222- Etudes empiriques
Les études empiriques mettant en évidence les
effets des chocs externes sur les économies sont assez denses. Dans ce
cadre, certains travaux se sont plus particulièrement concentrés
sur les effets des variations des prix des matières premières sur
les économies des pays exportateurs et des pays importateurs de ces
produits.
La dépendance de l'exportation ou de l'importation
des mati4res premi~res.
Il en ressort que la dépendance de ces économies
aux prix de produits de base pouvait etre à l' origine d'effet «
pervers » connu sous le nom de syndrome hollandais (Dutch Desease). Ce
phénomène relève que cette dépendance peut
être synonyme de vulnérabilité * clearly dependence on
any on export...............can leave a country vulnerable to sharp declines in
terms of trade* (Lederman and Maloney, 2003).
Suivant Bhattacharya et Blake(2010), la
vulnérabilité ou la dépendance des exportations (VXmp) se
mesure à partir du ratio entre valeur d'exportation de matières
premières (Xmp) et le produit intérieur brut en valeur(PIB).
Rey (2010) retient deux approches pour montrer la
vulnérabilité des pays méditerranéens aux chocs des
prix internationaux du pétrole, les ratios de
vulnérabilité/dépendance et le modèle VAR. Il
précise que : « une modélisation VAR complète est
mieux à même de préciser à la fois la rponse
d'activit~ aux chocs de prix, mais aussi les mcanismes de transmission par
lesquels les effets de ces chocs se sont propagés ».
L'instabilité des prix des matières
premieres influence l'activité économique et la croissance
économiqu
Les difficultés de mesurer des effets
macroéconomiques de l'instabilité des cours des produits
primaires se ressentent dans la diversité des résultats
économétriques.
Les travaux de Turnovsky et Chattopahyay(1998) montrent que
l'instabilité des prix affecte la croissance d'un pays à travers
la volatilité des termes de l'échange et de la production. En
Afrique Sub-saharienne, les chocs du commerce liés aux fluctuations des
cours internationaux comptent presque 48% des variations du PIB, 87% de
l'investissement et de 80% de celle de l'offre de travail ; Rose et Reizman
(1999).
Dawe (1996), à partir d'un échantillon de 85
pays sur une période de 15 ans vérifie des hypothèses
selon lesquelles les fluctuations des recettes d'exportation entrainent
l'instabilité des revenus des ménages, ceux-ci épargnent
plus, ce qui élève le rapport de l'investissement au FIB. Mais
cette instabilité réduit le taux de croissance au FIB. L'effet
des variations des recettes d'exportation sur la croissance économique
est fonction des fluctuations à la hausse ou à la baisse des
cours des produits d'exportation; Guillaumont (2000). Miroudot (2004)
précise que l'instabilité des prix des matières
premières agit négativement sur le développement
économique. Les effets de cette instabilité vont de pair avec le
degré de spécialisation des pays producteurs et exportateurs de
matières premières.
Des modèles reposent sur l'idée selon laquelle,
il existe une corrélation entre le logarithme du FIB réel et
le logarithme du prix réel du pétrole. Une implication de cette
corrélation est que si le prix du baril baisse, alors la production
doit augmenter ; en d'autre terme, si une hausse
des cours du pétrole entraine une récession
économique, cependant une baisse des cours provoquerait une expansion
économique.
Jiménez-Rodriguez et Sanchez (2004) ont
étudié à l'aide d'un modèle VAR
multidimensionnelle, l'impact de la variation des cours du pétrole sur
l'activité économique des pays industriels de l'OCDE. Ils
concluent que les PIB réels varient en termes de réponse aux
chocs pétroliers en fonction des pays (exportateurs net ou importateurs
nets). Certains auteurs, ont utilisé la modélisation VAR pour
analyser les effets de l'instabilité des prix du pétrole pour les
pays d'Afrique subsaharienne. C'est ainsi que Ayadi, Chatterjee et Obi (2000)
ont étudié le cas du Nigeria, grand exportateur de
pétrole. Il en ressort qu'un choc positif sur le prix du pétrole
influence positivement les grandeurs macroéconomiques de ce pays.
Cependant, un tel choc influence négativement celles du
Sénégal, pays importateurs net de pétrole ; Abdoulaye Fame
(2007).
En outre, une étude menée en 2007 avec le
modèle PROMES dans les perspectives économiques et
régionales de la BCEAO, montre que le choc pétrolier a
contribué à dégrader l'équilibre financier du
secteur de l'électricité dans la majorité des pays de
l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africain (UEMOA).
Mais les auteurs ont utilisé le modèle
d'équilibre général inter temporel stochastique (MEGIS)
pour mettre en évidence les effets négligeables des chocs
pétroliers sur le PIB. Rajeew Dhawan et Karsten Jeske (2006) ont,
à partir de ce modèle, montré que l'influence des chocs
énergétiques sur les fluctuations du PIB est négligeable.
Selon Leduc et Sill (2006), les chocs pétroliers ne jouent aucun
rôle dans la volatilité du PIB américain.
Les fluctuations du prix international du pétrole
influence l'inflation dans une iconomui.
Plusieurs recherches sur les impacts des fluctuations des
cours internationaux du pétrole, ont montré qu'il existe une
certaine relation entre volatilité des prix du pétrole et la
variation de l'inflation.
