2112- Mécanismes de l'offre et de la demande
Un nombre important d'auteurs ont traité les
mécanismes de transmission des chocs pétroliers dans la
littérature économique. Certains affirment que les chocs
pétroliers sont des chocs qui affectent l'offre, tandis que d'autre
considèrent qu'il s'agit plutôt des chocs qui affectent la
demande.
+ Mécanisme de l'offre
Le pétrole est une ressource énergétique
essentielle pour les industries et pour la plupart des secteurs
d'activité. Il représente un facteur de production indispensable
au fonctionnement des économies mondiales. Toutes choses étant
égales par ailleurs, la hausse des coûts de production et du
niveau général des prix (inflation) sont les effets
immédiats de la flambée des cours du pétrole.
L'augmentation des coûts de production dans une
économie entraine respectivement au niveau des producteurs et des
travailleurs, une baisse des marges bénéficiaires et des salaires
nets. Ainsi, la production sera réduite à un niveau
inférieur à celui du plein emploi.
+ Mécanisme de la demande
L'accroissement de l'inflation suite à la
flambée du prix du pétrole, entraine une baisse du pouvoir
d'achat des économies importatrices et favorise l'incertitude
économique concernant les performances macroéconomiques futures.
La hausse des cours du pétrole affecte le volume global de la demande et
de la consommation, ce qui induit une baisse de la production et de
l'emploi.
Soit une économie donnée, OALT
désigne l'offre agrégée de long terme, OACT l'offre
agrégée de court terme et DA, la demande
agrégée.
Graphique 3 : Mécanisme d'ajustement de l'offre
Niveau des prix
OAST OACT1
OACT0
P1 E1
P2
E0
DA0
Y1 Y0 Production
Source : Mankiw, Macroéconomie (4em
édition)
Il s'agit d'étudier les effets d'une hausse
significative des prix du pétrole dans cette économie. Comme
indiqué plus haut, la réaction immédiate de la
flambée des prix du pétrole est la hausse des couts de
production et une baisse des profits des entreprises. Le point E0
représente
l'équilibre général de plein emploi. Les
producteurs sont incités à réduire leur niveau de
production pour un prix donné. Ce qui entraine le déplacement de
la courbe d'offre vers la gauche et l'on atteint un nouveau point
d'équilibre E1.
Le nouveau point d'équilibre est caractérisé
par un niveau général des prix plus élevé et une
production réduite, inférieure à un niveau de plein
emploi.
Certains courants de pensée économique ont
apporté leurs analyses à ce niveau. Nous allons étudier
les analyses classiques, keynésiennes et monétaristes.
+ Analyse classique
L'analyse classique met en évidence les ajustements de
l'offre à travers la flexibilité des salaires (réduction
des salaires).
Le point E1 est un équilibre de sous-emploi,
caractérisé par une production Y1 inférieure à
celle du plein emploi Y0. Pour retrouver l'équilibre initial, les
entreprises doivent réduire les coûts de production à
travers la baisse des salaires nominaux. Ainsi, tant que les salaires seront
flexibles, proportionnellement à une hausse du coût de production,
l'économie sera toujours en situation de plein emploi. Lorsque les
anticipations sont rationnelles, les ajustements sont automatiques. La
production et le niveau des prix ne changent pas. La courbe d'offre
agrégée ne se déplace pas.
+ Analyse monétariste
Pour les monétaristes, les anticipations et la
flexibilité des salaires ne sont pas absolues à court terme. Un
choc sur l'offre fait déplacer la production vers le point E1, à
ce point, on constate une hausse du niveau des prix et une baisse de la
production (stagflation) et il existe un sous-emploi qui exerce une pression
à la baisse des coûts de production afin d'accroitre l'offre.
Ainsi, tant que Y1 est inférieur à Y0, le chômage existe,
par conséquent la baisse des salaires se poursuit jusqu'au plein emploi
E0.
Les classiques et les monétaristes partagent la
même idéologie, selon laquelle, la politique économique est
inutile car l'économie retourne d'elle-même vers
l'équilibre de plein emploi. Les chocs sur l'offre et sur la demande
n'ont que des effets négatifs dans le court terme.
+ Analyse keynésienne
Les keynésiens ont critiqué l'approche
classique. Selon eux, une baisse des salaires des travailleurs ne fera
qu'empirer la situation. Une réduction des salaires a un effet
néfaste sur le pouvoir d'achat dans cette économie. Elle entraine
la diminution de la demande globale, de la production et par conséquent
des investissements. Cependant si le court terme était très
court, peut être que l'analyse classique serait politiquement admissible.
Le passage par le point E1 (et le sous-emploi) serait bref si dans un premier
temps, les travailleurs acceptaient dès l'apparition de premiers
chômeurs, une baisse des salaires nominaux proportionnelle à
l'accroissement des coûts de production et dans le deuxième temps,
si les entreprises rabaissaient leurs prix dès les premières
baisses de salaires. Mais il y a peu de chance que les prix et les salaires
s'ajustent rapidement et n'aient que des effets favorables au plein emploi.
Pour remédier à la situation de sous-emploi, ils
préconisent l'intervention de l'Etat pour relancer la demande globale
à travers des politiques économiques appropriées, telles
que, réduction des impôts ou augmentation des dépenses
publique. Sur le graphique 5, la courbe de demande agrégée se
déplace vers la droite de DA0 à DA1, ce qui entraine la hausse de
la production et du niveau général des prix.
Graphique 4 : Mécanisme d'ajustement de la
demande
EK
E0
DA2
ESE
Niveau des prix OALT
OA0
DA0
DA1
P2
P0
P1
Y1 Y0 Y2 Production
Source : Mankiw, Macroéconomie (4em
édition)
Cette mesure économique, bien que nécessaire
pour éviter la récession de la production et la montée du
chômage, accentue l'inflation. On note que les salaires nets baissent.
Cette baisse est due à la hausse des prix avec un salaire nominal
intact.
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