trouver d'éventuelles solutions ?
OBJECTIFS DE L'ETUDE
L'objectif général de cette étude est de
mettre en évidence les conséquences de la hausse des cours
internationaux de pétrole sur les principaux indicateurs
économiques de la Côte d'Ivoire.
De façon spécifique, il s'agira de :
- mesurer les effets de la flambée mondiale des cours du
pétrole sur l'inflation ;
- étudier l'incidence de la hausse des prix internationaux
du pétrole sur la croissance économique ;
- montrer les impacts de l'augmentation des prix internationaux
du pétrole sur Les exportations ;
HYPOTHESES DE RECHERCHE
L'hypothèse principale de cette étude est que,
les chocs pétroliers affectent les principaux indicateurs
économiques de la Cote d'Ivoire. Spécifiquement, seront
vérifiées les assertions suivantes :
- l'augmentation des prix internationaux du pétrole a un
effet positif sur l'inflation en Côte d'ivoire ;
- la volatilité des cours internationaux du pétrole
influence négativement la croissance économique ivoirienne ;
- la flambée des prix du pétrole influence
positivement les exportations ;
INTERET DE L'ETUDE
Les chocs pétroliers influencent différemment
les économies mondiales selon qu'elles soient importatrices nettes ou
exportatrices nettes. La flambée des prix du pétrole a des
impacts négatifs sur les économies des pays importateurs nets et
des effets positifs sur celles des pays exportateurs.
La Côte d'Ivoire, pays importateur de pétrole
brut et n'étant pas un producteur et exportateur stratégique de
pétrole comparativement à certains pays, devrait s'interroger sur
les impacts de ces chocs sur son économie.
La présente étude vise à mieux
appréhender à travers un modèle
économétrique approprié, les effets des chocs liés
aux cours du pétrole sur les principaux agrégats
économiques de la Côte d'Ivoire. Enfin les résultats de
cette étude pourraient orienter les autorités compétentes
dans l'élaboration des politiques économiques efficaces pour
atténuer les effets de ces fluctuations.
Notre analyse s'articulera autour de deux parties, comportant
chacune deux chapitres. La première partie porte sur les fondements
théoriques. Dans cette partie, le premier chapitre parlera de la notion
de volatilité et concept de pétrole et le deuxième
chapitre, de l'approche théorique des effets des cours internationaux du
pétrole sur une économie. L'analyse empirique de la
volatilité des cours internationaux fait l'objet de la deuxième
partie, dont le chapitre III présentera l'approche méthodologique
et le chapitre IV, les résultats et interprétations.
PREMIERE PARTIE
-
FONDEMENTS THEORIQUES
|
CHAPITRE I :
|
NOTIONS DE VOLATILITE ET CONCEPT DE PETROLE
|
L'objectif de ce chapitre est d'appréhender les termes
essentiels du thème de recherche, à savoir, la notion de
volatilité et le concept de pétrole.
1-1 NOTION DE VOLATILITE DES COURS 111-
Définition de la volatilité
La volatilité des cours exprime la variation ou
l'instabilité des cours sur une période donnée. Elle se
mesure par l'ampleur des mouvements des tendances à la hausse et
à la baisse des cours. Le niveau de la volatilité ne se soucie
pas du sens des mouvements, seule l'amplitude des mouvements compte. Plus ils
seront conséquents, plus la volatilité sera grande.
Graphique 1 : les différentes catégories de
volatilité
Source, Glossaire de la bourse.mht
Une forte volatilité est considérée comme
indice de perturbation. Lorsque l'on évoque une forte volatilité,
cela signifie qu'un marché ou un titre a du mal à se stabiliser
autour de ces valeurs théoriques et enregistre des écarts
importants. Tandis qu'une faible volatilité apparait comme une quasi
stabilité des cours et a des effets moindres par rapport à une
forte volatilité.
La volatilité est définie
généralement à partir de l'écart type des
variations des cours. La notion de volatilité ou de fluctuation
occupe une place importante dans l'étude des marchés.
Elle est indispensable pour diversifier les portefeuilles,
gérer le risque ou pour calculer les prix des dérivés.
Il existe plusieurs approches de la notion de
volatilité. Elle est associée au risque, à
l'imprévu et à l'incertitude. La volatilité est
considérée comme la différence entre un prix de
marché et les fondamentaux économiques qui justifient
rationnellement la valorisation de l'actif considéré.