Dieudonné et Olushégun (2000), à l'aide
d'un modèle linéaire, ont montré qu'une flambée
des cours internationaux de pétrole de 1% entraine un accroissement
de l'inflation de 1.71% l'année suivante. Cunado et Gracia (2004)
soulignent que les impacts des chocs liés aux cours
du pétrole sur l'activité économique et
l'inflation sont importants, mais se limitent dans le court terme.
Hooker (2002), dans une étude sur la contribution de
l'évolution des cours du pétrole à l'inflation aux Etats
Unis, conclut qu'il existe une rupture structurelle en vertu de laquelle, les
fluctuations des cours du pétrole ont eu un impact significatif sur
l'inflation avant 1980.
Réaction de la politique
économique
La hausse des prix du pétrole entraine un accroissement
de l'inflation. Certains auteurs ont insisté sur l'utilisation de la
politique monétaire pour atténuer l'effet des chocs
pétroliers sur l'inflation.
A cet effet, pour Hunt, Isard et Laxton (2001) l'impact de la
flambée des prix du pétrole sur l'inflation entraine le
resserrement de la politique monétaire.
La politique monétaire joue un rôle important
dans la stabilisation des prix et la volatilité du FIB. Leduc et Sill
(2006), à travers une étude sur les Etats Unis, sont
arrivés aux résultats suivant : le changement de la politique
monétaire a contribué à hauteur de 45% à la baisse
de la fluctuation de l'inflation, et de 5 à 10% à la
réduction de la volatilité du PIB réel.
Les variations du prix du pétrole ont un effet
asymétrique.
Plusieurs économistes ont montré à
travers leurs recherches, l'existence d'une réponse asymétrique
au niveau des impacts de la flambée des cours du pétrole sur les
principaux indicateurs économiques.
Mory (1993) a montré que les chocs pétroliers
positifs causent au sens de Granger les variables macroéconomiques,
alors que ce n'est pas le cas pour un choc négatif. Des études
empiriques ont souligné que le logarithme du FIB réel est
rattaché au logarithme des cours réel du pétrole
(Hamilton, 2000). Mais une baisse des cours du pétrole a des effets
moindres sur l'activité économique par rapport à la hausse
des cours du pétrole.
Certains auteurs tels que, Hamilton (1996, 2005), Lee, Ni et
Ratti (1995) ont montré que les variations du prix du pétrole ont
un effet asymétrique sur les agrégats macroéconomiques
américaines.
Mork (1989) montre à travers une étude approfondie
que la baisse des cours du pétrole n'est pas aussi importante sur le
plan statistique que leur hausse.
Certains auteurs ont orienté leurs analyses sur la
réponse asymétrique des chocs pétroliers au niveau de la
politique monétaire. Les autorités monétaires utilisent
une politique monétaire restrictive pour lutter contre la hausse du
niveau général des prix causée par la flambée du
prix de pétrole. Une baisse de ces cours pétroliers n'entraine
aucune réaction de la politique monétaire. Les résultats
des observations de Bernanke, Gertler et Watson reconnaissent que la politique
monétaire est l'un des canaux à travers lequel les cours de
pétrole affectent l'activité économique. Ce fait,
combinée à l'utilisation des prix nets de pétrole de
Hamilton, montre bien l'explication monétaire de l'asymétrie.
Ferderer (1996) ne partage pas cependant ses résultats et prouve que la
politique monétaire ne peut pas expliquer l'asymétrie.
Mécanismes de transmission des chocs
pétroliers par l'offre et la demande
Jiménez-Rodriguez et Sanchez affirment que la hausse
des cours du pétrole entraine une augmentation des coûts de
production des entreprises et donc une réduction de la production. Selon
Verleger (1994), les fluctuations des cours du pétrole réduisent
les activités d'investissement dans la production de pétrole et
de gaz.
En outre, la flambée des prix du pétrole
pourrait être à la base de changement structurel et d'une
période d'ajustement au sein d'une économie. Hamilton souligne
que les inquiétudes liées à la fluctuation du prix
international du pétrole et aux perturbations de l'approvisionnement en
pétrole pourraient induire un report des décisions
d'investissement dans l'économie.
Chocs pétroliers et terme de
l'échange
Sur le marché pétrolier, offre (pays
exportateurs) et demande (pays importateurs) se rencontrent pour
échanger. Un prix d'équilibre se fixe. La flambée des
cours du pétrole à des effets négatifs sur les pays
importateurs et des effets positifs sur les exportateurs de pétrole.
L'effet de ces fluctuations résulte des transferts du pouvoir d'achat
entre ces pays. La gravité de la perte du pouvoir d'achat des pays
importateurs dépend de l'intensité pétrolière de la
production et de l'élasticité de la demande de pétrole par
rapport au prix.
Certaines études effectuées par Fried, Schulze
(1975), Dohner(1981) et Humt, Isard Laxton (2000) montrent bien que la
volatilité des cours du pétrole entraine les transferts des
richesses
des économies importatrices de pétrole vers les
économies exportatrices, ce qui devrait réduire la demande
mondiale.
En effet, l'augmentation des prix de pétrole
relativement aux prix des autres biens et services échangés,
profite aux fournisseurs (pays exportateurs) et coûte aux acheteurs (pays
importateurs).
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