Pastre (2002) trouve cette définition rationnelle
seulement en apparence et surtout uniquement en statique. Selon lui, la
volatilité n'a de sens et d'impacts sur les mécanismes
économiques qu'en dynamique. Pour Daly (1999), la volatilité peut
être définie comme la variabilité de la variable
considérée. Plus la fluctuation de la variable est
élevée, plus elle est censée être volatile. Andersen
(1992) quant à lui, propose une définition plus complexe de la
volatilité. Cette définition va au-delà de simple synonyme
de variabilité ou des mesures explicites de la volatilité telles
que l'écart type ou la variance de la série
étudiées. Il affirme que la volatilité caractérise
la structure complète des mouvements conditionnels d'ordre 2 par rapport
à toute information disponible et pertinente.
On distingue deux types de volatilité : la
volatilité historique et la volatilité implicite.
La volatilité historique est le niveau de
volatilité atteint dans le passé et se calcule sur l'historique
de l'évolution des cours sous-jacent, tandis que la volatilité
implicite représente les anticipations futures du marché sur les
variations futures des cours.
Les principales causes de la volatilité des cours
trouvent leurs origines dans le caractère intrinsèque des
marchés. La théorie microéconomique nous enseigne que la
variation du prix est influencée par l'offre et la demande sur le
marché et vice versa. Ainsi, le prix est une fonction
décroissante de l'offre et une fonction croissante de la demande.
Le graphique 1 met en évidence le cas typique du
marché du pétrole. Soit l'économie mondiale, DA
représente la demande agrégée et OA, l'offre
agrégée. Une hausse de la demande ou une baisse de l'offre,
c'est-à-dire le déplacement de la courbe de demande vers la
droite, de DA0 à DA1 ou de la courbe d'offre vers la gauche, de AO0
à AO1 entraine une hausse des prix de P0 à P1. Cette hausse
devient plus grande lorsque l'augmentation de la demande coïncide avec la
diminution de l'offre. Le prix augmente ainsi, de P0 à P2.
Graphique 2 : Les mécanismes de l'offre et de la
demande sur le marché pétrolier
Prix du Pétrole
OA1
P2 E1 OA0
P1 E `' E'
P0 E0
DA1
DA0
`' '
Y Y Y Production ou offre
Source : Auteur, à partir de certains graphiques de
Mankiw, Macroéconomie (4em édition)
Du côté de l'offre il peut s'agir d'une crise de
surproduction ou de restriction volontaire de la production. La surproduction
est lorsque la production d'un bien est trop importante pour être
absorbée par le marché. Cette situation entraine une baisse des
prix sur le marché. Cependant une restriction volontaire de la
production entraine une pénurie donc une hausse de prix.
Au niveau de la demande, la hausse de la demande d'un produit
signifie que le produit se valorise, toutes choses égales par ailleurs,
le prix augmente. Les prix varient dans le même sens que la demande sur
le marché.
112- Différentes approches de mesures de la
volatilité
Il existe plusieurs méthodes pour évaluer la
volatilité des cours d'un produit d'une action, ou d'un titre etc. Nous
allons étudier, l'Ecart type, l'approche Beta -et le modèle
GARCH.
- écart type
L'écart type est un instrument nécessaire
à l'étude statistique. C'est un indicateur qui permet
d'évaluer la volatilité d'un titre. Un écart type
élevé signifie que les données sont dispersées et
équivaut à une volatilité importante. Cependant un
écart type faible exprime une faible volatilité et une bonne
anticipation des agents économiques.
La volatilité va de pair avec la différence entre
les cours et leur moyenne, c'est-à-dire, plus l'écart entre les
cours et leur moyenne augmente, plus la volatilité est importante.
L'écart type est égal à la racine
carré de la variance, la formulation mathématique est la suivante
:
N nombres d'observation
Xi valeur de la variable considérée à
l'instant t=i
Moyenne mobile simple
- approche Beta
L'approche beta est un outil de mesure de la volatilité.
Elle est utile dans l'appréciation de la sensibilité d'un actif
par rapport à celle du marché.
Elle peut définir la sensibilité des mouvements
d'une action, d'une SICAV par rapport aux fluctuations de l'indice boursier et
aux variations de notre portefeuille. L'interprétation du beta
dépend du taux de corrélation entre l'actif étudié
et l'indice de base
- modèle GARCH
Le modèle GARCH joue un rôle important dans la
modélisation des variables financières telles que le taux
d'inflation, le taux d'intérêt, le taux de change, les produits
dérivé.
Plusieurs approches sur la volatilité ont enrichi la
littérature économique. Toutefois, la volatilité des cours
est fonction des caractéristiques du marché et influencée
par certaines opérations spéculatives. La section suivante mettra
l'accent sur le concept de pétrole afin d'appréhender les
mécanismes de fonctionnement du marché pétrolier.
|